Petite parenthèse florale avec Alain Baraton pour son dernier livre : " le livre de la rose " aux Editions Grasset et Fasquelle
Un moment qui sent bon le printemps, un instant qui sent bon le bonheur !
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Parler de l’arbre sans évoquer les oiseaux serait à mes yeux une erreur. Il existe entre le végétal et les volatiles une grande complicité, et l’un ne peut vivre sans l’autre. Le premier offre aux seconds le gîte et bien souvent le couvert, quand ces derniers débarrassent les branchages de quelques indésirables et favorisent la dissémination de leurs graines. Les oiseaux donnent vie au végétal, et leur chant nous émerveille.
A Versailles, il est rare d'apercevoir la statue d'un homme avec ses attributs. Quand l'artiste se permet un soupçon de réalisme, le résultat est plus catastrophique encore : dans ce jardin où triomphe le classicisme, la litote est aussi de mise, si bien que dieux et héros sont dotés de glaives gigantesques mais de sexes minuscules.
Les trucs et astuces présentés dans ce livre ont tous été testés avec succès. Si certains sont source de moquerie, cela n'est pas bien grave. Ils fonctionnent et c'est le principal.
Quand ils plantent un arbre,les jardiniers superstitieux enterrent une bouteille contenant un message : une manière pour nous de signer notre oeuvre.
Donnez une citrouille à un Américain, il en fait un personnage terrifiant, la même citrouille à un Français, il en fait le carrosse d'une princesse.
Mon supérieur est sorti, un déjeuner qui ne le ramènera que d'ici deux ou trois heures, car - c'est bien connu - l'élévation dans toute hiérarchie se mesure à la longueur de la pause prandiale.
Une certaine Mademoiselle D.S.A. se pique de poésie.
Si elle s'extasie sur ce "Versailles délicieux" propre à durer "cent ans",
elle offre une description bien sentie de l'hiver au palais du Roi-Soleil :
En passant il flétrit le bois qui l'environne,
Partout où vont ses pas, la nature frissonne,
Les vents autour de lui diversement épars,
D'un froid menaçant précèdent ses regards.
"Mieux vaut prier pour ne pas la rencontrer, avant d'espèrer secrètement de la revoir" [ Alain Baraton en parlant de la Montespan ]
Ici, l'abominable a fait dans la dentelle et la mort n'est digne d'être citée que lorsqu'elle est bien née.
C'est drôle pour un jardinier : je dors comme une bûche. Les insomnies me sont inconnues, un des rares privilèges qui m'ont été donnés. La tempête du 26 décembre 1999 est venue l'abolir. Je me réveille une première fois. Il doit être quatre heures du matin. Dans un demi-sommeil, je sens les vibrations des murs et le vent qui siffle contre les fenêtres.
J'ai l'impression d'être sur un voilier : tout craque, tangue, hurle et se déchire.
Puis je me dis qu'un château ne saurait faire naufrage, je grommelle, je songe à l'Atlantique en furie, à ma maison à Oléron. Cette pensée m'apaise, je me rendors. Le monde disparaît à nouveau.
Ce n'est que vers six heures que tout est devenu impossible.....