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Citations de Albert Londres (368)


— La dernière nuit, la septième, ce fut le déluge et le cyclone. Eau dessus et eau dessous. Sans être chrétiens, nous avons fait plusieurs fois le signe de croix.
Les onze hommes à ce moment me regardèrent comme pour me dire : mais oui.
— La barque volait sur la mer comme un pélican. Au matin, on vit la terre. On se jeta dessus. Des Noirs étaient tout près.
Venezuala ou Trinidad ? crions-nous. — Trinidad.
C'était raté. Nous voulûmes repousser le canot, mais sur ces côtes les rouleaux sont terribles. Après huit jours de lutte, nous n'en avons pas eu la force. Le reste n'a pas duré cinq minutes. Des policemen fondirent sur nous. Dans Trinidad, Monsieur, il n'y a que des policiers et des voleurs. Un grand Noir frappa sur l'épaule du rouquin et dit : « Au nom du roi, je vous arrête ! » Il n'avait même pas le bâton du roi, ce macaque-là ! mais un morceau de canne à sucre à la main. Ces Noirs touchent trois dollars par forçat qu'ils ramènent. Vendre la liberté de onze hommes pour trente-trois dollars, on ne peut voir cela que dans ce pays de pouilleux.

Vers la Guyane.
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Albert Londres
Ce n'est pas d'une institution que vient le mal ; il vient de plus profond : de l'éternelle méchanceté de l'âme humaine.
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Onze forçats étaient là, durement secoués par ce mélange de roulis et de tangage baptisé casserole.
— Eh bien, leur dis-je, pas de veine !
— On recommencera !
Sur les onze, deux seulement présentaient des signes extérieurs d'intelligence. Les autres, quoique maigres, semblaient de lourds abrutis. Trois d'entre eux ayant découvert un morceau de graisse de bœuf s'en frottaient leurs pieds affreux, répétant : « Ah ! ces vaches d'araignées-crabes ! » Mais tous réveillaient en vous le sentiment de la pitié.
On aurait voulu qu'ils eussent réussi.
— D'où venez-vous ? De Cayenne ?
— Mais non ! de Marienbourg, en Guyane hollandaise.
Nous nous étions évadés du bagne depuis dix-huit mois. On travaillait chez les Hollandais. On gagnait bien sa vie…
— Alors pourquoi avez-vous pris la mer ?
— Parce que le travail allait cesser et que les Hollandais nous auraient renvoyés à Saint-Laurent. Tant que les Hollandais ont besoin de nous, tout va bien. Ils nous gardent. Ils viennent même nous " débaucher " du bagne quand ils créent de nouvelles usines, nous envoyant des canots pour traverser le Maroni, nous donnant des florins d'avance. C'est qu'ils trouvent chez nous des ouvriers spécialistes et ce n'est pas les nègres qui peuvent faire marcher leurs machines.
Mais, depuis quelques années, ils ne sont plus chics. Dès qu'ils ne peuvent plus se servir de l'homme, ils le livrent. C'est la faute de quelques-uns d'entre nous, qui ont assassiné chez eux, à Paramaribo. Les bons payent pour les mauvais.

Vers la Guyane.
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Il faut dire que nous nous trompons en France. Quand quelqu'un – de notre connaissance parfois – est envoyé aux travaux forcés, on dit : il va à Cayenne. Le bagne n'est plus à Cayenne, mais à Saint-Laurent-du-Maroni d'abord et aux îles du Salut ensuite. Je demande, en passant, que l'on débaptise ces îles. Ce n'est pas le salut, là-bas, mais le châtiment. La loi nous permet de couper la tête des assassins, non de nous la payer. Cayenne est bien cependant la capitale du bagne.
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Albert Londres
Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de rose. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie.
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Dans le même voyage, l'homme de terre et l'homme de mer ont deux buts différents. Le but du premier est d'arriver, le but du deuxième est de repartir. La terre nous tire vers le passé, la mer les poussent vers le futur.
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Une valise, on dirait que c’est la liberté qu’on a dans la main.
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Or, ces temps, par ces nuits et ces jours de froid, de pluie, de tonnerre et de mort, il faudrait être bien magnifique pour ne pas sentir pleurer en soi.
Quand un soldat pleure, la vérité n'est pas de le consoler, c'est de le réveiller de ses larmes.
Emile Vandervelde, citoyen et ministre, est venu sonner du clairon.
Il a rallié la pensée.
Le Matin, 29 novembre 1914
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Un sourire est une fleur rare aux îles du Salut !
– Il s’est évadé de Royale, reprit le commandant, c’est là l’un des plus beaux exploits du bagne. Quatre-vingt-quinze chances de laisser ses membres aux requins. Comment vous a-t-on repris sur la grande terre ?
– Épuisé, commandant.
– Il a même repêché un gardien, une fois ! N’est-ce pas ?
Dieudonné esquissa un geste du bras.
– Voyons, dis-je au commandant, le cas Dieudonné est troublant. Beaucoup de gens croient à son innocence.
– Du fond de ma conscience, je suis innocent, fit Dieudonné.
Là-dessus, l’on referma l’enterré vivant dans son tombeau.
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Albert Londres
Voilà le soleil. Le froid avait tellement exagéré qu'il a dû se donner une bronchite à lui-même. Il en est mort.
La grande guerre
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La chose n'est pas complètement fausse. En effet, quand une personne tombe malade de la mystérieuse maladie, si cette personne n'a pas le sou, elle est folle. Possède-t-elle un honnête avoir ? C'est une malade. Mais si elle a de quoi s'offrir le sanatorium, ce n'est plus qu'une anxieuse. (p. 14)
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Je ne suis pas fou, du moins visiblement, mais j’ai désiré voir la vie des fous.

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Les Pélissier n'ont pas que des jambes, ils ont une tête et, dans cette tête, du jugement.
- Vous n'avez pas idée de ce qu'est le Tour de France, dit Henri, c'est un calvaire. Et encore, le Chemin de Croix n'avait que quatorze stations, tandis que le nôtre en compte quinze. Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons? Tenez....
De son sac, il sort une fiole:
- ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives....
- ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux.
- Et des pilules? Voulez vous voir des pilules? Tenez, voilà des pilules.
Ils en sortent trois boîtes chacun.
- Bref, dit Francis, nous marchons à la "dynamite".
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Pour soigner les fous, il faut d'abord prendre la peine de comprendre leur folie.
Il faut aussi profiter de leurs jours de lucidité pour les réadapter à la vie ordinaire.
Traiter continuellement comme un fou l'homme qui ne perd que de temps à autre le contrôle de son jugement, c'est l'enfoncer dans son infortune. (p. 67)
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Albert Londres
C'est la loi, mais la loi s'est trompée.
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La vie des sous-officiers de la justice militaire n'est pas folâtre, c'est entendu ; les psychologistes pourraient peut-être pousser là une étude de l'homme pris dans ce qui lui reste de profondément animal. Les actes cruels qui marquent la carrière de beaucoup de sergents surveillants sont moins le résultat d'une décision de l'esprit que la conséquence naturelle d'une brutalité qui se croit des droits et se donne des devoirs.
Page 47
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Le soldat déteste que l'on chante sa gloire en détonnant. Les panégyriques que l'on fait de lui sont toujours "à côté". Rien ne l'irrite autant que l'idée théâtrale que l'on a de sa personne... L'encens que l'on brûle devant lui est arrivé à l'écoeurer. Il n'y a que les statues de bois pour supporter sans broncher la fadeur de cette fumée (p. 143).
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p.134-135/Ce matin-là, je louvoyais dans un quartier d'asile, en compagnie d'un interne.
- Les fous, me disait-il, ne sont pas ce que l'on suppose. Le public les voit mal...Ce ne sont pas toujours des forces déchaînées. Tenez, regardez ceux-ci, réunis dans cette salle.
Ils étaient une dizaine. Ils parlaient un peu haut, mais cela arrive aux personnages les plus sensés.
- Vous pouvez entrer, me dit l'interne.
J'entre. Les têtes étonnées se tournent de mon côté. Je reconnais le médecin-chef au milieu du groupe.
L'interne me saisit par le bras.
- Quoi ?
- Erreur ! fait-il en se mordant la lèvre, ce ne sont pas des fous mais des aliénistes. C'est la Ligue de l'hygiène mentale qui tient séance !
Il avait suffi de l'épaisseur d'un carreau !
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Le vent menait un assez joli vacarme dans le bois et venait siffler sur le toit de la « datcha ». Et nous ne vous cacherons pas que c’était une de ces soirées où l’angoisse n’est pas loin du cœur.
Avidement, mon étrange compagne me posait des questions :
-Lave-t-on toujours le linge, à Paris ?
-Quelle idée ! faisais-je.
-Alors, il y a encore des voitures qui circulent et on peut les prendre pour sortir ?
-Mais…
-Il y a encore des magasins ?
-Madame, disais-je, vous avez faim, je le vois ; mangez.
-L’habitude en est prise. Nous n’avons plus faim, maintenant.
Elle continuait :
-Alors, on peut rendre visite à ses amis ? recevoir des lettres ? tenir les propos que l’on veut ?
Et, le cœur alors éclatant :
-On peut dormir en paix dans son lit, sans être réveillé par d’affreuses mains qui vous secouent et qui viennent perquisitionner ! per-qui-si-tion-ner !
Elle voulut prévenir ses larmes et changea de ton. Passant rêveusement ses doigts sur ses cheveux lisses, gracieuse, elle demanda :
-Alors, on peut encore se faire coiffer, à Paris ?
L’invraisemblable tête-à-tête dura jusqu’à trois heures du matin. Quand la conversation tombait, outre ce fameux vent, on entendait des colonies de rats qui menaient une folle sarabande dans l’étage. Elle ne me dit ni son nom ni son crime. Quand je lui parlais de la Russie de Lénine, elle ne répondait pas et me faisait comprendre que, même lorsqu’il n’y a que des ombres, il faut prendre garde à ce que l’on dit dans cette Russie où j’arrivais (..)
Sur une chaise longue pouilleuse, au milieu du steeple-chase des rats, s’acheva ma première et mystérieuse nuit de Russie. Je l’avais vécue dans l’antichambre de la prison.
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[…] je m'installe dans une ville. Qu'il arrive une affaire quelconque dans cette ville, un vol, un crime, qui soupçonne-t-on ? Moi, l'ancien ! Le monde n'est pas bon, vous le savez. Et l'on commence par me coffrer. La vie d'un « ancien » n'est pas possible dans la société. Je serai toujours coupable de l'avoir été une fois. Là-haut, nous serons tous égaux.
Page 134
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