Alan Glynn

"Vous voyez, tout le monde n'y réagit pas de la même manière, mais injectez encore quelques Eddie Spinola dans le tissu social et celui ci commencerait à muter et à s'infléchir d'une manière que vous ne pouvez même pas imaginer."

Donc, malgré la gueule de bois,imaginaire malgré la confusion qui lui tord le ventre et les doutes quant à ce qui a pu se passer ou non l'autre soir, malgré la quasi panique que lui ont inspiré la façon dont les choses se sont terminées pour Matt Drake, il n'a qu'une chose en tête. Et c'est comment retourner là bas. Comment retrouver ce Ned Sweeney là.

"Et la mort n'aura pas d'empire...

Sweeney ne répond pas. Il regarde par la vitre, le moindre lambeau d'attention qui lui restait consumé par l'attraction hypnotique des lumières de la ville tandis qu'elles défilent sous ses yeux.

À ce point, il y a un changement, un autre plan de coupe. Retour dans la rue.
A-t-il vomi dans l'ascenseur en descendant ? Il n'en est pas sûr, mais il a un goût vraiment aigre dans la bouche tandis qu'il longe Lexington Avenue.
Tandis qu'il boitille, à vrai dire.
Il jette un coup d'oeil à sa montre. Il est tard, 1 heure passée, et il fait beaucoup plus froid qu'avant – si froid que son esprit se sent plus ou moins engourdi. En s'approchant de la 57e Rue, il ralentit. Puis s'arrête, pile au milieu du trottoir. Où était-il il y a quelques instants ? Au Waldorf Astoria ? À quelques centimètres de Marilyn Monroe ? En train de regarder ses épaules nues ? Inhalant son parfum, ses murmures ?
Vraiment ?
Et avant ça ?
Il y a eu d'autres personnes, d'autres conversations, mais il n'arrive pas à reconstituer quoi que ce soit. Il est confus, et fatigué. Il n'a pas mangé.

Et avant ça ?
Il y a eu d'autres personnes, d'autres conversations, mais il n'arrive pas à reconstituer quoi que ce soit. Il est confus, et fatigué. Il n'a pas mangé.
Son dîner sera-t-il encore dans le four quand il rentrera chez lui ? D'ailleurs, sa maison sera-t-elle encore là quand il descendra du train ? Soudain, plus que tout autre chose au monde, il éprouve le besoin de regagner Greenlake Avenue. Il se remet à marcher dans la direction opposée, allant vite, puis encore plus vite. Après un moment, il agite le bras et hèle un taxi jaune qui passe.

- Je vais régler nos consommations, annonça-t-il en se dirigeant vers le comptoir.
Je l’observai tandis qu’il payait la serveuse. Puis il fit un signe de tête en direction de notre box, ce qui signifiait sans doute une autre tournée pour moi, de la part du gros bonnet dans son costard de luxe.
En sortant du bar, Vernon me lança un regard de biais qui signifiait : « Prends bien soin de toi, l’ami ! » puis il marqua une pause qui disait : « Et n’oublie pas de me rappeler ! »
Il pouvait toujours courir.

Il jette un coup d'oeil à sa montre. Il est tard, 1 heure passée, et il fait beaucoup plus froid qu'avant – si froid que son esprit se sent plus ou moins engourdi. En s'approchant de la 57e Rue, il ralentit. Puis s'arrête, pile au milieu du trottoir. Où était-il il y a quelques instants ? Au Waldorf Astoria ? À quelques centimètres de Marilyn Monroe ? En train de regarder ses épaules nues ? Inhalant son parfum, ses murmures ?
Vraiment ?
Et avant ça ?

Il sortit son portefeuille, en retira une carte de visite et la déposa délicatement sur la table. Juste à côté du petit comprimé blanc. Puis il indiqua ce dernier d’un nouveau geste du menton.
- Au fait ça, c’est cadeau.
- Je n’en veux pas, Vernon.
Il me fit un clin d’œil.
- Ne fais pas l’enfant. Tu as une idée de ce que ça coûte ?
Je fis non de la tête.

À ce point, il y a un changement, un autre plan de coupe. Retour dans la rue.
A-t-il vomi dans l'ascenseur en descendant ? Il n'en est pas sûr, mais il a un goût vraiment aigre dans la bouche tandis qu'il longe Lexington Avenue.
Tandis qu'il boitille, à vrai dire.