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3.7/5 (sur 23 notes)

Nationalité : Venezuela
Né(e) à : Caracas , le 18/02/1960
Biographie :

Né en 1960 à Caracas, Alberto Barrera Tyszka est scénariste pour le cinéma et la télévision, romaancier, poète et auteur d'une biographie de Hugo Chavez.
Salué par les lecteurs et la critique "la maladie" a obtenu en 2006 le prix Anagrama (Espagne)

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Bibliographie de Alberto Barrera Tyszka   (6)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Lui non plus n'était pas en pleine forme. Après avoir quitté l'université, il avait commencé à sentir que son humeur devenait de plus en plus instable. Il passait souvent et subitement de l'anxiété à la mélancolie. Et, tout aussi souvent et subitement, il ne sortait de la mélancolie que pour retrouver l'anxiété. Comme ça. Sans raison apparente, il se sentait fragile, sans défense. Il se réveillait parfois avant le lever du jour, effrayé comme si on l'avait surpris en plein milieu d'une tentative d'évasion. Beatriz dormait à son côté, paisiblement. Lorsque cela se produisait, Sanabria se levait et allait dans la cuisine. Il avait pour habitude de s'asseoir sur un tabouret et de prendre une mandarine de la corbeille à fruits. Il écoutait les voitures passer au loin sur l'autoroute. Il restait un moment le regard tourné vers l'obscurité tout en arrachant la peau du fruit. Il sentait comment l'odeur pénétrante de l'agrume repoussait peu à peu l'odeur de la nuit, l'odeur des draps, l'odeur de ce rêve dont il s'était encore une fois échappé. Mordre la chair tendre l'apaisait. Il entamait le fruit, et le jus de la mandarine jaillissant sur sa langue lui faisait retrouver une sorte d'étrange sérénité. Parfois, aussi, il se réveillait avec une inexplicable envie de pleurer. Et cela avait tendance à se répéter, à revenir plus fréquemment. Ils étaient de plus en plus nombreux, les jours où il se réveillait à l'aube avec ce chagrin coincé dans la gorge. Il lui arrivait de rester couché pendant un certain temps, à espérer que la tristesse passe son chemin.
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Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter que la vie soit un hasard? C'est la question que pose toujours Miguel juste avant une intervention. Tout le monde porte une blouse verte, des gants et un masque chirurgical, la lumière blanche de la salle d'opération semble flotter sur la fraicheur de l'air conditionné. Et c'est alors que Miguel lève son bistouri, regarde Andrés et demande : Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter que la vie soit un hasard? Certaines infirmières n'aiment pas commencer de cette façon. Peut-être sentent-elles que ce n'est pas une bonne entrée en matière, que c'est presque une justification préalable, au cas où les choses tourneraient mal. Andrés sait qu'il ne s'agit pas de cela, il connaît bien Miguel, depuis l'époque de l'université. Il sait que la question ne renferme aucun cynisme. Elle lui fait plutôt l'effet d'une forme d'auto-apitoiement, de prière charitable, une manière d'admettre les limites de la médecine face au pouvoir infini de la nature, ce qui revient à admettre les limites de la médecine face au pouvoir infini de la maladie.
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"La douleur physique est le grand régulateur de nos passions et de nos ambitions, a écrit Julio Ramón Ribeyro dans son journal. Sa présence neutralise immédiatement tout désir qui ne soit la disparition de la douleur. Cette vie que nous récusons parce qu'elle nous semble plate, injuste, médiocre ou absurde acquiert aussitôt une valeur considérable: nous l'acceptons en bloc, avec tous ses défauts, pour peu qu'elle nous soit donnée sans cette forme extrême d'infamie qu'est la douleur."
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Andrés connaît lui aussi cette forme de nervosité. Classique. Beaucoup de patients ont recours à cette stratégie, ils se placent sur une étroite frontière où tout est mi-comique, mi-sérieux, ils essaient de feindre la normalité alors qu'en réalité ils sont effondrés et n'ont pas cessé une seule seconde aux possibles résultats de leurs examens. Ils sont restés des heures tenaillés par la crainte de maladies mortelles, ils ont perçu une douleur inédite dans chaque mouvement et ont imaginé des taches suspectes là où, jusqu'alors, ils ne voyaient que leur peau. Mais ils vont ensuite vers le médecin en tentant d'afficher le plus grand naturel; ils sourient et pourtant on dirait qu'ils vont pleurer.
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L’homme est le seul animal qui sait qu’il va mourir… Et il passe sa vie à y penser. A souffrir, victime de ce savoir.
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Il y a toujours autre chose. Une chose qui bouge, qui se gâte, qui ne sert plus à rien. C'est l'inévitable histoire des corps, la biographie de la dégradation. La santé est un idéal figé, la plus perverse de toutes les utopies. Michel Foucault disait que si on l'envisage du point de vue de la mort, la maladie peut même être considérée comme un exercice de vie. « A partir du cadavre, on la perçoit paradoxalement vivre. » C'est le cas. La santé n'existe pas, c'est un horizon qui ne fait pas partie de la vie : les êtres humains ne peuvent vivre que malades.
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La maladie a un prix amer, une taxe capricieuse qui peut faire de la mort l’objet des derniers désirs.
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Les gens l'écoutaient, émus, les larmes aux yeux. Ce qu'il disait était vrai, d'une vérité affective, irrémédiable. Cette relation était le charisme. Ce lien que Chávez avait réinventé. "Tu es Chávez" avait été l'un des slogans pendant la campagne électorale de cette année-là. Il est Chávez, elle est Chávez, les enfants sont Chávez, les mères sont Chávez, nous sommes tous Chávez. "Parce que je ne suis plus Chávez" avait-il crié en poussant sa voix au plus fort, pendant l'un des meetings de clôture de campagne. " Je suis un peuple, bordel ! "
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La santé est un idéal figé, la plus perverse de toutes les utopies.
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Leurs larmes ne sont guère littéraires, elle n'ont pas de forme.
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