« J’écris comme je ris : à plein gosier »
Cette première phrase, réplique de Jean à des quidams le rabrouant pour ses éclats, ne me serait pas restée au travers de la glotte si, pour l’entendre, des oreilles poilues de goupil ne m’avaient été nécessaires.
Non que la transformation soit irréversible.
Mais le pelage chatouille le pavillon.
Transfo ou intox ?
Dans la plupart des romans ou des mythologies,
les transformations sont magiques,
surnaturelles ou pour le moins provoquées par des rayons jaillissant de canons extra-terrestres.
Or je suis devenu renard en passant par un devenir-renard progressif.
Mimétique et séducteur.
Poils et cheveux roussissant et raccourcissant, à vue de museau.
Taches de rousseur en irrésistible extension, incontournables postures animales,
mouvements terriblement renardiens,
regard fixe félin porté sur mes proies,
démarche feutrée gueule renfrognée aux aguets,
coït acharné mâchoires serrées,
pattes avant rageuses s'agriffant aux chairs convoitées, museau plissé, babines fripées, canines éclatantes,
le renard prend corps et demande sa main.