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Citations de Aimé Césaire (421)


Aimé Césaire
C'est quoi une vie d'homme ? C'est le combat de l'ombre et de la lumière.
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LUMUMBA : J'ai à vous raconter l'Afrique ! Aïe ! Afrique ! les yeux, le dos, le flanc ! Europe, tes serres ! Amérique, ton bec ! Asie ! Asie ! Ah ! ce pourchas de fiente et de rostres ! L'Afrique est comme un homme qui, dans le demi-jour se lève, et se découvre assailli des quatre points de l'horizon !

Acte III, Scène 2.
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Au bout du petit matin, cette ville inerte et ses au-delà de lèpres, de consomption, de famines, de peurs tapies dans les ravins, de peurs juchées dans les arbres, de peurs creusées dans le sol, de peurs en dérive dans le ciel, de peurs amoncelées et ses fumerolles d'angoisse.
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Partir

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
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LUMUMBA : Vous êtes de la brimade et de la corvée, vous êtes de l'avenir bouché, vous êtes de la solde de famine, de la solde non payée ! Et c'est de votre maigreur que ces messieurs sont gras ! Hélas, oui ! quand j'ai nommé les premiers officiers noirs, le premier général, le premier colonel noir, je ne pensais pas que plus vite que ne pousse la lave du volcan, une caste serait née, de chiens voraces et insatiables, la caste des colonels et des nouveaux messieurs, et c'est cette caste qui a confisqué à son profit, à son seul profit, les avantages que vous étiez en droit d'attendre de notre révolution congolaise !

Acte III, Scène 1.
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Aimé Césaire
Ce n'est pas par la tête que les civilisations pourrissent. C'est d'abord par le cœur.
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Aimé Césaire
*****

j’habite donc une vaste pensée
mais le plus souvent je préfère me confiner
dans la plus petite de mes idées

***
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Le mot nègre
tout plein de brigands qui rôdent
des mères qui crient
d’enfants qui pleurent
Le mot nègre
un grésillement de chairs de la griffe
sur le trottoir des nuages
Le mot nègre
comme le dernier rire vêlé de l’innocence
entre les crocs du tigre
et comme le mot soleil est un claquement de balles
et comme le mot nuit un taffetas qu’on déchire
Le mot nègre
dru savez-vous
du tonnerre d’un été
que s’arrogent
des libertés incrédules.
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Aimé Césaire
Nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation - donc la force - est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment Colonisation, tête de pont dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation.
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Les Européens croient à "la" civilisation tandis que nous, nous croyons "aux" civilisations, au pluriel, et "aux" cultures. Le progrès, avec cette déclaration, c'est que tous les hommes ont les mêmes droits, simplement parce qu'ils sont des hommes. Et ces droits-là, tu les réclames pour toi et les autres.
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DEUXIÈME BANQUIER : Ce discours ! cette fois, ça y est, on peut faire sa valise !
TROISIÈME BANQUIER : C'est évident ! Là où l'ordre défaille, le banquier s'en va !
MOKUTU : J'avais misé sur lui ! qui a bien pu lui rédiger ce discours ? et dire que je voulais faire de lui un homme d'État ! S'il veut se casser le cou, tant pis pour lui ! dommage ! c'est dommage ! Trop aiguisé, le couteau déchire jusqu'à sa gaine !

Acte I, Scène 6.
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LE BONIMENTEUR : Mes enfants, les Blancs ont inventé beaucoup de choses et ils vous ont apporté ici, et du bon, et du mauvais. Sur le mauvais, je ne m'étendrai pas aujourd'hui. Mais ce qu'il y a de sûr et de certain, c'est que parmi le bon, il y a la bière ! Buvez ! Buvez donc ! D'ailleurs, n'est-ce pas la seule liberté qu'ils nous laissent ? On ne peut pas se réunir, sans que ça se termine en prison. Meeting, prison ! Écrire, prison ! Quittez le pays ? Prison ! Et tout à l'avenant ! Mais voyez, vous-mêmes ! Depuis un quart d'heure, je vous harangue et leurs flics me laissent faire... [...] Motif : Je vends de la bière et je place de la bière ! [...]
Mais attention ! Eh oui ! Comme il y a dans un même pays, des races différentes, comme en Belgique même, ils ont leurs Flamands et leurs Wallons, et chacun sait qu'il n'y a pas pire que les Flamands, il y a bière et bière ! Des races de bière ! des familles de bière ! Et je suis venu ici parler de la meilleure des bières, de la meilleure des bières du monde : la Polar ! — Polar, la fraîcheur des pôles sous les tropiques ! Polar, la bière de la liberté congolaise ! Polar la bière de l'amitié et de la fraternité congolaise !
[...]
PREMIER FLIC BELGE : Pas mal, son boniment ! Il a du bagou !
DEUXIÈME FLIC BELGE : Ouais ! Mais inquiétant ! Son bock de bière est une vraie boîte à malices ! Qu'est-ce qu'il en sort ? Je vais lui en toucher deux mots !
PREMIER FLIC BELGE : Fais gaffe ! Il faut vendre la Polar ! Tu sais qui est le patron de la Polar ?
DEUXIÈME FLIC BELGE : Comment veux-tu que je le sache ? Je sais seulement que ce nègre est dangereux !
PREMIER FLIC BELGE : Tu es jeune ! Je te le dis : derrière Polar, il y a le ministre... Eh oui... le ministre du Congo ! Ça te chiffonne ! Mais c'est comme ça ! Alors tu comprends ! Allons, viens prendre une chope !

Acte I, Scène 1.
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Aimé Césaire
Mon eau n'écoute pas
mon eau chante comme un secret
Mon eau ne chante pas
mon eau exulte comme un secret
Mon eau travaille
et à travers tout roseau exulte
jusqu'au lait du rire
Mon eau est un petit enfant
mon eau est un sourd
mon eau est un géant qui te tient sur la poitrine un lion
ô vin
vaste immense
par le basilic de ton regard complice et somptueux

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Foin du racisme ! Foin du colonialisme ! Ça sent trop son barbare. M. Mannoni a mieux : la psychanalyse [...] "Le destin de l'Occidental rencontre l'obligation d'obéir au commandement : Tu quitteras ton père et ta mère. Cette obligation est incompréhensible pour le Malgache. Tout Européen, à un moment de son développement, découvre en lui le désir...de rompre avec ses liens de dépendance, de s'égaler à son père. Le Malgache, jamais ! Il ignore la rivalité avec l'autorité paternelle, la "protestation virile", l'infériorité adlérienne, épreuves par lesquelles l'Européen doit passer et qui sont les formes civilisées ...des rites d'initiation par lesquels on atteint la virilité..." Que les subtilités du vocabulaire, que les nouveautés terminologiques ne vous effraient pas ! Vous connaissez la rengaine : "Les Nègres-sont-de-grands-Enfants." On vous la prend, on vous l'habille, on vous l'emberlificote. Le résultat c'est du Mannoni.
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Je suis un souvenir qui n'attend pas le seuil
et erre dans les limbes où le reflet d'absinthe
quand le coeur de la nuit souffle par ses évents
bouge l'étoile tombée où nous nous contemplons.
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Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions.
Je dirais orage. Je dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies, humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l’œil des mots en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temples en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
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LE JOUEUR DE SANZA : Africains, c'est ça le drame ! Le chasseur découvre la grue couronnée en haut de l'arbre. Par bonheur la tortue a aperçu le chasseur. La grue est sauvée direz-vous ! Et de fait, la tortue avertit la grande feuille, qui doit avertir la liane, qui doit avertir l'oiseau ! Mais je t'en fous ! Chacun pour soi ! Résultat : Le chasseur tue l'oiseau ; prend la grande feuille pour envelopper l'oiseau ; coupe la liane pour envelopper la grande feuille… Ah ! J'oubliais ! Il emporte la tortue par-dessus le marché ! Africains mes frères, quand donc comprendrez-vous ?

Acte II, Scène 10.
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PREMIER BANQUIER : C'est foutu. Un gouvernement de traîtres nous brade notre Empire.
DEUXIÈME BANQUIER : Ainsi, de l'Indépendance ils ont fixé la date !
TROISIÈME BANQUIER : Hélas ! ils ont de ce macaque, accepté le diktat !
QUATRIÈME BANQUIER : Du cran, messieurs, du cran, toujours du cran que diable !
Il faut épouser son temps ! Je ne dis pas l'aimer, il suffit d'épouser !
Cette indépendance n'a rien qui me déroute.
PREMIER BANQUIER : De ce qui constitue une calamité vraie
ruine l'État, assèche nos finances
ravale ce pays au rang d'infime puissance
c'est prendre son parti de manière longanime.
DEUXIÈME BANQUIER : Inquiétant paradoxe ou dangereuse maxime
Les deux sans doute ! Collègue, je le dis tout à trac
Je ne sais ce qu'il a au fond de votre sac !
Mais quand dans un vaste empire se propage le mal,
C'est mal choisir son temps pour faire le libéral !
QUATRIÈME BANQUIER : Quand dans un vaste empire se propage le mal
Les solutions hardies sont aussi les seules sages !
PREMIER BANQUIER : Rien de plus irritant, monsieur que ces obscurités !
Au fait ! pour sortir de nos difficultés,
Si vous avez un plan, dites, parlez, proposez
Au lieu de finasser.
DEUXIÈME BANQUIER : Oui-da ! Avez-vous ce qu'on appelle une politique ?
QUATRIÈME BANQUIER : Une politique ? Le mot est gros, mais un peu de jugeote,
çà et là des idées qui, par ma cervelle trottent ;
à cela nul mérite. Vingt ans de tropiques :
Pensez, je les connais. Axiome :
pour rendre traitable le Sauvage, il n'est que deux pratiques :
La trique, mon cher, ou bien le matabich !
PREMIER BANQUIER : Eh bien ?
QUATRIÈME BANQUIER : Eh ! bien tant pis, je vous croyais plus vifs.
Suivez l'idée. Que veulent-ils ? Des postes, des titres,
Présidents, députés, sénateurs, ministres !
Enfin le matabich ! Bon ! Auto, compte en banque
Villas, gros traitements, je ne lésine point.
Axiome, et c'est là l'important : qu'on les gave !
Résultat : leur cœur s'attendrit, leur humeur devient suave.
Vous voyez peu à peu où le système nous porte :
Entre leur peuple et nous, se dresse leur cohorte.
Si du moins avec eux, à défaut d'amitié
En ce siècle ingrat sentiment périmé
Nous savons nouer les nœuds de la complicité.
PREMIER BANQUIER : Il suffit ; bravo collègue ! Accord sans réticence !
CHŒUR DES BANQUIERS : Hurrah ! Hurrah ! Vive l'Indépendance !

Acte I, Scène 4.
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Aimé Césaire
******

Extrait du Cahier d’un retour au pays natal

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir, le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

***
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LUMUMBA : Tu y penses à l'Afrique, quelquefois ? Tiens, regarde là ! pas besoin de carte épinglée au mur. Elle est gravée sur la paume de mes mains. Ici, la Rhodésie du Nord, son cœur le Copper Belt, la Ceinture de Cuivre, terre silencieuse, sauf de temps en temps, un juron de contremaître, un aboi de chien policier, le gargouillement d'un colt, c'est un nègre qu'on abat, et qui tombe sans mot dire. Regarde, à côté, la Rhodésie du Sud, je veux dire des millions de nègres spoliés, dépossédés, parqués dans les townships. Là, l'Angola ! principale exportation : ni le sucre ni le café, mais des esclaves ! Oui, mon colonel, des esclaves ! Deux cent mille hommes livrés chaque année aux mines de l'Afrique du Sud contre du bon argent qui tombe tout frais dans les caisses vides de papa Salazar ! Y pendant comme un haillon, cet îlot, ce rocher, San Tomé, sa petitesse bouffe du nègre que c'en est incroyable ! Par milliers ! Par millions ! C'est le bagne de l'Afrique !

Acte II, Scène 11.
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