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Citations de Alaa El Aswany (405)


Un jour, elle avait lu sur le journal mural un article de lui où il disait que la morale sans la foi valait mieux que la foi sans la morale......
Je prie, je jeûne, j’accomplis toutes les obligations, mais je crois que la religion véritable, c’est ce que l’on fait et pas ce que l’on croit. La religion n’est pas un but en soi mais elle est un moyen de nous enseigner la vertu. Dieu, qu’il soit glorifié et exalté, n’a pas besoin de notre prière et de notre jeûne. Nous prions et nous jeûnons pour notre propre éducation. L’islam n’est pas quelque chose de formel et de rituel, comme le croient les salafistes, et ce n’est pas non plus un moyen de s’emparer du pouvoir, comme le croient les frères. Si l’islam ne nous rend pas plus humains, il ne sert à rien, et nous non plus.
Elle le regarda sans lui répondre et il poursuivit avec enthousiasme :
-Pourquoi apprenons-nous la médecine ? C’est pour soigner les gens. Donc les études n’ont pas de valeur si l’on n’exerce pas la médecine. Avec la même logique, la religion est un entraînement à faire le bien. Il ne sert à rien de la pratiquer si cela ne se reflète pas sur notre morale.
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-Vous m’offrez de l’argent contre la vie de mon fils. Sortez.
-C’est le prix du sang prévu par la charia, comme Notre-Seigneur l’a fixé.
-Parce que vous connaissez Dieu, espèce d’imposteur.
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Mais on peut se demander comment le fervent musulman qu’est le général Alouani peut regarder des films pornographiques.
Voilà bien une question absurde comme ne peuvent en poser que des ignorants ou des personnes malveillantes ! Bien sûr que selon la charia regarder des films pornographiques est une chose blâmable, mais cela ne fait pas partie des péchés mortels comme le meurtre, la fornication et la consommation d’alcool. En fonction de la jurisprudence selon laquelle “la nécessité rend licite ce qui est interdit”, la charia autorise parfois à s’adonner à des actions blâmables si elles empêchent le croyant d’accomplir des péchés mortels.
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On a souvent demandé ma main. Chaque fois ma famille fait pression sur moi pour que j’accepte de voir le fiancé. Je refuse et me dispute mais à la fin je suis obligée de le rencontrer. Le fiancé est généralement très élégant lorsqu’il arrive à la maison, très infatué de lui-même et très confiant à cause de l’argent dont ses poches sont pleines. Il s’empresse de m’informer en quelques phrases de l’étendue de ses possessions : une voiture de luxe (une Mercedes ou une BMW), une villa sur la côte nord et une autre à Aïn Sokhna en plus d’un appartement luxueux de trois cents mètres carrés sur deux étages, généralement situé à Medinat Nasr18. Après avoir étalé sa fortune, le futur marié commence à évaluer la marchandise (c’est-à-dire moi). Je sens que ses yeux examinent soigneusement chaque recoin de mon corps. On ne peut pas le lui reprocher : l’homme va payer une dot importante pour avoir la possibilité de jouir de mon corps (c’est la définition du contrat de mariage selon certains livres de jurisprudence religieuse). N’a-t-il pas le droit d’inspecter ce corps pour s’assurer qu’il place son argent au bon endroit ?
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Alaa El Aswany
Mon cabinet dentaire du Caire a été attaqué par les islamistes à deux reprises. Les mêmes ont failli nous lyncher, mon traducteur et moi, à l'Institut du monde arabe, à Paris, où je donnais une conférence en 2013. Je vis depuis des années avec l'idée que des gens veulent ma mort, parce que je serais, selon eux, contre l'islam - les journalistes de Charlie Hebdo ont d'ailleurs été exécutés pour les mêmes raisons. A leurs yeux, j'ai de l'influence, ce dont je suis fier. Bien sûr, j'ai eu peur. La peur vient se nicher dans votre tête mais disparaît aussi sec lorsque vous êtes confrontés aux situations les plus extrêmes. Quand, aux premiers jours de la révolutions égyptienne, un jeune homme qui se tenait à mes côtés a été abattu par un sniper, ma peur s'est définitivement envolée. Et puis, j'oublie tout dès que je prends la plume, ce qui m'évite de m'autocensurer. Pourtant, j'ai arrêté d'écrire pour la presse de mon pays. Le régime militaire n'a jamais opposé de veto à mes textes, mais il a fait pression sur les journaux pour que je sois traité d'une manière inacceptable, m'amenant à rompre notre collaboration. Restent mes livres, les médias occidentaux et surtout Twitter, où je compte1500 000 followers. La preuve qu'il est désormais impossible de faire taire un écrivain.

Télérama N° 3392 - janvier 2015
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—Mais oui. Tu imagines que la Sécurité d’État ignore tes activités ? Tu es membre de l’organisation Kifaya et tu pousses les ouvriers à la grève. C’est facile pour eux de te faire un procès où tu écoperais au moins de dix ans de prison.
-Sous quelle accusation ?
-Cette question n’a pas de sens en Égypte. Ton père et moi, nous avons passé de longues années en prison. De quoi étions-nous accusés ? L’État égyptien te condamne d’abord et ensuite cherche un motif.
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Notre destin peut changer simplement parce que nous sommes passés par une rue à une heure donnée, parce que nous nous sommes dirigés vers la droite au lieu d'aller vers la gauche, parce que nous nous sommes attardés au travail et qu'à cause de cela nous avons rencontré telle personne.
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Vous connaissez une plus grande humiliation que celle-là ? Vous savez ce que ressent un homme quand il court et qu'il abandonne un mort ou un blessé ? Il court pour sa vie parce qu'il a peur pour lui. C'est cela, l'humiliation. Les autres hommes peuvent comprendre cela.
J'ai couru vers le Nil. Les grenades lacrymogènes remplissaient l'atmosphère et moi je pleurais, je ne sais pas si c'était à cause du gaz ou à cause du jeune qui était mort, ou à cause de moi, ou si c'était pour tout ça à la fois .
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Le cheikh poursuivit d’une voix tremblante :
—Mes sœurs dans l’islam, répétez après moi cette invocation et apprenez-la par cœur. C’est lui qui a mon âme entre ses mains et je ne désire de lui que Son visage, qu’il soit glorifié et exalté : “Mon Dieu, fais que les femmes et les filles des musulmans soient saintes, pieuses, soumises et pénitentes. Fais-leur aimer le voile et le hijab et sème en elles la pudeur et la chasteté. Garde-les contre les corrupteurs et les assertions des trompeurs et donne-leur pour modèles les mères des croyants, par ta merci ô toi le plus miséricordieux.”
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Y a-t-il un temps fixé pour l'amour ? Une période limitée pendant laquelle il déploie toute sa force avant de se dérober puis de s'éteindre comme une bougie se consume ?
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Alaa El Aswany
[...]Tous les romanciers vivent ça : on crée des personnages qui finissent par prendre leur indépendance et décider de leur propre vie. De ce fait, je ne sais jamais à l'avance ce qui va se passer à la fin de mes livres.
Isabelle Allende dit qu'on n’invente pas une histoire, mais qu'on la découvre. C'est vrai ! Mon travail consiste à faire sortir le monde romanesque que je porte en moi. Celui de l'Automobile Club du Caire, par exemple. Mon père en était l'avocat et, lorsque j'étais enfant, dans les années 1960, il m'y emmenait souvent. Je revois encore les gens qui y travaillaient, comme le cuisinier ou le responsable de la salle des jeux de cartes. La plupart d'entre eux avaient personnellement connu le roi Farouk (1920-1965), et ils adoraient cet homme. Le bâtiment du club existe toujours, mais on a détruit l’architecture intérieure. C'est une perte immense, parce qu’on pouvait y lire toute l'histoire de l’Égypte.
Le vrai défi, c'est d'être capable d'écrire un roman sur une autre époque tout en y posant les questions qui secouent l’Égypte et le monde arabe aujourd'hui. Quid de notre relation à l'occident ? Du bien fondé de la révolution ? Soixante quinze ans après, nous n’avons toujours pas trouvé de réponses. Dans Automobile Club d’Égypte, le personnage d'El Kwo, le maître des "serviteurs", également chambellan du roi Farouk, est certes un tyran corrompu, mais il offre aussi aux serviteurs sa protection. Ces derniers doivent donc choisir entre la liberté et le secours d'un homme qui, en échange, peut les traiter comme bon lui semble. La même question se pose désormais aux Égyptiens. Veulent-ils la liberté ou la sécurité ? Dans le monde arabe, les dictateurs se présentent souvent comme des pères protecteurs. Rien de tel pour empêcher les gens de se révolter. Car il est beaucoup plus difficile de se soulever contre son père que contre son général.

Entretien dans le Télérama N° 3343 - février 2014
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Vous ne comprenez pas parce que vos conditions de vie sont bonnes. Si vous deviez attendre deux heures un autobus ou prendre trois moyens de transports différents et être humilié chaque jour pour rentrer chez vous, si votre maison s’effondrait et que le gouvernement vous laissait avec votre famille sous une tente dans la rue, si les policiers vous insultaient, vous frappaient uniquement parce que vous montez dans un microbus, la nuit, si vous deviez passer toute la journée à faire le tour des magasins pour chercher un travail et ne pas en trouver, si vous étiez un homme en pleine forme, instruit et que vous n’aviez dans votre poche qu’une livre et parfois rien du tout, alors vous sauriez pourquoi nous détestons l’Egypte.
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Les héros ne sont pas, comme les gens ordinaires, victimes d'événements communs et fugaces. Tout ce qui leur arrive est magnifié et porte forcément la marque du destin.
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-Un million de personnes douées de raison appartiennent à la communauté rastafari. Ils croient que l’empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié, est Dieu en personne. Ils l’adorent avec conviction et sincérité. Remarquez que Hailé Sélassié est mort depuis moins de quarante ans. Imaginez cette croyance dans quatre cents ans. Il y aura des millions de personnes qui adoreront Hailé Sélassié et qui seront prêts à défendre leur foi jusqu’à la mort.
C’est ainsi qu’Issam voyait les religions : toutes avaient commencé comme un folklore et, avec le temps, elles s’étaient sanctifiées parce que les gens ont besoin de croire en l’inconnu pour supporter leurs souffrances et leur sentiment d’oppression.
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Ce qui importe, c'est de faire régner la bonne humeur et de dissiper la colère.
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La séduction de la femme égyptienne quand elle étend le linge n'est pas moins grande que lorsqu'elle danse à la manière orientale. La force de séduction est la même dans les deux cas, mais d'une sorte différente. La séduction de la danse orientale est franche et directe. C'est un appel au sexe. Quant à l'étendage du linge, sa séduction est réservée, décente, voilée. La femme fait ses mouvements sans se rendre compte de leur impact sur ceux qui la contemplent.
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Note bien que ces idées ne me sont pas venues toutes seules. Ce sont des leçons que m'a enseignées mon père militant qui a été emprisonné, a perdu son travail, a été banni mais qui n'a pas regretté un seul instant les positions qu'il a prises. Je lui ai posé un jour une question dure et stupide :
- Tu as perdu dix années de ta vie en prison et malgré cela rien n'a changé en Egypte. Tu ne regrettes rien ?
Mon père m'a répondu en souriant :
- J'ai fait mon devoir et j'ai conservé le respect de moi-même. Ensuite, qui te dit que rien n'a changé ? Chaque jour les gens sont plus conscients et la vérité leur apparaît plus clairement. Un jour, leur colère sera telle qu'elle les poussera à la révolution. Même si je ne vois pas cette révolution, je mourrai la conscience tranquille car j'aurai fait tout ce qui est en ma possibilité pour servir la cause.

Page 66 - Je salue l'abnégation et le courage de cet homme qui m'oblige à me poser la question.
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" Cent mètres à peine séparent le passage Bahlar où habite Zaki Dessouki de son bureau de l’immeuble Yacoubian, mais il met, tous les matins, une heure à les franchir car il lui faut saluer ses amis de la rue : les marchands de chaussures et les commis des deux sexes, les garçons de café, les habitués du magasin de café brésilien. Zaki Bey connaît par leurs noms jusqu’aux concierges, crieurs de souliers, mendiants et agents de circulation. Il échange avec eux salutations et nouvelles. Pour les habitants de la rue, c’est un aimable personnage folklorique. »
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Il était resté célibataire, considérant que le mariage était un malheur et que le malheur faisait venir plus vite la mort.
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En même temps les femmes chez nous sont ainsi faites qu’elles considèrent leur organe de reproduction comme leur joyau caché. Il n’y a que dans notre pays que les journaux disent d’une fille qui a perdu sa virginité qu’elle a perdu ce qu’elle avait de plus précieux. Réfléchis, cher lecteur : ce qu’une jeune fille égyptienne a de plus précieux, ce n’est pas son intelligence, ni son humanité, et même sa vie. Ce qu’elle a de plus précieux, c’est sa virginité : cette membrane qui recouvre son organe sexuel pour garantir qu’il n’a jamais été utilisé auparavant.
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