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Critiques de Alain Foix (19)
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Martin Luther King

Biographie de M.L.K. très intéressante. Elle retrace le combat de cet homme éclairé par la volonté d’abolir les lois injustes, de changer les mentalités racistes, de donner de nouveaux droits à toutes les communautés opprimées, sans distinction de couleurs, de faire de chacun un homme, participant pleinement à la vie de la société. Récit qui nous fait part également des doutes et des peurs de cet homme, qui affirme avec ces simples mots, mais tellement grands :"I am a man". Un homme, philosophe , pasteur, poète, qui a partagé son rêve, et soulevé des montagnes.



Ce récit fait passer de nombreux messages et pose de vraies questions.



« Pourquoi à un moment donné de son histoire a-t-il eu besoin d’inventer le nègre ?

Mais comme aurait dit M.L.K., la vraie question n’est pas : qui a tué Martin Luther King ? Mais : qu’est-ce qui l’a tué ? »



Un combat toujours actuel car, même si de grands pas sont franchis, il serait naïf de penser qu’on arrivera un jour à vivre dans une société sans heurts et sans injustices. Il y aura toujours des Edgar Hoover, aspirateurs à ordures : « Et face à ce socle de bronze, ce Hoover-là était minuscule, englué dans la petitesse de son âme, dans sa solitude vicieuse. Un éboueur qui ne voyait le monde qu’à travers les immondices de son esprit. »



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Martin Luther King

"I am a man". C'est la transcription en version originale du slogan qu'il fallait lire sur la pancarte que portaient sur la poitrine les marcheurs du désespoir conduit par Martin Luther King.



Un jeune né sous Barack Obama s'en étonnerait que ce serait un bonheur. Cela voudrait dire que ce qui est une évidence pour lui aura été l'aboutissement d'un long combat. Un combat pacifique, malheureusement seulement du côté des marcheurs.



La biographie de Martin Luther King par Alain Foix est celle de ce combat sans arme. Elle connaîtra deux victoires décisives : la première, le 10 décembre 1964, lorsque MLK se verra décerné le Prix Nobel de la paix. La deuxième, posthume celle-là et bien trop tardive, le 04 novembre 2008 lorsque Barack Obama sera élu président des Etats-Unis.



Quel chemin pour en arriver à ce stade et gommer la honte de la ségrégation. Oui, un homme de couleur peut devenir le président d'un pays qui a si longtemps été dominé par les inégalités. Ce phénomène était loin d'être envisageable, il y a 50 ans. Seulement 50 ans.



Martin Luther King, c'est l'incarnation de la lutte pour l'égalité des droits, pour la liberté. Pas seulement au sens des différences selon la couleur de peau, mais aussi au sens du statut social, au secours des pauvres. Mais surtout une lutte encore plus vigilante, encore plus âpre, pour que ce combat-là se déroule sans violence. Quelle force, quelle énergie, quel ascendant a-t-il fallu que cet homme, ce surhomme, déploie pour que ses frères de couleur ne répondent pas par la violence lorsque les chiens des policiers, dressés par la haine de leur maître à l'égard des Noirs, leur déchiraient les chairs dans les manifestations, lorsque quatre jeunes filles étaient déchiquetées par une bombe dans leur église, lorsque tant d'autres scènes de cette cruauté-là se déroulaient quotidiennement sous leur yeux.



41 ans d'une vie à combattre la violence par des paroles. Une vie de courage et de ténacité, au service de la cause la plus noble, interrompue par une violence ultime le 4 avril 1968. La balle d'un tueur, resté certainement impuni, venue retirer Martin Luther King à sa vocation de paix, à la vénération de ses frères opprimés.



Quelques photos significatives sont incluses dans cet ouvrage aux éditions Folio biographie. Celle qui m'a le plus touché est celle d'Elisabeth Eckford, jeune étudiante noire, faisant son entrée à la Little Rock's Central High School sous les injures de ses consoeurs blanches. Solitude d'amour dans un océan de haine.



Magnifique biographie pour un homme qui force l'admiration.

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Martin Luther King

Qu'est ce qui peut réveiller la conscience humaine ? La mener à l'éveil de telle sorte qu'elle puisse prendre parole et mettre en marche son corps ?

Qu'est ce qui peut un jour changer le cours des choses, le cours de millions de vies en faisant naître des possibles ?

Qu'elle est la nature de cette lumière qui un jour prend forme au chevet de nos plus terribles nuits, qu'elle est la nature exacte de cet astre dont l'intensité de ses rayons vient frapper si intensément l'intelligence humaine qu'elle en vient à comprendre qu'un rêve annonce la vérité ?



En lisant la magnifique biographie que consacre Alain Foix à Martin Luther King on peut concevoir le canal qu'empreinte cette étoile.

Martin Luther King était pasteur. Martin Luther King était un pasteur noir. Martin Luther King était un pasteur noir américain. Martin luther King était un pasteur noir américain du Sud des Etats Unis.



Martin Luther King était un homme.

Un homme.

«  I am a man ».

Voilà le seul slogan de « la marche des pauvres gens ».



Un homme, voilà la communauté en laquelle Martin Luther King se reconnaissait.

Du procès de Rosa Park en 1955 au motel de Memphis en 1968, allait se dérouler la plus incroyable des aventures de l'homme : sa marche.

Marche pour la défense des droits civiques de la communautés noire américaine, droit au respect, à l'égalité, à la liberté, à l'éducation, droit de vote.



A cette époque, les puissances occidentales mettaient tout en œuvre pour conquérir la Lune.

A ce moment là, sur notre terre, un homme s'est mis en marche entraînant des millions d'hommes, de femmes, d'enfants.

Ils ne demandaient pas la Lune, il demandèrent que justice soit faite, ici et maintenant sur la Terre.

Justice pour tous.



Martin Luther King était philosophe avant tout.

Raison,compassion, conscience, responsabilité, justice voilà les évangiles de Martin Luther King. Clairvoyance politique et intelligence économique également.

Amour, solidarité, fraternité, avant tout.

Martin Luther King avait reçu la parole de Gandhi.

La non violence sera donc son langage.

Lui même ne savait pas dire ce qui l'avait désigné pour mener avec abnégation et obstination ce combat contre l'inhumanité.

La peur l'a saisi bien des fois, le doute jamais.

Et Alain Foix, en rappelant l'histoire de cette marche vers la liberté , en rappelant les noms et les visages de celles et ceux qui ont donné pour elle leur bien le plus précieux pose la question exacte :

Qu'est ce qui a tué Martin Luther King ?

Quatre ans après avoir reçu le prix Nobel de la Paix, le pasteur Martin Luther King était assassiné.

Le 04 avril 1968.

Cette balle fut portée par un bras armé. Pourquoi à Memphis ?

Pourquoi pas à Montgomery, Atlanta, , Albany, Birmingham, Saint Augustine, Selma ?



Martin Luther King n'avait pas fini de marcher. La marche commençait.

La marche pour « les pauvres gens » entrainait un rassemblement d'humains jamais encore réalisé.

Droit au logement, à l'éducation, à l'embauche, droits syndicaux, droits à l'égalité et au respect, droits à la dignité, droits à la nourriture, aux soins.

Droits pour tous. Quelque soit la race, le sexe, la religion.

Justice pour tous.

Et pour la main qui arma le bras de l'assassin de Martin Luther King cela était insupportable.

Cette universalité là était inconcevable.

Car c'est le fondement même de la société capitaliste qui était là remis en cause.

Il ne s'agissait plus de revendiquer pour une communauté, mais exiger pour l'humanité que Justice soit rendue.

Martin Luther King savait que cette marche allait probablement être sa dernière marche mais qu'elle annonçait le prochain pas de notre humanité.

Martin Luther King s'était mis en marche vers le Nord.



« L'oeil aux aguets, portant des cicatrices visibles et invisibles, je pris le chemin du Nord, imbu de la notion brumeuse que la vie pouvait être vécue avec dignité, qu'il ne fallait pas violer la personnalité d'autrui, que les hommes devraient pouvoir affronter d'autres hommes sans crainte ni honte et qu'avec de la chance - dans leur existence terrestre - ils pourraient peut-être trouver une sorte de compensation aux luttes et aux souffrances qu'ils endurent ici-bas sous les étoiles. » Richard Wright , Black boy.



«  La race est un concept servant d'outil de domination. Marcher pour la liberté, c'est aussi transgresser la ligne jaune des couleurs, profaner la race comme fétiche des dominants. ».

Martin Luther King.



«  Quand les machines et les ordinateurs, les mobiles lucratifs et les droits de propriété sont tenus pour plus importants que les êtres humains, ce trio géant que forment le racisme, le matérialisme outrancier et le militarisme ne peut être mis au pas.

La vraie charité ne consiste pas à jeter une piécette à un mendiant. Elle conduit à penser qu'un édifice social où sont produits les mendiants a besoin d'être remodelé.

Une véritable révolution des valeurs portera la main sur l'ordre mondial et dira de la guerre : cette façon de trancher les différends n'est pas juste.

L'arrogance de l'Occident qui croit avoir tout enseigner aux autres et rien à apprendre d'eux n'est pas juste. »

Martin Luther King, 04 avril 1967, en l' église Riverside de New York.



Astrid Shriqui Garain
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Rocky le petit rocher

Très bel album pour enfants , à partir de 8 ans dans la collection Giboulées de Gallimard.

C’est un livre très didactique dans lequel les rochers sont personnifiés afin de faire passer de façon amusante des notions comme l’histoire de la terre, les temps géologiques, l’érosion, le réchauffement climatique. Les illustrations et les dialogues rendent ce récit très vivant . Les personnages dont Dame Blanche, Rocky et Erose sont des rochers qui vivent des aventures humaines, Rocky et Erose tombent amoureux , perdent des petits cailloux qui deviennent leurs enfants…
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Toussaint Louverture

Toussaint Louverture est la figure majeure de l'Histoire des Antilles, impossible de faire l'impasse sur cette biographie. De nombreux auteurs se sont penché sur ce personnage. J'aurais aimé lire la Biographie écrite par Césaire, Schoelcher ou le poème de Lamartine . 



Parmi les nombreuses biographies disponibles,  j'ai téléchargé celle d'Alain Foix, facilement disponible sur liseuse, courte (336 p ) et très accessible. 



L'auteur a choisi de commencer au Fort de Joux où Napoléon l'a fait incarcérer et où il finit sa vie. 



"Nous étions le 23 août de l'an 1802. Le fils d'un général venait à peine d'y naître. Il serait écrivain, un des plus

grands du siècle. Il s'appelait Victor Hugo. Bug Jargal, le héros de son premier roman, passait à ce moment

précis en bas de son berceau. Prisonnier de Napoléon, il arrivait sous haute escorte à sa dernière demeure...."



Occasion d'évoquer Victor Hugo mais aussi de faire un parallèle entre les destins de Toussaint Louverture et celui de Napoléon terminant aussi sa vie emprisonné à Sainte Hélène. 



L'auteur s'attarde peu sur la vie intime de son héros, né esclave. Remarqué par son géreur et propriétaire, Baillon de Libertat, l'adolescent malingre surnommé "Fatras-Bâton" fut libéré du travail de la terre pour devenir un "nègre à talent", devint cocher ce qui lui permit de voyager. Un jésuite lui enseigna le catéchisme et lui apprit à lire dans  le livre de l'Abbé Raynal, ami de Diderot.



"ayant été affranchi à l'âge de trente-trois ans. Lorsqu'on connaît le prix exorbitant que coûtait

à l'époque l'acte d'affranchissement, cela permet de mesurer la valeur, notamment affective, que lui accordaient ses maîtres."



[...]

"Ainsi, grâce à Baillon, aux premiers pas de cette « route de l'honneur » dont il parle, en ce Bois-Caïman, il était libre parmi ses frères esclaves. Bien plus, il était un colon, un Noir qui possédait des esclaves."



Au soir de Bois-Caïman (14 Aout 1791) Toussaint Louverture rallie les esclaves marrons en quête de leur liberté. Il a alors 52 ans. Alors qu'en métropole, les Droits de l'Homme avaient été proclamés dès 1789, les échos parvenaient aux Antilles dans une certaine confusion. Alain Foix restitue le contexte particulièrement compliqué à Saint Domingue. L'île était partagée entre l'Espagne et la France. Depuis des décennies les esclaves marrons entretenaient des révoltes : histoire terrible de Mackendal  qui dispensait la liberté par le poison (exécuté en 1758), puis Bookman prêtre vaudou qui a prononcé le serment de Bois-Caïman, d'autres marrons avaient pris les armes: Jeannot, Jean François et Biassou. Si Toussaint Louverture rejoint les marrons, son combat est celui de la "Liberté Générale"



"Préfiguration lointaine des humains de demain. Il était déjà libre, un affranchi. Ce n'était pas de cette liberté traquée des marrons qu'il voulait, non plus de la liberté des affranchis, liberté octroyée qui vous laisse votre vie durant débiteur de celui qui vous l'a achetée."



A côté des Noirs et des marrons, armée de brigands. Les Mulâtres avec Rigaud, Pétion, Pinchinat   jouaient sur un autre tableau  et réclament leurs droits à la l'Assemblée Nationale. Les colons Blancs se sentant menacés forment une troisième force. 



Ces trois forces s'opposent, s'allient, se réclament tantôt de la République, tantôt du roi. Toussaint Louverture va d'abord louvoyer et se livre au roi d'Espagne, où il gagne du galon.



"Ne voyait-il pas ces hommes noirs, redoutables guerriers faisant honneur au dieu de la guerre, semer la terreur dans Saint-Domingue en arborant un drapeau à fleurs de lys et criant « Vive le roi » ? 



[...]

Non, décidément, l'ennemi n'était pas le roi mais bien la république qui n'était faite à leurs yeux que pour

soutenir les petits Blancs racistes et renforcer leurs fers. Le décret du 15 mai 1791 ratifiait bien cela.

[...]

L'Espagne, Santo Domingo, voici l'alliée rêvée, voilà la solution."



L'auteur analyse les forces en puissance et cite par le détail les différentes péripéties, compliquées par les luttes de factions à Paris, Girondins et Montagnards. Les envoyés de la Convention : Sonthonnax, Laveaux et Polverel :



"la mission de ce trio était de rétablir l'autorité de la France, inciter les esclaves à retourner dans les plantations et mettre enfin en application cette loi qui accorde aux gens libres de couleur la pleine citoyenneté."



Sonthonnax et Laveaux reconnaissent le génie de Toussaint Louverture et négocient avec lui.  Véritable Machiavel, il fait monter les enchères d'autant plus qu'un nouvel agent entre en jeu : l'Angleterre, maîtresse de la Jamaïque toute proche. Dans ce jeu d'échecs  compliqué, chacun avance ses pions....



Quand, enfin, Toussaint Louverture rétablit la paix civile à Saint Domingue, il cherche à rétablir également la prospérité de l'île en encourageant l'agriculture. Cherchant à se concilier les planteurs blancs, il n'est pas  compris des combattants noirs et son fils adoptif, lui-même fomente une révolte.



"L'économie de Saint-Domingue devenait florissante, mais le mécontentement grondait. Les paysans noirs se

sentaient floués. Ils auraient aimé une parcellisation des terres leur permettant de cultiver pour leur propre subsistance. Ils rêvaient d'une forme d'autarcie, et il est vrai que le climat et la terre très fertile de Saint-

Domingue étaient propices à la diversification des cultures, à une agriculture de subsistance."









Mais c'est Napoléon qui va mettre fin à l'aventure :



"En cet hiver 1802, l'espoir était en berne. La pensée des Lumières avait baissé son pavillon d'humanité. L'Aigle

impérial tenait toute la philosophie entre ses serres acérées. Toussaint Louverture se mourait dans sa prison

glacée de solitude. Une solitude existentielle. Celle d'une pensée clairvoyante"



L'expédition militaire de Leclerc ayant échoué avec l'aide de la fièvre jaune qui a décimé les troupes après les durs combats, la route était libre pour l'indépendance de Haïti 



"le 4 juillet 1804, le nom d'Haïti comme le cri d'un aigle en haut des cimes, allait naître sous les sabots de Dessalines, lieutenant de Toussaint Louverture"



Livre d'histoire très détaillé et passionnant. L'auteur a aussi su animer la personnalité hors du commun de Toussaint Louverture, homme des Lumières, d'une intelligence peu commune, de goûts simples, affectueux....
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Che Guevara

Dans la mémoire collective, Che Guevara est largement associé à la révolution cubaine de 1959. Mais tandis que Fidel Castro entamera l'un des plus longs règnes du 20ème siècle, Che Guevara se lassera assez rapidement de ses ministères (à la réforme agraire, à l'industrie) pour voyager et tenter d'exporter la révolution sous d'autre cieux, au Congo puis en Bolivie, deux échecs cuisants dont le dernier mettra un terme à sa carrière et à sa vie.

Difficile de tirer un bilan de cet homme solitaire qui hésitera toujours entre l'aventure collective de la révolution et l'Aventure tout court...

Cette biographie, parfois un peu brouillonne dans sa chronologie et imprécise dans les faits, vaut surtout par sa description de la construction intellectuelle et culturelle du personnage. Issu d'un milieu bourgeois et monochrome, Ernesto découvre dans ses deux voyages initiatiques à bicyclette à travers l'Amérique latine une double altérité : celle de la misère et celle des Noirs et des métisses. Grand lecteur de Marx, admirateur de Frantz Fanon, il comprend vite que le destin de l'Amérique latine n'a rien à voir ni rien à tirer du modèle soviétique. Cuba, la Caraïbe et l'Amérique latine sont marqués par la colonisation européenne, la domination des grands propriétaires terriens, l'esclavagisme et l'impérialisme états-unien.

Dans ce contexte, Lénine, Staline et Khrouchtchev ne sont pas d'un grand secours (Castro regrettera d'avoir concédé l'installation des rampes de missiles à Cuba). L'Union soviétique est un autre impérialisme.

Che Guevara cherche d'autres modèles de combat et d'autres soutiens, en Algérie, dans l'Egypte de Nasser. Il pense que l'Afrique noire qui vient d'être décolonisée est un terrain idéal pour la révolution. Sur les conseils de Nasser, il emmène incognito, pour prêter main-forte à la rébellion de Kabila, des guérilleros cubains noirs pour éviter de passer pour un impérialiste blanc. Mais il échoue à créer l'osmose entre les Cubains et les Congolais et doit renoncer rapidement à son entreprise. Son projet en Bolivie, rapidement éventé, sera abrégé brutalement par la CIA.

Icône de la Révolution, reproduite ad nauseam sur tous les tee shirts, le Che, dont la dépouille a été "rapatriée" à Santa Clara, reste l'homme d'une seule révolution, la révolution cubaine. Une révolution enterrée depuis longtemps elle aussi.
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Ta mémoire, petit monde

Les premières lignes:

" Prenons un petit monde au hasard dans la rue. Tenez, dans Pointe-à-Pitre, sur le trottoir de la rue Barbès. Il sort tout juste de l'école et fixe le caniveau. Dans le ruisseau, son bateau de papier. Au bout de la rue, un bâtiment immense. Sa coque de noix va droit dessus. Un géant blanc posé sur l'eau et qui écrase la ville de majesté. Le Colombie, comme c'est écrit dessus, pousse un long hurlement et arrête le temps. La ville est suspendue et le monde médusé. C'est la terre qu'on déchire, le géant se délivre. Une lente déchirure, mouvement inexorable, et la mer s'y engouffre. Un gouffre de vertige, d'un bleu à s'y noyer. Et le monde rapetisse à mesure qu'il s'éloigne. Le bateau de papier a mouillé l'encre bleue. Le vent l'a renversé, l'enfant l'a oublié. Bientôt c'est le grand jour où il verra le monde du pont du Colombie. "



Alain Foix évoque son enfance à la Guadeloupe de façon impressionniste; comme dans la réalité de la mémoire lointaine, ses souvenirs se mélangent, se poursuivent, tourbillonnent, ce qui donne une première partie où il vaut mieux se laisser emporter par sa prose poétique rythmée comme une danse.



"L'écrit m'était venu d'une main se posant sur la mienne, d'une voix douce, des cheveux sur ma nuque, d'un parfum qui caresse. La jeune fille aux yeux verts? Je ne sais plus. Elle avait pris son temps. Me revient une danse dont j'apprenais les pas, où j'étais enlacé. Je me souviens de traces, d'entrelacs et de noeuds comme de longs cheveux bleus. J'apprenais à écrire comme on apprend les tresses. Un jour elle me lâcha et ma main dansa seule sur le blanc du papier de la claire fontaine. Elle laissa derrière elle des traces et des volutes, des pleins et des déliés, un joli sillon bleu."



Ensuite Le Colombie l'a emporté à la métropole, en un froid mois de novembre 1962, et c'est la découverte d'une cité de la banlieue parisienne, des clans, du racisme, de l'amitié, du collège, du sport, de sa place entre deux mondes. Evocation des années 60, la télévision noir et blanc, les courses de moto, la vision du noir dans les bandes dessinées d'époque (très intéressant!). Choix de sa destinée, arrivée de la maturité.



Un très beau livre, magnifiquement écrit
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Che Guevara

Il est toujours malaisé d’évoquer la vie de l’une des nombreuses célébrités du XXe siècle. Che Guevara, de son nom complet Ernesto Guevara de la Serna, en est une. Ses portraits figurent parmi les plus célèbres du monde et ce personnage a largement contribué à populariser la légende des guérilleros sud-américains. Dans le cours de sa vie, brève mais riche et remplie d’événements nombreux, des composantes semblent avoir joué un rôle décisif et influencé le cours de sa vie :

Son voyage en Amérique latine effectué avec son ami Alberto Granados en 1952. Ils découvrent sur une vieille motocyclette usagée la misère de ce continent, ses injustices, les terribles problèmes de santé auxquels le Che, médecin de formation est très sensible. C’est une révélation, la mise en évidence de l’existence d’une injustice concrète, donnée dont Ernesto avait pris connaissance, mais d’une manière théorique. C’est un voyage initiatique, mais aussi une réponse à ce qui va occuper sa vie entière : l’établissement d’une justice sociale, d’une espèce d'impératif catégorique révolutionnaire, qui va l'inciter à l'exemplarité, mais aussi parfois à la dureté et à l'exercice d’une impitoyable répression, notamment lorsqu’il doit fusiller, en plein maquis, des traîtres ou des révolutionnaires trop tièdes, ou les faire fusiller par ses compagnons d’armes pour que tout le monde ait les mains sales…

Pourtant, le deuxième motif de cet engagement, c’est la culture, l’éveil intellectuel qui en est à l’origine. Le Che a beaucoup lu : les classiques grecs, la poésie latino-américaine, les philosophes : Marx, Engels, Adorno, Raymond Aron .Il admire naturellement José Marti, idole de la nation cubaine dans sa célébration des luttes de l'île pour son indépendance.



Mais ce n’est pas une culture sans rapport avec le réel qu'il veut faire triompher, c’est une culture ayant gardé sa fonction critique et émancipatrice. En cela, il s'écarte des dogmes du réalisme socialiste duquel il s’éloigne. Il constate en effet durant ses premières opérations de guérilla dans la Sierre Maestra que l’éducation sera primordiale pour élever la conscience révolutionnaire des paysans.

Une rencontre est décisive dans la vie du Che, celle du poète et journaliste haïtien René Depestre qui lui fait toucher du doigt le problème du racisme, omniprésent à Cuba en raison du passé esclavagiste de l’île. Ainsi, conclut-il à la nécessité de combattre « les discriminations subjectives », en sus des « discriminations objectives pour être un révolutionnaire lucide.



Les femmes ont joué dans la vie de cet homme un grand rôle : Aleida, sa seconde épouse, qui lui donne une énergie et un réconfort immenses .Elle soigne efficacement ses crises d'asthme avec des feuilles de maté que le Che appelle sa Yerba Buena (bonne herbe,). Hilda Gadea, qu’il avait épousée en 1955, pour régulariser une « union dans les faits ».

La prise de connaissance avec Fidel Castro est bien sûr décisive, qu’il caractérise ainsi : « un révolutionnaire cubain, un garçon jeune, intelligent, très sûr de lui et d’une audace extraordinaire ; je crois que nous avons mutuellement sympathisé. »

Pourtant, le rêve de l’internationalisme révolutionnaire sera brisé : par l’alignement de Cuba sur le camp soviétique, par l’instauration d’une dictature implacable. Les actions du Che en Argentine se solderont par un échec retentissant et par son exécution finale le 9 octobre 1967.Pourtant, Che Guevara était resté lucide, critique à propos même de l’idéologie marxiste dont il avait adopté les présupposés.

La biographie d’Alain Foix, très documentée et riche en citations, restitue très bien les facettes multiples de ce personnage, épris de justice, des femmes, d’absolu, désireux d’agir sur l’état du monde. On peut même y relever une contradiction : entre la volonté d’agir vite, avec célérité, et le constat que l’émancipation par l’éducation, la diffusion du savoir, est un long processus. Cet homme, au-delà de son statut d’icône, était complexe, en proie à des interrogations, au doute. Il nous attache en raison même de ces attitudes, justement humaines, et nous incite au respect, même pour ceux qui ne partageraient pas la radicalité de ses opinions et actions.

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Ta mémoire, petit monde

C'est un livre de souvenirs. Alain Foix est né en Guadeloupe et y a vécu jusqu'à 6 ans, âge auquel il a quitté l'île avec sa mère pour aller s'installer en métropole. Il revient sur les petits et grands instants qui ont jalonné sa vie et forgé sa personne.

Le ton est poétique et, au début, assez haché. J'ai eu un peu de mal à plonger dans cette histoire puis je me suis habituée à la musicalité de cette écriture. J'ai été émue par les histoires et les moments que l'auteur nous offre, car, au final, ils nous ramènent à notre propre enfance.

Une très belle découverte.
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Ta mémoire, petit monde

Il m'est difficile de parler de cette oeuvre sans la dénaturer. Cette histoire est bien plus que le récit d'un enfant arrivé en métropole.

Dès les premiers pages, j'ai été séduite par la poésie qui se dégage de ce texte...
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Toussaint Louverture

Voici une biographie qui se lit comme un roman, tellement la fibre littéraire de l'auteur séduit.

Rien ne destinait cet enfant malingre de Saint-Domingue, né esclave, à devenir ce symbole incontournable de la libération des esclaves, celui que Châteaubriand nommait le Napoléon noir.

Mais n'est-ce pas justement cette faible constitution, enfant, qui lui a permis de s'attirer la sympathie de son maître, lequel lui apprit à lire et à écrire?

Toujours est-il qu'à la veille de la Révolution de 1789, Toussaint Louverture prépare Saint-Domingue à se libérer de ses chaînes, imposées par la colonisation française.

Fort de caractère, pétri de convictions démocratiques et empreint des valeurs et bienfaits de la jeune République, il s'allie à la France après l'avoir combattue aux côtés des Espagnols et des Anglais et avoir refusé l'alliance avec les Etats d'Amérique.

Après la trahison du consul Bonaparte, devenu alors Napoléon en 1804, Saint Domingue prend le nom de Haïti, car Toussaint, au prix de sa vie, aura fait de son pays le premier Etat noir indépendant où l'esclavage est enfin banni.

Mais à ce moment-là, cela fait déjà un an qu'il est mort, en France, au fort de Joux, dans ce Jura aux hivers redoutables, où il avait été déporté.
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Martin Luther King

Etant une passionnée des années 50-60 aux Etats-Unis, c’est avec un grand plaisir que je me suis lancée dans la lecture d’une biographie de Martin Luther King, figure emblématique du combat pour l’égalité raciale aux Etats-Unis et partisan de la lutte non-violente. Je m’attendais à lire une biographie classique, rapportant des faits plus ou moins importants de la vie de MLK. Eh bien je me suis trompée. Ce livre est présenté sous la forme d’un récit des dernières heures du pasteur, tout en incluant au fur et à mesure des épisodes de sa vie. (...)
Lien : https://alltimereadings.word..
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Toussaint Louverture

Dans ce livre, Toussaint Louverture nous est présenté par A. Foix comme une figure que l'on n'hésiterait pas à comparer à un Nelson Mandela.



Bien sûr cette thèse nécessiterait d'être confrontée à d'autres historiens mais le livre en lui même est absolument passionnant. On y découvre aussi certains côtés sombres de la révolution française et de la prise du pouvoir par Napoléon.



On est désespéré avec notre vision du XXI ème siècles du manque de clairvoyance des "grands hommes" de l'époque.

L'histoire d'Haïti semble être un catalogue d' occasions manquées.

Alors que les conditions qui auraient peut-être pu permettre la création d'un état indépendant et l'évolution vers des régimes plus démocratiques que les dictatures bananières qui ont succédé à la défaite de Toussaint Louverture étaient possibles à mettre en œuvre.
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Toussaint Louverture

Toussaint Louverture. Un nom qui évoque à celui qui le prononce le respect des saints et l’horizon des possibles. Le nom de l’esclave devenu gouverneur, qui défia l’empire français.



Toussaint Louverture est né Toussaint Bréda aux environs de 1743, à Saint-Domingue, l’actuelle Haïti. Fils d’esclave, il sera affranchit, et deviendra l’acteur majeur de l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue. Mort en 1803, il ne verra jamais la proclamation de l’indépendance de son île par son lieutenant Dessalines, bien qu’il en soit l’investigateur principal. Son acte de rédaction d’une Constitution pour Saint-Domingue entraînera son arrestation par les forces napoléoniennes qui y virent le pas de trop vers l’indépendance.



Il y a quelque temps, France Télévision consacrait une série au destin de cet homme hors du commun, qui réussit à renverser le système colonial de Saint-Domingue, et à inquiéter Napoléon Bonaparte. Preuve que l’histoire de l’actuelle Haïti n’est pas complètement sortie de nos mémoires, à une époque où l’île se relève difficilement des diverses secousses, tant sismiques que politiques, qui l’ont traversées.



Alain Foix signe ici un livre passionnant, sur les pas de celui qu’enfant malingre on surnommait « fatras bâton ». Il est rare d’ailleurs qu’une biographie soit maîtrisée avec un tel talent littéraire. S’échappant du carcan de la chronologie linéaire, ce texte nous entraîne de Fort de Joux où Toussaint Louverture fut enfermé jusqu’à en mourir de froid, dans l’humidité d’un cachot, aux rives chaudes de Saint-Domingue, où il mena une guerre sans merci ni relâche aux opposants de la liberté pour les Noirs.



Toussaint Louverture n’était pas un idéaliste, un rêveur. De fait il ne fut pas considéré comme une figure romantique de la liberté, comme un Che Guevara ou un Ghandi. C’était un homme rationnel, sérieux. Un homme du concret, et de la loi. Controversé dans ses rangs et dans l’histoire, lui qui, après son affranchissement, avait été propriétaire d’esclaves, autorise les colons à reprendre en main l’organisation des plantations sur l’île. Alors que beaucoup de ses lieutenants plus radicaux prônaient un pouvoir noir, et au premier rang desquels son neveu Moïse, lui concevait une réhabilitation rapide du commerce et de l’agriculture, pour l’enrichissement de l’île et de ses habitants, mais aussi pour leur indépendance, pour laquelle le retour des colons était indispensable. Intransigeant, Toussaint fera exécuter les désobéissant, de quelques origines qu’ils soient…Pris au piège de sa propre loi et de son intégrité face à elle, il sera contraint d’exécuter l’insolent Moïse, acte pour lequel il concevra un chagrin et un remord profond. Acte fondateur aussi de son rôle politique et de l’impartialité qu’il tenait à afficher devant tous.



Toussaint Louverture restera une figure d’indépendance et de force. On ne connaît que très peu de portraits de lui, et le peu que nous en avons n’en rendent pas des traits identiques. Il reste de fait autour de lui comme une certaine aura de légende.



Toussaint ne croyait pas tant en lui-même qu’en la force d’un mouvement. Son sacrifice n’était pas vain, mais la première pierre d’un chemin qu’il savait mener à la liberté. Nous conclurons sur cette célèbre citation : «En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses ».
Lien : http://www.madamedub.com
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Noir

Synthèse sur la colonisation, le concept de négritude et les perspectives des Noirs en Occident.

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Martin Luther King

Avec ce livre, Alain Foix entre dans l’intimité de King, partageant ses angoisses, ses interrogations et sa solitude, sans pour autant négliger l’arrière-plan historique et sociologique qui l’a mené à son engagement.
Lien : http://www.francetv.fr/cultu..
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Histoires de l'esclavage : Racontées à Marianne..

Excellent documentaire qui se rapproche plus d'une histoire que du documentaire type.

Le cd reprend le texte du livre, donnant vie à toutes ces personnes qui ont vécu et lutter contre l'esclavage. Les voix sont vibrantes et entraînent naturellement à suivre l'histoire.

Le livre manque tout de même d'une courte biographie des personnages qui prennent la parole.
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Toussaint Louverture

Livre très documenté sur le plan historique, permettant de mieux comprendre l’histoire de Saint Domingue et la naissance d’HAITI. De même l’implication de la France et le rôle de Napoléon 1er, pour faire perdurer le système de l’esclavage au sein de leur colonie, au delà de l’époque légale.

Les relations hiérarchiques entre esclaves et blancs et entre différents esclaves selon le degré de sang mêlé, sont complexes et nous laissent deviner combien Toussaint L'ouverture fut habile et talentueux pour mener son combat d’unification, de meneur d’hommes.
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Martin Luther King

Une biographie bien écrite de l'homme à travers ses combats les plus emblématiques.
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