Le règne des oligarchies de
Alain Cotta
L'évolution des sociétés développées, bientôt des émergentes, a offert aux producteurs de son et d'images de ce nouvel âge des enfants dont les parents, la mère surtout, n'ont plus le temps de s'occuper, en tout cas moins qu'avant la généralisation – ou presque – du travail féminin, sans que l'on puisse non plus compter sur les nurses ou les garderies autres que collectives, donc à temps compté. La télévision fut, depuis une génération, la garde d'enfant idéale : l'enfant, presque dès sa naissance, était tranquillisé par des images, moins nocives que beaucoup de tranquillisants absorbés au troisième âge. Avec le Web 2, l'individualisme de l'être impose ses lois dès que les doigts peuvent tapoter sur le clavier et comprendre que la machine va répondre à leurs désirs. Et ces derniers sont infantiles, comme il se doit. Voici les dessins animés à foison et au commandement. Le bon animal ou l'humain finit toujours par triompher du méchant pour que les chers petits ne fassent pas de cauchemars. Et le monde dans lequel on naît est rassurant, gentil comme doit l'être l'enfant qui le regarde. […] Un tel public doit être « fixé ». Il n'y a qu'à adapter les images à son âge, croissant… Sa tranquillité doit être préservée alors que sa curiosité augmente et que ses centres d'intérêts se modifient. Il convient de le maintenir dans cet autre monde, bien différent du monde réel, qui encourage chacun à s'identifier à Peter Pan, enfant pour toujours, sans les contraintes et les responsabilités de l'adulte.
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