On peut distinguer le futur de l’avenir. Le futur est une forme du présent qui sera. Il est prévisible, il est calculable : je puis savoir quelles seront les positions des astres dans plusieurs décennies. Le futur est un horizon déterminé sur lequel l’homme n’a pas de prises. En revanche, l’avenir laisse une place à l’action humaine. L’avenir n’est pas déterminé, il est « à venir », et contient une part ou une marge d’imprévisibilité dans laquelle peut se déployer la liberté et l’aventure humaine.
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L’expérience que nous faisons tous du temps se décline premièrement de cette manière : au moment où je suis, je ne suis pas maître et possesseur du temps ; aussitôt que je me découvre être, je me trouve exposé au temps. (…) Le temps se manifeste prioritairement en nous, non pas comme un concept, ou comme un objet construit, élaboré, choisi, mais comme une réalité fuyante, expérimentée par rapport à nous-mêmes, dans notre existence.
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Nombreuses sont les formules rencontrées par les auteurs soulignant cette dépossession originelle et renouvelée : au cœur de notre existence, au commencement de notre expérience, le temps se manifeste et se dérobe irrémédiablement à nous ; il y a quelque chose en nous, de nous, au-dedans, comme au-dehors, quelque chose qui passe, et dont le passage s'effectue malgré notre volonté. (page 11 - introduction)