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Critiques de Aïko Solovkine (11)
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Rodéo

Thriller social assez court ancré dans une région économiquement éprouvée par la désindustrialisation. On y croise des gens un peu paumés et en manque de repères comme en crée ce genre de lieu.

Cela m’a fait penser à « leurs enfants après eux » dont l’action se situait dans l’Est de la France. La similitude des profils rencontrés est frappante.

Pour le roman lui-même, rien à voir : celui-ci est mené à un train d’enfer, on ne dessine pas gentiment des personnages, ils sont tracés à gros traits épais. Pas de demi-mesure : du gris (Belgique ! ) du noir, pas moins.

Violence des sentiments, dégoût de l’inhumanité exacerbée par la déchéance sociale. Noirceur des âmes, jusqu’aux derniers maux.

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Rodéo

Dans ce coin de Belgique où hommes femmes et enfants tournent en rond, dans un manège de misère et d’ennui , le travail délictueux y rapporte plus que le travail honnête et les jeunes gars y portent des prénoms de séries américaines. Ces derniers ont les plumes collées dès la naissance, preuves vivantes d’un déterminisme social qui goudronne leurs vies, et c’est dans un avenir étriqué que poussent leurs carcasses.



Il y a eux, et puis il y a Joy, belle intelligente et déterminée, la seule à vouloir se frayer un chemin vers les étoiles.

Leur rencontre, une histoire de prédation et de violence.



Rodéo est un roman piège. Il happe et ne vous relâche pas. Il écorche au passage et vous tord les boyaux.



Ce fait divers, aiko solovkine se l’attaque frontalement. Le style et ses changements de registres travaillés en leviers de vitesses. Accélérations et freinages, dérapages, heurts, secousses et cabossages. L’étau qui se resserre, le fer qui marque, c’est en position de proie que j’émerge de ce rodéo. Ko. mes sensibles s’abstenir, les autres foncez.



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Rodéo

Rodéo, c'est la vie pas l'paradis.

Eh oui, Zazie l'avait déjà dit dans une de ses chansons qui m'a trottée dans la tête un bon nombre de fois pendant la lecture de ce roman coup de poing.

Un roman court, qui asphyxie par le vide abyssal de la vie de ses personnages. Que le coeur de l'homme est creux et plein d'ordure" comme disait Pascal.

On n'est même plus dans le plat pays, on est dans le néant total. Le ciel est bas et lourd. Les gars et leurs fronts aussi. "

On est dans le cercle vicieux de l'abrutissement par la consommation, l'alcool, l'ennui, la culture général en-dessous du niveau zéro, qui se transmettent presque religieusement de génération en génération. Aucune ambition. A peine un sursaut à cette période charnière, entre la fin de l'adolescence et le début de "l'adultie", vite étouffé par la vie active. Enfin active si l'on veut : se traîner de son chez soi étriqué à l'usine. Remplir l'ennui des weekends et soirées par des beuveries, des virées en voiture bichonnées comme des bêtes de concours, passer d'une femme à l'autre jusqu'à ce que la bonne ou celle qui s'est retrouvée enceinte interrompe le tableau de chasse de la pétasse à robe moulante et tee-shirt aussi minimaliste que le cerveau.



Parfois un miracle : une femme avec cerveau et plastique impeccable, tente de s'extirper de la boue. Mais la boue, ça colle, ça sent, ça se niche sous les ongles. Et parfois en voulant courir pour lui échapper on finit par tomber dedans...et c'est pire.



J'ai vraiment adoré ce court roman. L'écriture qui empile ces petits détails de vie insipide jusqu'à vous en donner la nausée. Les accumulations d'expressions imagées subtilement choisies. Vraiment bravo.



J'avoue avoir une certaine tendresse pour la Belgique et particulièrement la Wallonie si accueillante. Là on est dans la fange, mais le beau existe aussi.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Ensuite partez vous faire un week-end découverte de la Belgique (Dinant, Namur, valeurs sûres). Ils sont sympas en vrai.

Je recommande à ceux qui ont aimé Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. C'est une exploration des bas fonds de ces lieux ni tout à fait ruraux ni tout à fait urbain, mais en plus cinglant, cruel, tragique.

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Rodéo

« 5 gars, pas bien méchants », c’est avec ces mots qu’on qualifie ces garçons de ce coin de Belgique dont on n’aura pas d’indices sur la localisation.

Ces gars aiment boire, beaucoup, draguer, lourdement, rouler, un peu vite et être ensemble, toujours. À eux cinq, ils forment un groupe compact qui sur le coup de l’alcool et de la drogue peut devenir très dangereux. Certaines filles en ont déjà fait les frais. Mais là-bas, c’est « normal », on ne va pas aller se plaindre, c’est dans les habitudes et les gênes.

Ce que préfèrent nos gars c’est rouler sur une route nationale et faire quelques frayeurs à des jolies automobilistes. « Quelques frayeurs » ou plutôt les prendre en chasse. Car dans dans leur système social, eux sont les chasseurs, elles sont les gibiers qu’il faut surprendre et effrayer. Jusqu’à avoir entre leurs mains, la femme-objet tant convoité.

Aïko Solovkine entreprend une dissection de la misère crasse qui sévit dans ces régions reculées et abandonnées. Elle touche au plus profond de l’âme humaine, de ses noirceurs et de ses vices, quitte à tout nous décrire et à instaurer un réel malaise durant la lecture. Se frotter aux tréfonds de l’âme et aux origines de l’histoire de ces personnages nous font connaître tout (ou presque tout) de ces hommes et femme pour nous plonger dans un rodéo où on ne s’en sortira pas vivant, où l’étau se resserre de plus en plus.



L’écriture est efficace, elle ne s’embarrasse pas de phrases alambiquées, c’est simple et net, idéal pour que la pression monte. C’est un premier roman très noir, une voix singulière à découvrir.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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Rodéo

Un texte pareil, ça vous harponne. Ça vous prend par la main -certes un peu brutalement- puis ça vous entraîne inéluctablement, des longues lignes droites évoquant la fatalité d’un déterminisme mortifère aux cahots des chemins de traverse qui donnent la fugace illusion d’y échapper puis aux sorties de route concluant certains dérapages incontrôlés.

Dans une langue d’une précision et d’une férocité percutantes, "Rodéo" brosse le portrait d’une jeunesse désœuvrée, membres d’un lumpenproletariat évoluant dans un néant semi-agricole et périurbain, attendant qu’on lui trouve une valeur marchande.



Ils n’ont aucune conscience politique ou sociale, des capacités intellectuelles limitées ou inexploitées, mais éprouvent une rage sur laquelle ils ne savent pas mettre de mots, celle d’exister dans ces microcosmes coquets identiques d’un village à l’autre, bleds vides et mornes qu’ils ne songent pourtant pas une seconde à quitter, et dont ils adopteront finalement les codes avec application. Voués à une calvitie précoce couronnant leur silhouette bedonnante. Condamnés à adopter la même déco kitsch et surchargée que leurs parents, à considérer comme une fin en soi l’acquisition par traites mensuelles d’une cuisine équipée ou du dernier cri en matière de gadgets électroniques, à éponger par des crédits les fins de mois problématiques. Ils seront même prêts, le temps venu, à faire des efforts pour rentrer dans le rang : éviter les bagarres, cesser de faire des doigts d’honneur aux filles. Consommer. Fonder une famille, dont les enfants porteront comme eux des prénoms à consonnance anglo-saxonne. Si possible trouver un boulot. Se résigner, sans le conscientiser, à rentrer dans ces existences toutes tracées, sans surprise ni déviation.



Mais en attendant, ils ont le sang brûlant, avide de mouvement, de folie et d’intensité. Sont en quête de parenthèses où la vie bat plus vite, plus fort. Mus par une violence atavique et une idée primitive de la virilité, excités par l’alcool et les amphétamines, ils se grisent de vitesse et de danger au volant de leurs bagnoles bricolées, effraient les jeunes filles qui ont le malheur de croiser leur route, rejouant les règles d’une chasse impitoyable et séculaire, dont l’issue est parfois fatale…



Aïko Solovkine trace les chorégraphies macabres et les rituels cruels dans lesquels cette jeunesse à l’imagination mesquine et brutale oublie son statut de laissés-pour-compte à coups de phrases brèves mais éloquentes, saisissant l’essence d’instants que leur dimension significative rend immuables, et créant un effet de martèlement addictif qu’elle entrecoupe de brèves pauses au cours desquelles le rythme se fait plus ample, la langue moins tranchante. Il se dégage de son texte une énergie qui, associée au réalisme cru et violent de son propos, laisse le lecteur en apnée.



A lire, bien sûr !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Rodéo

Premier livre d’une jeune journaliste belge et ce fut un coup d’éclat !

C’est une lecture coup de poing, tant dans ses descriptions sommaires, ultra courtes. Cela donne un ton particulier au livre.

C’est un livre assez angoissant et très court (180 pages ) et heureusement, très interessant se sur la misère sociale, intellectuelle.

Parfois les descriptions sont un peu « cliché » mais cela ne m’a pas empêché de trouver le livre vraiment brillant.

J’attendrai au coin du bois le deuxième roman de Aïka Solovkine....
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Rodéo

Trois étoiles pour la belle plume de l’auteur. Vive et franche, cette plume est taillée à la serpe et sculpte ainsi un portrait très noir d’une région qui laisse ses habitants comme pentois au bord des routes désolées.

J’aurais bien mis 4 étoiles à ce premier roman mais j’ai eu l’impession de me faire emmener dans une succession de descriptions certe bien écrites mais parfois légèrement caricaturales.

Cette accumulation de clichés ne m’a pas convaincu et m’a parfois rendu dubitatif car j’ ai grandis dans une région un peu similaire à ce décor. J’ai l’impression que l’auteur a été chercher les cas les plus spectaculaires et les a mis dans le même panier. Un peu stigmatisant, je trouve....

Mais bon, j’ai apprécié le rythme et la tension du dernier tiers du livre. C’est brillant!

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Rodéo

Rodéooo c'est la vie pas le paradis... Rodéooo...

Voilà, Zazie a bien résumé le premier roman d'Aïko Solovkine. Un roman âpre, noir, dans la campagne belge. Le destin de ceux dont on peut dire «De toute façon, personne n'a songé à voir en eux les forces vives de la nation de demain», les laissers pour compte qui trouvent de la joie dans la défense, les morts subites en voiture et la baise. Le tout sous la férule de Lucky Strike, flanqué de ses dobermans et de la haine de la société. Et quand ce territoire de faillite et de grève accouche de la belle et talentueuse Joy, l'on se demande si la boue de la médiocrité peut se nettoyer...

Un roman terriblement belge et pourtant pas de terroir, rassurez-vous, amis Français, vous comprendrez tout. Un roman angoissant et social qui sent la misère et l'ennui.

Et merci à Babelio pour cette jolie Masse Critique!
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Rodéo

Avant toute chose, merci à Masse Critique de m'avoir fait découvrir ce roman, et par la même occasion, une collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont j'ignorais l'existence.



Roman choc, brut qui peut se passer dans n’importe quelle banlieue, mais ici nous sommes en Belgique.



Des potes, des amis, peut-être mais surtout une bande de gars qui ont grandi ensemble, fait les mêmes expériences de la vie, ils sont ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont connu.

Avec comme toile de fond la banlieue morte, morne, la buvette, les bagnoles surkitées, les rêves de gain au Lotto, les beuveries et les coups d’adrénaline.



La vitesse, jouer à se faire peur, les filles faciles, voilà le quotidien de ceux-là qui deviendront un jour magasinier, caissière ou tout autre profession qui ne les sortira pas de là.



Et au milieu du lot, exception : une fille jolie, intelligente, douée même. Pour elle, pas de chemin de vie en forme de gosses, de téléviseur à crédit. Jusqu’à ce que …..



L’auteure a une plume efficace qui nous fait plonger directement dans ce quotidien grisâtre, sombre même, dérangeant.

Le rythme donné à certaines scènes, fait de petites phrases, de descriptions courtes, donne un mouvement particulier au texte, j'ai beaucoup apprécié cela.
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Rodéo





Belgique profonde, années 90, dans une région désindustrialisée, périurbaine, une bande de jeunes désoeuvrés : "pas vraiment de mauvais gars. Pas de bons gars non plus, juste des gars de chez nous...de la raclure de province, blanche et bas de gamme, comme on en produit à échelle industrielle dans la région" Ces jeunes tuent leur ennui et tentent d'oublier leurs vies quelconques en se saoulant dans des dancings décrépis, en se bastonnant avec les bandes rivales et en draguant lourdement tout ce qui passe. Mais leur activité de prédilection, ce sont ces rodéos nocturnes qu'ils effectuent au volant de bolides de fortune dans le but de terroriser des conductrices esseulées...Mais un jour tout bascule !



Rodéo c'est un choc!! Un roman coup de poing, où les mots claquent. Tantôt poétiques, tantôt crus. Un roman qui ne laisse pas indemne et qui continue à faire son chemin une fois la dernière page refermée!! A l'instar de "Débâcle" de Lize Spit ou des romans de Nicolas Mathieu, Aïko Solovkine s'intéresse à cette frange de la population oubliée, qui évolue tant bien que mal dans une région délaissée par la modernité et l'industrialisation, où tout espoir de progression sociale semble vain. Rodéo c'est aussi un roman sur la culpabilité, celle qui ne vous quitte jamais et qui vous colle à la peau pour toujours et sur ce que l'effet de groupe peut produire de plus néfaste sur l'individu!!



Rodéo c'est un roman puissant à (re)découvrir de toute urgence!!! Et Aïko Solovkine, une auteure belge talentueuse à suivre de très très près !

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Rodéo

Un thriller efficace qui s'inspire fortement d'une affaire criminelle odieuse survenue il y a quelques années.

Le narrateur dépeint la vie de quelques jeunes paumés, en proie à la misère culturelle et qui n'ont du coup rien d'autre à faire que de prendre en chasse des femmes circulant de nuit sur une départementale très peu fréquentée.

L'écriture est incisive, tantôt très crue (mais nécessaire, compte-tenu de ce qui est décrit) tantôt sensible. On ressort forcément révolté du sort qui attend l'une des conductrices.

L'auteure aurait peut-être encore pu se détacher davantage du fait criminel réel sans pour autant qu'on en perde la source d'inspiration. Mais est-ce vraiment critiquable ? C'est plutôt une affaire de point de vue.

Ce livre assez méconnu est à découvrir.
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