Me voici devant la porte du "Gasthof zur Post".
Sans appréhension, bien au contraire, j'escamote les quelques marches et j'entre.
Tiédeur, rumeur familière et confuse dans une atmosphère enfumée.
Tout de suite je constate que je suis tombé dans un mess mixte d'officiers et de sous-officiers.
Après un interrogatoire correct par le lieutenant Buth, officier de renseignement qui concède volontiers que nous avions "mérité de réussir", nous rejoignons pour 30 jours les locaux cellulaires.
Orgueilleusement, mais non sans imprudence, l'état - major du Schloss arbore le slogan : "Aus Colditz reisstman nicht aus" qui se traduit par : "On ne s'évade pas de Colditz !"
L'erreur de ces deux officiers sera l'occasion de méditer sur le sens véritable de notre devoir actuel.
J'étais ramené brusquement au sens exact du présent et ce cadre devenait soudain le plus irrésistible appel vers la fuite, la reconquête du droit de courir comme les bêtes sauvages par ces espaces passionnément désirés.
Je revois encore cette cour sonnante des bruits de pas et des éclats de voix.
Le ciel scintille, infiniment profond par dessus ces toits aux tuiles brunes qui surplombent de si haut notre espace vital.
On exige telle servitude parce qu’il est telle heure, parce que telle est exactement la fonction de tel gradé du poste de garde, mais l'objet réel est de plus en plus perdu de vue.
A nous de laisser ignorer notre présence. Plusieurs fois nous avons entendu la patrouille à quelques mètres, derrière la porte et l'armoire qui la dissimulaient.
Effort, discipline, sacrifice, tels sont les principes d'éducation qui ont conduit le peuple allemand à la veille de la conflagration mondiale.
Le plan de surveillance, qui n'est plus vivifié par l'imagination et l'inquiétude, devient une somme d'articles de règlement.