Citations de Alain-Kamal Martial (14)
Scène 1 (didascalie) Les vieilles femmes sont dans la cour depuis un moment maintenant à attendre le sang de la fiancée pour chahuter les cris d'honneur des entrecuisses purs.
C'est à cet endroit que mes yeux m'ont montré le flanc blessé de l'animal, j'ai su que nous n'étions qu'une forme de bête balafrée cherchant quelle autre bête nous avait mordus pour la mordre à notre tour
Zaïna : Elle a écrit : "Si maman ne veut pas le dire le matin des noces, si maman ne veut pas dire que je n'ai plus le sang de mon entrecuisse, si maman ne veut pas dire que papa a cassé la membrane de mon vagin, si maman ne veut pas dire que papa m'a saignée, je me donnerai ce matin le baiser des ciseaux qui plongent dans la gorge."
« La phallocratie a fait de nous des tiers-humains, nous les femmes, nous devons remonter vingt et un siècles de déshumanisation parce que la phallocratie nous a volé deux tiers de notre humanité. » (p. 39)
Le père : Tu vois, je ne t'ai pas trompé toi, je ne t'ai pas fait honte, c'est entre nous, je l'ai fais aussi pour toi, t'aimer à travers elle, ce n'est que ta chair et la mienne. Je te réinvente sur ses petits seins, entre ses petites mamelles pointues, je t'aime en elle, je t'aime en elle.
La mère : Celui qui se suicide tue avec lui les mots et ne lui reste que le silence de sa mort.
Il fallait une autre langue parle enfin dans ce pays, la vôtre a trop longtemps parlé, je ne veux plus tous vos mots, votre mémoire, je ne veux pas
La seconde me fait un type d’homme forgé et préparé à commettre le geste de la machette, un peu comme si ceux qui l’ont commis avant moi l’ont fait pour que je le fasse à mon tour, ceux-là mêmes ont commis avant moi le geste de la machette pour que je vienne le commettre à mon tour.
« Vous vous laissez acheter, vous vendez votre terre et sa mémoire et vous osez parler de progrès et de développement là où les inégalités génèrent le paupérisme, la misérable vie de vos administrés. » (p. 87)
« Laisse-la prendre mon corps pour qu’elle dise au monde entier sa douleur, la douleur de notre île. » (p. 52)
Avertissement : « Cette œuvre n’est pas un témoignage d’historien et encore moins la défense d’une idéologie politique quelconque. Je parle à l’extérieur de la politique et de l’histoire, c’est en tant qu’homme que j’écris et c’est de l’intérieur de mon indignation que je crie. » (p. 11)
« Zakia m’a dit qu’elle a donné sa vie pour sa patrie. Elle a été frappée, tuée pour une cause : la justice de sa patrie. Mais après sa mort, sa patrie refuse de lui rendre justice. » (p. 49)
La mère : C'est son sang que nous avons nettoyé. Elle s'est encore saignée. Elle ne veut pas que la blessure que tu lui as faite entre les cuisses cicatrise. Tu entends ? Elle entretient la plaie que tu lui a faite.
Nana : Mais c'est comment un baiser ?
Amina : C'est un miel sur l'index, lorsque l'on est consentant, un délice pour la bouche qui l'attend.