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Citations de Alessandro Baricco (1415)


Une cigarette qui s’allume – bande-son au maximum, bruit de tabac fiévreux, fort comme le froissement d’une feuille de papier qui ferait des kilomètres – les joues se creusent pour tirer la fumée, des joues sous des yeux comme des huitres à barboter dans un visage propret tourné vers la demoiselle d’à-côté, blonde qui rit en éclatant d’un rire rauque et fort comme une promesse de baise qui mouille la cervelle des mâles serrés chacun à sa place dans un rayon de dix mètres, et se perd peu à peu sur les autres rangées d’hommes et de femmes alignés tous assis, corps au contact, esprits qui volent, sur des rangées et des rangées, depuis les plus hautes jusqu’aux plus basses, en pénétrant l’air sabré par les rafales de rock que soufflent les grandes caisses installées tout là-haut, et poignardé par les cris qui se mettent debout et appellent des noms d’un bout à l’autre de la salle, voyageant dans la lumière par plaques et par éclairs FLASH dans les odeurs de tabac, parfums de luxe, lotions après-rasage, dessous de bars, blousons de cuir et pop-corn, se traçant un chemin dans le grand hurlement collectif, ventre et giron de millions de paroles excitées saoules sales imbéciles ou bien des mots d’amour qui grouillent comme des vers dans ce terreau de corps et d’esprits, champ labouré de têtes alignées, descendant de manière concentrique et fatale vers le puits aveuglant qui recueille au centre de tout ça les regards les frissons les pulsations du sang, recueillant tout ça sur le bleu du tapis où une inscription rouge hurle PONTIAC HOTEL et hurlera pendant toute cette nuit incendiée que dieu la bénisse elle qui est enfin arrivée, venue de loin et chevauchant jusque … ici sur le ring du Pontiac Hotel, où au micro de Radio KKJ Dan De Palma vous souhaite la bienvenue pour cette merveilleuse soirée de boxe.
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Des musiciens, on en a déjà, me dit le type de la Compagnie. Je sais. Et je me suis mis à jouer. Lui, il est resté là à me fixer, pas un muscle de son visage qui bougeait. Il a attendu que j'aie fini, sans dire un seul mot. Et puis il m'a demandé :
"C'était quoi ?
_ Je sais pas."
Ses yeux se sont mis à briller.
"Quand tu ne sais pas ce que c'est, alors c'est du jazz. "
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Et avec application, il arrêta le Temps, pendant tout le temps qu'il le désira.
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Alessandro Baricco
écrire à quelqu’un est la seule manière de l’attendre sans se faire de mal
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Devant lui, il vit l'immense volière, avec ses portes grandes ouvertes, absolument vide. Et devant la volière, une femme. Il ne regarda pas autour de lui et continua simplement à marcher, lentement, ne s'arrêtant que lorsqu'il fut face à elle.
Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille.
Hervé Joncour fit un pas vers elle, tendit le bras et ouvrit la main. Sur sa paume, il y avait un billet, plié en quatre. Elle le vit et son visage tout entier se mit à sourire. Elle posa sa main sur celle d'Hervé Joncour, serra avec douceur, s'attarda un instant, puis la retira, gardant entre ses doigts ce billet qui avait fait le tour du monde. Elle l'avait à peine caché dans un pli de son vêtement que la voix d'Hara Kei se fit entendre.
— Soyez le bienvenu, mon ami français.
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Il voyagea sur un bateau qui s'appelait l'Adel. Dans les cabines arrivait l'odeur des cuisines, il y avait un Anglais qui disait s'être battu à Waterloo, le soir du troisième jour on vit des dauphins luire à l'horizon comme des vagues ivres, à la roulette le seize n'arrêtait pas de sortir.
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Moi qui n'avais pas été capable de descendre de ce bateau, pour me sauver moi-même, je suis descendu de ma vie. Marche après marche. Et chaque marche était un désir. A chaque pas, un désir auquel je disais adieu.
Je ne suis pas fou, mon frère. On n'est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve. On est rusé comme l'animal qui a faim. La folie, ça n'a rien à voir. C'est le génie, ça. La géométrie. La perfection. Les désirs déchiraient mon âme. J'aurais pu les vivre, mais j'y suis pas arrivé. Alors je les ai ensorcelés. Et je les ai laissés l'un après l'autre derrière moi. De la géométrie. Un travail parfait.
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Le vent est une blessure du temps -, dit Julie Dolphin. – C’est ce que pensent les Indiens, le saviez-vous ? Ils disent que quand le vent se lève cela signifie que le grand manteau du temps s’est déchiré. Alors tous les hommes perdent leur propre piste, et aussi longtemps que soufflera le vent ils ne pourront pas la retrouver. Ils restent sans destin, égarés dans une tempête de poussière. Les Indiens disent que seuls quelques hommes connaissent l’art de déchirer le temps. Ils les craignent, et ils les appellent les « assassins du temps ».
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Ça arrivait toujours, à un moment ou à un autre, il y en avait un qui levait la tête... et qui la voyait. C'est difficile à expliquer. Je veux dire… on y était plus d'un millier, sur ce bateau entre les rupins en voyage, et les migrants, et d'autres gens bizarres, et nous... et pourtant, il y en avait toujours un, un seul sur tous ceux-là, un seul qui, le premier… la voyait. Un qui était peut-être là en train de manger, ou de se promener, simplement, sur le pont… ou de remonter son pantalon... il levait la tête un instant, il jetait un coup d'œil sur l'océan... et il la voyait. Alors il s'immobilisait, là, sur place, et son cœur battait à en exploser, et chaque fois, chaque maudite fois, je le jure, il se tournait vers nous, vers le bateau, vers tous les autres, et il criait (adagio et lentissimo) : l'Amérique.
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Mais la Jeune Epouse, elle, ne l'oublia pas et, sans se faire voir, elle parvint à récupérer le livre, qu'elle garda secrètement pour elle. Ce n'était pas n'importe quel livre, c'était Don Quichotte.
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Car le cœur de- Mémoires sauvés du vent- [Brautigan] réside dans deux autres éléments qui sont franchement irrésistibles. Le premier, c'est que le gamin aime tout. J'entends par là que rien ne le dégoûte et qu'il sait voir le charme de la beauté dans d'innombrables choses.Rien ou presque n'a de sens, mais beaucoup de beauté traverse sa vie. Pas de sens, beaucoup de beauté. (p. 30)
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Par l'imagination j'y allais, et par les souvenirs, c'est tout ce qu'il te reste quelquefois, pour sauver ta peau, quand tu n'as plus rien. C'est un truc de pauvre, mais ça marche toujours.
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Il est toujours difficile de résister à la tentation de revenir …
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Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.
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Quand dorment les concierges de nuit ?
La nuit, répondit l'homme.
Ah.
Par petits bouts, disons.
En ce sens que vous êtes un peu à bout, après.
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C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre.
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J'ai désarmé le malheur. J'ai désenfilé ma vie de mes désirs. Si tu pouvais remonter ma route, tu les y trouverais , les uns après les autres, ensorcelés, immobiles, arrêtés là pour toujours, jalonnant le parcours de cet étrange voyage que je n'ai jamais raconté à personne sauf à toi.
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- Quand il a fait mon portrait, je l'ai lu, une fois terminé, et il y avait un paysage, à un moment donné, un paysage en quatre lignes ; eh bien, je suis ce paysage, croyez-moi, je suis toute cette histoire, je suis les bruits de cette histoire, son rythme et son atmosphère, chaque personnage de cette histoire, mais je suis aussi avec une exactitude déconcertante ce paysage, je l'ai toujours été et le serai toujours.
- Je suis sûr que ce paysage était magnifique.
- Il l'était, dit Rebecca.
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Ceci n'est pas un roman. Ni même un récit. C'est une histoire. Elle commence avec un homme qui traverse le monde et fini avec un lac qui est là. Comme ça, dans les journées du vent. L'homme s'appelle Hérvé Joncour. Le lac, on ne sait pas. On pourrait dire que c'est une histoire d'amour. Mais si c'était seulement ça, ça ne vaudrait pas la peine de la raconter. Il y a aussi dans cette histoire des désirs et des souffrances, de celle qu'on connaît parfaitement, mais le vrai nom pour les dire, on ne le trouve jamais. Et de toutes façons, ce n'est pas amour. (C'est très ancien, ça. Quand on a pas de nom pour dire les choses, on se sert d'une histoire. Ça fonctionne comme ça. Depuis des siècles.) Toutes les histoires ont leur musique. Celle-ci a une musique blanche. C'est important de le dire, parce que la musique blanche est une drôle de musique, déconcertante quelquefois : elle se joue doucement, et elle se danse lentement. Quand elle est bien jouée, c'est comme si on entendait jouer le silence, et ceux qui la dansent comme des dieux, on les regarde et on a l'impression qu'ils ne bougent pas. C'est terriblement difficile, la musique blanche. Il n'y a pas grand-chose à ajouter. Peut-être faudrait-il préciser que l'histoire se passe au XIXe siècle : juste pour que personne ne s'attende à y trouver des avions, des machines à laver et des psychanalystes. Il n'y en a pas ici. Une autre fois peut-être."
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Grandir, aimer, faire des enfants, vieillir - et fou cela même lorsque nous sommes ailleurs, dansl e temps suspendu d'une réponse non reçue, ou d'un geste avorté.
Que de sentiers et d'allures différentes pour les parcourir, dans ce qui apparaît comme un unique voyage.
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