Récital donné le 2 mars 2023 à Pont Scorff
textes de l'indicible de Alain Fleitour
Mon esprit aura-t-il l’énergie ?
Nous aurions eu des œuvres lumineuses à construire
Peindre l’absence
Combattre le silence
(Pour ne pas oublier, p. 86-87)
La douleur trop vive
M’empêche de cueillir
Les couleurs surannées
Faites-moi un bouquet de mon histoire
Clématites vignes blanches
Pivoines corallines
Lys aux parfums de cyprès
Centaurée du solstice
Faites-moi un bouquet de pétales fanées.
(Main, p. 9)
Tu m’as redonné le temps
Pour déployer l’aventure
Et que m’emporte le vent
Qui calme les blessures
Elle n'a pas dix sept ans et ne connaîtra peut-être pas le bonheur de partager. Cependant c'est le partage qu'elle invoque.
****Mon silence est un cri****.
-----Je suis jeune et j'étouffe en cet écrin de verre
J’aperçois le ciel bleu et respire le feu
Qui me brûle les joues et sèche ma paupière
En cet aveuglément se referment mes yeux.
Quand finirez vous donc ? Suis-je devenue folle ?
Sans mes chères amies au pire des moments
De soins tant acharnés, leurs âpres camisoles
Il faudra m'y plier, je n'ai pas dix sept ans.
Mes doux parents en pleurs viennent sécher mes larmes,
Et les soignants aussi ont coupé leurs alarmes.
Le printemps cette année me couvre de pâleur.
Nul ne sut que jamais le virus ne désarme.
Je veux être la seule à mourir de mes larmes.
Oh mes amis ! soyez l’écho de ma douleur !
-----"Les Chemins du silence"
"Sculpture de Pierre de Grauw (Mairie de sèvres )
Tu viens
Tu viens des sables
Des vents brûlés par le soleil
Des ciels chauffés à blanc
Des nuits peuplées d’étoiles
Quand les rêves berçaient la jeunesse de tes pères
Tu viens des mains tremblantes qui te portaient
Des ombres douces
D’une oasis où l’eau est une délivrance
De celui qui t’a apaisé
Tu viens des regards douloureux
Des baisers qui les ont éblouis
Des doigts qui les ont séparés
Tu es de leurs départs de leurs retours
Tu es de leurs retrouvailles
De leur voyage au-delà de la mer
Des terres perdues, de la mémoire trompée
Tu viens des herbes sauvages
Saturées de brûlures
Tu viens des ciels trop bleus, trop durs
Dans l’émerveillement des vols d’oiseaux
Tu viens des douleurs de l’aube et du couchant.
La ruche.
Une petite main en caresse le volet.
Battements d’éternité
de petites lunes de miel
tombent
en bulles incandescentes d’ambre,
sur une large feuille de lierre
y dessinant un cœur.
(Lune de sang)
A l’aurore le coquelicot
frêle et innocent s’ouvre brûlant
meurt dès qu’on le cueille.
Au bout de mes doigts une feuille
Folle
Déploie ses bruns
En touches brûlées de terres
Rompt sa ligule
Se détache libre
Le vent enfin flirte avec ses dentelles
Son limbe à peine fardé rougit
L’iode s’épuise
Et déjà la farandole s’étire
J'aime sentir tes deux mains dans les miennes
C'est te souffler des mots que tu n'entendras pas.
Je t'ai tant attendu, autant qu'il m'en souvienne,
Muettement mon cœur te serrait dans mes bras.
L'Indicible ( à paraitre).
Lui calligraphier ma fascination de la forêt
en foulées sonores, fluides et colorées.
Son imaginaire, ses rêves
je les porterai aux prémices de l’espoir.
(Le silence, que je pose sur l’écorce des arbres, p. 62)