Dieu est une fiction : Essai sur les origines littéraires de la croyance de
Alain Nadaud
« Pur sophisme que d'imaginer comment les religions monothéistes, en rendant toujours plus abstraite l'idée de Dieu, collent davantage à la vérité. Or, par une sorte d'effet pervers en retour, à force d'en épurer le concept, sans s'en rendre compte elles ont eu tendance à dissoudre dans ce trop d'absolu l'objet qui jusque-là leur avait servi de référence. À force d'avoir accumulé dans le dieu unique tous les superlatifs qui étaient à sa disposition, l'humanité s'est coupé l'herbe sous le pied, a tari les ressources de son imagination, a brisé le ressort de toute fiction, n'a plus trouvé matière à relancer un récit qui s'est épuisé de lui-même. Les religions monothéistes en sont ainsi réduites à contrebalancer par la théorie la fâcheuse impression que Dieu a en effet cessé de parler aux hommes, a pris ses distances, est retourné à sa parfaite et souveraine indifférence.
Jouant leur survie, et pour ne pas relâcher leur emprise sur l'esprit des hommes, en l'absence de toute manifestation nouvelle et crédible de Dieu qui relancerait la croyance, les religions monothéistes en sont souvent réduites à perfectionner les mécanismes de la soumission, à jouer la carte du fanatisme. » (p. 266)
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