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Citation de Ahoi242


Miles Davis était un génie. C’est entendu. Son œuvre est passionnante mais son parcours est tout aussi fascinant. Tandis que certains artistes construisent pas à pas une œuvre à la cohérence totale, ce jazzman originaire de l’Illinois n’a cessé d’explorer, d’abandonner ce qui avait fait son succès, de privilégier les bifurcations aux lignes droites toutes tracées. Au final, la carrière de Miles Davis est faite de périodes, de remises en cause, comme a pu l’être celle de Picasso ou, pour rester dans la musique, celle de Serge Gainsbourg.
En 1948-1949, il s’éloigne des principes du bebop et invente avec son nonette le cool jazz. À la fin des années 1950, il contribue, avec notamment John Coltrane et Bill Evans, à la création du jazz modal. À peine dix ans plus tard, il sera le premier à fusionner les principes et techniques du jazz avec les instruments et les rythmiques du rock et de la soul, inventant par là même le jazz fusion. Dès 1971, c’est vers le funk, la musique concrète et les sonorités orientales qu’il se dirigera, en s’entourant notamment de musiciens qui ne viennent pas de l’univers du jazz. Au début des années 1980 enfin, il proposera une musique plus accessible, n’hésitera pas à reprendre de grands succès de la pop music afin de toucher un large public. Jusqu’à la fin de sa vie, il cherchera constamment à se renouveler, tentant encore quelques temps avant sa mort en 1991, la fusion du jazz et du hip-hop.
Cette volonté farouche d’aller de l’avant a souvent perturbé les amateurs de musique. Si certains de ses disques ont rencontré un succès colossal (Kind of Blue est le disque de jazz le plus vendu de tous les temps), d’autres ont suscité débats, incompréhension et rejet (On the Corner ou Big Fun, aujourd’hui considérés comme des chefs-d’œuvre, ont été à leur sortie rejetés par la critique et le public).
Comment expliquer un tel parcours ? D’où vient cette capacité à se « réinventer » ? Dans quelles conditions peut-on parvenir à laisser de côté ce qui a mené au succès pour bâtir à nouveau quelque chose d’inédit ? Ces questions se posent dans le domaine des arts, en particulier dans celui de la musique. Certains chanteurs ou groupes creusent toute leur vie le même sillon et deviennent leur propre caricature. Incapables de se renouveler, incités par leurs producteurs à conserver une « formule qui marche », ils perdent toute crédibilité vis-à-vis des jeunes générations et finissent même parfois par lasser leurs admirateurs de la première heure. Mais ces questions intéressent également les organisations. Doivent-elles privilégier l’amélioration dans des domaines où elles sont déjà performantes ou développer, avec tous les risques et incertitudes d’une telle démarche, des compétences nouvelles ?

Chapitre 2. Miles Davis, Ascenseur pour l’échafaud (1957, Fontana). L’expérimentation au service de l’innovation
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