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Citations de Albertine Sarrazin (188)


Je crois qu'à l'hôpital, on aime assez exhiber ce qu'on a de plus laid : c'est à qui aura la plus effroyable couture, avec le plus grand nombre de points de suture, le plâtre le plus volumineux, l'extension la plus pesante. Et moi, devant Julien, au lieu de jouer de mes mains et de mon visage intacts, je dénude ma peau criblée de trous et de marbrures, et je regrette de ne pouvoir lui montrer aussi ce qu'il y a sous mon plâtre et qui, à en juger par les infiltrations qui colorent le talon, doit être plus saisissant encore.
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On tue un corps plus facilement qu'un souvenir. (p.187)
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Le soleil voudrait saigner sans arrêt
Il coupe mon corps de longues aiguilles
Mais l'aube naîtra d'ici partirai
Un jour n'est pas loin nous reconnaîtrons
Ta voix franchit en liberté mes grilles
Tes cheveux encor dansent tes chansons
Je voudrais tant dire et ne parle pas
Car la nuit est froide où sans fin tu brilles
Chut j'écoute en moi l'écho de tes pas

(Poèmes publiés par J.J. Pauvert en 1969)
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Albertine Sarrazin
Ce n'est pas ce qu'on connaît de soi qui est lourd: c'est ce qu'on ignore de l'être qu'on aime.
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Dormir en ces prairies
Où les cerises sont
Comme de ronds glaçons
A manger non cueillies

Dormir comme angéliques
En un amoureux lit
Le ventre tout rempli
De sèves magnifiques

Dormir au monde indigne
Le laissant au sommeil
Quand vers notre réveil
Les soirs nous feront signes

Dormir avec toi j'erre
Puisqu'ainsi tu m'aimas
De perdre en cinémas
La moitié de ma terre

1960
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Je n'aime pas la Télévision, sourire plaqué d'un côté de l'écran, sourires béats et digérants de l'autre. (p.81)
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Ce texte ne figure pas dans le roman , il est ici , juste pour donner un aperçu du talent de l'auteure .
**************VERONA LOVERS**********************

Sur les frais oreillers de marbre ciselé
Où fane un lourd feston de corolles savantes
Se confondent sans fin les amants aux amantes
Qui se sont fait mourir du verbe ensorcelé

Avares du vieillir , Ô vous enviez-les
D'avoir sur le tremplin des extases si lentes
Laissé ce million de minutes naissantes
Et bien royalement le monde tel qu'il est

Cette nuit là comme ils s'aimèrent sans mensonges
Quelque pouce géant dans sa toute bonté
A fait rouler leurs yeux hors des coffres du songe

Cependant que très loin sur les terres bénies
Les violons têtus enchantaient les Asies
Et riaient de tendresse leurs divinités
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Que ce réveil tourne lentement ! Le drap colle à ma poitrine, m’oppresse un peu. Je voudrais dormir, être minéral, être bloc autour de mon cœur qui bondit et court devant moi : choisis-la, Julien la route qui est à moi, sautes-y à pieds joints et que je porte à jamais chacun de tes pas.
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22/9/65

Les prix... bien sûr, M. Pauvert m'avait expliqué le fonctionnement. Je croyais qu'il fallait que l'éditeur propose lui-même ses candidats. L'a-t-il fait ou est-ce automatique, en tout cas les journaux m'ont empelotonnée. Mais ne croyez pas que j'y rêve jusqu'à la névrose pour autant. Je ne pense pas – indépendamment de la grande valeur que j'attribue à mes marmots – que les représentants de l'honnête lisent et la fine farine française élise de cœur enthousiaste et unanime une personne qui, truande ou péripatéticienne ou taularde, trouve ceci tellement intéressant que, loin de le cacher, elle se débrouille pour le faire savoir par des voies et des voix autorisées. Monsieur Pauvert est magnifiquement « souple » et pour ce que je l'aime, mais moi, vous savez... je suis tout à fait fixée sur le qu'en dit-on, je suis parmi les impardonnables, et j'espère me faire vendre seulement parce que je connais aussi la petite curiosité vicieuse qui sommeille en le plus apparemment rigide... J'ai lu quelque part l'histoire des bouquins de Violette Leduc, le tirage se joue quelquefois de ces consécrations, ne parlons pas de la mère Sagan, je ne suis pas Sagan, je m'en voudrais.

2575 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 108-109]
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Préface de Josane Duranteau

Il faut savoir qu'Albertine Sarrazin tenait depuis l'enfance un journal intime ( nous avons d'ailleurs donné des extraits du cahier de ses quatorze ans),- journal souvent interrompu par l'irruption de l'Aventure, par l'urgence de fuir encore plus loin, mais entreprise toujours reprise, l'impérieuse nécessité d'"Être" exigeant de l'écrivain que le fil soit renoué de cette continuité de soi à soi-même.
Ce sera un émerveillement, pour le lecteur posthume admis à pénétrer dans ce monde secret, que d'y découvrir ce qu'était Albertine Sarrazin seule devant elle-même. Pas de tricherie, pas de coquetterie, pas de complaisance, pas non plus, le moindre débraillé. Mais la nudité impeccable du coeur.(...)
Oui, ce haut chant de solitude et d'amour atteint d'emblée l'universel.

( éditions Sarrazin, 1972)
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Les amis de mes ennemis sont mes amis, pourquoi pas, lorsqu'ils sont serviables et intelligents.
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À nouveau je marche, mes pieds sont ocrés de poussière, et les gens que je côtoie m’enveloppent, me portent, me bousculent sans me gêner, comme des vagues ; je marche, passive, ni gaie ni triste. L’ardeur du soleil s’emmagasine en moi, sans irradier encore : je remonterai bientôt vers les froidures, j’aurais besoin de mon stock.
Avec ma patte, je ne peux plus marcher sans semelles : la plante du pied est dure et cornée, mais elle est devenue sensible comme une muqueuse, la moindre poussière de caillou la perce de douleur. Ma jambe n’est plus la demi-base sûre de mon équilibre, chaque pas est un simulacre, une chute rectifiée ; que je cesse de penser à ma démarche, et aussitôt je me surprends à clopiner et à poser le pied de travers, sous l’angle laissé par le moule de plâtre « en léger équin » disait le dossier.
Marche droit, Anne : si l’on te questionne, jamais cet accident ne doit transparaître, ta patte menace de prison ceux qui l’ont sauvée. Mais… Comment se rappeler la prison, ici ? Comment même y croire ? Ici, tout le monde semble déguisé, et la police omni-présente laisse tranquille la foule à laquelle je ressemble, avec mon chapeau de pacotille et mes lunettes noires.
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Les soirs où je monte me coucher avec les nerfs qui grouillent et le regret d'avoir changé de prison, je m'enferme à double tour : ça me console et me libère, de boucler moi-même la porte de ma geôle.
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L'orgueil vital, nécessaire pour échapper au désespoir de la prison, devient, en liberté le handicap d'un complexe de supériorité.

2527 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 10] Josane Duranteau, Introduction
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Dans les périodes, où Albertine est dans son Midi, loin des mondanités, le journal tend à être celui du corps, qui peut-être prend sa revanche : elle tient le compte de ses étreintes, et, minutieusement, elle enregistre les menus de ses repas.
Le journal, si précieux contrepoint à ses autres écrits, s'interrompt brusquement en 1966. Elle-même, sans aucun doute a détruit la suite. Au prix de quel déchirement ? Elle conservait toutes ses notes depuis l'âge de quatorze ans. Il lui a fallu de bien puissantes raisons, sans doute, pour prendre un parti si contraire à sa propre tradition.

2522 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 8] Josane Duranteau, introduction
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Je n'essaie pas d'intéresser les gens : après quelques avances mal reçues ou interprétées de travers, je me renfrogne dans l'indifférence où eux-mêmes me laissent. Non par mépris, mais parce que je ne sais pas forcer les oreilles et les coeurs : il faut qu'on vienne à moi. (p.140)
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Albertine Sarrazin
Au palais d'injustice en la sanglante robe
On t'a signé ce jour un bon d'éternité
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Nous avons sommeillé en la même maison
Mordu à la même heure au pain de la prison
Sans nous toucher jamais qu'à travers les murailles
Et nous voir un instant
...
Pour toi la dette est prête et l'épreuve commence
Tu t'en vas tout à fait
Je reste sans beauté
Sans secret
Sans clé
Aussi nue que la nuit
Où tu me connus

(poème d'Albertine à son ami qui faisait aussi de la prison.)
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À Mme Gigois- Myquel

La Tanière, 24/5/65

Bien chère Maman/16

(...) Pauvert est un homme merveilleux, certainement un des mieux de ma vie...j'ai demandé à Zizi (*Son mari, Julien) si je pouvais l'épouser, littérairement parlant...je le vois très bien habillé en Borgia, mâtiné de mandarin chinois, il est tout finesse, velours, humour, race, etc.
Bref, j'ai été séduite et, lorsqu'au breakfast il me tendit un second contrat en m'invitant à le signer, je n'ai pas eu la force de refuser.Tant pis pour G.G.(** Gaston Gallimard), mes deux gosses naîtront ensemble, à la rentrée, et seront du même père. (* il est question de
" L'Astragale " et de " La Cavale")


( Pauvert, 2001, p.70)
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A Jean-Jacques Pauvert - Le 2/2/66

Mon cher Jean-Jacques (...)

Le bouquin que je projette-réduit jusqu'ici à 60 pages de cahier à lignes-parle au début de mon enfance, en "play-back" avec une histoire adulte, navrante de solitude et de deuil: c'est aboslument contraire à ce que j'espérais(...)
Mais le bic décide... j'essaie lorsque j'écris de ne pas penser à tout ce que je sais maintenant des hasards et des intransigeances de l'édition: je n'ai plus la belle foi ignorante d'avant mai 65 et je m'intimide toute seule, je m'ahuris...Ce qui m'oblige à gribouiller n'est pas l'édition, ce serait plutôt ce qui m'en dissuade...mais comme d'autre part je prends soin de refuser toute influence, tout conseil et toute étiquette, je reste au moins libre, et c'est le plus important. (p.203)
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