Alex Cousseau

Le silence est un ami qui écoute.
C'est aussi un ami qu'il est bon d'écouter.

La barque file au gré du courant. On entend le clapotis de l'eau, le murmure du vent dans les roseaux. Ilyas prend sa guitare. Sa nouvelle chanson parle des rêves qu'on laisse derrière soi. De ceux qu'on partage, et du bonheur qu'en échange on reçoit.

« On me dit de cracher,
alors très bien crachons.
Mais pour cracher du feu
je suis trop maigrichon.
Mon souffle est bien trop faible
pour les incendies.
Je ne crache que des mots,
que de la poésie… »

Mon pape et ma mame m'attendent à la gare. On est contents de se voir. À chaque fois, mon pape dit que j'ai encore grandi. Il dit que je suis haute comme trois pommes. J'ai vérifié, c'est exagéré. Je suis haute comme dix-huit pommes. Je suis haute comme le jeune pommier qui ne donne pas encore de fruits.

Heureusement les mots sont plus rapides que les pieds

Avant la vie, c'est déjà la vie, mais en plus petit.
Aujourd'hui, tu n'es pas beaucoup plus gros qu'un cornichon, à l'abri dans le ventre de ta maman. Et ta maman, c'est la chienne de mon papé.
Et la chienne de mon papé a disparu.
Depuis deux jours et deux nuits.
Mais je la trouverai.
Je te trouverai, mon petit chiot...

Docteur Blind dit qu'il faut que je structure ma pensée comme on construit un feu. D'abord on ramasse le bois. On entasse les morts et les connaissances. C'est long mais nécessaire. Petits bois, gros bois, tendre ou cassant. Chaque morceau aura son utilité. La bûche aura besoin de la branche, la branche de la brindille, et la brindille ne s'enflammera que si le tas de feuilles mortes a eu le temps de sécher. Ce qui compte, prétend Docteur Blind, ce n'est pas la matière, le mot, la chose ou l'idée mais l'usage qu'on en fera.

Des années durant, Blind se méfie des hommes, leur préférant la compagnie des livres et celle des poissons. Et puis, voilà qu'un petit homme, à la peau foncée avec des écailles, échoue dans son filet.

Un jour, les poissons auront le mal de mer. Ils se laisseront pousser des bras et des jambes, et ils sortiront tous de l'océan, petits et grands.

Au bout du jour, il y a la nuit, se dit Jojo.
Au bout de l'été, il y a l'automne.
Au bout de mes pieds, il y a mes chaussettes.
Au bout de mon nez, il y a mes lunettes.
Mais au bout de l'eau ? Il y a quoi au bout de l'eau ? Tout là-bas, tout au fond, derrière l'horizon ?

REVOLUTION
Pourquoi j'ai écrit ça ? Parce que c'est le mot qui m'est venu à l'esprit, sans chercher à comprendre. Le seul mot, ces dix lettres-là, comme un cri, comme une colère qui enfle en moi, un coup de poing, ou un appel à l'aide.

[p11]

Et moi, je suis où ?
Coincée derrière entre mes amis chien et cochon.
Un chien de la taille d'un poney,
et un cochon rond comme une bulle de savon.

- Je ne suis pas fou. Nadia n'est pas un monstre et je ne suis pas fou. Et je vais vous dire : vous m'écoeurez tous !!!
Nadia n'est pas une sorcière, et les monstres, c'est vous !!!
(...)
Elle n'est pas contagieuse, vous m'écoeurez tous ! (p.80)

Kong a tout pour être heureux. Un frigo, un fauteuil à bascule, un frère avec qui partager ses joies et ses peines. Et pourtant...
Pourtant, Kong a le cœur qui gratte.

Le temps passe trop vite, pas la peine de perdre son temps à le compter.

Dans mon village jusqu’ici, j’ai marché dans la neige. Et dans la neige tout semble silencieux, c’est comme marcher dans un rêve.

Son parapluie sous le bras, Jonas s'interroge.
A quoi peut bien servir un parapluie quand on habite dans le désert ?
Est-ce que ça protège aussi du soleil ?
Ou du vent ?
Des tempêtes de sable ?
Peut-être qu'à l'intérieur,
dans les plis du tissu,
se cachent des secrets ?

C'est pour ça que je t'ai dit l'autre jour que le futur existe déjà, et que le passé existe encore.

Et aujourd’hui, je suis parti.
Je n’ai ni bottes, ni bateau, ni ailes, mais j’ai mes jambes et mes bras pour nager,
J’ai mes pieds pour marcher.
Alors je rentre chez moi.

Et ce matin, ils ont faim.
Seulement voilà : pas le moindre petit cochon, petit mouton ou petit chaperon à l'horizon !
Que faire ?