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Critiques de Alain Hugon (5)
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La Grande Migration. De l’Espagne à l’Amérique...

Un grand merci au site Babelio et aux éditions Vendémiaire pour l'envoi de l'ouvrage dont je vous livre ma critique.



La grande migartion – De l'Espagne à l'Amérique (1492-1700) d'Alain Hugon, professeur d'histoire moderne et spécialiste de l'Espagne, décrit avec une analyse méticuleusement menée, et tout autant audacieuse que pertinente, la première vague massive d'émigration que connut l'Europe et en particulier l'Espagne à compter du 15ème siècle, avec la conquête et la découverte du Nouveau Monde.



Cette émigration fut si intense que l'on a pu à juste titre parler de « dépeuplement » de l'Espagne, voire d'exode dans certaines provinces dont l'Andalousie, ce qui a conduit à une réelle désorganisation dans ces mêmes territoires, les familles se trouvant réduites dans leurs structure, les plus jeunes étant parti pour un idéal et une vie meilleures à des milliers de kilomètres, sans certitude d'arriver à bon port et en bonne santé, les naufrages d'embarcations comme les épidémies contractées par leurs passages étant encore légion.



Avec cette étude vraiment fouillée, minutieuse et richement documentée, Alain Hugon dresse avec brio une face peu connue de la conquête des Amériques et de son peuplement selon l'image d'un siphon : l'Espagne se vidant de sa jeunesse et se trouvant déséquilibrée dans certaines contrées, les Amériques devenant un Eldorado pour ces derniers où tout restait à construire. L'analyse dresse aussi les prémices de la première politique migratoire qui fut menée en Europe par la monarchie espagnole pour contrer le phénomène du mirage américain, mais aussi les conditions et les dispositifs monarchiques pour mener à bien cette migration vers le Nouveau Monde.
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Philippe IV : Le siècle de Vélasquez

Je recommande ce livre à mes amis babeliotes qui aiment l'Histoire : Alain Hugon, avec un style limpide, raconte la vie du "roi-planète" Philippe IV ( 1605-1665 ) et accessoirement de son peintre favori Diego Vélasquez.

La vie de ce roi débute et finit pratiquement à la frontière franco-espagnole.

Rubens fixe sur toile l'échange des deux princesses, qui eut lieu sur la rivière d'Andaye, le 9 novembre 1615, sur un pont de bateaux. Le mariage unissait Anne d'Autriche et Louis XIII d'une part, Isabelle de France et Philippe IV d'autre part.

Laumosnier peint l'entrevue qui scelle la paix franco-espagnole, presqu'au même endroit, et 45 ans plus tard, de Louis XIV et de Philippe IV dans l'Île des Faisans. On distingue la fille de Philippe IV, Marie-Thérèse, future reine de France, derrière lui : en 1659, il y a beaucoup d'émotion, Felipe revoit sa soeur Anna qui a soutenu la guerre Franco- espagnole contre lui ; Maria Teresa quitte son père bien aimé pour la France.

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Entre ces deux dates, beaucoup de choses se sont passées, surtout en Europe. Mais outre les événements "guerriers" ou diplomatiques qui m'intéressent pour poursuivre, peut être mon livre "La reine Amélie", ce qui est passionnant est de cerner la personnalité de ce roi méconnu, Philippe IV de Habsbourg.



Plusieurs points sont à souligner.

1 ) Durant ce "siècle d'or", c'est d'abord un roi d'Etiquette et d'institutions, hérités de ses ancêtres Charles Quint, Philippe II et Philippe III. Son conservatisme, qui est, souvent au début ( 1621-1643 ) un carcan pour lui, protège son "aboulie consciencieuse" : il délègue beaucoup, d'abord à son "valido" Olivarès, homme d'action, ambitieux et inquiétant ; mais aussi aux divers Conseils existants et aux Juntas qu'il crée pour, d'après moi, réfléchir à sa place. Tout cela provoque des empiétements de compétences, et ruine en partie l'Empire.



2 ) C'est un homme de conservation des territoires acquis par ses ancêtres. C'est même une angoisse durant la deuxième partie de son règne, après l'éloignement d'Olivarès ( 1643-1660 ) : il tient absolument à léguer à un héritier mâle qui a du mal à survivre, car plein d'enfants de la reine Elisabeth, puis de la reine Mariana sont morts ou sont des filles, à léguer donc la totalité de son héritage à son successeur, et bien qu'il ne soit pas homme de guerre, il se voit contraint de poursuivre :

a ) la guerre de 80 ans contre les Provinces Unies ( création des Pays Bas ) ;

b) continuer, avec son allié familial l'empereur Ferdinand de Habsbourg de Vienne la guerre de 30 ans contre les princes allemands protestants ;

c ) assumer la guerre contre la France, décidée par Richelieu, inquiet de l'encerclement de la France par les Habsbourg ;

d ) guerroyer contre la Catalogne qui veut faire sécession, leurs fors ( lois locales ) ayant été supprimées ;

e ) rétablir l'ordre à Naples, première ville du royaume aragonais, ( qui dépend de la Castille ) ;

f ) enfin récupérer le Portugal qui fait sécession, ayant un outre-mer avantageux dont il veut profiter.

Il aura beaucoup de mal avec toutes ces guerres, et cela lui donnera bien des soucis qu'il confiera à Sœur Maria de Agrada, avec qui il communique beaucoup par lettres.



3 ) C'est un homme de foi, qui pense que les péchés commis reçoivent des sanctions divines, et il soutient l'Inquisition, mais avec une certaine distance, et je le comprends, car la lecture de Blaise Pascal m'a fait deviner la personnalité intransigeante et retorse des jésuites, qui, comme les nazis plus tard, balayent tout ce qui n'a pas el sangre puro, ceux qui sont les catholiques de vieille souche.



4 ) Il ne fait aucun doute qu'il s'est reposé sur Olivares, car c'est, au début un homme influençable.



5 ) L’Étiquette rigide ne l'empêche pas de"s'amuser" avec une (des ) comédienne...

Il écrit à la comtesse Paredese qu'il aime en particulier le théâtre, avec Rana qu'il protège, car c'est un homme cultivé et mécène comme le sera Louis XIV.



6 ) mais sa passion, c'est surtout la peinture, et depuis son voyage à Séville ( contrairement à Charles Quint, Felipe est un roi sédentaire, qui franchit rarement les frontières de sa Castille natale ) pour comprendre l'activité des casas de contractations qui gèrent toutes les arrivées d'or et d'argent du Pérou et de la Nouvelle Espagne, il fait la connaissance de Diego Velasquez. Celui-ci, grâce à un réseau familial entre dans le cercle du roi, parvient à se faire nommer caballero et peintre personnel du roi. Il en devient même l'intendant particulier. Envoyé deux fois en Italie par Felipe, il copie les œuvres sublimes des peintres italiens de Florence, Rome et Naples, achète au nom du roi, des caisses entières de tableaux qu'il lui rapporte à l'Alcatraz et à Buen Retiro. Tout ça aussi coûte cher, et l'on voit les impôts augmenter au fur et à mesure du règne.

C'est le plus grand collectionneur du siècle : 800 toiles !

A la suite de Velasquez, d'autres peintres sévillans comme Murillo se firent connaître.

.

Voilà un homme inquiet, comme Louis XIII le-Juste, qui est mort comme lui, de problèmes intestinaux et rénaux, se faisant "de la bile" car ayant conscience qu'il est impossible de régner selon la loi du Seigneur pour conserver son immense Empire : )



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La Grande Migration. De l’Espagne à l’Amérique...

Migration, Émigration....Vous prononcez ces mots et immédiatement, vous obtenez en retour de vives réactions, soit favorables, soit fortement hostiles...Alors comment résister quand on vous propose la lecture de cet ouvrage historique sur ce thème?

Christophe Colomb baptisa "la Española " l’île qu'il venait d'atteindre en 1492 après plusieurs mois de mer.

Le monde venait de changer, de s'agrandir, de susciter des intérêts. Alors quelles furent les réactions des espagnols, de la royauté espagnole dont le territoire venait de s'agrandir subitement?

Alain Hugon, universitaire spécialiste de l'Espagne signe une étude fouillée et minutieuse, historiquement et sociologiquement passionnante.

"....ex-pliquer, c'est d'abord déplier la lettre pour la lire" nous dit-il dans les dernières pages. Alors, point par point, en s'appuyant sur de très nombreux écrits de l'époque, sur de très nombreuses lettres ou décisions judiciaires du royaume, il nous décrit les conditions de cette migration espagnole, de cette conquête. Une migration fondée sur l'argent, bien éloignée des conditions des migrations voulues par le régime français qui expédiait ses bagnards et repris de justice au delà des mers.

Et d'abord nous surprend. Non, ne partait pas qui voulait : il fallait, comme c'est encore le cas aujourd'hui pour ces migrants qui cherchent à gagner nos côtes avoir de l'argent afin de payer les passeurs, officiellement reconnus par le pouvoir qu'étaient les armateurs de bateaux et surtout, obtenir l'autorisation du pouvoir pour embarquer...non pas celui des indiens. Le pouvoir qui prit même des décisions fortes afin de sélectionner et de freiner cette émigration !

Le royaume fut très sélectif et très regardant quant au départ de ses sujets. Certes aller chercher de l'or était important, mais évangéliser le fût tout autant....un émigrant sur huit fut un ecclésiastique. "Une fois encore, l'aspect religieux est indispensable pour comprendre les dynamiques migratoires espagnoles : indissociable de l'emprise politique et culturelle, il se trouve au cœur des dispositifs monarchiques pour la conquête américaine." On partait bien souvent, non pas pour peupler, mais pour y faire fortune, trouver de l'or afin de revenir, riche, le plus rapidement possible.

Alain Hugon explore l'importante documentation que laissa, pendant plusieurs siècles, cette migration officielle : textes royaux, journaux tenus par les expatriés, mais aussi correspondances familiales, ou décisions judiciaires. Son étude s'appuie sur ces nombreuses et diverses sources documentaires dont il nous livre régulièrement des extraits.

Il aborde notamment, mais pas exclusivement, la politique familiale d'émigration, l'arrivée d'esclaves, le rôle et la politique de l'Eglise, l'émigration clandestine, la place et le rôle de ces "oncles d'Amérique", ces membres de la famille devenus riches, qui mourraient là-bas, qui y laissaient des biens dont on devait hériter, et ceux aussi, qui devenus riches pensaient au bonheur futur de leur âme en dotant richement l'Eglise et le clergé espagnols, qui peut construire de nombreux couvents que nous pouvons encore visiter quand nous voyageons en Espagne.

Le pouvoir était sous l'emprise de l'Eglise, et refusait l'émigration de vagabonds, de gitans, de Juifs, d'hérétiques protestants, de musulmans et d'étrangers..."....les souverains choisirent de ne pas peupler à tout prix, mais bien de sélectionner, autant que faire se pouvait, leurs sujets candidats au départ."

Il y a tant à dire sur cet ouvrage érudit. Trop fouillé peut-être. Un peu long. Mais passionnant pour celui qui s'intéresse à notre monde, à son histoire.

Non romancée !

Merci à Babelio, et à l'opération Masse critique qui me le firent découvrir.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La Grande Migration. De l’Espagne à l’Amérique...

On regarde souvent la découverte de l’Amérique du côté américain, rarement du côté de l’Espagne. De fait, on n’imagine souvent mal l’impact que la découverte de ce continent a eu sur ce pays de l’autre côté de l’Atlantique. L’historien Alain Hugon va réparer cet oubli et nous en apprendre plus. Plus sur l’Espagne et sa population.

Ce livre pourrait se résumer en trois questions clés : pourquoi les espagnols partent ? Et quelles sont les conséquences de ces départs ? Que nous apprennent-ils sur ces êtres, ce pays ?



Qui part et pourquoi : au revoir, adieu



Nous connaissons tous au moins une raison des départs, [...] Suite blog : http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2019/09/20/37637612.html
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La Grande Migration. De l’Espagne à l’Amérique...

J’ai eu la chance de remporter ce beau livre grâce à la Masse Critique. La grande migration. De l’Espagne à l’Amérique d’Alain Hugon invite le lecteur à voir les les bouleversements provoqués par la migration au XVIe et XVIIe siècle vers le Noveau Monde.

La couverture puis le titre m’ont directement attirée. Le titre pose un autre regard sur la découverte de l’Amérique et les années qui suivent. Ce n’est pas un livre qui va parler de la conquête de l’Amérique du Sud mais le phénomène de colonisation des espagnols vers cet Eldorado.

La migration est synonyme d’abandonner son pays parfois par choix souvent par nécessité. Beaucoup sont parti dans un but idéologique de propager la foi chrétienne ou de s’élever sur l’échelle sociale. Quelque soit leur objectif, il y a eu une émigration massive vers ce Nouveau Monde. Cela à eu certaines conséquences qu’Alain Hugon développe grâce à tout son travail de recherche en tant qu’historien.



Le livre est divisé en beaucoup de sous chapitre, cela permet de bien voir la structure mise en place dans la réflexion mais permet aussi au lecteur de faire des choix dans les sous chapitre. C’est un texte soutenu mais compréhensible pour tous et qui est aéré par les multiples témoignages récoltés par l'auteur lors de ses recherches. C’est intéressant le glossaire à la fin. Nous retiendrons que les phénomènes de migrations sont des phénomènes très vieux. C'est un sujet d’actualité mais qui est vieux comme le monde, les buts sont très souvent les mêmes (un monde meilleur, une ascension sociale, parfois pour la foi), ce livre raconte l'histoire de ces espagnols partis vers le Nouveau Monde après la découverte de 1492. Un pan de l'histoire qui n'est pas souvent raconté. Merci aux éditions Vendémiaire.

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