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4.09/5 (sur 87 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : La Chaux-de-Fonds , le 17/07/1901
Mort(e) à : Rome , le 02/05/1957
Biographie :

Albert Béguin est un écrivain, critique et éditeur suisse.

Il a été marie avec la romancière Raymonde Vincent, prix Femina en 1937, depuis 1929. Son frère est le journaliste Pierre Béguin (1903-1978).

De 1919 à 1924, il étudie à l'Université de Genève et obtient une licence ès lettres. Il part ensuite pour Paris, où il est libraire et traducteur d'auteurs romantiques allemands. Albert Béguin passe ensuite cinq ans en tant que lecteur de langue et de littérature françaises à l'Université de Halle. Parallèlement, il prépare son ouvrage sur le romantisme allemand "L'âme romantique et le rêve" (1937) qui connaît un grand succès.

En 1937, il soutient sa thèse de doctorat à l'Université de Genève : "Le rêve chez les romantiques allemands et dans la poésie française moderne". De 1937 à 1946, il occupe la chaire de littérature française à l'Université de Bâle. En 1940, son engagement intellectuel passe par la création d'une revue franco-suisse : "Les Cahiers du Rhône", éditée à Neuchâtel, qui défend les écrivains francophones contemporains. Cet engagement persiste dans l'enthousiasme de la Libération : Béguin, comme d'autres, croit à la possibilité de fonder sur les ruines de la guerre une nouvelle communauté humaine.

Il abandonne ses activités d'enseignement et revient à Paris en 1946 où il vit de sa plume en collaborant à de nombreuses revues. Il se lie à Emmanuel Mounier, directeur de la revue "Esprit", qu'il reprend après le décès brutal de celui-ci, en 1950. Parallèlement à ces responsabilités, il effectue plusieurs voyages et réalise de nombreux travaux : deux monographies (Pascal et Bernanos) et d'importantes éditions, des préfaces pour plusieurs romans de Balzac.

Albert Béguin meurt d'une crise cardiaque, à Rome où il était parti se reposer après avoir abandonné la direction d'Esprit à Jean-Marie Domenach.
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Fraternels, tous ces êtres dissemblables ont ceci de commun qu'ils perçoivent douloureusement le profond dualisme intérieur qui les fait appartenir à deux mondes à la fois; mais, aussi, ils tendent tous, -par un effort de la volonté, par l'attente passive de quelque grâce poétique ou divine, par le redoutable voyage aux abîmes de la Nuit, peu importe, -ils tendent à retrouver une harmonie à laquelle leur aspiration essentielle les dévoue. Tourmentés, poursuivis par le sentiment du "peu de réalité", liant leur destinée au problème de la connaissance et désireux de la confier à une certitude qu'appelle tout leur être, ils vivent les yeux fixés sur une promesse, sur une étoile lointaine. Ainsi se dessine une astronomie du ciel romantique, qui reproduit, sous des espèces éternelles et dans des figures nocturnes d'un singulier éclat, les imparfaites configurations des pays terrestres.
Autour de ces constellations, à l'horizon oriental comme au couchant, de pâles nébuleuses en annoncent l'éclat, des comètes suivent majestueusement leur route immémoriale, des voies lactées prolongent, affaiblie, l'harmonie des sphères, et la fulgurance des météores illumine par instant la nuit.
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Les créatures de Balzac sont telles que les gens que nous côtoyons dans la rue, et leur vérité, sur ce plan-là, est assez forte pour que l'on puisse, si l'on a l'esprit ainsi fait, ne rien deviner en elles qui appartienne au mystère. Pourtant, elles y plongent toutes leurs racines, elles y dirigent leurs veux et leurs pas, leur destinée est une destinée parce qu'elle a ses origines dans l'inconnu, et ses fins dans l'inconnu, et ses étapes soumises à la loi de l'inconnu. Ces créatures peuvent être aveugles, ─ aussi aveugles que beaucoup de lecteurs de Balzac, ─ ignorer, comme elles ignorent presque toutes, les puissances surnaturelles qui les mènent ou avec lesquelles elles ont à lutter; elles peuvent croire à des hasards quand il s'agit de signes, ne voir que des buts limités là où elles-mêmes désirent obscurément trouver la béatitude infinie; elles confondent avec de pauvres désirs matériels l'élan qui les jette à la possession de l'absolu ou à la connaissance illimitée.
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Amour du mouvement, qui est création, qui est chance d'ascension, et qui est toujours suscité par les forces de l'esprit; goût de l'ordre, qui est la loi préalable et la condition, inférieure mais nécessaire, de tout mouvement fécond: Balzac en revient sans cesse à cet inextricable dualisme.
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il faut que l'homme descende en lui, et y trouve tous les vestiges divers qui, dans l'amour, le langage, la poésie, dans toutes les images de l'inconscient, peuvent lui rappeler encore ses origines; il faut qu'il redécouvre, dans la Nature elle-même, tout ce qui, obscurément, éveille au fond de son âme l'émotion d'une ressemblance sacrée; il faut qu'il s'empare de ces germes sommeillants et qu'il les cultive.
Et, parmi eux, ceux dont le rêve nous révèle la présence mystérieuse ne sont pas les moins précieux. Car notre apparente lucidité actuelle est une nuit profonde, et la véritable clarté ne nous est accessible que dans les aspects nocturnes de notre existence.
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Peut-être n'est-il jamais de connaissance d'un homme qui ne réclame la lumière irremplaçable jetée par les premières années de ce que fut sa vie sur tout ce qui vint ensuite.
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Balzac, dès le premier mouvement de son esprit, se heurte à l'expérience de l'angoisse, d'une angoisse qui, à vrai dire, ne s'est jamais apaisée tout à fait, chez lui, sinon dans les heures exaltées de la création romanesque. Le réel lui inspire d'abord étonnement et frayeur. Il est hanté de questions, de pressantes interrogations sur le temps destructeur, sur l'usure de la vie, sur les abîmes, toujours ouverts devant lui, de la mort et de la démence. L'existence humaine, la nature ambiante, la société, la courbe de chaque destin, l'aventure courue par chaque esprit, tout lui paraît traversé, habité, gouverné par des influences dont il ignore si elles sont divines ou démoniaques, mais dont il sait au moins qu'elles ont un caractère surnaturel. Rien ne demeure immobile sous son regard, rien n'est une fois pour toutes à sa place. Dès qu'il se livre à sa perception immédiate et qu'il écarte de lui les béquilles de la tradition et de la culture intellectuelle, Balzac perçoit le monde extérieur et la vie intérieure comme une immense réalité mouvante, emportée par la course du temps, brassée par les conflits incompréhensibles de forces obscures. Mais il n'est pas ainsi fait qu'il puisse accepter avec détachement ce spectacle d'universelle fluidité et d'écoulement sans fin. Il est aussi affamé d'absolu qu'il est enclin à percevoir partout un dynamisme infini et insaisissable. Baignant dans la matière agitée du devenir temporel, y baignant même avec une puissante joie, il est possédé du désir de l'éternité, du besoin de saisir une vérité immuable.
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Rêves de nuits et rêves plus mystérieux encore qui m'accompagnent tout au long de la journée, si proches de la surface qu'au moindre choc ils y affleurent, il y a là une existence dont d'autres signes encore manifestent la présence permanente et féconde. Ce que je néglige et qui redescend à l'oubli en ressort un jour, à l'improviste, mais transformé, enrichi de toute une substance que j'ignorais, comme le germe enfoui dans la terre croît, fleur ou arbre. Il suffit qu'une sensation, une couleur par exemple, vienne heurter en moi-même à je ne sais quel secret hublot, pour que la vitre s'ouvre, livrant passage à une brusque croissance d'émotion ou de certitude. Parfois, je reconnais dans ces floraisons apparues un lointain souvenir, et je me persuade que la mémoire suffit à opérer le charme ; mais, si souvent, il m'est impossible de découvrir à ce qui envahit ainsi ma pensée aucune ressemblance d'autrefois. J'ai l'impression que cela vient de plus loin que moi-même, d'une réminiscence ancestrale ou d'une région qui n'est pas celle de mon être individuel.
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Egalement détachés de cette terre, dont ils furent les passants éphémères, les romantiques cependant ne sont pas ces créatures évanescentes, irréelles et trop angéliques, qu'une vaine légende a imaginées. Plus on se familiarise avec eux, et plus il apparaît qu'ils furent tous des êtres très définis et très définissables, qui sans doute aspirèrent à rejoindre leurs origines spirituelles, mais qui voulurent aussi vivre fidèlement, ici-bas, selon ces origines. Visionnaires conscients de leurs dons, explorateurs clairvoyants de trésors cachés en eux-mêmes, il suffit de contempler leurs portraits pour comprendre à quel point chacun de ces assoiffés d'infini arriva à faire de sa propre existence une aventure particulière. Ces frères se ressemblent, précisément, comme des frères : avec tout ce qu'il demeure, dans leur nature profonde, de contrastes et de dissemblances.
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"Ce qui importe, c'est de connaître qui je suis." Cette phrase indique avec netteté le point de départ et le centre de la quête spirituelle d'Albert Béguin. Attentif à l'inquiétude fondamentale de l'homme à la recherche de son être, Béguin s'est d'abord laissé entraîner dans l'univers féerique des romantiques, expérience qui lui ouvrit la porte du monde réel, ainsi qu'il le dit à la fin de l'Ame romantique et le rêve : "Au retour du rêve, le regard humain est capable de cet émerveillement que l'on éprouve lorsque soudain les choses reprennent pour un instant leur nouveauté première. Je nais aux choses; elles naissent à moi. (...) Au fond de la solitude, lorsque j'ai eu le courage d'accepter la nudité, ce n'est pas le désespoir et la tristesse que je trouve. (...) Créature, je suis avec les autres créatures dans cette plus profonde des communautés, qui n'existe qu'au centre de l'âme -mais qui, désormais durable, me permettra de connaître enfin, une fois revenu à mon existence banale, de réelles présences humaines. (...) La solitude de la poésie et du rêve nous enlève à notre désolante solitude. Du fond des fonds de la tristesse qui nous avait détournés de la vie s'élève le chant de la pure allégresse."
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Le recours au rêve est constant chez tous les auteurs dont je parle ; mais ici il s'agit du songe nocturne, qui prend une portée esthétique ou métaphysique particulière , et là de cette constante vie des images, plus chargée d'affectivité que la vie des idées, et vers laquelle se penche un esprit en quête d'un refuge accueillant. Ailleurs encore, le rêve s'assimile au trésor de la réminiscence ancestrale, où le poète et l'imagination mythologique puisent également leurs richesses. Parfois, le songe est le lieu redoutable que hantent les spectres, parfois aussi le porche somptueux qui s'ouvre sur le paradis. Tantôt c'est Dieu lui-même qui par ce canal nous délègue des avertissements solennels, et tantôt ce sont nos racines terrestres qui plongent par là jusqu'au sein fécond de la nature. Le rythme de la vie onirique, dont s'inspirent les rythmes de nos arts, peut s'accorder à la marche éternelle des astres ou à la pulsation originelle qui fut celle de notre âme avant la chute. Et partout la poésie tire sa substance de la substance du rêve.
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