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Citations de Ahmed Tiab (86)


Ici la nostalgie du pays perdu se fait dans les back-rooms des salles de prière, dans un esprit de revanche et de sombre rancune. Une confusion volontairement et savamment instillée dans leurs esprits permet à des anciens caïds de monter des brigades prêtes à combattre là où on les envoie. Des brigades internationales d’un nouveau genre. Les terrains de combat, qu’offrent des zones de non-droit tels que l’Irak et la Syrie, présentent une aubaine offerte aux aventuriers et aux amateurs de gâchette. Un no man’s land dans lequel des fanatiques désœuvrés ont planté un drapeau noir et font des cartons en attendant d’en découdre.
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Ces endroits chargés de mysticisme, lieux de rencontre et d’échange, étaient proscrits à présent par les tenants d’un islam rigoriste. Les saints hommes étaient devenus les ennemis jurés des intégristes, qui assimilaient leur visite à l’idolâtrie. Parfois, il arrivait que les koubbas soient détruites. L’intégrisme ne souffre aucun lieu d’histoire.
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Les imams de certaines grandes villes du désert avaient gardé une tradition d’hospitalité envers le voyageur et proposaient toujours le gîte et le couvert à l’étranger, sans poser de questions. Ils considéraient le visiteur comme une bénédiction divine car il leur donnait une occasion de faire le bien. Ils étaient également les gardiens des traditions et garants d’un islam tolérant, issu de l’enseignement du saint homme qui avait choisi de s’arrêter, vivre puis mourir sur leur terre. Il gisait encore dans des mausolées qu’on visitait pour demander la guérison d’un proche, une bonne récolte ou juste pour prier.
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Aujourd’hui, les vents du désert ont brouillé la piste de l’est – celles de la Libye et de la Tunisie. Les pères, les maris ainsi que les fils périssent en mer et échouent sur nos côtes à cause de malfrats qui redécouvrent la traite négrière, plus de trois siècles après sa suppression. Je ne suis pas disposé à les laisser faire.
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Depuis plusieurs décennies, la frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie est fermée, en dépit du bon sens et au grand dam des populations frontalières, qui ne demandent qu’à circuler pour travailler des deux côtés. Aujourd’hui, pour rejoindre Oujda, ville marocaine distante de moins de cent kilomètres de la frontière, il faut prendre l’avion depuis Oran. On vit au royaume d’Ubu : les deux pays du Maghreb les plus dynamiques économiquement, et principaux partenaires de l’Europe, demeurent incapables de se parler pour des raisons d’amour-propre et d’arrogance. Une querelle de voisinage interminable, qui finira par affaiblir les deux camps, confrontés aux mêmes périls.
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Il a dû voir en moi le flic qui n’aime pas les types de son espèce : des bigots qui vous sortent des versets à la moindre occasion, comme pour conjurer votre présence à leurs côtés. Des écrits qu’ils ne comprennent d’ailleurs pas tout le temps, mais qui les autorisent à vous donner des leçons de morale tout en crachant par terre et en se grattant les couilles en public.
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Il affirmait même avoir récupéré des jeunes juchés sur d’immenses chambres à air de tracteurs ou de poids lourds pendant l’été. C’était généralement des jeunes algériens, ou du moins maghrébins, qui tentaient l’aventure. Les Africains, qui suivaient des filières mieux structurées, transitaient par la Tunisie ou la Libye, où les passeurs étaient plus aguerris et plus libres de leurs mouvements dans cet ignoble commerce.

Je n’ai pas pu échapper au couplet patriotique de « Nous, en Algérie, on laisserait jamais prospérer ce genre d’organisations criminelles… Nation forte, armée omniprésente… Défense du territoire, etc. » Avant de prendre congé, je lui confirmai que la filière semblait s’agrandir vers l’Ouest et que, qu’il le veuille ou non, des corps d’Africains avaient été retrouvés récemment sur nos côtes.

Je sortis de son bureau consterné par la cécité pathologique, chronique et historique qui frappe les militaires de ce pays, incapables de voir en face la réalité du monde qui les entoure.
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Le sort réservé à cette nouvelle immigration est semblable à celui des Roms en Europe occidentale : le mépris et la méfiance. Les migrants africains constituent le bouc émissaire idéal, la nouvelle cause de tous les nombreux maux de ce pays. L’étranger demeure l’éternel coupable, surtout lorsqu’il est faible et démuni.

Nous laissons prospérer sous nos fenêtres une nouvelle misère, encore plus terrible que la nôtre. Une couche de misère supplémentaire qui vient s’ajouter aux camps de fortune déjà construits autour des villes. Des sous-bidonvilles à la périphérie de la périphérie.

La misère s’ajoute à la misère.

La population, déjà en majorité en proie à la détresse sociale et économique, les considère avec une arrogance teintée de violence. Les plus bigots les disent mauvais musulmans, les accusent de véhiculer le sida et de pratiquer la prostitution. Ils deviennent un nouvel exutoire, nous révèlent un nouveau sentiment : le racisme. Le racisme le plus abject, celui qui s’exerce dans l’impunité et l’indifférence complice des autorités.

Comment pourrait-on devenir solidaire et fraternel avec les plus faibles lorsqu’on n’est soi-même rempli que de haine et de mépris ?

Les Algériens subissent pour la première fois de leur histoire une vague d’immigration économique. Partagés entre la peur de se voir dépossédés d’un bien déjà mince et l’orgueil de tenir une position enviable, mes compatriotes gravissent un nouvel échelon et prennent du galon. Merci les hordes de miséreux !
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— Mahfoud, on m’a toujours dit que t’étais un connard sans cœur. Et comme j’ai toujours besoin de tout vérifier par moi-même, je suis venu sur place et je ne suis pas déçu du voyage ! » répondé-je en le fixant droit dans les yeux.
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Une partie des cadavres qui manquent à l'appel dans nos commissariats doit attendre les commandes du BTP !
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Le fait de se retrouver sur cette aire donnait au client l'impression d'être coupé du reste du monde et qu'il fallait faire des provisions, au cas où. Un naufragé volontaire qui se serait égaré loin de la bande de bitume quittée cinq minutes auparavant, livré à la famine et à la déshydratation.
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Elle dit qu'il est bien que les fils s'occupent de leurs vieux parents.

Elle ne connait pas Léla!
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J'ai toujours éprouvè du mépris pour les imposteurs mystiques qui mettent dans leur bouche des mots sacrés qu'ils ne comprennent pas .Saints autoproclamés , qui souvent justifient le miracle de la religion par le fait de leur propre rédemption . Ignorants pour la plupart , il se gargarisent du discours emprunté et ronflant , rodé pour impressionner les esprits prèdisposés - endommagés par un envirronnement diificile , un hèritage incompris et une histoire largement déformée.
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Ces femmes représentent tout ce que Léla abhorre. Leur seule raison sociale est de dépenser ostensiblement l'argent gagné plus ou moins honnêtement par des maris satisfaits d'avoir assuré leur dynastie avec un veau mâle parmi la honteuse tripotée de filles !
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Dans les quartiers pauvres, les gens ont appris à se protéger en s’organisant par eux-mêmes. Durant les dix années noires de la guerre contre les intégristes, on montait la garde dans les quartiers pour assurer la sécurité du voisinage. Les faux barrages, très fréquents et souvent fatals à cette époque, avaient sérieusement entamé le crédit de l’uniforme.
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On dit des yeux qu’ils sont le miroir de l’âme : qu’en est-il de la voix ? Un mort peut vous fixer des yeux, jamais vous causer.
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Dans le temps, à l’époque de l’argentique, les troufions ouvraient grand le boîtier et dans le joli geste du semeur, exposaient les pellicules à la lumière. Le progrès numérique, moins enclin à la poésie du geste, ôte au procédé toute forme d’esthétique.
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Farouchement attachée à sa liberté, Fatou avait tout d’abord refusé de mettre le voile. Pourtant, elle finit par s’y résoudre, appréciant avant toute chose la douce attention qui émanait de la demande d’Ali. En d’autres circonstances, elle aurait refusé catégoriquement et aurait envoyé le mâle prescripteur au diable.
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Le citoyen algérien moyen peine à trouver le chemin vers la solidarité et la bienveillance envers ces gens enlevés à leur pays, à leurs villages et à leurs anciens qui se meurent toujours au Niger ou au Tchad.
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L’Algérien est un grand bricoleur qui fume comme un pompier et boit des litres de café.
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