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Citation de cuisineetlectures


Alaa El Aswany
[...]Tous les romanciers vivent ça : on crée des personnages qui finissent par prendre leur indépendance et décider de leur propre vie. De ce fait, je ne sais jamais à l'avance ce qui va se passer à la fin de mes livres.
Isabelle Allende dit qu'on n’invente pas une histoire, mais qu'on la découvre. C'est vrai ! Mon travail consiste à faire sortir le monde romanesque que je porte en moi. Celui de l'Automobile Club du Caire, par exemple. Mon père en était l'avocat et, lorsque j'étais enfant, dans les années 1960, il m'y emmenait souvent. Je revois encore les gens qui y travaillaient, comme le cuisinier ou le responsable de la salle des jeux de cartes. La plupart d'entre eux avaient personnellement connu le roi Farouk (1920-1965), et ils adoraient cet homme. Le bâtiment du club existe toujours, mais on a détruit l’architecture intérieure. C'est une perte immense, parce qu’on pouvait y lire toute l'histoire de l’Égypte.
Le vrai défi, c'est d'être capable d'écrire un roman sur une autre époque tout en y posant les questions qui secouent l’Égypte et le monde arabe aujourd'hui. Quid de notre relation à l'occident ? Du bien fondé de la révolution ? Soixante quinze ans après, nous n’avons toujours pas trouvé de réponses. Dans Automobile Club d’Égypte, le personnage d'El Kwo, le maître des "serviteurs", également chambellan du roi Farouk, est certes un tyran corrompu, mais il offre aussi aux serviteurs sa protection. Ces derniers doivent donc choisir entre la liberté et le secours d'un homme qui, en échange, peut les traiter comme bon lui semble. La même question se pose désormais aux Égyptiens. Veulent-ils la liberté ou la sécurité ? Dans le monde arabe, les dictateurs se présentent souvent comme des pères protecteurs. Rien de tel pour empêcher les gens de se révolter. Car il est beaucoup plus difficile de se soulever contre son père que contre son général.

Entretien dans le Télérama N° 3343 - février 2014
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