Les hommes ne sont pas mes semblables, ils sont ceux qui me regardent et me jugent ; mes semblables ce sont ceux qui m'aiment et ne me regardent pas, qui m'aiment contre tout, qui m'aiment, contre la déchéance, contre la bassesse, contre la trahison, moi et non ce que j'ai fait ou ferai, qui m'aimeraient tant que je m'aimerais moi-même (jusqu'au suicide compris)
L'homme n'a pas envie de gouverner : il a envie de contraindre. D'être plus qu'homme, dans un monde d'hommes. Echapper à la condition humaine. Non pas puissant : tout-puissant. La maladie chimérique, dont la volonté de puissance n'est que la justification intellectuelle, c'est la volonté de déité : tout homme rêve d'être dieu.
L'humanité était épaisse et lourde, lourde de chair, de sang, de souffrance, éternellement collée à elle-même comme tout ce qui meurt ; mais même le sang, même la chair, même la douleur, même la mort se résorbaient là-haut dans la lumière comme la musique dans la nuit silencieuse.
Ne trouvez-vous pas d'une stupidité caractéristique de l'espèce humaine qu'un homme qui n'a qu'une vie puisse la perdre pour une idée ? Il est très rare qu'un homme puisse supporter sa condition d'homme...
Je n'aime pas l'humanité qui est faite de la contemplation de la souffrance.
Tout ce pour quoi les hommes acceptent de se faire tuer, au-delà de l'intérêt, tend plus ou moins confusément à justifier la condition humaine en la fondant en dignité.
On ne connait jamais un être, mais on cesse parfois de sentir qu'on l'ignore. Connaître par l'intelligence, c'est la tentation vaine de se passer du temps.
Sa mythomanie est un moyen de nier la vie, n'est-ce pas, de nier, et non pas d'oublier. Méfie-toi de la logique en ces matières... Tout ce passe comme s'il avait voulu se démontrer que, bien qu'il ait vécu pendant deux heures comme un homme riche, la richesse n'existe pas. Parce qu'alors, la pauvreté n'existe pas non plus. Ce qui est l'essentiel. Rien existe : tout est rêve. N'oublie pas l'alcool, qui l'aide...
Hors de la souffrance physique, il n'y a pas de réel.
Dans le meurtre, le difficile n'est pas de tuer. C'est de ne pas déchoir. D'être plus fort que...ce qui se passe bien soi à ce moment-là. P128