qui lui permet, par un glissement étrange, de planter de nouvelles banderilles dans le dos de la vérité, au nom de laquelle se fabriquent les massacres: selon la vérité officielle, celle qui sous d’autres cieux envoie mourir au bagne les historiens que leur mauvais génie pousse à se demander comment le cuirassé Aurore a pu tirer sur le Palais d’hiver, puisqu’il n’était pas à Leningrad en ces glorieuses journées d’octobre, alors qu’on nous le montre bel et bien amarré au quai de la Néva face au palais, à sa juste place, et repeint tous les ans à neuf (la vérité, pour ne pas s’écailler, a besoin d’être régulièrement repeinte), selon donc le discours reçu, la France est d’abord apparue – c’était à la Libération – comme une nation de héros dressés contre l’occupant dès l’armistice dans une résistance quasi unanime, position difficilement tenable mais qui a pu survivre plus de dix ans sans déclencher ni rires ni protestations trop vives.
Puis voilà que tout change brusquement: la France n’a été qu’un troupeau de lâches et de traîtres qui a vendu son âme et l’ensemble du peuple juif pour une seule bouchée de pain noir.