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3.64/5 (sur 74 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1950
Biographie :

Alain Ehrenberg, né à Paris en 1950, est un sociologue français.

Auteur d'une thèse de sociologie intitulée Archanges, guerriers, militaires et sportifs. Essai sur l'éducation de l'homme fort, il s'est ensuite particulièrement intéressé aux malaises individuels dans la société moderne, face à la nécessité de performance et l'injonction de l'autonomie, dans la perte des repères et des soutiens de la société.

Ehrenberg est chercheur au Centre Edgar-Morin, codirecteur du groupement de recherche « Psychotropes, politique, société » au CNRS, il est aujourd'hui directeur du Centre de recherche Psychotropes, Santé mentale, Société (Cesames).

Source : Wikipedia
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
L'alcool est un moteur de parole, une dynamo de la communication. Il est le support d'une imagerie désordonnée de la sociabilité parce qu'il est assimilé à la fois aux classes populaires et au débit de boissons qui est leur chez-soi. Cette sociabilité s'oppose à celle de l'apéritif bourgeois dans l'espace domestique, définissant ainsi deux manières du bien boire selon l'appartenance sociale, le mal-boire est l'alcool pris chez soi et seul, le bien-boire se déroule au café, in désinhibe l'individu et favorise la sociabilité. C'est également boire au travail, car il y a une diététique populaire de l'alcool : la stimulation, le coup de fouet pour se donner le courage et l'énergie au travail.
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Alain Ehrenberg
La dépression et l'addiction sont les noms donnés à l'immaîtrisable quand il ne s'agit plus de conquérir sa liberté, mais de devenir soi et de prendre l'initiative d'agir. Elles nous rappellent que l'inconnu est constitutif de la personne, aujourd'hui comme hier. Il peut se modifier, mais guère disparaître - c'est pourquoi on ne quitte jamais l'humain. Telle est la leçon de la dépression. L'impossibilité de réduire totalement la distance de soi à soi est inhérente à une expérience anthropologique dans laquelle l'homme est propriétaire de lui-même et source individuelle de son action.
La dépression est le garde-fou de l'homme sans guide, et pas seulement sa misère, elle est la contrepartie du déploiement de son énergie.
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La drogue est certes un esclavage pour une partie de ses consommateurs, pourtant, les drogues, les produits psychotropes (drogues illicites, alcool, médicaments psychotropes) participent de climats existentiels propres à nos sociétés d'individus que la figure du toxicomane radicalise. Il constitue la partie émergée de l'iceberg.
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11. « À travers le malaise sont formulées et agrégées dans un langage familier, que chaque Français reconnaît spontanément, qu'il soit d'accord ou non, des craintes résultant de la confrontation de nos arrangements institutionnels antilibéraux à un contexte libéral. Les changements y sont énoncés et perçus comme déclin (perte d'autorité des institutions, précarisation de la vie, perte des repères, etc.), et les cibles en sont les valeurs de choix et la compétition qui apparaissent comme les symboles d'une crise de notre vivre-ensemble. Leur prix se mesure à ces nouvelles souffrances psychiques d'origine sociale. La matière de ce discours est la pensée sociale française, qui valorise l'autonomie, mais comme indépendance, et tient à l'égalité, mais comme protection. La division française sur l'autonomie est liée à la relation de celle-ci aux valeurs et aux normes de la compétition, d'une part, et au déplacement de l'égalité de protection à celle d'opportunités, d'autre part. Ce sont nos drames de familles qui se déroulent sur cette scène, c'est notre rhétorique de groupe qui s'y développe. » (pp. 336-337).
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3. « À partir de l'invention des antidépresseurs et des anxiolytiques, la scène médicale et sociale de la dépression s'élargit considérablement. La possibilité d'améliorer l'humeur douloureuse avec des molécules permet à un nombre croissant de psychiatres de s'installer en libéral et aux médecins généralistes de répondre aux plaintes qui s'exprimaient depuis longtemps parmi leur clientèle. Ces derniers devront cependant composer avec les incertitudes des outils psychiatriques. L'industrie pharmaceutique entre dans le jeu. Les médias également : les magazines le répéteront à l'envi à partir de la fin des années 1950 : la dépression peut arriver aux mieux-portants. On rassure le public : ni maladie mentale ni maladie imaginaire, voilà le mot d'ordre. […] La dépression se socialise et la vie psychique sort de son obscur halo. » (p. 81)
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1. « Qu'est-ce alors que la drogue ? Un artifice pour fabriquer de l'individu, une chimie de la promotion de soi. Elle radicalise le primat de la liberté individuelle qui, dans son versant purement privé, commence à caractériser les sociétés occidentales à partir du XVIIIe siècle. […] La question de la drogue s'est construite comme une interrogation sur les limites de la liberté et de la sphère privée dans la civilisation démocratique. […] Elle conditionne la possibilité de vivre sa propre vie, avec soi-même c'est-à-dire avec autrui. La sphère privée devient un problème à partir du seul moment où elle enferme le sujet dans une telle passion pour lui-même qu'elle en devient invivable. Un monde privé illimité, c'est cela que l'on appelle la souffrance du toxicomane, qu'il s'adonne à l'héroïne, à l'alcool ou à n'importe quoi. » (p. 8)
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1. « La dépression amorce sa réussite au moment où le modèle disciplinaire de gestion des conduites, les règles d'autorité et de conformité aux interdits qui assignaient aux classes sociales comme aux deux sexes un destin ont cédé devant des normes qui incitent chacun à l'initiative individuelle en l'enjoignant à devenir lui-même. Conséquence de cette nouvelle normativité, la responsabilité entière de nos vies se loge non seulement en chacun de nous, mais également dans l'entre-nous collectif. Cet ouvrage montrera que la dépression en est l'envers exact. Cette manière d'être se présente comme une maladie de la responsabilité dans laquelle domine le sentiment d'insuffisance. Le déprimé n'est pas à la hauteur, il est fatigué d'avoir à devenir lui-même. » (p. 10)
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2. « En suscitant l'espoir de surmonter toute souffrance psychique parce qu'il stimulerait l'humeur de personnes qui ne sont pas "véritablement" déprimées, la nouvelle classe d'antidépresseurs confortables, dont Prozac est le chef de file, incarne, à tort ou à raison, la possibilité illimitée d'usiner son intérieur mental pour être mieux que soi. On ne distinguerait plus se soigner de se droguer. Dans une société où les gens prennent en permanence des substances psychoactives qui agissent sur le système nerveux central et modifient ainsi artificiellement leur humeur, on ne saurait plus ni qui est soi-même ni même qui est normal. Le "qui" apparaît comme le terme clé parce qu'il désigne le lieu où il y a un sujet. » (p. 12)
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Si, pour l'alcool, les sociétés occidentales ont traité des limites du droit à disposer de soi en termes de seuil, la drogue est devenue progressivement un problème de société en se construisant historiquement comme négativité pure, comme la part maudite des techniques de multiplication de l'individualité. S'il doit y avoir des limites à la libre disposition de soi, limites sans lesquelles il n'y aurait qu'une société privée, c'est-à-dire également privée d'espace public, d'espace vivable, pourquoi l'usage de drogues pose-t-il en soi problème, alors que, pour l'alcool, seul l'abus en est un ? Pourquoi la consommation de n'importe quelle drogue est-elle assimilée à une manie, alors que ce n'est pas le cas pour l'alcool ?
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9. « La critique de l'abaissement moral autrefois adressée à l'hypnose est reformulée sur les antidépresseurs dans un tout autre contexte. L'inquiétude identitaire suscitée par une substance chimique agissant sur les états de conscience n'est en effet pas un problème nouveau dans nos sociétés. Nous disposons depuis une trentaine d'années d'un antimodèle : la drogue. Elle est l'outil cognitif privilégié pour désigner une inconduite qui consiste à manipuler ses propres états de conscience, quelle que soit la dangerosité du produit utilisé. Le drogué est l'antimodèle idéal pour définir une manière d'être soi qui, grâce à l'ingestion d'une substance, évite les chemins de la conflictualité. Changer la personnalité de vrais malades, c'est leur redonner la santé, changer celle de gens dont on doute de la maladie, c'est les droguer, quand bien même la drogue serait sans danger. […]
La dépendance, cette relation pathologique à un produit, à une activité ou à une personne, est, avec la dépression, l'autre grande obsession de la psychiatrie. Pour la psychiatrie biologique ou comportementaliste, elle est une conduite à risques. Pour nos sociétés, elle est devenue quelque chose de plus essentiel parce que l'enjeu est moins médical que symbolique. En effet, le drogué est l'homme dont il est convenu de penser qu'il franchit la frontière entre le tout est possible et le tout est permis. Il radicalise la figure de l'individu souverain. La dépendance est le prix d'une liberté sans limites que se donnerait le sujet : la dépendance équivaut à une forme d'esclavage. Elle est avec la folie la deuxième manière de dire ce qui se passe quand la part du sujet vacille au sein d'une personne. Mais la folie et la dépendance le disent de façon tout à fait opposée. Si la première est révélatrice de la face sombre de la naissance du sujet moderne, la seconde met massivement en lumière celle de son déclin. » (pp. 236-237)
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