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Citations de Albert Londres (376)


VIII - Ces messieurs du Docteur Dide

La maison de Braqueville est une maison comme il n'en est pas une autre sur le territoire de la France républicaine.
Si je suis dénoncé comme fou, je demande que l'on m'interne chez le docteur Maurice Dide.
Ce savant professe que la folie est un état qui en vaut un autre et que les maisons de fous étant autorisées par des lois dûment votées et enregistrées, les fous doivent pouvoir, dans ces maisons, vivre tranquillement leur vie de fou.
Et ce savant a raison. C'est assez que l'on ne puisse pas les guérir. (...)
Dans la maison du docteur Dide la folie n'est pas considérée comme un crime.
on ne se dresse pas devant le pensionnaire pour lui dire : "Misérable ! Qu'as-tu fait ? Tu viens de perdre la raison !"
On lui dit : "Bonjour, monsieur, vous voici chez vous."
Les châtiments sont interdits.
Existent-ils en d'autres lieux ? Je vous crois. (p. 62)
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D'autre part je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de roses. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie.
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Des noirs des deux sexes travaillaient sur la route. Pliés en deux comme s'ils attendaient le partenaire pour jouer à saute-mouton, ils la tapaient avec une latte. Cette compagnie faisait deux rangées, une d'hommes, une de femmes, les femmes vieilles et laides, la peau ratatinée sur le squelette. Evidemment, elles ne pouvaient plus servir... qu'à la route.
Sur le bord de la chaussée, un orchestre : trois tambourins et un flûtiau. Pour donner la cadence aux cantonniers, les musiciens scandaient un air qui montait et descendait en quatre temps, sur quatre sons, du lever du jour à son coucher. Un chien pacifique en serait devenu enragé !
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Seuls les poètes et les caftanes* savent créer de jolis mots.
Pourquoi l'Académie Française n'a-t-elle reçu, jusqu'ici, que les poètes ?

*caftane, mot dont les Argentins se servent pour désigner les hommes qui vivent des femmes
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– Je n’ai connu la « bande à Bonnot » que par les rumeurs, alors que j’étais déjà incarcéré à la Santé. Ceux que j’ai connus, moi, s’appelaient Callemin, Garnier, Bonnot, mais ils n’étaient pas en bande quand je les voyais. Des centaines les connaissaient comme moi ; c’étaient, à cette époque, de simples mortels qui fréquentaient les milieux anarchistes où l’on me trouvait parfois. Ils étaient comme tous les autres. On ne pouvait rien lire sur leur front…
– Et que faisiez-vous dans les milieux anarchistes ?
– Nous reconstruisions la société, pardi ! Je l’ai dit et écrit : il y a quinze ans, je croyais à l’anarchie, c’était ma religion. Entre anarchistes, on s’entraidait. L’un était-il traqué ? Il avait droit à l’asile de notre maison, à l’argent de notre bourse.
– Alors, vous avez caché Bonnot ?
– Moi ? j’ai caché Bonnot ?
– Je vous demande.
– Mais non ! Je veux dire qu’en serrant la main à Callemin, à Garnier ou à Bonnot, je ne savais pas plus que vous ce qu’ils feraient ou ce qu’ils avaient fait déjà. On n’exige ni papiers ni confidences de quelqu’un à qui l’on tend une chaise ou un morceau de pain. Voilà mon crime. Il m’a conduit devant la guillotine.
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D’où sort ce que l’on vend aux pauvres nègres ? Des ciseaux dont les branches ne se touchent pas ; des couteaux qui ne coupent pas ; des miroirs qui ne reflètent pas ; des savons qui ne moussent pas ; des parfums !!!!; des peignes sans dents ; des chandelles sans coton … et l’on pourrait aller jusqu’à dire des flûtes sans trous ! Où sont ces usines sournoises qui travaillent à mal travailler parce que c’est assez bon pour toute une partie de la terre ?
Qui dit Blanc dit, ici, administration. L’administration est le moustique du nègre. A tous les moments de sa vie, elle le pique, troublant son farniente. Lui, qui dormait si bien !
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[Suite de l'adresse au ministre de la guerre]
Depuis vingt ans, le monde a fait beaucoup de progrès : on voyage dans les airs, on se parle à travers l'Océan, et sans fil ! L'homme est en marche, du moins il le croit ! Seule, en France, la justice est pétrifiée .
Nous avons de la répression l'idée qu'en possédaient nos grands-pères du Moyen Âge et mêmes ceux du premier Âge.
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Savez-vous ce qu'il faudrait dans les pénitenciers ?
Il rit comme pour marquer d'avance qu'il allait dire une chose énorme.
-Des curés.
Par curé, il n'entendait pas un prêtre qui viendrait leur faire le catéchisme. Curé ! Rabbin ! Pasteur ! Ils ne sont pas fixés sur la confession. En soutane ou en pantalon, ils n'y regarderaient pas de si près. Ce qui n'est pas leu foi qui a soif. S'ils disent curé c'est pour tout résumer d'un mot. Ils voudraient un homme qui fût parmi eux, non par métier, mais par bienveillance. Lorsqu'une bonne pensée naît dans l''esprit ou le cœur d'un détenu, ce détenu ne trouve personne à qui la confier. Tout élan vers le bien est étouffé par de gros rires. De mauvais meneurs, tant que vous en voudrez ; de bons meneurs, aucun ! Me désignant un travailleur, un sergent me dit : « C'est le moraliste ! » et à ce mot une bonne rigolade jaillit de son nombril et inonda tout son corps.
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Imaginez-vous un Caïn qui n’aurait pas tué Abel et qui, toute sa vie, entendrait derrière lui : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Il se défendra, il se démènera, il s’expliquera. On l’écoutera un moment d’une oreille sceptique, puis l’on s’en ira, alors qu’il continuera de se défendre dans le vide, tout seul.
Et l’homme qui lui jette un regard de mépris ? Et les timides qui détournent la tête ? Et ceux qui, dès qu’ils vous aperçoivent, passent sur le trottoir opposé ? Et tous les autres qui vous croisent sans vous voir ?
Et les meilleurs ? Les meilleurs qui restent indécis. Oh ! cette prudence des meilleurs ! Cette hésitation ! Cette main qui se tend mollement et comme dans l’ombre ! Ce regard qu’ils promènent autour d’eux, comme si ce regard avait la puissance de vous faire disparaître, cette peur qu’on ne les voit avec le bagnard !
Quinze ans que cela dure, monsieur !
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Le médecin voit l'homme, l'administration voit le condamné. Pris entre ces deux visions, le condamné voit la mort
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On leur ôte la vie sans leur donner la mort
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Comment savoir qu'un fou n'est plus fou puisqu'on ne le soigne pas. (p.159)
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-Monsieur le directeur, si une crapule tue mon chat, je tuerai la crapule, je l'ai dit.
Berton excite les jalousies. Pour qu'il commette une nouvelle faute, des détenus sont prêts à tuer son chat. Ainsi s'entraident les hommes !
-C'est que, dans les prisons ils s'attachent aux plus petits représentants de la vie, à un moineau, à un rat...
-A un cafard, dit Berton.
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Écrit spécialement pour M. Le Ministre de la Guerre
Voilà le résultat de l’œuvre des pénitenciers militaires !
C'est une grande honte pour la France !
Qu'importe que le ministre de a guerre s'écrie : « je n'ai pas voulu cela », si cela est ?
Un règlement qu'on n'applique pas ne peut servir d'excuses à d'aussi grotesque défaillances.
Ce n'est pas la discipline qui règne sur la justice militaire, c'est l'anarchie.
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Pour enquêter dans les pénitenciers, il faut comprendre toujours quand on vous dit jamais. A part ce détail , tout est clair.
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Ils présentent immédiatement la main à plat. Cela veut dire : « Ne tirez pas, je ne tirerai pas. » En vitesse, je leur présente les deux mains, je regrette même à ce moment qu'elles ne soient pas plus larges. Je leur crie : « Trick, Tasfilazet, meziane ? » Je savais la phrase depuis peu de temps : vous pensez si je m'en servais. Cela signifie, paraît-il : « Est-ce le bon chemin pour Tasfilazet ? » Mais ce beau langage était de l'arabe, et les fantômes étaient Berbères. C'est à vous dégoûter de savoir les langues ! Il était une heure et quart. Cette fois, il n'y avait plus de doute, nous roulions en pleine dissidence. Ce crétin de dernier manteau bleu aurait tout de même pu nous prévenir.
Nous retournons la voiture. Et si vous n'avez pas vu courir un sloughi, le plus rapide des lévriers, vous n'avez aucune idée de la façon dont filait votre pèlerin. Évidemment, ce que nous n'avions pu découvrir de l'autre côté, nous l'apercevions maintenant. Et voici le bordj D'ailleurs, on nous fait des signes comme avec un grand drapeau. La vie est belle et mes oreilles me sont chères !
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Les puces vivaient en bataillons serrés sous les marabouts. Vous déplaciez les tentes ? Les puces suivaient. Vous désinfectiez ? Elles quittaient le marabout, attendaient la fin de l'opération, reprenaient des forces au soleil, et, le soir, rentraient se coucher avec les hommes.
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Foum-Tegghet est un passage romantique dans le pays berbère avant d'atteindre Kenifra. C'est rocailleux, tourmenté, raviné. De hautes pierres sauvages y font éclater le sol. C'est l'un de ces endroits qui n'ont pas bougé depuis la création du monde. La piste dut être dure à tracer à Foum-Tegghet !
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On désigne par fourbi le bon accord entre acheteurs et vendeurs de denrées. Le fourbi a pour but d'engraisser le sergent et de dégraisser la gamelle.
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L'habit et l'usage de la tondeuse sont pour quelque chose dans la silhouette qu'ils présentent, mais ce qui est bien à eux, ce sont leurs traits et leur regard. Pour rencontrer sept mauvais garçons d'aussi sombre allure, il faudrait faire du chemin dans la vie ordinaire. Ils ont l'air si hébété que, pour éviter la contagion, on a envie de reculer.
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