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Citations de Albert Londres (376)


Lord Northcliffe, sortant de Saigon, proclama : "La France n'a rien à apprendre de l'Angleterre".
Vous ne vous êtes pas amusés non plus, messieurs les Anglais, de la pointe du détroit de Palk aux neiges de l'Himalaya. Bombay ! Madras ! Calcutta ! Delhi ! Simla ! Quelles villes ! Quels chemins de fer ! quels ports ! quel effort !

Je t'entends, peuple indien ; tu cries : "C'est avec nos bras et notre argent que l'Anglais a creusé, jeté, bâti tout ça !". C'est bien vrai, mais sans lui tu ne l'aurais pas fait. Et maintenant, tu voyages, tu télégraphies, tu reçois des lettres. Tu veux le chasser, l'Anglais, et c'est ton droit, mais si tu ne fais pas brûler parfois un peu d'encens sous son portrait, tu ne feras pas tout ton devoir.
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Naguère, une entrevue Gandhi-Tagore émut le pays immense. Mystérieuse, elle dura quatre heures. En longtemps l'on ne sut d'elle qu'une chose, c'est que Gandhi était parti sans avoir été prié de saluer la famille Tagore.
Entre le "mahatmadji" et le "gurudev", un orage avait éclaté. Gandhi, visionnaire, développa sa vision de l'Inde se retirant du monde. On jetait bas d'un coup toutes les conquêtes de la civilisation sur le temps, et de l'esprit sur l'ignorance. Plus de chemins de fer, d'écoles, de tribunaux, de médecins. L'Inde avec délire se replongeait dans le Moyen Âge. Désormais un seul instrument serait le sien : le "charka" (rouet).
Tagore rejeta du pied le rouet de Gandhi :
- Quelle idée vous faites-vous des destinées du peuple de l'Inde ? Est-ce en reculant que l'on gagne l'avenir ?
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Et puis, voilà le fait, je voulais assister à un "pikketing".
"Pikketing" ? C'est un enfant du mouvement nationaliste indien, c'est même un enfant terrible. Le "pikketing" est l'acte par quoi des Indiens empêchent d'autres Indiens d'acheter des cotonnades anglaises. Et les "pikketers" sont les champions du "khaddar".



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La chéchia retirée, on vit qu'ils s'étaient fait dessiner par la tondeuse des agréments dans la chevelure. L'un avait la moitié du crâne rasée; l'autre y portait un huit, et leurs voisins, des figures inconnues de la géométrie.
- Où c'est les Prussiens? nous demandèrent-ils.
- Tout près, à vingt kilomètres.
- Vingt kilomètres! Y a bon!
Ils allèrent à la corvée d'eau. Ils vous disaient en relevant le menton:
- Avons laissé Mme Sénégal pour défendre France.
Sous la voûte du canon, cela vous mouillait les yeux.
Ils s'endormirent avec la nuit.
C'est le lendemain.
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Ce sont les règlements qui nous accablent. Ils trahissent certainement dans leur application l’idée des hommes qui les ont faits. C’est comme un objet qui tombe de haut et qui arrive à terre, son poids multiplié. Aucun ne peut se relever ; nous sommes tous écrasés.
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Dans le danger, les hommes ne demandent pas à être libres ; ils veulent se sentir commandés.
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p.18/Nous allâmes prendre le train pour Hanoi. C'était cent dix kilomètres à couvrir à travers le delta.Si vous désirez savoir ce que l'on voit par la portière, durant ces trois heures de trajet, vous enverrez un autre de vos collaborateurs refaire le voyage. Quant à moi, je m'effondrai dans un coin, les yeux fermés, la bouche ouverte. Par instants, à travers l'interstice de mes paupières, j'apercevais bien des rizières et de grands fauteuils de pierre qui étaient des tombeaux. Mais, loin du Tonkin, je rêvais à la Finlande. Je revoyais le temps heureux où, vêtu de peaux de bête domestique, je claquais des dents et pigeais des rhumes sur la mer Blanche. Ô Laponie ! Laponie ! murmurais-je...
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L’œuvre des condamnés militaires n’est pas un mythe, elle est écrite sur la terre dure. L’une des bases de l’institution est le relèvement par le travail. Le travail est un fait ; quant au relèvement, il se pratique, de préférence, à coups de botte.
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Ils se croient français, anglais. L'esprit les a quittés. Ils ont rompu l'alliance. Ils ont tout perdu. Pour nous, ils ne sont plus Juifs et, pour les Occidentaux, ils en sont cependant toujours.
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- Vous êtes comme votre collègue de Houndé qui demande un dompteur à la place d'un gouverneur. Fait-vous aussi flotter sur votre résidence le drapeau noir à tête de mort ?
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Shalom veut cependant dire « paix sur toi ! » et partout, Juifs, où vous lancer votre salut, la guerre vous répond !
P.212.
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Pouvez vous me donner six citations
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Les routes du Nord étant pavées de cubes de pierres remarquables par leur irrégularité, les soixante pèlerins rescapés du Tour de France, tour que l'on appelle aussi « Tour de souffrance », roulaient sur les trottoirs et en changeaient à chaque instant, comme s'ils cherchaient une place où ils auraient moins mal. […] Ce n'était cependant pas à une guerre que nous assistions, mais à une course. À juger la chose sur l'extérieur, il n'y avait pas sur la face des acteurs une énorme différence.
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(p.82, 86-87)
Dans la maison du docteur Dide, la folie est sacrée. C'est un talent que l'on respecte, une chute d'eau que l'on ne cherche pas à canaliser pour faire de la houille blanche. Les neiges ont fondu, qu'elles s'écoulent suivant les fantaisies de la nature. Ce fou a pour habitude, chaque matin, de rédiger une affiche et de la coller à la porte 3 du couloir de la deuxième. Pourquoi la lacérer ?

...

Ce n'est pas en exaspérant ces malheureux qu'on les ramène à la raison.
Pour soigner les fous, il faut d'abord prendre la peine de comprendre leur folie.
Il faut aussi profiter de leurs jours de lucidité pour les réadapter à la vie ordinaire.
Traiter continuellement comme un fou l'homme qui ne perd que de temps à l'autre le contrôle de son jugement, c'est l'enfoncer dans son infortune.
Nous marchions dans l'allée principale de l'établissement. A vingt pas de nous, un pensionnaire s'arrêta. Il prit l'attitude qui immortalise Gambetta dans le jardin du Louvre puis entama une éloquente harangue.
Dide me dit :
- Cet homme est en proie à un orage. L'orage ne durera pas, mais il faut qu'il passe. Si je voyais un infirmier brutaliser ce malade sous prétexte de le faire taire, c'est l'infirmier que je mettrais au cabanon.
En effet, l'orage passe. L'orateur s'approcha de Dide.
- Bonjour, monsieur le directeur, vous venez encore de me surprendre en effervescence.
- Nous avons tous la nôtre, mon ami.
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(p.74)
Et cette jeune femme au masque grimaçant qui me demande :

- Êtes vous le général inspecteur des cinémas ?

- ...

- Eh bien ! mon général, je suis la reine des cinémas. Il me semblait bien vous reconnaître, car je possède la radiographie ! Et je vous ai vu à travers les murs. Or tous ces ennemis qui m'accramponnent, c'est la faute du cinéma et du nitrate d'argent, qui font tous deux contact avec l'électricité. Cependant l'essentiel est de se tenir l'estomac propre, et, pour cela, j'emploie le spiritisme. Mas, monsieur le général, vous ne voyez pas les deux pirates qui en ce moment me serrent le cou, parce que je suis la reine de l'écran ? "Le Crâne d'Or", et "Le Tombeau de l'hindou", c'est moi qui ai tourné ces chefs-d’œuvre.

Elle m’entraîne dans un coin =et me dit à voix basse :

- Aussi, cette nuit, on m'a fait le cercle de feu. J'ai flambé toute ! J'ai souffert, ça sera un joli film !

Sa confidence terminée, elle reprend tout haut :

- Heureusement que j'ai les rayons X pour moi ! Seulement, cet appareil tourneur cinématographique que j'ai dans le corps, il faut qu'on me le sorte. Pourquoi suis-je entre quatre verres ? Pourquoi ai-je la radiographie par-dessus et sur les côtés ? C'est que j'ai tellement gagné d'argent au cinéma qu'on veut me tuer pour avoir mon coffre. Au secours, les haut-parleurs ! Au secours !
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Chassés des chemins de fer, des tramways, des postes, des mines de sel, il ne restait qu’un facteur juif, ces temps derniers, au service de l’État.
Le ministre interrogé répondit qu’il l’avait remercié parce
que les Juifs ne sont pas bons marcheurs.
Tu entends, juif
errant ?
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Le sang est un mauvais alcool pour les sauvages. Les
sauvages ne sont pas tous en Afrique ou dans le Pacifique.
Il n’est pas indispensable, pour être sauvage, de vivre nu.
Les nôtres, les sauvages européens, soldats des bandes
d’Ukraine, étaient bottés, vêtus et décorés
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Je suis un bagne, p. 113
– Pourquoi meniez-vous cette lutte inégale contre l’administration ?
– Par le goût, je m’enfonçais dans le cachot comme dans le sommeil. Cela me plaisait diaboliquement. Quand le commandant Masse n’a plus voulu me punir, j’ai cru que je l’étranglerais. Et puis, je protestais au nom de tous les autres. Mais tous les autres – à part trois ou quatre – savez-vous ce que c’est ? C’est de la vermine qui, plus vous l’engraissez, plus elle vous dévore.
» On ne me verra plus chercher des amis dans ce fumier.
» Je me demande même comment je ferai quand je sortirai du cachot.
» Je ne puis plus supporter la vie en commun.
– Vous vivrez à part.
– Je ne puis plus me souffrir moi-même. Le bagne est entré en moi. Je ne suis plus un homme, je suis un bagne. »
Il dit :
« Je ne puis pas croire que j’aie été un petit enfant. Il doit se passer des choses extraordinaires qui vous échappent.
» Un bagnard ne peut pas avoir été un petit enfant.
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Tout ce peuple vif n'avait jamais entendu parler de la France. J'étais citoyen d'un pays honoraire !
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Le samouraï, lui est un mort qui se porte bien. Il n'y a plus de samouraïs, mais par les chemins on ne rencontre qu'eux. Le samouraï est au Japonais ce que l'idéal était à don Quichotte. Autrefois, vassal d'u daïmyo, ayant pour toute carrière celle de veiller sur la vertu de l'âme, deux sabres au côté ; redresseur de torts, chevalier du Point d'honneur, la révolution le jeta hors de son sacerdoce.
Il tomba de la lune, tout raide dans son armure, mais dépouillé de ses privilèges, Meiji, le mikado du Salut, celui qui naquit un pied dans le Moyen Age et mourut un autre dans le vingtième siècle, le dédommagea par du vil argent -lui qui ne touchait pour paiement que des sacs de riz- de la perte de sa fonction sacrée. Et le samouraï, triste, entra dans la norme.
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