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Citation de amamou


j’évoquais la mise en esclavage du million de blancs, qui entre 1500 et 1800, furent victimes des marchands maures de Tunis, Alger et Tripoli, sujet de mon premier roman. L’assistance s’était alors enflammée, se divisant entre ceux qui étaient séduits par l’authenticité de mes propos comme la belle rousse au premier rang et ceux qui soutenaient que mon discours puait la revanche néocoloniale. Certains soutenaient même que mon roman encourageait l’islamophobie et la haine de l’autre, me traitant de fasciste, suppôt du Ku-Klux-Klan. J’argumentais en révélant à mon auditoire que Cervantès, avait lui-même été capturé et retenu prisonnier à Alger comme esclave pendant cinq longues années.
La pensée unique les hypnotisait et les rendait incapables du moindre questionnement critique. Esclaves blancs, esclaves noirs, deux poids, deux mesures. Pouvait-on les déconditionner au point de défendre toutes les victimes de l’esclavage, sans tenir compte de la couleur de leur peau ni de celle des esclavagistes ?
J’avais à peine formulé cette question que je me faisais conspuer par tout l’amphithéâtre !
La jolie rousse avait alors pris ma défense avant de quitter la salle, hors d’elle :
« Essayez déjà d’écrire un livre avant d’ouvrir vos grandes gueules ! » avait-elle hurlé.
À bien y réfléchir ça ne pouvait pas être elle, car Sue revendiquait dès sa première lettre une chevelure blonde qui n’en faisait qu’à sa tête. Après cette désastreuse conférence, je limitai mon activité à traduire mécaniquement des textes insipides. Les courriers de Sue m’avaient soudain tiré de ma torpeur intellectuelle et secrètement, je priais pour qu’ils ne fussent pas les derniers.
Je songeais à tout cela pendant le week-end et Natacha me reprocha à plusieurs reprises mon air absent. Pendant le brunch dominical, au lieu de participer à un énième débat sur la survie de la planète, je me plus à imaginer le regard de Sue White qui se confondait avec celui de Jean Seberg, innocent et prometteur.
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