AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Alessandro Manzoni (119)


Alessandro Manzoni
Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret.
Commenter  J’apprécie          390
Et les bravi cependant s’approchaient, les yeux attachés sur lui. Il [le curé don Abbondio] mit l’index et le doigt du milieu de sa main gauche dans le col de son rabat, comme pour le rajuster ; et, faisant circuler les deux doigts autour de son cou, il tournait en même temps la tête en arrière, tordant la bouche et cherchant à voir du coin de l’œil, aussi loin qu’il pouvait, si quelqu’un n’arrivait pas ; mais il ne vit personne. Il lança un coup d’œil par-dessus le petit mur, dans les champs : personne ; un autre plus timide en avant sur le chemin ; personne que les bravi. Que faire ? Retourner sur ses pas ? Il n’était plus temps. Fuir ? c’était comme dire : poursuivez-moi, ou pis encore. Ne pouvant se soustraire au danger, il y courut, parce que les moments de cette incertitude lui étaient désormais si pénibles qu’il ne songeait plus qu’à les abréger.

CHAPITRE PREMIER.
Commenter  J’apprécie          220
(…) on devrait plutôt songer à bien faire qu’à être bien ; ce serait le moyen de finir par être mieux.

CHAPITRE XXXVIII.
Commenter  J’apprécie          210
Dès le 8 avril de l’année 1583, l’Illustrissime et Excellentissime seigneur don Carlo d’Aragon, prince de Castelvetrano, duc de Terranuova, marquis d’Avola, comte de Burgeto, grand amiral, et grand connétable de Sicile, gouverneur de Milan et capitaine général de Sa Majesté Catholique en Italie, pleinement informé de l’intolérable souffrance dans laquelle a vécu et vit encore cette ville de Milan à cause des bravi et vagabonds, publie contre eux un édit de bannissement. Il déclare et décide que sont compris dans cet édit et doivent être tenus pour bravi et vagabonds tous ceux qui, soit étrangers, soit du pays, n’ont aucune profession, ou, en ayant une, ne l’exercent pas, mais s’attachent, avec ou sans salaire, à quelque chevalier ou gentilhomme, officier ou marchand pour lui prêter aide et main-forte, ou plutôt, comme on peut le présumer, pour tendre des pièges à autrui… A tous ces gens il ordonne que, dans le terme de six jours, ils aient à vider le pays, prononce la peine de la galère contre ceux qui n’obéiront pas et donne à tous officiers de justice les pouvoirs les plus étrangement étendus et indéfinis pour l’exécution de cet ordre.

Mais l’année suivante, et le 12 avril, le même seigneur voyant que cette ville est encore pleine des susdits bravi, lesquels se sont remis à vivre comme ils vivaient auparavant, sans que leurs habitudes soient, en rien changées ni leur nombre diminué, fait paraître une nouvelle ordonnance plus sévère et plus remarquable, dans laquelle, entre autres mesures, il prescrit :

Que tout individu, tant de cette ville que du dehors, que deux témoins déclarent être tenu et communément réputé pour bravo et en avoir le nom, quand bien même n’aurait été vérifié aucun délit de son fait ... pourra, pour cette seule réputation de bravo et sans autres indices, à la diligence desdits jugés, et de chacun d’eux, être soumis à la corde et à la question, pour procès d’information, ... et que, lors même qu’il n’avouerait aucun délit, il sera toutefois envoyé aux galères pour trois ans, pour la seule réputation et le nom de bravo, comme dessus ; le tout, ainsi que le surplus que nous omettons, parce que Son Excellence est décidée à se faire obéir de chacun.

CHAPITRE PREMIER.
Commenter  J’apprécie          212
En prenant cette voie, Gertrude aurait pu être une religieuse sainte et contente, de quelque manière qu’elle le fût devenue. Mais l’infortunée, au contraire, se débattait sous le joug, et en sentait ainsi plus fortement le poids et les secousses. Un regret incessant de sa liberté perdue, une horreur profonde pour son état actuel, de continuels et fatigants retours à des désirs qui ne seraient jamais satisfaits, telles étaient les principales occupations de son âme. Elle revenait, et toujours revenait sur ce passé si amer ; elle recomposait dans sa mémoire toutes les circonstances par lesquelles elle avait été amenée au lieu où elle était, et elle défaisait mille fois inutilement par la pensée ce qui par l’action avait été son œuvre ; elle s’accusait de faiblesse, elle accusait les autres de tyrannie et de perfidie ; et son cœur se rongeait.

CHAPITRE X.
Commenter  J’apprécie          190
Lucia se tenait serrée au bras de sa mère, et se dérobait doucement et avec adresse à l’aide que le jeune homme lui offrait dans les pas difficiles de ce voyage hors des chemins frayés ; confuse intérieurement, au milieu même de son trouble, d’avoir été si longtemps seule avec lui et d’une manière si familière, lorsqu’elle s’attendait à devenir sa femme dans peu de moments. Maintenant que ce rêve était si douloureusement évanoui, elle se repentait d’avoir été trop loin, et, parmi tant de raisons de trembler, elle tremblait aussi par cette pudeur qui ne naît pas de la triste science du mal, par cette pudeur qui s’ignore elle-même, semblable à la peur de l’enfant qui tremble dans les ténèbres sans savoir pourquoi.

CHAPITRE VIII.
Commenter  J’apprécie          190
Renzo était un jeune homme paisible et ennemi du sang ; un jeune homme franc et dont le caractère repoussait toute idée de piège et d’embûches ; mais, dans ce moment, son cœur ne battait que pour le meurtre, son esprit ne s’occupait que de machiner une trahison. Il aurait voulu courir à la maison de don Rodrigo, le saisir à la gorge et ... mais il songeait que cette maison était comme une forteresse, garnie de bravi au dedans et gardée au dehors ; […] Il s’imaginait alors qu’il prenait son fusil, allait se tapir derrière une haie, et guettait le personnage s’il-arrivait que celui-ci vînt à passer tout seul ; et, s’enfonçant avec une farouche complaisance dans cette idée, il se figurait qu’il entendait des pas, ces pas qu’attendait sa haine.

CHAPITRE II.
Commenter  J’apprécie          190
« Voyez, notre maître, lui dit Perpetua, s’il n’y a pas là de braves gens pour nous défendre. Qu’ils viennent s’y frotter, les soldats ! Ce ne sont pas ici de ces peureux de chez nous, qui ne sont bons qu’à jouer des jambes.

— Paix ! répondit don Abbondio, à voix basse, mais d’un ton de colère ; paix ! vous ne savez ce que vous dites. Priez le ciel que les soldats n’aient pas de temps à perdre, ou qu’ils ne sachent pas ce qui se fait ici, qu’ils n’apprennent pas qu’on arrange cet endroit comme une forteresse. Ne savez-vous pas que c’est le métier des soldats de prendre des forteresses ? C’est tout ce qu’ils demandent : pour eux, donner un assaut, c’est comme aller à la noce, parce que tout ce qu’ils trouvent est à eux, et quant aux personnes, ils les passent au fil de l’épée. Oh ! pauvre homme que je suis ! Enfin, je verrai bien s’il n’y a pas moyen de se mettre à l’abri sous quelqu’un de ces rochers. On ne me prendra pas dans une bataille ; oh ! non pour sûr, on ne m’y prendra pas.

— Si vous en êtes à avoir peur d’être défendu et secouru… » recommençait à dire Perpetua ; mais don Abbondio l’interrompit brusquement, toujours à voix basse : « Chut ! Et gardez-vous bien de rapporter ce que nous venons de dire. Rappelez-vous qu’il faut toujours faire ici bonne et riante mine, et approuver tout ce qu’on voit. »

CHAPITRE XXX.
Commenter  J’apprécie          180
Ceux qui font le bien le font en gros : quand ils ont goûté cette satisfaction, cela leur suffit, et ils ne veulent pas s’ennuyer à suivre toutes les conséquences ; mais ceux qui prennent plaisir à faire le mal y mettent plus de soin, ils suivent leur affaire jusqu’au bout, ne s’y donnent point de repos, parce qu’ils ont ce chancre qui les ronge.

CHAPITRE XXIV.
Commenter  J’apprécie          182
Silence, ou tu es mort ! » L’enfant, tout au contraire, pousse un grand cri : l’un des bandits lui met la main sur la bouche : l’autre sort un coutelas pour lui faire peur. Le pauvre Menico tremble connue la feuille et n’essaie même plus de crier ; mais au même instant, comme à sa place et sur un ton bien différent, se fait entendre ce premier coup de cloche si imprévu, et à la suite une tempête d’autres coups l’un touchant l’autre. Qui est en faute est en crainte, dit le proverbe milanais : l’un et l’autre des deux coquins crut entendre, dans ces coups son nom, son prénom, son surnom : ils lâchent les bras du petit garçon, retirent précipitamment les leurs, ouvrent toutes grandes leur main et leur bouche, se regardent dans les yeux, et courent vers la maison où était le gros de la troupe.

CHAPITRE VIII.
Commenter  J’apprécie          180
« Je puis avoir eu tort ; excusez-moi, » répondit Renzo en ouvrant la porte et se disposant à sortir.
« Jurez, » répéta don Abbondio en lui saisissant le bras d’une main tremblante.
« Je puis avoir eu tort, » dit encore Renzo en se dégageant ; et il partit à toutes jambes, tranchant ainsi la question, qui, de même qu’une question de littérature, de philosophie ou d’autre chose, aurait pu durer des siècles, puisque chacune des deux parties ne faisait que répéter son propre argument.

CHAPITRE II.
Commenter  J’apprécie          180
(…) on peut guérir de la peste ; mais pour les années il n’y a pas de remède.

CHAPITRE XXXVIII.
Commenter  J’apprécie          172
Il fallait veiller à ce que le lazaret fût constamment pourvu de médecins, de chirurgiens, de médicaments, de vivres, de tout ce qu’exige le service d’une infirmerie ; il fallait trouver et disposer de nombreux logements pour les nouveaux malades qui survenaient tous les jours. Pour cela on fit construire à la hâte des baraques en bois et en paille dans l’espace intérieur du lazaret ; on en forma un nouveau, tout en baraques, avec une simple clôture en planches, et propre à contenir quatre mille personnes. Puis, comme il ne suffisait pas encore, on ordonna la formation de deux autres, pour lesquels même on mit la main à l’œuvre ; mais le défaut de moyens de tout genre empêcha de les achever. Les moyens, les ouvriers, le courage, tout cela diminuait à mesure qu’en augmentait le besoin.

CHAPITRE XXXII.
Commenter  J’apprécie          170
La disette de l’année précédente, les vexations que les soldats avaient fait souffrir, les afflictions de l’âme, parurent des faits plus que suffisants pour expliquer la mortalité : dans les places publiques, les boutiques, les maisons, celui qui hasardait une phrase sur le danger dont la ville pouvait être menacée, qui prononçait le mot de peste, était accueilli par des railleries d’incrédulité, par un mépris mêlé de colère. Une incrédulité semblable, ou, pour mieux dire, un aveuglement tout aussi opiniâtre, prévalait dans le sénat, dans le conseil des décurions, dans toutes les administrations publiques.

CHAPITRE XXXI.
Commenter  J’apprécie          170
(...) nous nous révoltons indignés et furieux contre des maux qui ne se font sentir que jusqu’à un certain point, et nous nous courbons en silence sous les maux extrêmes ; nous supportons, non par résignation, mais par stupeur, lorsqu’il est parvenu à son comble, l’état de souffrance qu’à son début nous avions dit impossible à supporter.

CHAPITRE XXVIII.
Commenter  J’apprécie          170
« Le vicaire ! le tyran ! l’affameur ! nous le voulons ! mort ou vif ! »
L’infortuné errait de chambre en chambre, pâle, sans haleine, frappant ses mains l’une dans l’autre, se recommandant à Dieu et conjurant ses domestiques de tenir bon et de lui trouver quelque moyen de se sauver. Mais comment et par où ? Il monte en galetas ; d’une lucarne il jette en tremblant un regard sur la rue et la voit farcie de furieux ; il entend les voix qui demandent sa mort, et, plus terrifié que jamais, il se retire et va chercher le recoin le plus sûr et le plus caché. Là, blotti et ramassé sur lui-même, il écoutait ; il écoutait si le terrible bruit ne diminuait, pas, s’il ne se faisait pas quelque relâche dans le tumulte ; mais, entendant au contraire les rugissements s’élever plus féroces et plus assourdissants, et les coups redoubler d’activité, le cœur saisi d’un nouvel assaut d’épouvante, il se bouchait bien vite les oreilles. Puis, comme hors de lui-même, les dents serrées, le visage contracté, il tendait les bras et portait ses poings en avant, comme s’il voulait appuyer la porte ... Du reste on ne peut savoir précisément ce qu’il faisait, puisqu’il était seul ; et l’histoire est obligée de deviner, heureusement qu’elle en a l’habitude.

CHAPITRE XIII.
Commenter  J’apprécie          170
L’histoire sera vraiment bien définie si on la nomme une guerre illustre contre le temps, parce que, lui reprenant des mains les ans ses prisonniers, ou déjà même devenus cadavres, elle les rappelle à la vie, les passe en revue et les range de nouveau en bataille.

[Introduction]
Commenter  J’apprécie          170
Des enfants au maillot étaient couchés à terre sur de petits matelas, des oreillers, des draps ou de petits tapis ; des nourrices ou d’autres femmes étaient tout occupées auprès d’eux ; et, ce qui surtout captivait les regards, des chèvres étaient mêlées avec elles et les aidaient dans leurs touchantes fonctions. C’était en un mot un hospice de petits enfants, tel que le lieu et l’époque avaient permis de le former. Rien n’était singulier, en effet, comme de voir, parmi ces chèvres, les unes se tenir immobiles sur leurs quatre jambes au-dessus de l’enfant qu’elles allaitaient, les antres accourir, comme attirées par un sentiment maternel, au cri de leur nourrisson, s’arrêter près de lui, chercher à se placer de manière qu’il pût atteindre à leur pis, bêler, s’agiter, comme pour demander que l’on vînt tout à la fois au secours de l’un et de l’autre.

CHAPITRE XXXV
Commenter  J’apprécie          160
Lorsque l’âme est fortement préoccupée de certaines idées, ouïr dire devenait pour chacun la même chose que voir. Les esprits, toujours plus alarmés par la présence du mal, toujours plus irrités par la persistance du danger, étaient par-là de plus en plus disposés à embrasser cette croyance, car le souhait de la colère est d’avoir à punir, (…) elle aime mieux attribuer les maux à un acte de perversité humaine dont elle puisse tirer vengeance que de leur reconnaître une cause avec laquelle il n’y aurait autre chose à faire que de se résigner.

CHAPITRE XXXII.
Commenter  J’apprécie          160
A tous les pas, des boutiques fermées ; les fabriques en grande partie désertes ; dans les rues, un spectacle perpétuel de misères, une succession continue de douleurs ; les mendiants de profession, devenus aujourd’hui les moins nombreux, mêlés, perdus dans une nouvelle multitude de pauvres et réduits à disputer l’aumône à ceux de qui en d’autres temps ils l’avaient reçue. Des garçons de boutique et des commis de comptoir, congédiés par leurs maîtres qui voyaient leurs profits journaliers diminués ou tout à fait anéantis, et vivaient avec peine de leurs épargnes et de leur capital ; des maîtres même pour qui la cessation des affaires avait été une cause de faillite et de ruine ; des ouvriers et même des chefs de toutes sortes de manufactures, depuis les arts de luxe jusqu’aux branches d’industrie les plus communes et les plus nécessaires, privés des moyens d’existence qu’ils trouvaient dans leur travail ; tous ces infortunés de diverses classes vaguant de porte en porte, de rue en rue, appuyés contre les bornes des carrefours, accroupis sur le pavé le long des maisons et des églises, demandant la charité d’un ton lamentable, ou bien hésitant entre le besoin et une honte qu’il n’avaient pas encore su vaincre;

CHAPITRE XXVIII.
Commenter  J’apprécie          162



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alessandro Manzoni (280)Voir plus

Quiz Voir plus

Oscar et la Dame rose de Laurent

A qui Oscar envoie -t-il les lettres ?

•Dieu
•Mamie rose
le Docteur

10 questions
82 lecteurs ont répondu
Thème : Oscar et la dame rose de Eric-Emmanuel SchmittCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..