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Citations de Alberto Manguel (445)


[L'existence de toute bibliothèque] accorde [aux lecteurs] un aperçu, si secret ou distant soit-il, de l'intelligence d'autres êtres humains et leur offre une possibilité d'en savoir plus sur leur propre condition grâce aux récits engrangés à leur usage. Et, surtout, elle dit aux lecteurs que leur activité comporte la capacité de se rappeler, activement, à la suggestion de la page écrite, des moments choisis de l'expérience humaine.

(I- Un mythe, p.41)
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Il y a un dicton canadien, pour parler de la reconnaissance littéraire, qui dit "ça et 25 centimes te paieront une tasse de café!"
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La lecture est une conversation. Des fous se lancent dans des dialogues imaginaires dont ils entendent l'écho quelque part dans leur tête ; les lecteurs se lancent dans un dialogue similaire, provoqué par les mots sur une page. Si, le plus souvent, la réaction du lecteur n'est pas consignée, il arrive aussi qu'un lecteur éprouve le besoin de prendre un crayon et de répondre dans les marges d'un texte.
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Jorge Luis Borges, qui a un jour imaginé la bibliothèque illimitée comprenant tous les livres possibles, a aussi inventé un personnage à la Bouvard-et-Pécuchet [de Flaubert] qui entreprend la compilation d'une encyclopédie universelle si complète que rien au monde n'en serait exclu. A la fin, tels ses prédécesseurs français, il échoue dans sa tentative, mais pas entièrement. Le soir où il renonce à son grand projet, il loue un cheval et un buggy et s'en va faire un tour en ville. Il voit des murs de briques, des gens ordinaires, des maisons, une rivière, la place du marché, et il comprend qu'en un sens toutes ces choses sont son oeuvre. Il se rend compte que son projet n'était pas impossible mais seulement redondant. L'encyclopédie mondiale, la bibliothèque universelle existe, et c'est le monde même.
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Si la bibliothèque d'Alexandrie était l'emblême de notre ambition d'omniscience, la Toile est l'emblême de notre omniprésence ; la bibliothèque qui contenait tout est devenue la bibliothèque qui contient n'importe quoi. Alexandrie se voyait avec modestie comme le centre d'un cercle limité par le monde connaissable ; la Toile, telle la première définition de Dieu imaginée au XIIe siècle, se voit comme un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. p.330
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Toute bibliothèque est par définition un choix, et son envergure est par nécessité limitée. Tout choix en inclut un autre, celui qui n'a pas été fait. La lecture coexiste de toute éternité avec la censure. p.118
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On peut reconstituer la vie d'un lecteur d'une infinité de manières : en étudiant l'ordre des livres dans sa bibliothèque, en faisant l'inventaire des ouvrages empilés sur sa table de chevet, en déchiffrant les notes qu'il a griffonnées dans les marges, telles les pistes d'un animal dans la forêt.
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« je feuillette une bande dessinée japonaise à l’aéroport de Narita et j’invente une histoire aux personnages dont les paroles sont figurées par des caractères que je n’ai jamais appris. »
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"J'ignore si vous savez ce que signifie tomber amoureux. Entrer dans un état second, dans une cosmographie qui englobe tout. Je ne parle pas de l'illusion de l'amour, cette chose dont on croit qu'elle nous arrivera un jour ou qu'elle est en train de nous arriver malgré nous. Ni de la conviction d'une attraction extérieure, de la justification rationnelle d'un ravissement. Mais d'un état de captivité absolue, esprit et poings liés, d'un état d'abandon inconditionnel, irrévocable. Qaund on se dit tout à coup : Je ne m'appartiens plus, je suis entièrement sien, je vis parce qu'elle vit et ne vit que pour elle. Je compare l'amour à une traduction. Tout moi dans une autre langue, lu à présent à travers sa langue à elle que je dois apprendre dorénavant comme un jour j'ai appris mon alphabet."
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Si l’exil est un état de déplacement, c’est aussi une forme pervertie de voyage dans lequel le but impossible de la quête du pèlerin est l’unique lieu qu’il sait lui être interdit ; son pèlerinage a pour but l’inatteignable. Il n’est guère surprenant que ce soit en exil, cet état dans lequel Dante se définit lui-même, dans le Convivio, comme “une barque sans voile ni gouvernail”, qu’il rêve son poème de l’Outre-tombe comme un voyage initiatique à travers trois royaumes dans lesquels il est l’étranger absolu : un prodige parmi les âmes des disparus, un être étrange encore en possession d’une enveloppe mortelle, un corps projetant son ombre sur les qroyaumes éternels, quelqu’un qui n’est pas encore mort.
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Le paysage est essentiel dans La Divine Comédie : le lieu où les choses se passent est presque aussi important que ce qui s’y passé. La relation est symbiotique : la géographie de l’Outre-tombe coloré les événements et les âmes qui y sont logés, lesquels colorent les gouffres et les corniches, les forêts et les eaux. Pendant des siècles, les lecteurs de Dante ont compris que les lieux de la vie ultérieure sont censés se conformer à une réalité matérielle, et cette précision ne va pas sans conférer à la Commedia une grande partie de son pouvoir.
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L’art de lire est à bien des titres le contraire de l’art d’écrire. Lire est un savoir-faire qui enrichit le texte conçu par l’auteur, l’approfondit et le complexifie, le concentre d’une manière qui reflète l’expérience personnelle du lecteur et l’élargit jusqu’aux confins extrêmes de l’Univers et au-delà. L’écriture, elle, est l’art de la résignation. L’écrivain doit accepter le fait que le texte définitif ne sera qu’un reflet imprécis de l’œuvre conçue dans son esprit, moins éclairant, moins subtil, moins poignant, moins précis. L’imagination d’un écrivain est toute-puissante, capable de forger les créations les plus extraordinaires dans toute leur précision rêvée. Alors vient la descente au langage et, dans le passage de la pensée à l’expression, beaucoup – énormément – se perd. Il n’y a guère d’exception à cette règle. Écrire un livre, c’est se résigner à l’échec, si honorable que puisse être cet échec.
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Les régimes populaires exigent de nous l'oubli, et par conséquent ils traitent les livres de luxe superflu ; les régimes totalitaires exigent que nous ne pensions pas, et par conséquent ils bannissent, menacent et censurent ; les uns et les autres, d'une manière générale, ont besoin que nous devenions stupides et que nous acceptions avec docilité notre dégradation, et par conséquent ils encouragent la consommation de bouillie. Dans de telles circonstances, les lecteurs ne peuvent être que subversifs.
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(...) et je tentais à la fois d'atteindre la fin du livre que j'étais en train de lire et de retarder cette fin autant que possible, en revenant en arrière de quelques pages, en recherchant un passage que j'avais apprécié, en vérifiant des détails qui m'avaient, croyais-je, échappé.
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Parce que si toute bibliothèque est autobiographique, son remballage semble avoir quelque chose d'un auto-éloge funèbre. Peut-être ces questions sont-elles le sujet véritable de cette élégie. (p. 58)
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Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers et qui s’enrhument aisément ? »
(Le Marquis de Condorcet, cité p. 222)
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L'inclusion de "Drame de chasse", d'Anton Tchekhov, dans la section des romans policiers oblige le lecteur à suivre le récit avec l'attention que demandent assassinat, indices et fausses pistes ; cela ouvre aussi la notion du genre policier à des auteurs tels que Tchekhov, que l'on n'associe pas, en général, à un Raymond Chandler ou à une Agatha Christie.

(II- Un ordre, p.54)
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Nous sommes des créatures qui lisons, nous ingérons des mots, nous sommes faits de mots, nous savons que les mots sont notre mode d'existence en ce monde, c'est par les mots que nous identifions notre réalité et au moyen des mots qu'à notre tour nous sommes identifiés.
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Un des grands mensonges qu'on nous raconte depuis toujours est l'idée que la littérature est un passe-temps, un luxe presque superflu. Or, la littérature est un lieu aussi concret que cette pièce et n'est pas un passe-temps mais est faite du temps lui-même. Elle habite, lorsqu'elle est vraie, le passé, le présent et le futur. (P192)
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J'en profite pour souligner que, pour moi, ce n'est pas un détail. Je ne critique pas le tutoiement courant d'aujourd'hui, mais il me semble indiquer moins un effort de familiarité, de mise en confiance, qu'un manque de respect. Il met la personne qu'on tutoie dans une position moins importante.
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