Dans le langage courant, le mot "stress" désigne à la fois les agressions provoquant une tension nerveuse (aussi nommées "stresseurs") et cette tension nerveuse elle-même. Quel que soit le sens qu'on lui prête, le stress nous donne des maux de tête et détruit nos cellules cérébrales. Le stress rigidifie nos artères et affaiblit notre système immunitaire. Mais, quand le stress génère de la douleur, cela signifie que cette douleur n'est pas vraiment réelle et qu'on devrait ne pas en tenir compte, puisque les médecins n'en tiendront pas compte.
Le stress engendre la maladie mentale, et la maladie mentale est une incapacité à faire face au stress. Le stress nous rend nerveux et grognons, et il nous mène à boire. Le stress nous tient éveillés la nuit et nous donne envie de dormir le jour. Stresseur, stresser, stressant... autant de mots traduisant le fait que le stress est, de nos jours, la cause de toutes les souffrances. Et la réponse à toutes les questions commençant par "Qu'est-ce qui ne va pas"...
Nous sommes habitués à définir les individus en colère comme des méchants et nous-mêmes, ainsi que toutes les autres personnes contre lesquelles ils s'emportent, comme des victimes. Que cela soit justifié ou non, il n'en demeure pas moins que, bien souvent, cette position est aussi une tentative de contre-attaquer en se plaçant du haut point de vue de la morale. Or les personnes qui se voient comme des victimes ou comme les défenseurs des victimes revendiquent le droit d’exercer des représailles. En trente années d’exercice durant lesquelles j'ai eu en thérapie bien des clients ayant du mal à maîtriser la colère, je n'ai jamais rencontré une seule personne tyrannique qui ne se considère pas comme une victime.
(...) les partisans de la théorie freudienne, selon laquelle la colère est une pulsion dont il faut se libérer, et les adeptes de l'idée Nouvel Age en vertu de laquelle l'expression des sentiments serait le garant de l'équilibre mental peuvent juger complétement dingue de recommander, en définitive, la répression de la colère. A leurs yeux, cette répression peut être un facteur favorisant des explosions de colère encore plus vives et plus dangereuses. Il n'en est rien. Les résultats des recherches sur le sujet sont clairs et nets : plus les gens expriment leur colère, plus ils explosent.
(...) les êtres se considérant comme des victimes finissent en général par devenir des bourreaux ; inconsciemment, ils en viennent à se venger sur des personnes qui ne leur ont rien fait.
Les personnes trop gentilles ont tendance à retourner vers l’intérieur leurs pulsions agressives, sous la forme d'attaques de panique, de phobies, de dépression et de certains autres troubles. Pour aller mieux, elles doivent arriver à exprimer de temps en temps, un refus, et ce, même aux membres de leur famille et à leurs amis. Par conséquent, si l'on veut qu'elles se débarrassent de leurs explosions de peur, on doit accepter que, parfois, elles nous disent non.
Les thérapies d'aujourd'hui sont les descendantes de celle élaborée par Freud. Bien que la psychanalyse ne soit plus en vogue depuis près de quarante ans, elle influence encore notre pensée. Sachant qu'elle impliquait d'analyser en profondeur toutes les questions en rapport avec les parents, nous continuons de le faire, sans se soucier de savoir si cela a, un jour, donné des résultats.
Puisqu'ils éprouvent de très pénibles sensations, les individus en proie à une attaque de panique ont généralement l'impression que, s'ils n'agissent pas sur-le-champs pour calmer leur angoisse, ils vont perdre connaissance, mouiller leur culotte, avoir une attaque ou faire une crise cardiaque. En réalité, le risque que leur angoisse provoque l'un ou l'autre de ces troubles est minime. Mais ils affrontent rarement leur peur assez longtemps pour le découvrir. Ils cherchent au contraire à y échapper au plus vite, soit en courant se réfugier dans un endroit sécurisant, soit en prenant un médicament prescrit par un médecin, une drogue quelconque ou de l'alcool afin de mettre fin à la stimulation interne. L'ennui, c'est qu'ils ne développent ainsi aucun moyen de faire face aux dangers fictifs ; la seule stratégie qu'ils connaissent est la fuite. Par conséquent, lors de l'attaque de panique suivante, ils seront encore plus effrayés.
Goethe, qui avait une propension à la mélancolie, disait ceci : "Le désespoir ne se connaît pas lui-même." Il s'agit là d'une remarque fort pertinente, car la dépression est, en effet, un trouble de la perception que les dépressifs ne perçoivent pas. A leurs yeux, ce n'est pas eux qui sont tristes, c'est le monde qui l'est.
Les personnes dépressives affirment ne pas être excessivement négatives, mais simplement réalistes. Hélas, elles ont raison. De nombreuses études ont révélé que les dépressifs ont une plus grande aptitude à observer les faits et à les prévoir que les individus "normaux". La santé mentale implique, entre autres, un optimisme injustifié.
(...) chez les individus sujets aux explosions de peur, de tristesse ou de colère, l'inquiétude normale évolue d'elle-même jusqu'à devenir rumination, soit le fait de ressasser des situations imaginaires dangereuses ; et comme la rumination s'amplifie à chaque répétition, la stimulation et la réaction sont de plus en plus fortes au fil du temps. Quasiment toutes les explosions émotionnelles impliquent la rumination. Seuls différent les dangers imaginés et, surtout, les tactiques mises en œuvre pour s'en protéger.
La peur intense modifie radicalement le fonctionnement du cerveau. Elle donne beaucoup plus l'impression de devenir fou que le fait de vraiment devenir fou ne la donne lui-même.