Aimé Michel

Aimé Michel était un esprit curieux, ouvert, éclectique . Il s'intéressait entre autres à la religion, à la science, à la philosophie... Il est logique qu'il en soit venu à s'intéresser aux soucoupes volantes dans les années 1950 et 1960.

Malgré beaucoup de travail, malgré une grande rigueur dans ses recherches, il n'a pas réussi, lui non plus, à percer le mystère des soucoupes volantes (on dirait aujourd'hui le mystère des ovnis).

En tout cas dans ce livre de 1956, il raconte les faits avec honnêteté , avec parfois un peu trop d'enthousiasme peut être ? Il ouvre des pistes d'explication comme cette fameuse théorie de l'orthothénie qui s'avérera peu satisfaisante quelques années plus tard.

Dans les années 1970, Aimé Michel abandonnera l'ufologie, en considérant grosso modo que le mystère OVNI est trop grand, dépasse l'être humain, et que l'énergie consacrée à essayer de le résoudre serait mieux employée à étudier d'autres domaines.

Il reste un auteur méconnu à découvrir ou redécouvrir.

La parution de ces deux ouvrages illustre merveille engouement présent du grand public pour tout ce qui touche la recherche de nos racines individuelles et collectives. La Face cachée de la France est tout ce que plusieurs siècles de raison et quelques décades industrialisation sont parvenues à gommer de notre mémoire collective : rites, superstitions, petits métiers, vieilles coutumes, savoirs anciens et tours de main oubliés... Notre âme en un mot selon le titre une des contributions du volume 1.

Bien des notations de ce premier volume - malgré l'impression d'accumulation un peu disparate que laisse ensemble - sont intéressantes, souvent pittoresques, parfois savantes. Aux tentatives des AA pour dessiner une "géopoétique" de la France à partir des hauts lieux et sites magiques, d'établir "une histoire inconnue des villages" ou un inventaire des vieux métiers répond le cri d'alarme attendu sur les risques que le processus de désertification fait courir notre patrimoine naturel et culturel. Le problème principal vient de ce que cet ensemble "léger" parfois, mais plaisant se présente avec le parrainage ambigu d'une présentation de Louis Pauwels, dont l'objectif est de montrer que "toute la vie du Français obéit aux rythmes du païen antique. Le revêtement religieux cache le coeur païen, toujours vivace." On connaît trop l'obsession de celui qu'on considère habituellement comme l'un des chefs de file de la droite dite "nouvelle" pour "le paganisme indoeuropéen", qui serait, paraît-il, la vraie source de notre vigueur culturelle. Le rapprochement de ses tirades habituelles avec les textes qu'il introduit ici éclaire parfaitement le type de récupération dont font l'objet à droite les thèmes écologiques, régionalistes et ceux de la culture populaire. L'opération n'est certes pas nouvelle. Cela ne rend pas inessentiel d'en examiner les ressorts et l'enjeu actuel.

Centré sur la médecine populaire, les thérapeutiques traditionnelles et les pratiques des guérisseurs, le second volume donne une impression unité très supérieure au précédent. On trouve notamment, à côté de contributions abondamment descriptives, une analyse de la production sociale du don du guérisseur que l'A. - D. Friedmann - a développé dans d'autres travaux. L'ensemble s'ouvre sur une présentation de Jacques Lacarrière intitulée "Notre pensée sauvage", qui concentre, dans une forme littéraire fort belle, quelques-uns des thèmes récurrents de la mythologie ruralisante, celui de la Terre-Mère notamment.



Daniele Léger - PAUWELS (Louis) - LACARRIERE (Jacques) - La Face cachée de la France, Paris, ed Seghers 1978, 2 vol. 415 et 218p.
Lien : https://www.persee.fr/doc/as..