Le soir suivant, parce qu'il s'était laissé aller à dire à voix haute qu'elle était méchante envers lui, elle l'en avait puni en criant qu'il était un monstre et un tyran qui la torturait, puis en arrachant le papier de la tapisserie, puis en descendant s'enfermer à clef dans la cuisine où elle avait campé jusqu'à quatre heures du matin cependant qu'il tremblait à l'idée qu'elle allait peut-être se suicider au gaz.
Et ce n'était pas tout, elle avait d'autres armes que le malheureux connaissait bien, les représailles des lendemains de scènes : entre autres, les migraines, les grèves de réclusion dans sa chambre, les paupières enflées portant témoignage des pleurs dans la solitude, les malaises divers, les tenaces mutismes, le manque agressif d'appétit, la fatigue, les oublis, les regards mornes, tout le terrible attirail d'une faible femme invincible.