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3.63/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 11/09/1946
Biographie :

Alain Cabantous est un historien moderniste français spécialiste d'histoire sociale et culturelle, professeur émérite d’histoire moderne à l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne.

Il est agrégé d'histoire et devient docteur ès lettres à Lille 3 en 1987 en soutenant une thèse, dirigée par Pierre Deyon, sur "Les Populations maritimes de la Mer du Nord et de la Manche orientale (vers 1660-1793) : essai d'histoire sociale comparative".

Chargé puis Directeur de recherche au CNRS (1983-1995), il devient professeur des universités à Paris X Nanterre en 1995 puis à Paris 1-Panthéon-Sorbonne de 1998 à 2009. Il y dirigera le Centre de Recherche d'Histoire Moderne jusqu'en 2006.

Alain Cabantous est l’un des meilleurs connaisseurs européens des mentalités à l’époque moderne, de la Renaissance à la Révolution. L’essentiel de son œuvre est publiée chez Fayard. Citons en particulier "Entre fêtes et clochers. Profane et sacré dans l’Europe moderne" (2002).

Ses thèmes de recherche sont Histoire des mondes maritimes 17e-19e siècle, l'Histoire de l'Angleterre, 17e-18e siècle, l'histoire sociale de la culture. Europe occidentale, 17e-18e siècle.
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Sommeil, travail, criminalité, mort, fêtes… la nuit et son histoire revêtent bien des facettes qu'explore l'historien Alain Cabantous dans son ouvrage intitulé L'histoire de la nuit (2009). Présentation d'ouvrage issue de l'édition 2009 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "Le corps". © Alain Cabantous, 2009.  Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)  https://rdv-histoire.com/

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Ainsi la figure du marin oscille entre plusieurs types de représentations. Plutôt perçus par leurs contemporains des XVIIe et XVIIIe siècles comme des êtres frustes, impulsifs, bagarreurs, indisciplinés et pour tout dire redoutés lorsqu’ils débarquaient en masse dans un port, ils ont fini par acquérir une autre dimension qui mêle tout à la fois l’héroïsme du quotidien, le refus des inégalités, l’aspiration à la revendication sociale assumée. L’anonymat de l’immense majorité de ce que d’aucuns considéraient comme des rebelles en puissance semble avoir bénéficié d’un sensible et double dévoilement. Le morutier flamand comme le navigant au long cours, demeurés inconnus sinon de quelque commissaire des classes ou de quelque officier d’amirauté à travers rapports et registres, tireront parti de leur intégration à l’équipage, si souvent regardé comme une entité nécessairement rebelle. Mais plus encore, ils se trouveront transcendés par le truchement et la mise en exergue de quelques figures bien trempées, attachées aux symboles de la contestation à travers des personnages, de Fletcher Christian à François l’Olonnais, de Parker à Barbe Noire, pourtant loin d’être représentatifs du milieu. Comme si la mer et les créateurs qui s’en inspirent avaient toujours préféré le panache et l’éclat, fussent-ils sanguinaires, des fortes têtes aux sombres et indispensables besognes des tâcherons. À l’encontre de ces seules images, la fonction de l’historien est de rétablir sinon la vérité du moins de proposer un certain équilibre voire de composer un dialogue entre le temps des réalités sociales et celui des représentations.
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Au regard des pages qui précèdent, force est de convenir que durant l’époque moderne toute traversée de mer ne s’apparentait pas à l’épopée de la Bounty et que chaque ville maritime ne reflétait pas l’atmosphère de la Maracaibo des flibustiers de la seconde moitié du XVIIe siècle. Toutefois, ces deux exemples, pris parmi d’autres, soulignent la force créative d’une mythologie héroïque liée aux paysages océaniques comme à ses acteurs, mythologie largement exploitée puis diffusée par les romanciers et les cinéastes au cours des siècles suivants.
Et lorsqu’elles s’attachent à la vie du bord, ces formes du récit maritime, comme autant de productions culturelles, semblent situer l’histoire sociale des navigants entre deux pôles incontournables : d’une part la tempête et le naufrage, de l’autre la mutinerie. Autrement dit, elles valorisent avec éclat la violence destructrice : l’une tournée contre les hommes et les bâtiments, l’autre contre l’ordre social. Ainsi, ancrées peu à peu dans la mémoire collective, l’impétuosité, la démesure, la virulence des éléments comme le comportement des hommes inscrivent les marins comme autant de rebelles en puissance qui se manifestent à l’occasion de situations toujours dramatiques ou iniques jusqu’à transformer leur refus des contingences imposées en véritable mode de vie n’obéissant qu’à ses propres règles, qu’à ses lois particulières. C’est alors que les rebelles d’un jour se confondent avec le monde de la flibuste et de la piraterie, tous porteurs d’un vent de liberté espérée ou vécue.
Mais au-delà de ces éléments fictionnels qui, parfois, semblent être des passages obligés sous peine de ne pas conforter le récepteur dans ce qu’il attend, ces représentations traduisent en creux une réalité bien présente : la spécificité voire le particularisme du monde marin dans son ensemble quel que soit le type de navigation pratiqué du temps de la marine à voile. Incontestablement les gens de mer ne sont pas, ne vivent ni ne meurent pas tout à fait comme les autres. L’empreinte océane, la prégnance de ses impératifs sur la vie professionnelle, familiale, collective mais aussi et surtout les conditions d’un travail souvent harassant au sein d’un environnement hostile et sur un territoire oxymorique, le navire qui enferme et libère, cette fraction ligneuse et close posée sur un espace mouvant et sans limites, autant d’éléments qui favorisent et entretiennent largement l’existence d’une culture de la violence et du conflit sans qu’elle soit la composante exclusive de la réalité maritime.
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Culturelle ou sociale, l’appréhension de la mutinerie, de ses tenants et aboutissants n’est jamais univoque quel que soit le truchement qui l’expose. Les interprétations que proposent les historiens comme les déclinaisons qu’elle inspire aux créateurs soulignent à la fois sa fonction idéologique et sa dimension onirique alors que l’acte par lui-même se déroule généralement de manière assez simple. En fait, dans l’isolement maritime, ce qui est en jeu demeure davantage le rapport de force, le heurt des caractères, la violence exacerbée par les conditions de la navigation à voile. Comme s’il n’y avait alors que des victimes parmi tous les acteurs concernés. Qu’ils fussent officiers ou simples marins, les hommes embarqués subissaient, les uns l’influence de leur formation et de leur milieu, les autres le poids d’une hiérarchie ressentie comme inique et violente, chacun ayant peut-être plus ou moins clairement conscience de la place qu’il tenait, ne tenait pas encore ou avait perdue. Si l’analyse documentaire et le croisement des sources permettent d’apporter bien des nuances à ces antagonismes sociaux et culturels, l’occasion est trop belle aux écrivains et cinéastes pour ne pas accentuer les traits, grossir les oppositions dans le cadre d’un huis clos susceptible de devenir le théâtre de toutes les dérives, de toutes les cruautés. Probablement en réponse à l’attente du lecteur ou du spectateur qui pensera que, si tout n’est pas véridique, tout pourrait l’être.
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Pour autant existe-t-il, au moins parmi les populations navigantes, ce que d’aucuns ont appelé une « culture maritime du conflit » ? Autrement dit, y aurait-il une sorte de symbiose et de duplication réciproque entre ce qui se vit de violent, de conflictuel à terre à travers les affrontements auxquels participent les travailleurs maritimes, et dont ils sont souvent à l’origine, et les troubles sociaux plus ou moins graves qui peuvent émailler la vie à bord ? Les mutineries, les actes de désobéissance, les heurts entre un ou des marins avec un officier du bord, le vol ne seraient-ils que l’expression de ce qui pouvait exister sur les quais et dans les rues des villes océanes ? Et inversement, la pratique de la désobéissance à l’égard de l’autorité et de la hiérarchie, les troubles, les tensions, les revendications et les violences de toute nature à bord, seraient-ils comme projetés sur les quais et, plus largement, dans la cité portuaire à l’occasion de difficultés matérielles, engendreraient-ils et alimenteraient-ils cette culture du conflit, facilitant des stratégies combattantes à l’endroit de l’ordre social et de l’appareil étatique ? Un tel schéma binaire n’impliquerait-il pas, alors, une sorte d’agitation permanente nécessaire pour entretenir cette culture au cours des périodes de navigation : la mutinerie à fleur de mer en quelque sorte ?
C’est à ces interrogations que cette enquête s’efforcera d’apporter des réponses.
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Mais quoi qu’il en soit des interprétations plurielles de ces phénomènes et plus encore de leur nombre toujours difficile à évaluer précisément, il est incontestable que ces comportements faisaient figure d’événements assez inédits moins dans leur forme que dans leurs composantes. Les soulèvements contre la presse ou contre l’impéritie de l’administration des classes, la présence active souvent massive de gens de mer étrangers, les alliances de circonstance avec d’autres travailleurs, la violence des actions menées, tout y contribuait. Cet ensemble d’éléments confortait immanquablement l’image rébellionnaire des villes portuaires en général et de leurs marins en particulier. Et ce, en dépit d’une agitation sociale dont le rythme et la fréquence furent peut-être beaucoup moins intenses que les représentations ne le laissaient paraître.
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On possède cependant quelques éléments qui soulignent la place qu’auraient pu jouer, en une sorte de substitution, les auberges et les cabarets dans la préparation des soulèvements. Lieux de socialisation, là où circulent informations, rumeurs et fausses nouvelles, ils étaient de ce fait susceptibles d’accueillir et de rassembler ceux qui deviendront parfois des meneurs. C’est par exemple le cas d’une auberge du Hasselaerssteeg d’Amsterdam en 1652, celui des pubs de Wapping à Londres ou de Liverpool au XVIIIe siècle. 
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Dans l’esprit de nombreux fonctionnaires, les choses étaient claires. Les tumultes comme les désobéissances ou les désertions résultaient en grande partie de l’attitude des officiers et des capitaines dont l’arrogance et la violence poussaient les gens de mer à adopter des solutions radicales. 
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Renforçant ainsi un archétype de la démonologie par une sorte de redoublement du discours ,la mise en valeur de la nuit devint sans conteste un élément essentiel de la présence et des actions diaboliques ,jusqu'à atteindre celles et ceux qui ne s'étaient pas mis volontairement sous l'emprise de Satan;
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