Rappelons-nous aussi que Voltaire défendait déjà ces valeurs avant la Révolution, quand il écrivait au sujet du philosophe Helvétius : "Je n'ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu'il débite avec emphase. Mais j'ai pris son parti hautement quand des hommes absurdes l'ont condamné pour ces vérités mêmes."
Ce clin d'oeil envoyé par son ami conforte Pierre-Charles dans sa ligne éditoriale. Ainsi, par son dessin suivant, le jeune journaliste retourne à Calem la balle qu'il lui a déjà envoyée. On y retrouve la femme au bonnet phrygien, déjà représentée par lui ; elle est assise devant un pupitre qui porte un parchemin et un encrier. La main de l'égérie tient une plume chargée d'encre, juste au-dessus d'une feuille où figure ce texte inachevé : "Article 19 de la Décla...".
Un gros pâté souille la suite.
Sous le dessin figurent ces mots : "Je fais couler l'encre, pas le sang."
Te fournir de nouveaux arguments pour défendre sur la place publique notre condition de femme. Songe dès à présent à ces lendemains de liberté qui te permettront de le faire. J'ai donc pensé à toi en découvrant cet essai écrit par Mary Wollstonecraft. Cette Anglaise a écrit "Défense des droits de la Femme", suite au rapport de Talleyrand, remis à l'Assemblée en 1791 ... Ce rapport où il dit en substance qu'il serait bon que les femmes ne reçoivent qu'une éducation à caractère domestique.
Ce à quoi Mary Wollstonecraft répond : "Les femmes doivent recevoir une éducation fondée sur la raison pour servir la société de façon efficace".
Clarisse s'est repliée sur elle-même. La tête entre les mains, la voix obstruée par des sanglots, et telle un moine bouddhiste qui récite un mantra, elle psalmodie des mots que Gontran a d'abord du mal à identifier.
Des mots jadis porteurs d'espoir.
Trois mots en boucle syncopés par le claquement de ses talons frappent le sol ... ceux de la devise de la République Française pour laquelle son fils a combattu en Egypte.
- Liberté, Égalité, Fraternité ...