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Critiques de Alain Accardo (6)
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Journalistes précaires, journalistes au quoti..

La presse se présente volontiers comme un contre-pouvoir, mettant son nez là ou les politiques et les industriels ne veulent pas que l’on regarde, à tel point que nombre de journalistes sont assassinés chaque année pour avoir dérangé les petites affaires d’un personnage un peu trop influent. Les mouvements populaires, d’un autre côté, voient plutôt les médias du côté du pouvoir : collabos pendant la seconde guerre mondiale, « laquais du capitalisme » en mai 68, et carrément pris à partie lors des premières manifestations des gilets jaunes. Comment réconcilier ces deux visions ?



Tout d’abord, les médias, déficitaires dans leur ensemble, sont maintenant largement dans les mains des grands groupes industriels. Comme l’a montré Chomsky, cela va naturellement orienter le ton général de la presse : les rédacteurs en chef seront choisis pour leur proximité avec les idées de leur patron, et vont choisir des subordonnés proches de leurs idées, qui vont à leur tour choisir des subordonnés proches de leurs idées, … et même si l’orientation politique peut se diluer quand on se rapproche de la base, on va avoir naturellement des journaux tous favorables au libéralisme et au mondialisme, et très sévères envers les mouvements sociaux qui entravent la compétitivité et envers les grèves qui empêchent les bons employés d’être productifs.



Conséquence intéressante, il semble à travers les différents témoignages présents dans ce livre, que les pigistes expérimentent le monde du travail rêvé par le libéralisme, en ne rémunérant que ce qui produit de la valeur pour le journal : ainsi, les pigistes sont payés à l’article, ils doivent avancer les frais de leur reportage eux-mêmes, avant d’essayer de le vendre à différents journaux en espérant se rembourser ; si l’article est accepté mais finalement pas publié, il ne sera payé qu’à la moitié de sa valeur ; ils sont rémunérés en droits d’auteur, un peu en noir, de façon à avoir peu de charges sociales à payer, ce qui les laisse avec très peu de droits une fois sans travail. On réalise facilement les dérives une fois qu’on sait que les candidats se bousculent à la porte des journaux, et que les places sont devenues chères : baisse drastique des rémunérations, impossibilité de formuler la moindre plainte sous peine d’être rayé des listes de collaborateurs, « aménagement » de son article pour coller le plus possible à la ligne d’un journal et augmenter ses chances de publication, … D’autres tendances sont assez inquiétantes, comme la porosité du monde du journalisme avec celui de la publicité ou du cinéma, qui fournit des meilleures rémunérations pour faire « la même chose », l’esprit d’investigation en moins (mais on peut se demander si on le retrouve facilement à force de faire des allers et retours entre les milieux).



Le livre est donc un peu déprimant, parce qu’on ne voit pas très bien comment les choses pourraient évoluer vers le mieux : la presse est de moins en moins rentable, les abonnements traditionnels se cassent la gueule, et le web n’est pas (encore) économiquement viable. On la voit donc mal se débarrasser de ses mauvaises influences à court ou moyen terme.



J’aurais tout de même apprécié quelques chiffres pour soutenir le propos, car les témoignages sont intéressants, mais ne permettent pas d’avoir une vue générale de la situation : combien de pigistes, combien de titulaires, combien de postes ouverts, et comment tout ça bouge dans le temps …



Le livre est également bien ancré à gauche, ce qui ne m’a pas dérangé plus que ça étant donné que la couleur (rouge, du coup) est clairement annoncée dès le départ. Mais si vous êtes allergique aux syndicats et au droit du travail, vous risquez quelques crises d’urticaire pendant la lecture.
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Le petit bourgeois gentilhomme : Sur les pr..

Recension difficile, nous sommes tous des Emma Bovary !

Une explication marxisante et déprimante de l'atonie politique de nos concitoyens. Une population mononeuronée par une école visant uniquement à l'adaptation aux postes de travail et des médias tout à leur traque de moments de cerveaux disponibles pour Coca. Des politiques impuissants, réduits à exalter le culte de Mammon et de la confusion, des guerres sans mort, de l'écologie sans effort, des muscles sans sport, de la religion sans tchador et de la merde inodore.

Et le veau d'or est toujours debout !

Les classes moyennes sont les harkis des aristocrates de la finance triomphante. Ils entrainent les classes laborieuses chères à Marchais dans l'aliénation, la fausse conscience sans en être conscient eux-mêmes : « Tels des chevaux logés tout au fond de la mine, ils tirent aveuglément leurs wagonnets, sans autre souci que leur picotin. » Picoté par leur mauvaise conscience, ils commandent à Amazon, mangent des pizza uberisées et en même temps donnent aux resto du coeur. de Charybde en Scylla, pitoyables et piteux. L'imposture suprême est le réformisme, pas d'amis chez les socialistes, tous des DSK ou des Duhamel. Amender le capitalisme est aussi utopique que de chercher un philosémite dans la SS. le capitalisme en satisfaisant notre pulsion du toujours plus nous fait basculer du côté obscur de la force. Il nous faudra donc réaliser en même temps une révolution contre nous-mêmes et contre le système.

Nom de dieu, c'est pas gagné mais vive Bourdieu !
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Journalistes précaires, journalistes au quoti..

Cet ouvrage colossal regroupe des analyses sociologiques sur la manière dont les journalistes exercent leur métier. J'ai ajouté en manière d'illustration les 10 commandements du journaliste précaire.



> L’information est un produit comme les autres

[...]



> L’information est une arme idéologique

[...]



> L’information est un spectacle et un divertissement

[...]



> Les pigistes sont les « mercenaires de l’info »

L’exploitation massive des pigistes, des journalistes précaires qui réalisent ponctuellement des piges, des articles ou des reportages, permet de réduire le coût de la main d’œuvre. Qui sont ces pigistes ? Voici leur dix commandements.



1. Tu travailleras comme un stakhanoviste

[...]



2. Tu arpenteras sans cesse

les couloirs de la rédaction

[...]



3. Tu seras docile et malléable

[...]



4. Tu t’auto-censureras pour

ne plus être censuré par la rédaction

[...]



5. Tu sacrifieras la déontologie pour la vie

[...]



6. Tu courras après les fiches de paie,

puis tu y renonceras

[...]



7. Tu ignoreras tes droits juridiques et moraux

[...]



8. Tu attendras en vain d’être intégré

à une rédaction

[...]



9. Tu vivras dans la solitude, la peur et la précarité

[...]



10. Tu aimeras toujours ton métier

même si tu continueras à le dénoncer

[...]



> La liberté des journalistes, c'est notre liberté d'information

Journalistes précaires, journalistes au quotidien est un document d’une grande richesse qui regroupe des témoignages de journalistes et des analyses sociologiques sur la précarité des journalistes. L’enjeu est de taille puisque la liberté d’expression des journalistes dépend des conditions dans lesquelles l’information journalistique a été rédigée ou montée (reportage écrit ou vidéo). Cet ouvrage colossal permet justement de comprendre les mécanismes de l’immense machine de l’information et de faire état du journalisme en France.

Et justement, laisser mourir la liberté des journalistes, c’est accepter, nous, lecteurs, d’être manipulés par la classe dominante qui sont actionnaires des “empires de presse”. Les conséquences d’une telle marchandisation de l’information et de la prolétarisation des journalistes sont extrêmement pernicieuses. Il est dangereux que ceux qui produisent les contenus, les journalistes, ne soient plus qu’une variable d’ajustement (une vulgaire masse salariale) de tout un processus (mais c’est aussi le cas dans d’autres secteurs de l’information, comme l’édition).

[...]



L'article entier avec les 10 commandements sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/journalistes-precaires-journalistes-au-quotidien-collectif-a108070794
Lien : http://www.bibliolingus.fr/j..
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De notre servitude involontaire

Ce que je peux en dire après une première lecture à chaud c'est que j'ai assez bien aimé. Ce bouquin rentre dans une continuité réflexive au niveau de différentes thématiques je trouve. Là ou les auteurs de même genre dénoncent un système capitaliste avec ses tenants et aboutissants et tous les effets pervers qui s'appliquent à ce système, Accardo va plus loin en mettant évidement en cause les structures (société extérieure qui nous entoure), mais aussi tout ce qui est propre et interne à l'individu (asservit de par sa position et sa socialisation - il évolue dans un système qui le distrait pour permettre aux puissants de s'enrichir en toute impunité. Cet asservissement, il n'en a pas forcément conscience alors même que l'individu peut être militant, lutter contre le capitalisme et se revendiquer de "gauche" et c'est justement cette forme d'inconscience qui permet de faire perdurer voir de renforcer ce système malade). le point capital alors pour Accardo est de faire sa propre analyse (interne - pas étonnant puisqu'il me semble qu'il s'inscrit dans les travaux de Bourdieu, en tout cas on sent fort l'influence Bourdieusienne), voir par quel fils (en tant qu'individus sujets de ce système) nous sommes tenus et tenter, après en avoir pris conscience, de les couper.



Il y a aussi une critique du jeu politique et du socialisme-démocrate, illusion et poudre aux yeux ce ne serait qu'une façon plus commode d'imposer aux citoyens des idées qui servent le Capital sous une bannière qui se revendique de gauche alors qu'elle ne l'est pas vraiment.



Le Capitalisme n'est pas réformable car il est impossible d'en modifier son essence. L'ennemi final est donc la propriété privée. L'auteur défend qu'il faut l'abolir (en tirant les leçons des dérives de ceux qui s'y sont tentés par le passé). Et le pouvoir d'action, il est dans les mains des travailleurs. C'est là, la seule manière de rétablir la vraie démocratie.



Donc s'il s'agit de comparer avec les ouvrages d'autres sociologues ou auteurs, je dirais qu'il rejoint ou presque Latour au niveau politique quant à l'obsolescence de l'opposition gauche/droite qui servent tout deux les mêmes idéaux. Au niveau économique, on à une critique ouverte du capitalisme et de la recherche d'accumulation de profit comme pourrait le faire Kempf mais il est moins virulent et surtout, là ou Kempf analyse plutôt les effets pervers et dénonce la forme objective du système social, Accardo approfondi avec la nécessité d'analyser les empreintes que la société marque à l'intérieur des individus. Et, il suggère que la seule façon de changer l'issue de la lutte contre le capitalisme et pour la vrai démocratie est de changer les consciences, se freiner se contrôler pour enfin commencer à voir clair, être libre et se détacher de l'emprise du système. Comme expliqué plus haut il défend une révolution et une abolition de la propriété privée, en cela il s'oppose à Morin qui ne nie pas la nécessité de construire quelque chose de nouveau pour aller vers quelque chose de nouveau mais sans faire appel à une révolution.



J'aurais aimé avoir la pensée actualisée de l'auteur sachant que le texte date de 2012 mais que depuis, on peut pas dire que les choses aient évolué dans le bon sens et qu'il semblerait qu'elles tendent à se renforcer négativement encore plus suite à la pandémie de covid-19.
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De notre servitude involontaire

Un essai accessible qui nous fait prendre conscience de notre "servitude involontaire" et laisse à réfléchir sur des moyens de nous sortir de notre léthargie.
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Pour une socioanalyse du journalisme

Alain Accardo s’interroge sur l’évolution de la profession journalistique. Son but est de comprendre et d’expliquer la « soumission » d’une majorité de journalistes aux pratiques et invectives des médias, massivement soumis à une logique économique libérale.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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