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Citation de JOE5


Ahmet Altan
Si j’avais été président… Quand Ahmet Altan se défend
Réf : http://www.kedistan.net/2017/03/03/president-ahmet-altan-se-defend/

Le célèbre journaliste et romancier Ahmet Altan a comparu hier, jeudi 2 mars, devant la 32e cour pénale d’Istanbul, pour la dernière audience d’une affaire où des remarques, lors d’un programme télévisé en septembre dernier, lui valent d’être accusé de diffamation envers le président.

En détention provisoire depuis septembre pour un autre dossier, Ahmet Altan a déclaré qu’on devrait abandonner les charges contre lui, en prenant pour exemple un jugement concernant Erdoğan lui-même.

Ses remarques sur Bugün TV, chaîne aujourd’hui fermée, étaient des critiques dirigées contre Erdoğan : le romancier pointait le fait que le président dépassait le cadre constitutionnel et agissait, de son propre aveu, comme un président «de facto» doté de pouvoirs exécutifs renforcés.

Assistant à l’audience de la 32e cour pénale d’Istanbul par visioconférence, depuis la prison de Silivri, Ahmet Altan a illustré son cas avec un scénario. En imaginant que lui, le romancier, se serait engagé en politique et aurait été élu président.

« Si un critique littéraire vient à me dire que j’ai écrit un roman abominable, que je suis un écrivain épouvantable, sera-t-il jugé pour avoir insulté le président ? Que je sois président fait-il de la critique de mes romans un crime ? Est-ce qu’être président me place au-delà de toute critique ? Ne serait-ce pas un tour de passe-passe conçu pour contourner la loi, que de vouloir faire des critiques de mon roman un acte de diffamation envers le président ? »

Ses critiques à l’égard du président, a expliqué Ahmet Altan, ne peuvent pas être considérées comme une insulte. D’ailleurs, il le souligne. En fin de compte, le président devrait être d’accord avec lui. N’est-ce pas ce que prouve la défense présentée par les avocats d’Erdoğan en avril 2016 ? Le président devait alors se défendre devant un tribunal pour avoir insulté les universitaires, à la suite d’une plainte pour diffamation déposée par l’éminent professeur de sciences politiques Baskin Oran.

Dans leur plaidoirie, les avocats d’Erdoğan allaient jusqu’à le défendre… en s’appuyant sur les textes de la Cour constitutionnelle et de la Cour européenne des droits de l’homme ! Relisons les. Que disaient-ils ? Que la liberté d’expression, ce sont aussi « des informations ou des idées qui offensent, choquent ou dérangent l’état ou une partie de la population, et que sans elles, il n’y a pas de société démocratique. » Il fallait oser !

« Je suis évidemment d’accord avec Erdoğan sur cette question », déclare avec le sourire Ahmet Altan. Et il ne manque pas de le rappeler. La cour a finalement jugé que les propos d’Erdoğan ciblant les universitaires turcs, y compris avec des mots aussi forts que «ignorants», «traîtres» ou «immoraux», ne constituaient pas un crime . Et la plainte d’Oran a été rejetée.

S’il y a égalité devant la loi, si tout individu est traité de la même façon, alors les accusations lancées contre lui devraient elles aussi être rejetées, conclut Ahmet Altan. « À moins que les lois ne soient pas les mêmes selon les personnes, si Recep Tayyip Erdoğan, moi-même et les 80 millions de citoyens turcs sont égaux devant la loi, cette procédure judiciaire devrait être rejetée, ou du moins se conclure par un acquittement, en accord avec la défense très juste d’Erdoğan. »

Le président a d’abord retiré sa plainte contre Altan, ayant fait le geste de retirer toutes les plaintes pour diffamation fin Juillet, mais ses avocats ont annoncé que la plainte était maintenue.

Pour Ömer Faruk Karagüzel, l’avocat qui représentait Erdoğan à l’audience ce jeudi, les propos qu’a tenus Ahmet Altan en déclarant que le président a dépassé les limites de la constitution ne sont pas argumentés. Ses remarques, à la télévision, allaient selon l’avocat au-delà de la critique. Il les considère comme de la diffamation, et réclame donc punition.

Le jugement a été repoussé au 20 juin.

Le procureur exige jusqu’à 4 ans et 8 mois de prison, en vertu de l’article 299 du code pénal turc qui concerne les insultes envers le président.

(ce texte a été écrit en s’appuyant sur la version anglaise parue sur le site P24)
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