Albert Boronat, très remarqué sur la scène espagnole actuelle, est un des auteurs les plus originaux et vertueux de sa génération, un artiste infatigable qui va du champ de l’écriture et de la scène à celui de la pédagogie. Il est diplômé en philosophie (2013 — Institut del Teatre de Barcelone), et a reçu plusieurs bourses d’écriture qui saluent son travail (ETC—Blanco — Cuarta Pared, 2015, Madrid / Studio Européen des Écritures pour le Théâtre, 2016).
L’une des caractéristiques de son travail réside dans « la narratologie ». À l’œuvre dans chacun de ses textes, toujours sous l’emprise d’une dramaturgie forte, elle est structurée et structurante dans l’émergence de nos imaginaires.
Le garçon : Je songerai que c’est sûrement...
... le privilège des cadavres, que d’être pure vérité. Et que l’apparence a si peu d’importance pour eux, qu’elle s’estompe lentement mais sûrement, jusqu’à ce qu’il ne reste d’un corps plus que ça...
... sa seule vérité...
... le vide laissé par le trou qui le contient...
... tout comme les mots ne prennent sens que dans les silences qui les entourent.
Le père : Un jour, il m’a dit qu’il n’existait que dans les insultes et les chuchotements. Il devait pas avoir plus de quinze ans à l’époque. Plus tard, il a pu constater que oui, qu’on savait qu’il était là au village. C’est à force de coups de poings et de coups de pieds qu’il a vraiment commencé à exister. C’est à force de bleus que vous lui avez gravé le nom du village sur la peau.