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Critiques de Alain Nadaud (18)
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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

Ce livre est un traité d'athéisme, mais épuré de l'attitude hargneuse ou haineuse – et pour tout dire un peu infantile – qui, hélas, caractérise parfois les essais qui attaquent les religions et tentent de convaincre le lecteur avec les mêmes arguments que celles-ci adoptent dans leur prosélytisme. À vouloir être précis, cet ouvrage ne s'en prend même pas aux religions, mais il tente de dépasser « l'impérieux besoin de croire », en en analysant les ressorts par une approche littéraire. En effet, en absence de la croyance, ou lorsque celle-ci est épuisée comme c'est le cas pour la mythologie antique, la divinité ne tient plus qu'aux caractéristiques des différents textes littéraires (éventuellement issus de récits oraux) qui la narrent. Dès lors, il est parfaitement légitime d'appliquer aux dieux des polythéismes ou à chacun de ceux des monothéismes les mêmes critères de vraisemblance qui s'appliquent aux personnages romanesques. Et d'ailleurs, la crédibilité du texte « sacré » gagne à être passée au crible d'une analyse littéraire qui tienne compte des circonstances de sa rédaction – singularité ou plus souvent multiplicité des auteur(s), circonstances historiques de parution et fortune de l’œuvre, homogénéité ou hétérogénéité géographique et culturelle des transcripteurs entre eux et par rapport aux croyants, interventions des exégètes, rôle interprétatif et/ou normatif des clercs, connivence avec le pouvoir, etc. J'insiste sur l'importance de la mythologie dans la démonstration ; en effet si d'emblée il peut paraître presque blasphématoire de comparer la crédibilité de Jésus à celle de Jean Valjean ou d'Emma Bovary, le propos devient beaucoup plus convainquant lorsqu'on passe par l'intermédiaire d'Athéna ou d'Osiris, auxquels pendant des siècles voire plusieurs millénaires des sacrifices certes non symboliques furent offerts en toute bonne foi, par des croyants intellectuellement tout à fait comparables à nous, les modernes...

Aussi, après un Préambule extrêmement illuminant sur la démarche du travail et ses intentions, plus de la moitié du livre se compose du ch. Ier, « Un principe divin étayé par la fiction », qui analyse sub specie de récits : l'animisme, le polythéisme, le monothéisme juif, le christianisme et l'islam. Une partie très détaillée et savante est consacrée à la Torah, à toutes ses incongruités et incohérences dans ses superpositions chronologiques, mettant en relation les vicissitudes historiques des Hébreux avec la perte de souffle d'un monothéisme qui n'a été que très progressif et graduel dans le texte biblique, requérant un « fondamentalisme » toujours accru du personnage de la divinité afin de revigorer la foi du peuple. Dans le christianisme aussi, il est question de sa fortune historique liée à la fois à la croyance polythéiste minée par la philosophie grecque (surtout par Platon) et par une bonne dose d'opportunisme politique au sein de l'empire romain trop étendu en quête d'une nouvelle force unificatrice. Néanmoins, le récit évangélique contenant aussi des absurdités logiques, il a requis dès les premiers siècles des interventions interprétatives-théologiques-dogmatiques (les Conciles, etc.) qui ont conduit inévitablement, pour garder la crédibilité de la doctrine, à des schismes, hérésies et persécutions conséquentes. Enfin l'islam est le fruit d'une ambiguïté quant à sa continuité ou rupture avec les deux monothéismes précédents, d'ailleurs imparfaitement connus, compris et reformulés par Mohammed, sans compter des caractéristiques stylistiques propres au Coran, texte conforme aux genre poétique de la Péninsule Arabique de l'époque, destiné donc à être récité et non lu, et rédigé comme dicté par Allah, à qui, de ce fait, incomberaient toutes les incongruités voire contradictions contenues dans un texte par ailleurs très peu narratif et extrêmement fragmentaire.

Cette partie historique peut paraître relativement disproportionnée par rapport aux trois autres chapitres : « II. Un clergé en charge de l'exégèse », « III. Un impérieux besoin de croire », « IV. Pour une mystique de l'athéisme », qui sont plus philosophiques et d'où, je m'aperçois, j'ai tiré toutes mes cit. D'autre part, l'on peut comprendre que le travail sur les textes, par ailleurs moins philologique que contextuel, constitue bien davantage qu'une simple exemplification : il représente le corpus même d'une analyse littéraire. Il n'empêche que j'ai trouvé le ch. III particulièrement intéressant, et que les dernières pages du ch. IV, qui comportent des réflexions sur la mort, sont à lire et à méditer avec le plus grand soin...
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Ivre de livres

Une correction à apporter:

Au demeurant il existe un erreur dans la base de BABELIO. L'auteur de ce texte n' est pas Claire Nadaud mais Alain Nadaud, publié par Balland en octobre 1989, [avec le même ISBN: 2-7158-0769.4]



"Avec Ivre de livres, Alain Nadaud viole notre intimité en dévoilant la sienne. Passionné de livres, il effeuille sa marguerite séquence après séquence, et fait tant et si bien que ce joli texte nous renvoie comme un miroir l'image de notre propre bibliomanie. Si, d'un amateur à l'autre, il y a quelques variantes, notre rapport personnel à l'objet-livre, cette relation que nous voudrions rare et exquise, se révèle à l'analyse d'une grande universalité."

Agnès Vaquin, La Quinzaine littéraire
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Archéologie du zéro

L'exemplaire que j'ai lu est un "livre voyageur" trouvé par hasard dans une "boite à livres". Jusqu'ici je ne connaissais rien d'Alain Nadaud. J'ai appris qu'il avait travaillé à l'étranger, notamment en Mauritanie et en Irak. Mais c'était surtout un érudit, qui a publié divers romans historiques avec des enjeux philosophiques ou religieux.

Dès le début du livre, on assiste à la découverte près d'Alexandrie d'un ensemble de documents dont la date varie entre le VIème siècle avant J.-C. et le VIIème siècle après J.-C. Ils auraient été conservés par les Adorateurs du zéro. Cette secte aurait pour première origine le célèbre Pythagore, qui avait institué une sorte de religion des Nombres. Ensuite, une mystique s'est développée autour du zéro, représentant du vide mais aussi symbole du Tout. le roman présente 25 textes, montrant l'évolution de cette secte, jusqu'au dénouement: le massacre par des Chrétiens fanatiques.

Il va de soi que, ici, Alain Nadaud a inventé de toutes pièces les textes présentés. Comme il connaît bien l'histoire, il donne à ces documents une apparence d'authenticité et il sait s'appuyer sur des éléments avérés. Ce qui m'a attiré dans ce roman, c'est la création d'un passé virtuel ou pour mieux dire d'une uchronie. On n'est pas très éloigné de J.-L. Borges, le grand maître de ce genre. Mais Alain Nadaud ne peut absolument pas rivaliser avec Borges qui, érudit lui aussi, faisait le choix de la concision et écrivait d'une manière somptueuse. L'écriture de Nadaud est lourde (volontairement ?) et presque pédante. La lecture de "L'archéologie du zéro" m'a paru finalement fastidieuse. J'aurais préféré que la bonne idée à la base du roman soir présentée d'une autre façon.

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La bibliothèque. Miroir de l'âme, mémoire du monde

Cet essai qui date de 1991 est structuré en trois parties: la première, "la mémoire du monde", est un très bon exposé des moments emblématiques de notre culture de la bibliothèque: d'Alexandrie aux Lumières, avec un bon dépaysement par l'exégèse biblique et les bibliothèques musulmanes. La seconde, "L'âge du nombre et des machines", veut être un panorama sur les problématiques actuelles des bibliothèques (par ex. bibliothèques scolaires, universitaires, mises en question par la numérisation, architecture des médiathèques): je trouve qu'il y a là une grande perte d'intérêt, peut-être parce que, fatalement, ce sont des pages qui ont déjà largement et mal vieilli; je n'en retiendrais qu'un chapitre intéressant sur l'actualité des écrits d'Eugène Morel sur la BN. Enfin retour de "grâce" dans la troisième partie, "Miroir de l'âme", en particulier par l'originalité des contributions diverses: j'ai été frappé en particulier par l'analyse psychanalytique de l'autodafé par Gérard Haddad, par le chapitre sur la "librairie" de Montaigne ainsi que sur la bibliothèque comme enfer chez Borges.

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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

Avec cet essai, je renoue avec les lectures offertes dans le cadre de « Masse critique » et je remercie Babelio.

J’avais lu il y a quelques années Auguste fulminant d'Alain Nadaud et j’avais apprécié ce roman et l’érudition de l’auteur. Découvrir son travail d’essayiste m’intéressait donc.

Mon avis est mitigé toutefois. Si l’auteur respecte à la lettre le projet indiqué par le sous-titre : « Essai sur les origines littéraires de la croyance », je n’avais pas interprété correctement « origines littéraires » (je pensais trouver davantage de références à des textes littéraires).

Examinant la mythologie gréco-romaine, la Bible hébraïque, le Nouveau Testament et le Coran, l’auteur explique en quoi ces textes religieux sont des créations littéraires humaines, d’une qualité assez moyenne d’ailleurs, selon lui, et donc que, finalement, ce n’est pas Dieu (ou les dieux) qui a (ou ont) créé l’homme mais l’inverse. Ce n’est pas à proprement parler une thèse originale et son traitement n'est pas très nouveau.

Si j’ai accroché aux chapitres consacrés à la religion juive, j’ai trouvé les développements sur le christianisme et surtout l’Islam fort longs et répétitifs : pourquoi multiplier les exemples ? La plupart montrent comment s'est construite l'oeuvre, comment, à un moment, il a fallu unifier les versions (pratique courante pour les textes qui sont issus de traditions orales), comment les défauts ont été exploités par les exégètes pour accréditer l'origine religieuse du texte: le déroulement est toujours le même.

J’ai cru remarquer un certain acharnement rageur qui me paraît manquer un peu du détachement que j'aurais attendu chez cet athée assumé (un de ses chapitres s’intitule d'ailleurs « Pour une mystique de l’athéisme » et c'est, je pense, la thèse de l'essai) . Je relèverai ce passage :

« Le cas de Pascal qui vient d’être cité est l’exemple significatif d’un tel égarement. Qu’un génie précoce de cette importance et de cette qualité, à l’origine de tant de prouesses scientifiques dans les domaines les plus divers, perde à ce point les pédales, plonge dans la révolte ou le dégoût. […] Que tant de gens aient ensuite trouvé cela [le Mémorial] admirable navre plus encore. » (p.247)

Finalement donc, j'ai trouvé ce texte à la fois trop long et répétitif et insuffisamment approfondi, si je compare, par exemple, avec la fine analyse de la pensée de Lucrèce dans Quattrocento de Stephen Greenblatt.
Lien : http://artetlitterature.blog..
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Auguste Fulminant

Superbe imbroglio policier contemporain autour de l'achèvement de l'Enéide et de la mort de Virgile.



Publié en 1997, le septième roman d'Alain Nadaud garde un petit air familier pour les lecteurs de son admirable "Archéologie du zéro" (1984). Loin des fouilles égyptiennes et de l'histoire de la secte des adorateurs du chiffre-néant, c'est d'Enée, de Virgile et d'Octave Auguste qu'il est ici brillamment question.



Un journaliste contemporain est chargé, quelque peu en urgence, de rendre compte du mystérieux incendie criminel d'un petit musée archéologique tunisien, disparu ainsi avant même son ouverture. En quelques jours, il se retrouve plongé dans le tourbillon des rivalités, des rancoeurs, voire des haines, entre une jeune archéologue de terrain, un historien muséographe de grand renom, et un attaché culturel latiniste émérite, qui finira par mourir bien mystérieusement quelques semaines plus tard, quasiment sous les yeux du journaliste...



Le véritable enjeu ne se situe toutefois pas dans les mesquineries bien contemporaines des cercles de la recherche en Antiquité, mais bien, à travers la mise à jour d'une correspondance oubliée entre les deux "éditeurs" de l'Enéide de Virgile, d'accéder, peut-être, à la vérité sur la mort tragique de Virgile, sur les impacts attachés à son Enéide, et sur le sombre rôle potentiel de l'empereur Auguste, il y a plus de 2 000 ans.



Présenté avec brio sous forme d' "organisation du matériau" rassemblé par le journaliste, au fil de la brochure descriptive des 8 vitrines consacrées à l'Enéide dans le musée avorté, des 8 cassettes d'entretiens avec l'attaché culturel et des 8 lettres échangées entre Varius et Tucca, cet étonnant roman policier constitue surtout une superbe fable, redoutable, sur le lien entre l'écrivain-poète et le pouvoir politique, aujourd'hui comme hier et avant-hier...
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Le vacillement du monde

Très belle histoire d'un homme qui profite des opportunités que lui offrent la vie mais qui vont "virer" au cauchemar et l'enfermer dans un convent et dans sa solitude.

il va trouver un semblant de rédemption suite à sa condamnation et transcender sa peine en créant deux mappemondes, une terrestre, l'autre céleste pour rendre hommage à son amour perdu.
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La bibliothèque. Miroir de l'âme, mémoire du monde

Cette belle collection propose des livres documentaires qui allient des extraits d'autres ouvrages ou des articles rédigés exprès sur la thématique avec des illustrations variées dans le but d'alimenter une réflexion.

Ici les questions relatives au sujet de la bibliothèque à travers les âges et les sociétés m'a particulièrement intéressée.
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Le passage du col

un écrivain est en route entre Katmandou et Lhassa.

A la frontière entre le Népal et la Chine , il est dans l'impossibilité de continuer son voyage

il rencontre 2 lamas qui vont l'emmener dans leur monastère à condition que celui ci s'astreigne à une méditation et à la connaissance du bouddhisme.

Ce livre écrit dans une langue parfaitement maîtrisée nous transporte dans les hauts confins du Tibet ou tout fait corps : le bouddhisme- la montagne - la main mise de la Chine sur le Tibet

Le passage du Col - titre du roman est une belle métaphore

A méditer au coeur du bouddhisme
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D'écrire, j'arrête

Alain Nadaud nous quittait cet été, mais il avait déjà quitté la scène littéraire en 2010 avec son magnifique "D'écrire j'arrête", où devrais-je plutôt dire : il avait "presque" quitté la scène littéraire en 2010. En effet, ce sympathique imposteur nous envoyait encore de ses nouvelles avec ce Journal du non-écrire, en 2014 ; journal qui n'était ni un roman, ni un essai, ni vraiment un journal d'ailleurs... mais un grand livre d'Alain Nadaud, ce qui n'est pas rien, même si bon nombre ne le connaissaient pas, ne le connaissent pas, et, probablement, ne le connaitront jamais. Ses réflexions à la troisième personne donnait un portrait tout de gris d'un auteur désabusé, qui s'éloignait peut-être de son œuvre, déçu par la littérature, et qui faisait maintenant le choix de la retraite dans la vie sans l'écrit. Comme il le notait "un matin (...) j'avais cessé d'y croire" - après avoir touché le néant par la littérature, Nadaud avait choisi la mort fictive. Il s'était raturé à jamais, retiré du circuit, des alliances et des complicités ; il se rayait lui-même du registre des inscriptions et belles lettres - il pouvait savourer cette gloire en secret. Je la savoure avec lui. Ce journal est une fin de non-recevoir, l'œuvre de Nadaud tend vers le silence. Un silence assourdissent qui se noie dans le bruit du monde, mais n'en reste pas moins présent, en profondeur.
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Auguste Fulminant

Un journaliste est envoyé sur les traces d'une correspondance datant d'il y a 2000 ans, entre les éditeurs de l'Enéide. Il va alors rencontrer plusieurs personnages : Gilles Virandes, diplomate supervisant l'aménagement d'un musée consacré à Virgile, la soeur d'une jolie archéologue, qui était responsable du musée et René Teucère, archéologue et muséographe, dont le seul espoir est une nomination à l'Unesco. De là découleront les chapitres qui au fur et à mesure de la lecture, démontrent que René Teucère s'est trompé. On a en effet chaque fois un passage de la correspondance des deux éditeurs qui prouve que Virgile a été assassiné. Ce dernier s'était rendu compte qu'il ne fallait pas publier l'Enéide, en raison des erreurs qu'il avait commises en l'écrivant. Auguste se mit en colère et programma la mort de Virgile afin de récupérer son oeuvre. On a aussi une description des vitrines du musée, telles que René Teucère les avaient conçues, sans tenir compte de l'avis de Gilles Virandes, qui avait compris, avant même d'avoir la preuve par la correspondance des deux éditeurs de Virgile, que Virgile avait fait un voyage à Carthage pour vérifier le propre voyage d'Enée. Et enfin, on a les divers enregistrements de notre journaliste qui a pu interroger Gilles Virandes avant sa mort. On apprend alors qu'il y avait un total désaccord entre Teucère et Virandes au sujet de Virgile mais aussi la tristesse de Virandes qui aima en silence la belle archéologue alors que celle-ci a préféré les bras de Teucère. Mais qu'est-ce qui a fait que le musée a brûlé ? Et pourquoi Gilles Virandes meurt soudainement ? Beaucoup de suspense dans ce très beau livre. La correspondance entre V Rufus et P Tucca est passionnante.
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Le vacillement du monde

Ce qui se dissimule d’étrange et de beau dans la fabrication obstinée d’un globe terrestre en 1770.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/05/26/note-de-lecture-le-vacillement-du-monde-alain-nadaud/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

C'est avec deux ans de retard que je découvre « Dieu est une fiction », et en même temps la triste nouvelle de son décès prématuré ... J'aurais été heureux de soumettre à sa critique mon point de vue, différent du sien, mais commentaire puisqu'il va dans le même sens..

Certes, Alain NAUDAUD décrit avec lucidité et pertinence les origines littéraires et historiques de la croyance religieuse, mais je regrette un peu qu'il n'ait fait que d'assez brèves allusions à ses origines par ailleurs psychologiques, éducatives et culturelles :



 Ainsi, page 20 : « Le conditionnement des esprits est tel que la soumission au religieux a été jusqu'à présent vécue et pensée par nos semblables comme la norme. C'est que la religion résulte d'un état d'esprit et d'habitudes forgés depuis des millénaires.(...). La religion répond à une nécessité politique, sociale et psychologique dont on ne viendra pas à bout si facilement. On ne sait non plus si son extraction de la tête des gens est souhaitable ». A fortiori en l'absence de la découverte des options non confessionnelles, occultées autant qu'encore possible par les trois monothéismes !



Alain NAUDAUD écrit, page 22 : « (...) Malgré les objections de pure logique qu'on lui oppose ( à la croyance irrationnelle), sa généralisation et sa pérennité à travers les siècles tirent leur force de motivations inconscientes et de ressorts psychologiques surpuissants. Enracinés dans la peur et la névrose, ils aveuglent jusqu'aux plus clairvoyants. Voilà pourquoi il est il est quasiment impossible de dialoguer avec quelqu'un qui croit, et encore moins de le faire changer d'avis ». Cela s'explique pourtant depuis que l'on a découvert que, dès l'âge de 3 ans, les influences religieuses précoces, à forte charge affective, laissent des traces indélébiles dans les neurones des amygdales du cerveau émotionnel ...



Mais les psychologues, philosophes, sociologues, écrivains, etc. , athées ou agnostiques (sauf notamment Patrick JEAN-BAPTISTE, dans « La biologie de dieu », ne s'intéressent apparemment jamais à cette approche inhabituelle du phénomène religieux. Seuls des croyants, comme entre-autres feu le chanoine Antoine VERGOTE, qui fut professeur à l'Université catholique de Louvain, dans « Psychologie religieuse », ou le neurophysiologiste évangélique canadien Mario BEAUREGARD, dans « Du cerveau à Dieu », ont, involontairement, paradoxalement et a contrario, contribué à la prise de conscience croissante, du moins dans les pays intellectualisés, de l'existence seulement subjective, imaginaire et don illusoire de « Dieu », d' Allah », ... Certains pays intellectualisés, comme le USA, à cause de l'emprise des religions sur les consciences, restent hélas croyants ou déistes à plus de 90 % au moins ...

Pour ma part, je reste persuadé que seule une meilleure compréhension du fonctionnement cérébral humain par le plus grand nombre, empêchera les religions de continuer impunément à exploiter la fragilité du psychisme dès l'enfance, et que l'on viendra alors à bout des croyances religieuses prosélytes et antagonistes, d'ici quelques générations.



Michel THYS, à Ittre, en Belgique : http://originedelafoi.eklablog.com


Lien : http://originedelafoi.eklabl..
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Journal du non-écrire

Alain Nadaud nous quittait cet été, mais il avait déjà quitté la scène littéraire en 2010 avec son magnifique "D'écrire j'arrête", où devrais-je plutôt dire : il avait "presque" quitté la scène littéraire en 2010. En effet, ce sympathique imposteur nous envoyait encore de ses nouvelles avec ce Journal du non-écrire, en 2014 ; journal qui n'était ni un roman, ni un essai, ni vraiment un journal d'ailleurs... mais un grand livre d'Alain Nadaud, ce qui n'est pas rien, même si bon nombre ne le connaissaient pas, ne le connaissent pas, et, probablement, ne le connaitront jamais. Ses réflexions à la troisième personne donnait un portrait tout de gris d'un auteur désabusé, qui s'éloignait peut-être de son œuvre, déçu par la littérature, et qui faisait maintenant le choix de la retraite dans la vie sans l'écrit. Comme il le notait "un matin (...) j'avais cessé d'y croire" - après avoir touché le néant par la littérature, Nadaud avait choisi la mort fictive. Il s'était raturé à jamais, retiré du circuit, des alliances et des complicités ; il se rayait lui-même du registre des inscriptions et belles lettres - il pouvait savourer cette gloire en secret. Je la savoure avec lui. Ce journal est une fin de non-recevoir, l'œuvre de Nadaud tend vers le silence. Un silence assourdissent qui se noie dans le bruit du monde, mais n'en reste pas moins présent, en profondeur.
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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

J'ai terminé ce livre avec une certaine frustration, ce qui est, paradoxalement, plutôt bon signe. Je me suis retrouvé frustré parce qu'il s'est avéré très intéressant, ce bouquin. Tellement intéressant qu'il aurait pu être développé sur quelques centaines de pages supplémentaires. D'un autre côté, si Nadaud s'était montré plus exhaustif, son livre en aurait probablement été plus lourd et moins accessible. Libre au lecteur de poursuivre la réflexion lui-même, ou avec d'autres livres suggérés dans Dieu est une fiction.

Dans les points négatifs, un détail, formulé par un mec pointilleux (moi): "autre alternative", c'est comme "voire même", une faute, certes courante, mais une faute quand même, comprenant une inutile redondance. Voilà, c'est fait.

Plus sérieusement, j'ai trouvé certaines démonstrations un peu légères. À l'inverse, j'ai trouvé que sur certains passages Nadaud tourne un peu rond, s'emmêle les pinceaux dans ses développements, comme s'il n'arrivait pas à formuler clairement ses idées. Ou comme s'il lui fallait gonfler un peu le nombre de pages. Ou alors à force de scruter la Bible et le Coran, il s'est laissé imprégner par les maladresses de leurs auteurs...

Plus globalement, j'avais moi-même déjà envisagé ces deux livres sous cet angle purement littéraire, et tiré les mêmes conclusions générales. Sauf que Nadaud n'a pas fait qu'amener de l'eau à mon moulin. Il m'a appris de nombreux événements historiques, il a attiré mon attention sur certains points qui m'avaient échappés et, surtout, il est allé bien plus loin que moi dans la réflexion. Et le tout dans un style parfaitement accessible et plutôt bien maîtrisé, hormis les quelques maladresses évoquées plus haut.

J'ai donc dévoré ce livre avec le plus grand intérêt, la plus grande bienveillance et je ne peux que le recommander à tout curieux ayant l'esprit ouvert.
Lien : http://tutevukantalu.blogspo..
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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

Dieu est une fiction d’Alain Nadaud, dont j’apprends au passage qu’il vit depuis une vingtaine d’années à Carthage en Tunisie, qui vient de paraître aux Editions Safran est absolument à lire de nos jours où la religion est, une nouvelle fois mais plus gravement que jamais, instrumentalisée et mise au service d’une idéologie mortifère.

Or, ce qu’il faudra bien finir par admettre c’est que Dieu est une fiction, une création de l’homme, face à l’étrangeté de son destin. J’avais déjà cette conviction en moi depuis longtemps mais elle s’est renforcée à la lecture d’un livre dont j’ai recommandé, en son temps, la lecture : Petite Histoire des religions de Frédéric Lenoir.

Le présent essai d’Alain Nadaud me conforte dans cette idée et il part d’une idée originale. L’auteur, écrivain, auteur de fiction nous dit qu’il n’y a pas mieux pour démasquer la fiction qu’un écrivain, habitué aux stratagèmes de la création littéraire.

« L’écrivain apparaît comme le mieux placé pour expliquer la façon dont la multitude d’auteurs, semblables à lui, mais qui n’en avaient à l’époque ni le titre ni les privilèges, anonymes pour la plupart, dissimulés sous leur statut de conteur, de chamane, d’aède, de scribe, de prophète, de chroniste, de rabbin, d’évangéliste ou de père de l’Eglise- qu’on les appelle comme on voudra, peu importe- s’est prise au jeu de cette histoire. Que ce soit de leur plein gré ou poussés par la société du temps, ils ont mis leur art de conter et d’écrire des fables au service du désir de fiction qui travaillait l’humanité au corps et donné le jour à ces créatures chimériques que sont les dieux. »

Et ces histoire, plus farfelues les unes que les autres que l’humanité a connu et auxquelles des millions d’hommes croyaient, à l’époque, sont tenues aujourd’hui pour des inventions humaines. Pourquoi les religions actuelles ne subiraient pas le même sort alors que chacun sait maintenant, de science certaine que certains récits de la Bible, du Nouveau Testament et que le Coran a repris sont de pures fables, éloignées de toute réalité ?

L’auteur nous montre comment sont nés, dans des civilisations très anciennes, les mythes et les religions, la croyance en des Dieux multiples et variés. Puis ces récits devenant de moins en moins crédible pour les peuples, on s’est orienté vers le Dieu unique mais qui a évolué au gré des histoires des peuples.

C’est ainsi que l’auteur retrace de manière savante l’évolution des trois grands textes monothéistes : La Torah, le Nouveau Testament et le Coran et attire l’attention sur l’évolution de ces textes en fonction de l’histoire réelle des pays. Il montre ainsi que ces textes, tels qu’ils nous sont parvenus ont bien été adaptés tout au long par les hommes confrontés aux réalités de leur histoire humaine.

Dans la partie sur le Judaïsme il montre comment les juifs ont été pris au piège de leur propre texte et de la notion de peuple élu qui les a écartés du monde.Il montre également comment pour faire face aux aléas de leur propre histoire le texte, sensé venir de Dieu, a été modifié.

Dans la partie consacrée au Christianisme il met en évidence les incohérences et les invraisemblances nées de la théorie de Jésus fils de Dieu. Il analyse comment les Pères de l’église ont eu le plus grand mal à expliquer, dans un système de Dieu unique, la trinité du père du fils et du Saint Esprit. Invraisemblance qui a conduit à de nombreux schismes.

Enfin dans son étude de Mahomet et du Coran il détaille, là encore, la façon dont le Prophète a fait évoluer la prétendue parole de Dieu pour coller a ses projets politiques en partant de ce qui existait déjà ,Torah et Bible pour créer quelque chose d’un peu nouveau.

C’est donc, au total, un livre exigeant qui doit être lu lentement et en réfléchissant mais qui est utile en ce qu’il ouvre les yeux sur ces créations humaines que sont les grands livres des monothéismes.

Enfin l’auteur se pose une question que je me suis moi-même posé et qui me fait douter de manière absolue de la réalité de Dieu.

« Comment comprendre, écrit-il, que cet être tout-puissant, pour la bonne marche du projet en quoi consiste la révélation de son existence à l’ensemble de l’humanité, se soit adressé en exclusivité à une minuscule tribu de bédouins illettrés, errant en plein désert ? »

Je rajouterai pour ma part : Comment comprendre que dans une humanité qui a des millions d’années, le Dieu monothéiste ne se soit adressé aux hommes qu’il y quelques milliers d’années seulement ? L’humanité antérieure n’était donc rien pour lui ?


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Le passage du col

Dans ce roman, l'auteur intercale les chapitres dans lesquels il relate son voyage, son initiation aux rites bouddhistes et sa vie au monastère avec ceux qui relatent ses rêves.

Magnifiquement écrit, dans un Français on ne peut plus classique, dense et jamais ennuyeux, voici un roman qui sort de l'ordinaire. On se familiarise avec la culture tibétaine et notamment la vie des lamas. C'est aussi une manière moins didactique qu'un essai d'aborder les relations désastreuses sino-tibétaines et l'occupation de ce pays par les Chinois. On prend vraiment la mesure de la tentative de destruction totale de la civilisation des Tibétains et de leurs coutumes.

Evidemment, le bouddhisme est abordé très largement. Jamais mystique -sinon, je n'en dirais pas de bien !-, toujours éducatif.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Dieu est une fiction : Essai sur les origin..

Et cela, seul un écrivain, de l’intérieur du processus qui l’a par ailleurs conduit à écrire des romans, avait quelque chance d’en démonter le mécanisme.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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