Alain Doré

Quand Charles, un vieil homme, vient s'installer dans le village insulaire de Montecalcino, il n'est pas le bienvenu. Ses dons de guérisseur, sa générosité et sa bienveillance vont pourtant lui attirer rapidement beaucoup de sympathies.

Seules Marthe et sa bande de grenouilles de bénitier s'obstinent à le rejeter, l'accusant de sorcellerie.

Mais un jour, un homme est assassiné dans la garrique. L'étranger fait alors figure de coupable idéal...



J'ai retrouvé dans cet ouvrage les qualités que j'avais appréciées dans L'inconnu du même auteur : le dessin du village à petites touches, comme une peinture de Cézanne ; la truculence de la description des personnages et de la vie du village autour de quelques personnes clés, dignes de Pagnol ou Giono ; etc.

Peut-être un peu trop, car l'intrigue est basée sur les mêmes ressorts : l'étranger qui s'installe, qu'on accepte mal et dont on ferait bien le responsable de tous les maux...

N'empêche, c'est agréablement écrit et cela se lit facilement et avec plaisir. Alors ne faisons pas les difficiles, ne boudons pas notre plaisir !
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C'était un village paisible, jusqu'à ce qu'un inconnu vêtu de noir vienne s'installer dans la maison de Raymond, qui a disparu depuis un mois... L'homme semble doté d'étranges pouvoirs : son regard provoque des syncopes ; les éléments se déchaînent quand il crache au sol ; les corbeaux s'égosillent sur son passage...



Tandis que le maire, le pharmacien, la patronne du bistrot et le curé semblent avoir brusquement fait fortune, on retrouve Norbert, un gamin du village, assassiné. L'inconnu en noir ferait bien un coupable idéal...



J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur fait vivre ce petit village de province, dans une période du 20ème siècle non précisée. On y retrouve tous les ingrédients classiques : les notables, le bar et ses habitués, le vieux sur la place, les gamins livrés à eux-mêmes, les légendes et les superstitions...

Les personnages sont décrits avec truculence, un peu comme du Pagnol. Le cœur de l'intrigue n'est pas des plus crédibles, mais qu'importe, ce n'est qu'un prétexte pour nous faire partager la vie des habitants et sonder quelques uns de leurs traits de caractère.

Un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir et qui est bien plus qu'un roman de terroir ou qu'un simple polar.
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Pour la sixième année, Malpertuis, spécialiste de la littérature fantastique, propose sa sélection de nouvelles athématiques mais toujours portées vers un imaginaire bizarre et quelque peu angoissant. Parmi les éditeurs français qui publient des anthologies, Malpertuis est l’un des rares à lancer chaque année des appels à textes libres.

On ne sait pas toujours très exactement à quoi se préparer en voyageant d’une histoire à l’autre, mais il est certain que le lecteur est amené à découvrir plusieurs auteurs très présents sur la scène SFFFH francophone. J’y figure cette fois-ci avec Scène de chasse ordinaire mais cet article sera surtout l’occasion de parler de mes camarades.



Vingt-deux auteurs ! Cela fait du monde, assez pour avoir des coups de cœur, et des impressions plus mitigées sur certains titres. Même si le genre de prédilection de Malpertuis est le fantastique, plusieurs textes ont des tendances SF. On reconnaît parfois des nouvelles très certainement écrites pour correspondre à d’autres appels à textes mais, loin de trouver cela gênant, j’ai au contraire pu en profiter pour voir des exercices de style qui participent à la diversité de l’anthologie.

Je ne vais pas vous faire un résumé de chaque nouvelle, mais une sélection des dix qui ont le mieux retenu mon attention. Oui, c’est une liste cruelle, mais cela ne signifie pas pour autant que les textes non cités ne sont pas bons, au contraire, le choix n’est pas simple à faire. Dans l’ordre chronologique, voici ce que nous pouvons trouver :



Ouverture courte et efficace, 3 kilogrammes de Sylas nous fait suivre une femme célibataire qui, grâce à un narrateur mystérieux, a enfanté sans père. Une histoire bien sombre qui fera aisément passer l’envie d’avoir un « autre soi » pour combler le vide de son existence.



L’imbricorioniste d’Elisa M. Poggio est certainement le texte le plus sf de l’anthologie. C’est aussi une plongée dans un monde aussi fascinant que terrifiant, où il devient possible d’obtenir un bilan de sa propre vie grâce à des observateurs qui connaissent tous nos gestes. La nouvelle soulève des questions très intéressantes en montrant toute la distance qui peut exister entre les actes d’une personne, ses raisons profondes, et les fausses intentions que l’on peut tirer d’un simple résumé des faits. La nouvelle peine un peu à trouver une fin, mais vaut largement le détour pour ses qualités introspectives.



Avec un titre comme Le dernier jouir du condamné, je soupçonne Bruno Pochesci d’avoir construit sa nouvelle pour parodier le célèbre texte d’Hugo. Une sorte de délire érotico-morbide étrange, où un condamné en pince pour son avocate, et une chute qui laisse sans voix. La fin est assez consternant mais, en même temps, elle ne se laisse pas oublier.



On continue dans la parodie avec Lloupa rouge. Eric Vial-Bonacci s’attaque au conte du Petite Chaperon rouge. C’est une jeune fille moderne, et elle a peur de sa grand-mère qui la maltraite. Mais où est le loup ? Il faudra le lire pour obtenir la réponse.



Dette de sang rend un bel hommage à la littérature fantastique du XIXe siècle. Thierry Jandrok situe son histoire dans un asile de Bucareste pendant la seconde guerre mondiale. Tout ce qu’il faut pour poser une ambiance sinistre d’emblée est là. On progresse comme dans une enquête pour éclaircir le mystère des patients zoophages qui se montrent curieusement lucides et en meilleure forme que les autres…



Sans terminus d’Anthony Boulanger m’a rappelé un petit appel à textes où la situation initiale était imposée. J’ai été heureuse de lire un nouveau texte de cet auteur, qui avait déjà retenu mon attention dans l’anthologie L’homme de demain des Artistes fous associés. Un esprit plein de rancœur revit en boucle le jour où il est tombé sur les rails d’un train à cause de la foule. L’auteur nous propose un petit texte qui rappelle que, dans la panique, les faits ne sont pas toujours ceux que l’on croit.



Emilie Querbalec est aussi une habituée des Artistes fous associés et des anthologies en général. L’auteur à suivre développe surtout des mondes et hantises intérieurs. Lisse le cordon est le texte le plus sombre que j’ai pu lire d’elle. J’aime particulièrement le titre. Un texte sur les passions parfois très vives de l’adolescence qui ne sont pas toujours durables des deux côtés, notamment quand elles impliquent deux jeunes filles.



Cherchez l’intrus mérite bien sa place tant il est délirant. Sur une dizaine de pages, Guillaume Suzanne livre un dialogue complètement échevelé entre un groupe de zombies. Un humain se ferait passer pour l’un d’entre eux et risque de les contaminer, qui est ce traître ?



Les textes délirants se poursuivent avec Le chant de la harpie, le soir au fond des bois d’Yves Daniel-Crouzet. Un démon grincheux s’improvise narrateur pour nous raconter comment il a été invoqué par une femme qui voulait faire assassiner son mari en lui donnant la peur de sa vie. Hélas, il semble qu’il faudra plus qu’un simple « bouh ! » pour impressionner l’époux.



L’anthologie se termine sur une note moins burlesque et plus réaliste. Avec Externalisé, Dominique Lémuri ne nous donne pas forcément à rire. Elle propose au contraire un texte très documenté sur les conditions de travail d’immigrés indiens, retenus dans des bureaux où ils recopient des rapports à la chaîne toute la journée. L’ajout du fantastique dans un contexte déjà bien glauque aggrave considérablement la situation du narrateur qui se retrouve confrontés à plusieurs phénomènes étranges, un rapport illisible, un balayeur à ne jamais regarder dans les yeux…
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L’héritage du loup est un court roman de fantasy (90 pages en numérique). Ce roman relate l’histoire de Thomas, jeune étudiant en médecine de vingt-cinq ans, 100% citadin, au début du XXe siècle. Sa tante Lucette décède et fait de lui son héritier, chose surprenante car il ne la connaissait pas. Le voilà parti en plein Berry pour toucher l’héritage. Mais il y a une condition pour accéder à la richesse de la défunte : vivre un mois dans la campagne berrichonne.

Malgré les 90 pages, Alain Doré a pris le temps de poser le contexte avant de faire prendre à son intrigue toute son ampleur. On sent monter le côté fantastique petit à petit au fil des chapitres. Malgré la pose de ce contexte, on n’a pas le temps de s’ennuyer, dans un petit village du Berry, l’arrivée d’un étranger – un Parisien de surcroît – mouvemente un peu la vie monotone des autochtones.

On sent qu’il y a des non-dits, des secrets, des complots avec les différents personnages. Thomas se retrouve en plein centre de toutes ces intrigues plus ou moins malgré lui. De son côté, il découvre qui était sa tante, ses origines, sa vraie nature.

L’écriture de l’auteur est telle que l’on ne peut arrêter sa lecture de L’héritage du loup. Plus les pages défilaient, plus on devient accro à ce roman.
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Une bonne lecture qui mêle magie et mystère
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Ce roman s'adresse à tous les publics, il ne fait qu'effleurer le fantastique. Il parle de transmission, d'intégrisme religieux, mais pas au sens d'aujourd'hui, d'amitié, d'ouverture et d'étroitesse d'esprit. Il aborde les notions de prédestination et de réalisation de soi. Il nous interpelle sur le thème du rapport à l'autre et à la nature. C'est un appel à la tolérance, au-delà de tout rigorisme ou convictions religieuses.

Bien entendu, en tant qu'auteur de ce roman, l'analyse que j'en fait s'en trouve obligatoirement faussée. Il ne vous reste plus qu'à le lire, vous pourrez ainsi me dire si je ne me suis pas trop fourvoyé…

Ce roman d'héroic fantasy est actuellement publié en numérique.

Il est destiné à tous, jeunes comme adultes. Là où les premiers ne verront qu’une histoire d’aventure riche en rebondissements, les seconds pourront apprécier les incursions dans les domaines de la philosophie, du symbolisme et de la mythologie.

Bien qu’écrit par un homme, ce livre aborde le récit d’un point de vue très féminin. La partie onirique renforce encore plus cet aspect. Pour une fois, les hommes ne sont pas les héros mais plutôt de gros lourdauds, enclins à porter des jugements hâtifs aux conséquences désastreuses.

Les animaux, forts présents, amènent légèreté et insouciance, teinté toutefois d’une certaine cruauté.

En tant qu'auteur, je ne peux pas être un bon critique de moi-même. De ce fait, ce sera avec plaisir que je lirais vos avis, qu'ils me soient favorables ou pas.

C'est une magnifique épopée et les personnages sont si réalistes et attachants. Je vais avoir du mal à lire autre chose dans les prochaines heures. A lire si vous aimez la magie, les créatures étranges, l'affrontement du bien et du mal et surtout que les femmes aient du pouvoir !

L’écriture est soignée, il y a une bonne gestion des descriptions des lieux et l’ambiance se créer facilement. Le système d’empire, est en contradiction avec l’univers des shamans. C’est vraiment là-dessus que se positionne la majeure partie de l’intrigue, le conflit important entre les cultes ancestraux, proches des esprits et de la nature et la puissance brutale de l’empire fondé sur la croyance absolue en un dieu unique, et bien sûr, sans concession. Les pierres noires, demeurent un mystère et ce même à la fin de ce livre, autant de questions, de mystère les entourant dont j’aurais aimé avoir de premiers éléments de réponse. On ne peut nier les diverses influences de l’auteur, ces événements nous rappellent fortement la conquête de divers continent, en particulier le continent américain, mais aussi les diverses campagnes de christianisation forcée des peuples indigènes... Ce livre met évidemment en avant la place de la femme dans la société. Il est toujours intéressant de mettre en avant des personnages féminins, ce n’est pas une première en fantasy, surtout une femme avec des pouvoirs magiques très puissant. Cependant, j’ai trouvé originale de mettre en avant des femmes guerrières.
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Ce court roman initiatique raconte la vie d'un étudiant parisien suite à l'héritage laissé par une tante qu'il ne connaissait pas. Sa vie très pragmatique prend alors des tournants fantastiques lorsqu'il est confronté à des bizarreries dans la maison de sa tante, mais aussi autour de lui.



C'est le thème de la nature qui est ici développé. Thomas, le héros, en est très éloigné. Pour hériter de sa tante, il doit passer un mois dans la maison de celle-ci, chose qu'il ne fait que par appât du gain. Lorsqu'il est attaqué par un crapaud et sauvé par un ami de sa tante, il commence à se poser des questions. Car sa tante était prétendument une sorcière. De rencontres en rencontres, Thomas prend conscience de ce qui l'entoure et se rapproche de la nature. Il se découvre un lien particulier avec les loups, créatures maudites et chassées sans pitié.



Je suis assez mitigée sur cette lecture. Si j'ai apprécié le côté fable, conte un peu philosophique, je n'ai pas vraiment été séduite par les personnages que j'ai trouvé assez peu exploités. Je me suis sentie perdue au milieu de la foule de personnages présentés sur une si courte durée. Leurs objectifs étaient trop flous ou au contraire trop clairs. Les événements arrivent également un peu trop vite à mon goût. Je pense que quelques pages supplémentaires, pour lier un peu plus les choses et créer une véritable attente, auraient été bienvenues. En l'état, ce roman est intéressant et a beaucoup de potentiel, mais celui-ci n'est pas assez exploité selon moi. De ce fait, la fin arrive comme un cheveu sur la soupe, un peu comme si on avait juste voulu finir ce texte.



Je dois avouer que le style m'a également perturbée. Le langage utilisé est celui du siècle passé, mais il y avait de nombreuses vulgarités qui à chaque fois me sortaient de l'ambiance mystique. Ca m'a plutôt dérangée...



Conclusion : ♥♥♥ Mon avis est mitigé. J'ai trouvé le postulat de départ très intéressant mais le récit est mené trop rapidement pour moi, et la fin me laisse sur ma faim.
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