Alain Cresciucci

Ride the High Country était le film de la morale familiale, Cable Hogue, celui de la nostalgie du Vieil Ouest. Pat Garret and Billy the Kid est celui de la mélancolie, de l'humeur noire. .. l'épitaphe d'un monde disparu et la déploration cryptique d'un présent accablant. Sam Peckinpah a mis sa propre vie en abîme dans cette chronique au déroulement chaotique qui restitue ses combats et ses dérives. Il n'est plus revenu au western.

(Coups de feu dans la Sierra. Ride the High Country, Un nommé Cable Hogue, Pat Garrett et Billy le Kid)

Thriller, road movie sur une base de western, The Getaway incite à plusieurs niveaux de lecture -un film de Peckinpah n'est jamais l'avancement mécanique d'une intrigue... Sam s'appliqua à fournir un travail de professionnel, dégraissant le script sans le bouleverser et agençant des scènes d'action -depuis Bullit et The French Connection, la cascade automobile, avait gagné ses lettres de noblesse et Peckinpah-McQueen ne pouvaient être en reste. Mais il s'est ingénié à brouiller les règles, louvoyant du grave au dérisoire, de la tragédie à la comédie, du spectaculaire à l'intime, s'amusant à satiriser son film, et le genre lui-même.

(The Getaway: Guet-apens)

Un jour, en 1944, nous nous promenions avec deux autres jeunes gens, dans une rue de Vichy. Toutes les vitrines des magasins mettaient en évidence un portrait de Pétain, c'était obligatoire. [...] Mitterrand s'est arrêté devant une vitrine. Il l'a regardée en disant : "L'année prochaine, à cette place, il n'y aura plus la photo de Pétain..." Jusque-là, rien que de très normal, nous avons pensé à de Gaulle Mais ce n'était pas fini. Il a laissé passer une seconde pour ajouter : "Il y aura la mienne ! "

Tirant, un demi-siècle plus tard, la leçon de ses années Vichy, Jacques Laurent reconnait leur importance dans sa formation : elles l'ont sorti de l'idéalisme adolescent en lui découvrant la nature profonde des hommes, superbement mise en évidence par "les retournements de veste de 45".

A-t-on besoin de lire un livre pour le considérer comme une oeuvre importante ? Combien, même parmi les professeurs de lettres, n'ont jamais lu "A la recherche du temps perdu" en entier et le tiennent pour un sommet de l'art romanesque ?

Une France qui reconnaissait le primat de son intérêt temporel sur son honneur apparaissait à Bernanos aussi vide qu'un catholicisme sans Christ, un Ordre catholique sans la Grâce.

Pour un écrivain parcourant avec lucidité les dernières secondes qui le conduisent à la mort le plus cruel est la certitude où il se trouve de ne pouvoir jamais les écrire.

La vieillesse est une antichambre de la mort qui donne tout son prix aux moindres détails de la vie. Le déprimé souhaite une mort que le vieillard redoute.