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Citations de Alaa El Aswany (405)


Que ressent-on lorsque l'on porte la galabieh de son père mort, lorsque l'on coiffe son tarbouche, que l'on serre dans ses doigts son chapelet et que l'on prie sur le tapis où il se prosternait ? On est alors possédé par des sentiments divers : la tendresse pour le père, la satisfaction du devoir accompli à son égard. Il y a là de l'orgueil, le sentiment de le prolonger, de lui rendre une certaine forme d'existence. C'est comme si l'on ramenait sa voix et son odeur, comme si l'on devenait lui.
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En vieillissant, j’ai compris que l’homme n’a presque rien entre ses mains.
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Quant aux femmes, quelle que soit leur piété ou leur rigueur morale, elles aiment toutes beaucoup le sexe et se racontent à voix basse des secrets d’alcôve en éclatant d’un rire innocent, ou parfois impudique, si elle sont seules. Elles n’aiment pas seulement le sexe pour éteindre leur envie, mais également parce que le sexe et le besoin pressant qu’en ont leurs maris leur font ressentir que, malgré toute leur misère, leur vie étriquée, tous les désagréments qu’elles subissent, elles sont toujours des femmes belles et désirées par leurs hommes. Au moment où les enfants dorment, qu’ils ont dîné et remercié leur Seigneur, qu’il reste à la maison assez de nourriture pour une semaine ou peut-être plus, un peu d’argent épargné en cas de nécessité, que la pièce où ils habitent tous est propre et bien rangée, que l’homme rentre, le jeudi soir, mis de bonne humeur par le haschich et qu’il réclame sa femme, n’est-il pas alors de son devoir de répondre à son appel, après s’être lavée, maquillée, parfumée, ne vont-elles pas, ces brèves heures de bonheur, lui donner la preuve que son existence misérable est d’une certaine façon réussie, malgré tout. (p. 24-25)
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Quant à la guerre psychologique, chacun la livra à sa façon. Hamed Hawas n’arrêta pas un seul instant d’exposer les arguments juridiques sur les servitudes de la copropriété des habitants de la terrasse en s’appuyant sur la jurisprudence. Pendant ce temps s’élevaient les gémissements d’Abas-Kharoun qui suppliait l’officier en soulevant sa galabieh pour montrer sa jambe coupée – comme il avait coutume de le faire en cas de nécessité.
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Parlons avec franchise. La révolution vous dérange à cause des églises qui brûlent ou bien à cause de l’arrêt des affaires ?
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Alaa El Aswany
[...] il est vrai que je m'inspire toujours de personnages réels. Et je peux vous dire aussi qui était mon père : un grand homme, avocat, donc, et écrivain connu. Dans les années 1940, il avait commencé par milité au sein de Jeune Égypte, avant de se rendre compte que les membres de ce groupe étaient fascistes. Socialiste, il avait rejoint l'avant-garde wafdiste, la gauche du Wafld, un parti qui réclamait l'indépendance et l'instauration de la démocratie. Mon père, dont j'étais le fils unique, m'a construit, et en un sens, je suis l'une de ses œuvres littéraires. Quand il est mort, l'année de mes 19 ans, j'avais une vision très claire de ce que je devais faire dans ce monde.
Être écrivain a toujours été le rêve de ma vie. La littérature était omniprésente à la maison. Je disais souvent que nous étions quatre à vivre sous le même toit : mon père, ma mère, l'écriture et moi. Mes parents fréquentaient de grands intellectuels, et mon père me gardait toujours à ses côtés quand ils venaient chez nous. Sur ses conseils, je me suis quand même inscrit en médecine. Il me disait que seul un autre métier me permettrait de préserver la littérature, et donc d'être capable d'écrire. Aujourd'hui encore, je continue à me rendre à mon cabinet dentaire.

Entretien dans le Télérama N° 3343 - février 2014
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Nous devons également reconnaître avec tristesse que la plupart des gens, à l’image des « bons citoyens » (personnes ordinaires dont leur monde est tout entier centré sur leur petite famille et leur travail) ne sont pas opposés à la dictature par principe et qu’ils la rejettent seulement si elle tourne mal et nuit au leurs intérêts personnels. Si la vie des gens s’améliore à l’ombre de l’autoritarisme, si les offres d’emploi augmentent dans des proportions raisonnables, si l’éducation et les soins de santé sont accessibles gratuitement ou à faible coût et si les autorités se contentent de s’en prendre aux autres, alors la plupart des gens donnent leur appui à la dictature. L’histoire enseigne que ceux qui considèrent que la liberté est plus importante que le reste sont généralement une minorité de la population tandis que la majorité des citoyens considèrent que la possibilité de gagner sa vie est beaucoup plus importante que la liberté. ( page 130)
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La vie, parfois, devient supportable!
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L'état égyptien te condamne d'abord et ensuite cherche un motif.
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J'ai couru vers le Nil. Les grenades lacrymogènes remplissaient l'atmosphère et moi je pleurais, je ne sais pas si c'était à cause du gaz, ou à cause de moi, ou si c'était pour tout ça à la fois. En revenant j'ai vu de mes propres yeux un grand nombre de morceaux humains laissés par le tank : des intestins, des cerveaux, des jambes, des moitiés de corps. Tout cela je l'ai vu. Mais le plus dégoûtant, c'est que j'ai vu des gens qui couraient, terrorisés, et qui marchaient dessus. Personne ne pense plus. La seule chose qui compte c'est de s'en sortir. On voit partout devant soi des morceaux de corps de martyrs profanés qu'on piétine sans le moindre respect. Les gens courent dessus et personne ne pense à regarder vers le bas.
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- La réussite est quelque chose de relatif. Par exemple être bijoutier et prendre de l’or volé, le fondre et le revendre, puis avoir un procès et payer un pot-de-vin pour ne pas aller en prison, on peut appeler cela de la réussite. Ou bien être comptable dont le travail consiste à travestir des budgets pour que les grandes sociétés échappent à l’impôt, cela s’appelle de la réussite ou de la fraude ?
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Quant aux hommes, ils n'attachent pas beaucoup d'importance aux querelles féminines, qu'ils considèrent comme une preuve supplémentaire de cette insuffisance de leur cervelle dont avait parlé le Prophète, prière et salut de Dieu sur lui.
(éd. Babel, page 21)
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Lorsque nous voyons une personne pour la première fois, nous éprouvons une sensation furtive comme l'éclair qui se perd ensuite lorsque nous sommes en rapport avec elle. Si nous parvenons à interpréter avec soin cette sensation, cela nous donne un indice précis sur la personnalité des autres.
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Ce pays n’est pas notre pays, Taha, c’est le pays de ceux qui ont de l’argent. Si tu avais eu deux mille livres et que tu les avais données en bakchich personne ne t’aurait demandé le métier de ton père. Gagne de l’argent, Taha, tu auras tout ce que voudras mais si tu restes pauvre on te marchera dessus.
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- Il y a beaucoup de choses dans ma vie que je n’ai pas faites et que j’aurais dû faire.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. Lorsque j’étais jeune, que j’avais ton âge, j’imaginais que j’allais réussir tout ce que j’entreprendrais. Je faisais des plans pour ma vie et j’étais convaincu qu’ils allaient se réaliser. En vieillissant, j’ai compris que l’homme n’a presque rien entre ses mains. La vie toute entière est conduite par la destinée. (p.185)
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Je regarde parfois la télévision et je suis abasourdi quand je vois de quelle façon effrayante ils trompent le peuple.. Tous les jours ils fabriquent un nouveau mensonge pour convaincre les gens que la révolution est un complot. Sais-tu que les chaînes privées ouvertes par des hommes d'affaires perdent des millions? Pourquoi un homme d'affaires ouvre-t-il une chaîne de télévision dont il sait qu'elle va réaliser des pertes sinon pour faire avorter la révolution ? Il sait que si elle arrivait au pouvoir, il risquerait de perdre toute sa fortune, et le plus probable est qu'il serait jugé pour ses crimes et jeté en prison.
p 418
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Les idées extrémistes sont comme des microbes qui attaquent le corps. Il faut renforcer le système immunitaire du corps pour en venir à bout. Le système immunitaire de la société est le système démocratique. Plus nous le défendons et plus nous renforçons ses bases, plus il sera capable de combattre l'extrémisme.
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Au cours de cette année, elle s'était également rendu compte que sa mère avait complétement changé. Lorsque Boussaïna abandonnait un travail à cause du harcèlement des hommes, sa mère accueillait la nouvelle dans un silence proche de la contrariété. Une fois que le cas s'était reproduit, elle avait dit à Boussaïna qui se levait pour quitter la pièce : - Tes sœurs et ton frère ont besoin du moindre centime que tu peux gagner. Une fille débrouillarde sait à la fois se préserver et préserver son emploi.
Cette phrase avait rempli Boussaïna de tristesse et de perplexité : "Comment puis-je me préserver devant un homme qui ouvre son pantalon?"
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Je vais vous parler avec franchise. Notre peuple est ignorant et ses idées sont arriérées. La plupart des Egyptiens ne savent pas penser par eux-mêmes. Notre peuple est comme un enfant. Si nous le laissons choisir par lui-même, il se fera mal. Le rôle de l'information en Egypte est différent de ce qu'il est dans les pays développés. Votre mission, en tant que professionnels des médias, est de penser à la place du peuple. Votre mission est de fabriquer les cerveaux des Egyptiens et de former leurs idées. Après une période de mise en condition efficace, les gens considéreront que ce que disent les médias est vrai. Si vous dîtes qu'untel est un voleur, et bien il devient un voleur.
p 406
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L'islam et la démocratie sont deux contraires qui ne se rejoignent jamais. Comment l'eau pourrait-elle se joindre au feu et le feu aux ténèbres ? La démocratie signifie que les gens se gouvernent eux-mêmes et pour eux-mêmes, et l'islam ne reconnaît que le gouvernement de Dieu. Ils veulent soumettre la loi de Dieu à l'Assemblée du peuple pour que messieurs les députés décident si la loi est applicable ou pas. "Quelle énormité que la parole qui sort de leur bouche, eux qui ne disent que des mensonges." La charia du Dieu de Vérité, qu'il soit glorifié et exalté, ne se discute pas et ne s'examine pas. On lui obéit et on la met immédiatement en application par la force, "quelque détestation qu'en aient ceux qui détestent".
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