AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Alain Accardo (29)


Si naguère on a pu parler d'"école libératrice", il faudrait plutôt parler aujourd'hui d'"école conservatrice" tant son souci, explicitement partagé par les familles et le corps enseignant, est "d'adapter" aussi étroitement que possible les jeunes à l'ordre existant.
Commenter  J’apprécie          130
Le système capitaliste ne fonctionne pas seulement par l'exploitation, la spoliation et l'oppression du plus grand nombre mais aussi par l'adhésion de la plupart au système qui les exploite, les spolie et les opprime, c'est à dire qu'il fonctionne à l'aliénation psychologique et morale, entretenue par des espérances de succès individuel et d'accomplissement personnel, le plus souvent fallacieuses.
Commenter  J’apprécie          100
[I]l existe dans les rédactions de l'ensemble des médias une méconnaissance profonde du monde populaire, encore perçu pour l'essentiel à travers les clichés réducteurs hérités de la tradition romantique : alternativement le « bon peuple », pittoresque et rassurant ; et le mauvais peuple menaçant, celui de la « plèbe grondante », de la « canaille hurlante », de la « populace déchaînée » qui donnait des cauchemars à la bourgeoisie louis-philliparde. Le vocabulaire a changé (un peu) ; mais le concept persiste. Les classes populaires qui apparaissent dans les reportages sont réduites à une collection de cas singuliers, d'individus atomisés – ce qu'il est convenu d'appeler des « braves gens », des « petites gens » – placés dans une situation plus ou moins spectaculaire, dramatique, émouvante, à qui on essaie de faire dire des choses « fortes », touchantes, cocasses, génératrices d'émotion ; et les journalistes du « social » trouvent des accents presque hugoliens pour parler des « misérables », par excellence les SDF. En revanche, les événements et les situations faisant intervenir des collectifs populaires engagés dans des actions organisées – telles que des grèves (surtout en milieu ouvrier ou dans la fonction publique), avec des revendications et des analyses politiques et/ou sociales explicites – ne sont abordées qu'avec réticence et circonspection, ou avec une agressivité à peine contenue (qui peut aller jusqu'à mettre explicitement en question le droit de grève), quand ils ne sont pas purement et simplement passés sous silence.
Commenter  J’apprécie          80
Une conscience morale, même rudimentaire, doit nécessairement prendre en considération l'existence et les droits d'autrui, et admettre comme un devoir fondamental d'accorder aux autres le même respect de leur personne, la même sollicitude et la même dignité que ceux qu'on réclame pour soi-même. (...) Au lieu de quoi nous nous accommodons du fossé, sans cesse grandissant de nos jours, entre la proclamation des principes et les pratiques effectives.
Commenter  J’apprécie          70
La représentation médiatique du monde, telle qu’elle est fabriquée quotidiennement par les journalistes, ne montre pas ce qu’est effectivement la réalité mais ce que les classes dirigeantes et possédantes croient qu’elle est, souhaitent qu’elle soit ou redoutent qu’elle devienne. Autrement dit, les médias dominants et leurs personnels ne sont plus que les instruments de propagande, plus ou moins consentants et zélés, dont la classe dominante a besoin pour assurer son hégémonie.
Commenter  J’apprécie          70
Alain Accardo
Dans l’ordre établi par et sur l’argent, plus une élite dure et plus sa trivialité se révèle ; plus elle se banalise, et plus elle se répand et s’abaisse.
Commenter  J’apprécie          60
Le secteur de la presse, en particulier dans les radios et les chaînes de télé, est certainement l'un de ceux où la précarisation des petits salariés est la plus galopante. La corporation, pourtant truffée de grandes consciences toujours prêtes à délivrer des leçons d'humanisme sans frontières, ne s'émeut guère de la condition galérienne qui est faite, jusque dans son sein, à des milliers de jeunes gens et jeunes filles, complaisamment livré(e)s à l'arbitraire des employeurs par les écoles de journalisme et leur enseignement de la soumission.
Commenter  J’apprécie          60
L'état actuel du champ politique dans les démocraties parlementaires illustre de façon presque caricaturale ce qui advient à tout champ social lorsque, (...) ayant cessé de faire corps avec la société qui l'a engendré, il n'est plus qu'un champ clos dont l'activité interne n'a pratiquement plus d'autre fin que sa propre perpétuation.
Commenter  J’apprécie          60
Dans bien des sociétés, la division du travail a conduit à confier à des individus ou des groupes particuliers la tâche intellectuelle de pourvoir à ce remplissage idéologique. Mais jamais nulle part jusqu'ici la fonction de production de l'illusion idéologique n'a été assurée avec autant d’efficacité par autant d'ateliers employant autant de spécialistes.
Commenter  J’apprécie          50
Les médias ont porté à son comble la comédie de la grandeur, c'est-à-dire la disposition structurellement conditionnée des classes moyennes à confondre l'être non pas seulement avec l'avoir, comme font les bourgeoisies, mais avec l'apparence de l'avoir.
Commenter  J’apprécie          50
Alain Accardo
Le monde capitaliste, même là où il n’est pas déchiré par les horreurs de la guerre militaire ou civile, est devenu affreusement, irrémédiablement triste, d’une tristesse qui s’empare de toutes les populations, même les plus privilégiées, dès qu’elles cessent de s’agiter, de courir, discourir et s’étourdir de toutes les façons. (La terre promise - Blog Agone - septembre 2020)
Commenter  J’apprécie          41
[J]e me suis aperçu assez vite qu'il n'y avait pas de métier plus normal que le métier de journaliste et non seulement c'est un métier normal, mais c'est un métier qui donne la norme, qui normalise, qui est normatif. [...] Idéalement, les médias seraient pour donner des nouvelles du monde et donner le sentiment du temps présent, de l'altérité, de ce qui ne va pas de soi. [...] Ce qui compte maintenant, c'est plutôt donner des nouvelles de la société et même moins de la société que du village, au sens de McLuhan, c'est à dire c'est la Fran-France quoi, avec ses idoles, avec ses stars d'un jour, ses escrocs d'un jour, donc ça n'a aucun intérêt, et c'est là que ça devient absolument normatif.
Commenter  J’apprécie          40
[I]l suffit de se balader sur le terrain, d'aller chez les gens, demander une interview et voir la façon dont les gens se méfient, ont peur de ce qu'on va raconter, de ce qu'on va couper, pour se dire que là, vraiment, c'est raté, parce qu'on passe après des gens qui ont déçu et qu'il n'y a plus aucune confiance...
Commenter  J’apprécie          40
Au fond, pour le capitalisme, la meilleure population, la plus réceptive, la plus docile et la plus enthousiaste, serait une population complètement atomisée et infantilisée d’adolescents perpétuels dont les liens de solidarité seraient réduits à des échanges groupusculaires, fusionnels et festifs, une population de consommateurs effrénés, dont les membres n’auraient plus rien en commun que le projet de jouir ensemble, de « s’éclater » indéfiniment, prisonniers béats d’un sybaritisme invertébré, c’est-à-dire d’un style de vie moralement anomique, où l’atrophie de la dimension éthique serait compensée par l’hypertrophie de la dimension esthétique, où le but de la vie serait de « se faire du bien » à défaut de faire le bien.
Commenter  J’apprécie          30
Nous, classes moyennes, petits-bourgeois de toutes catégories, anesthésiés par notre confort, chloroformés par nos habitudes, obnubilés par nos médiocres intérêts, devrions nous aviser que le modèle d'organisation sociale qui est révolu, c'est celui qui se présente comme le seul concevable et le seul souhaitable, le modèle que le capitalisme libéral a étendu à toute la planète, celui d'une société à deux vitesses et d'un monde à deux humanités. L'évolution plus qu'alarmante des rapports sociaux, le fossé infranchissable qui se creuse toujours plus entre nantis et démunis, entre possédants et dépossédés, engendrant exclusion, haine et violence, rendent inéluctable le choix décisif entre un monde où la défense des privilèges ne pourra plus être assurée que par la guerre déclarée contre les pauvres et un monde où la suppression des inégalités économiques constituent le préalable d'une démocratie mondiale.
Commenter  J’apprécie          30
Un petit groupe d'artisans est encore dans la salle de réunion. Nous attendons que l'un d'eux sorte. Le responsable de la coopérative passe devant nous en nous adressant à peine la parole, ce qui a le don d'agacer Charles, qui me glisse : « Il commence à m'énerver, celui-là. Il ne faut pas qu'il oublie que sans nous il n'existe pas. »
Commenter  J’apprécie          30
[I]l y a des jours où j'ai du mal à me motiver, où je suis las de courir tout le temps. Je n'ai pas l'impression de faire un vrai travail de journaliste. Nos chefs attendent de nous un sujet stéréotypé, qu'ils ont imaginé à l'avance dans leur bureau de l'avenue Montaigne à Paris. Il faut des images, si possible « chocs », et des sonores, si possible angoissés. On ne nous demande pas vraiment de faire une enquête. Mais a-t-on le temps d'en faire une, à courir après des images, après les différentes éditions de la journée. Je n'en veux pas qu'à nos chefs. Je nous en veux aussi, car nous perdons les réflexes d'un minimum de travail journalistique.
Commenter  J’apprécie          30
Alain Accardo
On imagine, non sans une grande naïveté, que, dès lors qu'on aura investi la citadelle, changé le drapeau sur le donjon et fait place nette des anciens seigneurs et de leur valetaille, la cause sera entendue, on en aura fini avec le système capitaliste. Rares sont ceux qui s'avisent que si on se borne à s'emparer des leviers du pouvoir économique et politique, le système aura tôt fait de se reconstituer à partir de sa dimension interne, de sa réalité subjective, c'est-à-dire de la force qu'il conserve dans les têtes et dans les cœurs qu'il a durablement façonnés. Quand le pouvoir change de mains il ne change pas nécessairement de logique.
Commenter  J’apprécie          30
Les classes moyennes sont devenues le vecteur de cette conception impressionniste et de cette pratique libidinale d'une vie tout entière orientée vers la recherche au moindre coût de la plus grande jouissance possible, dans les meilleurs délais, qui est en somme la transposition sur le plan des mœurs de l'exigence de profit maximum dans le plus court terme qui commande les pratiques économiques.
Commenter  J’apprécie          30
Avec le décentrement à Bruxelles du véritable pouvoir de décision, la notion même de "souveraineté nationale" s'est vidée de l'essentiel de son contenu et les Etats européens occidentaux, qui ne cessent de donner urbi et orbi des leçons de démocratie, ont réussi le tour de force de devenir - les observateurs sérieux en conviennent - des démocraties sans peuple.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Alain Accardo (82)Voir plus

Quiz Voir plus

Titres de romans: les pièces de la maison

Franck Thilliez

La chambre des morts
La cuisine des morts
La cave des morts

10 questions
486 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman contemporainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}