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Citations de Albert Moukheiber (19)


Plus les témoins sont nombreux, moins ils agissent car ils ne se sentent pas aussi responsables que s'ils étaient seuls et que tout ne dépendait que d'eux. Ce mécanisme s'appelle la diffusion de la responsabilité. Je pense qu'autrui va agir, mais autrui pense comme moi, donc en définitive personne n'agit.
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Une formule célèbre dit que « nous ne voyons pas le monde tel qu'il est mais plutôt tel que nous sommes ». C'est une vérité profonde que les travaux de science cognitives confirment aujourd'hui le monde nous renvoie en permanence une multitude de signaux, nous en réduisons l'ambiguïté en choisissant ce que nous voulons voir. Ainsi, petit à petit, notre interprétation du monde nous façonne psychologiquement, culturellement et socialement. Cela ne veut pas dire pour autant que nous pouvons voir tout le temps ce que nous voulons voir, en d'autres termes que rien n'existe vraiment et que nous sommes libres de façonner notre propre réalité simplement en l'imaginant dans notre tête (...). Le réel existe et il est intangible, quand bien même on ne saurait l'appréhender sans que notre cerveau ne l'interprète.
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Alors que chacun de nous est soumis à un flot continu d'informations, le défi est moins de lutter contre l'ignorance que contre l'illusion de connaissance. Il est plus facile d'apprendre des choses à une personne qui sait qu'elle ne sait rien, qu'à celle qui croit savoir alors qu'elle ne sait pas.
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Nous surestimons en permanence notre capacité à comprendre le fonctionnement du monde, l'important est d'en avoir conscience et de ne pas nous arrêter au pic de confiance chaque fois que nous découvrons une nouvelle discipline, que nous sommes confrontés à de nouvelles idées. Au contraire, acceptons de plonger dans le vertige de la connaissance : nous l'accepterons d'autant plus que, comme en témoigne la courbe [de l'effet Dunning-Kruger], après le découragement face à l'étendue de ce qu'il nous reste à apprendre vient la remontée vers une connaissance plus solide.
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Elizabeth Loftus s'est aussi demandé s'il n'existait pas un moyen d'implanter de faux souvenirs dans notre mémoire. Elle s'est penchée sur les souvenirs d'enfance dits refoulés et qui émergent à l'âge adulte, souvent au cours de thérapies ou de psychanalyses. (...) Ces techniques de suggestion sont parfois utilisées de façon malveillante. En 2017, Marie-Catherine Phanekham, 44 ans, kinésithérapeute, a été condamnée à un an de prison et vingt mille euros d'amende pour avoir soutiré des sommes considérables à ses patientes après avoir implanté dans leur mémoire de faux souvenirs de viol, d'inceste ou de violences subis pendant l'enfance. Le but de la démarche était ensuite de leur proposer de surmonter leurs traumatismes - devenues pour le coup bien réels, même si les souvenirs sont faux - via une thérapie longue et coûteuse.
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"Savoir douter de nos pensées, de nos émotions et de nos intuitions quand cela est nécessaire nous conduit à voir à nouveau le monde dans toutes ses nuances et sa complexité et à nous débarasser de nos oeillères."
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« Le renard a faim, il donnerait tout pour pouvoir manger quelques raisins. Son incapacité à se saisir de ces raisins mûrs crée en lui une tension, il entre donc en dissonance. Comme pour retrouver son homéostasie cognitive, il va modifier la valeur attribuée aux raisins et changer son opinion pour l'accorder avec son incapacité à les atteindre […]. La Fontaine termine sa fable par une question importante : cette irrationalité est-elle finalement nocive ou bénéfique, sachant qu'elle lui a permis de résoudre sa tension interne et d'éviter une frustration ? » (p. 97)
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Influencer le choix de quelqu'un sans qu'il en soit conscient (mais sans lui porter préjudice) peut donc aller dans le sens de l'intérêt général. Cette méthode porte en anglais le nom de nudge, littéralement « petit coup de coude » : il s'agit d'une incitation psychologique inconsciente qui influence en douceur et supposément pour notre bien les comportements humains. La sécurité routière a parfois recours aux nudges pour inciter les automobilistes à avoir des comportements plus responsables sur la route. À Chicago, sur une corniche avec un magnifique point de vue il y a un virage dangereux. Face à la multiplication des accidents à cet endroit, la municipalité a décidé de peindre des bandes blanches sur la route, de plus en plus rapprochées à mesure que l'on accède au virage. Cela crée chez les conducteurs une impression de vitesse qui les pousse à ralentir. Cette simple illusion d'optique a diminué les accidents de 36% à cet endroit.
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Dans leur étude Boss Competence and Worker Well-being, trois chercheurs anglais ont fait état d'un problème que l'on retrouve aujourd'hui dans de nombreuses entreprises : ce ne sont pas toujours les gens les plus compétents qui bénéficient de promotions, et on observe souvent des gens sous-qualifiés à des postes importants. Aux personnes s'arrêtant à leur pic de confiance, l'effet Dunning-Kruger confère un vrai sentiment de surpuissance. Des personnes médiocres vont ainsi oser briguer des postes pour lesquels ils ne sont pas qualifiés, et leur confiance en eux peut leur permettre de les obtenir. Dans son ouvrage Les adultes surdoués, le pédopsychiatre Gabriel Wahl explique que, à l'inverse, des personnes surcompétentes et notamment les personnes dites surdouées sous-estiment leurs capacités et craignent en permanence de « ne pas être à la hauteur ». Ce syndrome dit « de l'imposteur » est le pendant négatif de l'effet Dunning-Kruger. Il conduit les personnes qui en sont victimes à accepter des postes inférieurs à ceux qu'elles méritent. Et en combinant ces deux effets, on en arrive à cette absurdité : des personnes sous-compétentes dirigent des personnes sur-compétentes.
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En 2014, Christine Boutin avait retweeté un article du journal parodique Le Gorafi à propos de la loi sur la famille : « Loi sur la famille - Le gouvernement refuse de parler de "recul" mais de "stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée" », s'attirant de nombreuses moqueries. Si l'origine des infox a parfois pour but de manipuler et de désinformer l'opinion publique, sa propagation est souvent le fait de personnes de bonne foi qui y croient et pensent faire un travail d'information salutaire.
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Elizabeth Loftus s'est posé la question de savoir jusqu'à quel point nos souvenirs étaient fiables et s'il était possible de les manipuler, ou du moins de les orienter intentionnellement. En 1974, elle conduit avec John C. Palmer une expérience de reconstitution de la mémoire d'un évènement. Loftus et Palmer montrent à un panel de cent cinquante étudiants la vidéo d'un accident de la route. (...) En changeant un seul mot dans leur question, Loftus et Palmer ont réussi à modifier le souvenir que les participants avaient de l'accident. À la suite de cette expérience, Loftus a voulu définir ce qu'elle nomme l'effet de désinformation : à savoir ce que le sujet perd en précision et en fiabilité à cause d'une information reçue a posteriori.

Nous n'avons pas en France d'équivalent du système du « line-up », mais vous avez déjà dû voir dans une série ou un film américain que, aux États-Unis, lorsqu'une personne est victime d'une agression, la police a souvent recours à un panel d'individus qui se ressemblent parmi lesquels la victime doit identifier son agresseur. Loftus a remarqué que les victimes choisissaient presque toujours quelqu'un... même dans le cas où le coupable ne faisait pas partie du panel ! En fait, le souvenir de l'agression a été modifié par la suggestion implicite que le coupable se trouve obligatoirement parmi les hommes ou les femmes qu'on leur présente.
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Le langage est l'une des fonctions du cerveau à être latéralisée et souvent située dans l'hémisphère gauche (...) Michael Gazzaniga qui travaillait avec Sperry sur ces questions a voulu savoir s'il était possible de ne communiquer qu'avec une moitié du cerveau, sans que l'autre moitié en ait conscience. Pour comprendre l'expérience, il faut savoir que l'information reçue par notre oeil gauche est traitée dans l'hémisphère droit du cerveau et vice versa. Gazzaniga a demandé à deux patients callosotomisés de masquer leur oeil gauche (l'oeil qui n'a pas accès à la fonction « langage ») et de ne regarder une image qu'avec leur oeil droit, relié à l'hémisphère gauche du cerveau. Après quoi il les incite à dire ce qu'ils voient, ce qu'ils font sans difficulté. Gazzaniga leur présente ensuite une nouvelle image, et leur demande de la regarder avec l'oeil gauche (relié à l'hémisphère droit du cerveau dépourvu de langage). Les patients n'arrivent pas à énoncer ce qu'ils voient. Gazzaniga leur demande de dessiner cette image : alors qu'ils n'avaient pas pu verbaliser ce qu'ils avaient vu, ils sont capables d'en faire un dessin !
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Le gaslighting est un autre type de détournement cognitif qui s'appuie sur une manipulation de la mémoire : il s'agit de faire douter sa victime de sa mémoire ou carrément de sa santé mentale en présentant certains faits de façon tronquée, en modifiant quelques éléments du souvenir initial en lui disant qu'elle a tout inventé, ou qu'elle perd la raison. Cette forme d'abus émotionnel peut prendre plusieurs formes. (...) C'est aussi ce qu'ont fait certains membres de la « ligue du LOL », groupe Facebook créé en 2010 et composé quasi-exclusivement d'hommes, qui ont décidé de harceler en ligne « pour rire » des journalistes et des militantes féministes. Cela n'avait pourtant rien d'un jeu d'enfants : des membres de la ligue du LOL ont utilisé des images pornographiques pour faire des montages avec les photos des visages de certaines journalistes, d'autres les ont harcelés de messages haineux. (...) Lucille Bellan, journaliste, raconte dans Slate le harcèlement qu'elle a subi, et parle du moment où elle a senti qu'elle commençait à douter d'elle-même et à se dire qu'elle ne valait rien : « C'est difficile de s'assumer en tant que victime. Surtout là où tout peut être recouvert par le vernis de l'humour. Les mauvais jours, on se répète "je n'ai peut-être pas compris correctement", "mon papier n'était pas si bon que ça", et puis on encaisse. »
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Suite aux travaux de Kahneman et de Tversky, des centaines de biais cognitifs ont été répertoriés et des chercheurs continuent à en identifier régulièrement. Deux des biais dont on parle le plus en cette période d'avènement des infos, nouveau terme utilisé pour parler d'informations fausses ne reposant sur aucun fait, sont le biais de confirmation et le biais de la preuve anecdotique : le biais de confirmation nous pousse à ne prendre en compte que les informations qui renforcent nos opinions, nos convictions et nos croyances, et de rejeter comme fausses toutes les autres idées qui pourraient nous être présentées. Le biais de la preuve anecdotique intervient quand nous utilisons un exemple anecdotique pour justifier notre raisonnement.
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L'Effet Barnum est donc un biais qui conduit à croire à un énoncé qui dit quelque chose de notre personnalité, et cela en vertu de trois facteurs : parce que nous pensons que l'énoncé a été rédigé spécifiquement pour nous (biais de personnalisation) ; parce que la personne qui s'adresse à nous est une figure d'autorité (biais d'autorité) ; enfin parce que l'énoncé est suffisamment vague et général pour s'appliquer à de nombreuses personnes tout en étant suffisamment positif pour avoir envie d'y croire (biais de sélection).
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L'agnosie visuelle est un trouble neurologique de la connaissance qui touche la vision du patient. Sa cécité est localisée au niveau cortical et non rétinien : la rétine absorbe la lumière mais le cerveau n'est pas à même de transformer ces stimuli en images. Le patient est « aveugle du cerveau » mais il est absolument persuadé qu'il voit correctement.
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Contrairement à une idée largement répandue, nous n'avons pas un cerveau gauche créatif et un cerveau droit analytique, ni un cerveau gauche artistique et un cerveau droit mathématique. Certaines fonctions sont tout de même latéralisées, autrement dit logées dans l'un des deux hémisphères, mais la plupart sont bilatérales et donc présentes dans les deux hémisphères.
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« […] cela montre qu'il existe des circuits neuronaux qualitativement différents pour le raisonnement motivé et pour le raisonnement neutre, c'est-à-dire quand il n'y a pas d'attaches émotionnelles au sujet. » (p. 87)
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Plus nous resterons confinés dans l'entre-soi, à travers les réseaux sociaux, plus notre identité prendra la couleur du groupe que nous fréquentons, et nous serons progressivement amenés à rejeter toute voix discordante. Cette mécanique conduit à une communautarisation de la société, avec le risque de déchirer le tissu social.
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