AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alex W. Inker (211)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Servir le peuple (BD)

Servir le peuple.

C'est un cri, c'est un ordre, c'est une injonction, que dis-je c'est une injonction, c'est une jubilation !

Petit Wu, jeune paysan naïf, fraîchement marié et conscrit exemplaire devient l'ordonnance d'un colonel de l'Armée populaire de libération. Tout se passe pour le mieux jusqu'au jour où le colonel, militaire ambitieux, s'absente pour deux mois à Pékin, confiant l'intendance de sa maison à Petit Wu, maison dans laquelle vit la femme de son supérieur. Petit Wu doit très vite répondre à l'injonction de celle-ci. « Tu dois servir le peuple, Petit Wu ! »

Servir le peuple. Ce célèbre slogan de la Révolution culturelle devient brusquement dans la bouche pulpeuse de la femme du colonel une injonction qui prend une tout autre saveur...

Dans ce roman graphique furieusement débridé, Alex W. Inker adapte de manière inspirée le roman éponyme de Yan Lianke. La couverture annonce la couleur. Une couverture rouge qui n'est pas s'en rappeler un célèbre petit livre de la même couleur. On voit un jeune soldat au garde-à-vous, à la tenue débraillée, vêtu d'un marcel affichant l'étoile révolutionnaire, tenant à la main une bouilloire. Et en arrière-plan on devine la forme lascive d'un corps féminin abandonné dans l'attente...

Le ton est déjà donné dans la forme de cet objet graphique insolite, révolutionnaire à sa façon.

Servir le peuple devient alors une injonction frénétique, sans entrave, à obéir aux ordres de la jeune femme qui se fait appeler Tante Liu, ou Soeur Liu cela dépend des moments, obéir debout, allongé, obéir dans toutes les positions inimaginables où il est possible de servir le peuple, se pliant à toutes les exigences de la femme du colonel en bon petit soldat révolutionnaire, accédant à tous ses désirs. Celle-ci va ainsi initier le jeune homme encore un peu effarouché aux joies du patriotisme. Et les amants ne manquent pas alors d'imagination pour servir ce peuple insatiable...

Mais le jeu des amants a besoin de saveur et de piment... L'attention, - ou la tension, écrivez-le comme vous voulez, du jeune amant Petit Wu se relâche.

Le désir s'étiole, Tante Liu commence à s'ennuyer, à s'agacer même... Un jour, par mégarde, le jeune homme fait tomber une petite statuette à l'effigie de Mao Tsé-toung qui se brise en mille morceaux à ses pieds. La femme du colonel entre en furie, menaçant de dénoncer Petit Wu auprès de sa hiérarchie. C'est alors que le corps du jeune homme montre brusquement une émotion qui ne laisse pas indifférente la sensuelle Tante Liu. Et voilà nos amants repartis à servir le peuple dans toute son extase... !

Alors le jeu amoureux devient peu à peu une transgression, un acte contre-révolutionnaire...

Détournant le slogan du Grand Timonier clamé lors de la Révolution culturelle, le propos de Yan Lianke et le dessin d'Alex-W-Inker en font une satire coquine et libertaire. Ici la doctrine révolutionnaire en prend un sérieux coup aux reins. Et c'est jubilatoire...

Le trait d'Alex W. Inker est grossier, outrancier, comme le sont les dictateurs, comme l'est ce slogan, comme l'est la servitude volontaire. Chaque planche traduit de manière naïve la propagande maoïste, en en faisant une sorte de pastiche réjouissant.

Retrouvant ici l'âme de Yan Lianke, j'ai adoré le ton insolent, ubuesque, absurde jusqu'à la caricature, de cette BD inspirante et féroce, terriblement lucide contre l'ordre politique chinois en place. Toujours en place...



" Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. "

Étienne de la Boétie

Commenter  J’apprécie          4116
Panama Al Brown

Qui se rappelle de Panama Al Brown ?

Un ex champion du monde hispanique poids mouche

qui se déhanchait en balançant ses poings enclumes.

Un sacré punch qui met knock-out ses adversaires.

Pas grand monde hormis

un vieux journaliste poids lourd qui décide

de faire un reportage sur ce boxeur hors du commun

qui vécut les années folles à Paris

en devenant l'amant de Cocteau...Tout un poème.

L' histoire d' un parcours exceptionnel superbement

illustré par Alex Inker que j'avais déjà remarqué

avec son fameux Apache de la Belle époque.

Panama Al Brown, c'est de la même facture, ça swing,

ça uppercut au rythme du Jazz et des années folles.
Commenter  J’apprécie          410
Colorado train (BD)

Club N°49 : BD sélectionnée ❤️

------------------------------------



A mi-chemin entre "Ça" et "Stand by me" de Stephen King.



Terrifiant mais j'adore...



En plus, superbe bande son (rock ou metal) avec QR code.



Une chanson par chapitre, si elle est trop longue, je ferme les yeux et j'attends le chapitre suivant... que du bonheur en plus !!!



Aaricia

------------------------------------



Rhoooo mais comment peut-on passer de la révolution industrielle française (Fourmies la Rouge), à une fable sociale américaine et arriver à du Stephen King sans le copier ?



Avec un noir et blanc fort, son encrage est incroyable !!



Bref, c'est un auteur à découvrir sans tarder !



Barbara

------------------------------------



Belle BD pour les amateurs de Stephen King et d'horreur.



La bande d'ado fera forcément penser au premier tome de Ça ou à Stranger thing.



Le dessin accentue la noirceur du récit.



La bande son proposée avec le récit (un QR code à la fin et un titre annoncé au début du chapitre) est très bonne.



je rejoins cependant les autres commentaires le chapitrage trop court empêche d'en profiter pleinement.



Samuel

------------------------------------



Un visuel noir et blanc aguichant pour un contenu qui rappelle Stephen King qui fait d'ailleurs parti des remerciements.



Une bande d'ados dans une région pauvre et oubliée du rêve Américain, une disparition d'enfant puis d'un autre, frère d'un des membres de cette bande, qui part alors à sa recherche.



C'est très classique dans les thèmes, mais le visuel et l'accélération dans l'histoire en fin d'ouvrage rendent l'ensemble plutôt captivant.



L'idée d'une bande-son pour accompagner chaque chapitre est plutôt sympathique, avec du rock Américain des 90s/00s pour coller à l'ambiance, mais le chapitrage beaucoup trop court rendra ça au final un peu anecdotique.



Recommandable.



Greg

------------------------------------



Les amateurs de "Strangers Things" apprécieront.



Très bon et très noir.



Une fin d'anthologie !



Janfi

------------------------------------



Pas le genre de cadre qui me plaît à la base (États-Unis, après la guerre du Vietnam, ambiance très sombre à base d'alcool, de violence et de drogues).



Les dessins m'ont convaincue d'y jeter un oeil quand même.



Je les trouve riches, travaillés, et bien en accord avec l'atmosphère inquiétante du récit.



Le suspens a bien fonctionné pour moi.



Les récits des enfants qui ajoutent une pointe de fantastique également.



Ça reste le genre de livre qui ne me plaît pas vraiment, mais objectivement, je pense qu'il peut convaincre, plaire, et faire son chemin chez ceux qui aiment les genres plus proches du thriller.



Perceval

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          360
La route froide

Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Sarbacane pour cet envoi.

Le livre est un très bel objet, la couverture est magnifique, le papier est épais et les illustrations apportent un petit plus à l’histoire.

Un adolescent de 13 ans profite de l’absence de ses parents pour la journée pour aller faire une longue balade (30 km) dans la forêt.

Sachant que l’histoire se déroule dans le Yukon et que l’ado en question n’est pas originaire du coin, on sent bien que la sortie en forêt ne va pas se dérouler comme prévue.

En effet, Jonah et sa famille vivaient en Californie jusqu’à ce que ses parents décident de quitter leur travail stressant et le mode de vie basé sur la consommation à outrance et choisissent de venir vivre dans une simple cabane en bois au Canada.

Jonah va donc s’équiper de vêtements chauds et d’un sac à dos pour aller faire du repérage, il voudrait aller voir une zone où poussent des cèdres rouges, car il aimerait agrandir la cabane pour avoir une chambre à lui.

Le suspense est grandissant, on ressent vraiment le froid, la difficulté de marcher dans la neige, le vent, le temps qui change subitement, les bruits bizarres, la nuit qui tombe doucement et la peur qui s’insinue jusqu’à devenir terreur.

L’intrigue m’a tenue en haleine jusqu’à la fin qui est assez brutale et qui n’apporte pas vraiment de réponse à ce qui s’est passé au cours de l’histoire. Y aura t’il une suite ou est-ce un effet de style ?

Je ne sais pas mais cette fin étrange, presque bâclée, a un peu gâché ma lecture qui était pourtant bien agréable.
Commenter  J’apprécie          360
Fourmies la rouge

Le thème de ce roman graphique est intéressant et nous rapporte avec brio les tensions entre ouvriers et patrons de l'industrie textile en 1891.

En ce 1er mai 1891 une manifestation a lieu ,une manifestation qui se terminera en sang.

Le scénario est bien mené et en quelques pages on est imprégné par cette soif de justice. Si les revendications commencent par réclamer des journées de 8h très vite elles se transforment par : "c'est nos frères qu'il nous faut" !!!... les arrestations brutales ne se font pas attendre !

L'ambiance violente, répressive, est très bien rendue, toutefois je n'ai pas su apprécier le graphisme qui illustre pourtant comme je viens de le dire tout à fait bien l'atmosphère violente.

Le choix des couleurs, les traits hachurés sont, sans aucun doute, réfléchis, travaillés avec soin mais ce n'est pas ce que j'apprécie.
Commenter  J’apprécie          350
Apache

La Bastoche, années 20

Un barman tatoué astique ses verres et son comptoir lorsque un julot et sa pouliche, tombés en panne de bagnole,  entrent en trombe dans le rade.

Pas de temps pour la politesse, le jules pressé colle une de ses esgourdes sur la TSF.  Il a parié un tas de pognon sur un canasson qu'est en train de galoper à Longchamp.

Sa fiancée, une belle métisse coiffée à la garçonne s'accoude au bar en buvant langoureusement des Picon bière tout en écoutant à moitié paf le barman édenté, un bavard qui lui commente ses tatouages de Cayenne.

Subitement le julot s'écroule....Raide mort à la nouvelle : le bon gaye (cheval en argo) a franchit la ligne en premier.

Arrive le chauffeur Raoul qui a fini de réparer la tire et apprend la triste nouvelle... l'air réjoui.

Pour récupérer le gros lot à l'hippodrome, le barman Apache a une combine du tonnerre qui épate la fine équipe...



Apache, la première BD d'Alex W. Inker est un bel objet qui a du panache.

Un élégant format à l'italienne qui renferme d'épatants dessins bicolores noir et rouge.

L'histoire en jette. Un huit -clos dans le Paris canaille des années 20 avec des voyous qui manient l'argot, l'embrouille, le surin et une jolie pépé qui dévoile ses charmes.

les personnages...rien que des gueules d'atmosphère : l'apache bien pimenté au Cayenne, le julot dégoulinant, le chauffeur à la mine patibulaire et la jolie métisse, un air des années folles...



Apache, c'est franchement bath !
Commenter  J’apprécie          304
Fourmies la rouge

Cet album relate un drame politique survenu le 1 er Mai 1891 dans une petite ville du Nord dans laquelle l'auteur a grandi.

Lorsque des ouvriers décident de manifester pour réclamer la journée de 8 heures de travail,tout commence dans la bonne humeur et l'espoir grâce à la force de la solidarité. Les soldats de la République arrivent en nombre mais, étonnamment,les ouvriers les accueillent sans haine et même avec sympathie dans l'idée de les rallier à leur cause. Il n'en sera évidemment rien, et ces " chiens de garde" du patronat n'hésitent pas à tirer lorsque la foule clame en priorité la Libération de leurs frères emprisonnés. Neufs ouvriers sont tués, rappelant la violence du 1 er Mai 1886 à Chicago où trois manifestants sont tués parce qu'ils réclament la journée de 8 heures. Ces fameuses 8 heures qui ne seront octroyées en France qu'en 1919, puis Pétain déclarera férié le 1 er Mai afin de rallier les français au régime de Vichy ! Que de violence et de tristesse!

Le rouge et noir comme unique couleur de l'album illustre avec intelligence la passion,la révolution, mais aussi la mort et la violence.
Commenter  J’apprécie          262
Un travail comme un autre (BD)

J'ai aimé cet album pour le talent d'Alex.W.Inker à créer l'ambiance bien particulière de l'Alabama du début du XX ème siècle. On retrouve le contexte déjà décrit par des auteurs comme Steinbeck dans des souris et des hommes, d'une pauvreté liée à la désorganisation du système esclavagiste et d'une industrialisation encore en devenir. J'ai beaucoup apprécié l'originalité du dessin et des couleurs,la variété du format des planches qui soutiennent parfaitement le texte et mettent en exergue les émotions. L'histoire est tirée du roman de Virginia Reeves que je n'ai pas lu. Je suis donc dans l'incapacité de mesurer les libertés qu'A.W.Inker a pris ou pas avec l'œuvre originale. C'est une histoire violente parce qu'elle met en scène l'injustice et les drames qui peuvent anéantir toute une vie. Elle décrit un destin terrible auquel le personnage principal ne peut échapper.

Ce que j'ai moins aimé c'est qu'au delà de l'impact du contexte socio- économique sur le drame qui va se jouer,les personnages principaux ne sont pas attachants. Là où j'aurais aimé trouver de la solidarité,de l'amour,de la compréhension, je n'ai trouvé que de l'égoïsme et du jugement intransigeant. Je pense surtout à Mary,la femme de Monsieur Roscoe qui n'endosse aucune responsabilité dans l'accident qui va conduire" son homme" à la prison et qui va même monter leur fils contre lui. Dès le début on la voit tout mettre en oeuvre pour le contraindre à répondre à ses propres aspirations au mépris de sa passion pour l'électricité et lorsqu'il commet l'irréparable involontairement elle le condamne sans le moindre état d'âme. Cette personnalité en arrive presque à minimiser le rôle du contexte social dans le malheur qui s'abat sur cette famille pour recentrer sur les responsabilités individuelles. Je suis tentée de lire le roman de Virginia Reeves pour vérifier si je retrouve la même impression.
Commenter  J’apprécie          250
Un travail comme un autre (BD)

Cette BD est l’adaptation du roman éponyme de Virginia Reeves.

Cela se passe en Alabama, aux alentours de l’époque de la crise économique de 1929. Roscoe est un agriculteur qui essaie juste de s’en sortir. Il a travaillé auparavant pour la compagnie d’électricité. Il parvient alors à détourner de l’électricité pour pouvoir faire tourner son exploitation. Mais ce détournement va provoquer un accident grave et il va se retrouver en prison.

Le graphisme est en trichromie, noir, bleu horizon et orange pétant, avec une trame (les petits points) grossière et unique pour les nuances. Cela retraduit les impressions d’ouvrages illustrés de l’époque, un côté vintage pour se mettre dans l’ambiance rétro du récit. Le graphisme est du genre réaliste, un peu glauque, la laideur est légèrement accentuée, le trait est épais, les noirs très présents mais contrebalancés par la vigueur de l’orange. Il fait chaud et sec. Ce graphisme sert parfaitement l’atmosphère du récit, il l’incarne même tellement bien qu’il est dur d’imaginer le récit sans ces illustrations. Même sans avoir lu le roman, je trouve que le graphisme a su parfaitement se l'approprier.

C’est le récit d’une descente aux enfers, un récit social. Roscoe n’est pas du genre rebelle, au contraire, il se plie aux contraintes et se fait même bien voir par le directeur de la prison mais sa vie s’écroule tout de même sans qu’il n’y puisse rien. En toile de fond, la chaise électrique apparaîtra comme un leitmotiv dans la narration : l’accident provoqué par Roscoe s’apparente à la mise à mort par cet engin, il sera aussi demandé à un ébéniste de la prison de construire une chaise à cet usage, et Roscoe se portera volontaire pour en concevoir le système électrique… L'histoire dépeint l’Amérique des années 30 dans les états ruraux, et l’univers carcéral de l’époque. Un récit social assez dur, un peu sordide, mais plein de compassion pour son personnage, dans la lignée de Steinbeck.

Parce que le graphisme sert idéalement le texte, parce que le personnage est attachant malgré ses erreurs, et parce qu’il y a un peu du style Steinbeck, c’est une lecture qui vaut vraiment le coup. J’ai aimé.

Commenter  J’apprécie          250
Colorado train (BD)

Le dessin est en noir et blanc, travaillé au pinceau, brut et sombre, il renforce l’ambiance inquiétante de l’histoire. Ça se passe aux Etats-Unis, dans l’après-guerre, années 50 sans doute, mais ce n’est que suggéré. C’est une histoire d’enfance abandonnée, d’enfant livrés à eux même à cause de mauvais parents, alcooliques, drogués, violents et même pire, et aussi une histoire de serial killer. L’ambiance et le ton sont très soignés, lourds et pesants, les caractères des personnages sont aussi élaborés avec beaucoup de finesse. C’est une histoire prenante et bien construite, le drame est vécu à travers le regard des ados, et cet aspect est particulièrement bien réussi. Par contre, l’aspect sombre et glauque est vraiment trop forcé, c’est gore et violent, et dérangeant parce que cela reste en même temps très réaliste. Il n’avait pas besoin d’aller aussi loin dans l’horreur, dans la surenchère, pour en faire un roman graphique remarquable. Cette lecture m’a mis mal à l’aise, je sais qu’il y a des amateurs, mais c’est trop sordide pour moi.
Commenter  J’apprécie          230
La route froide

Totalement éloigné de toute civilisation, Jonah vit dans le Yukon avec ses parents qui ont plaqué leur job en Californie pour une vie plus proche de la nature. Leur nouvelle petite routine va être chamboulée, le jour où les deux parents disparaissent et où n'y tenant plus, Jonah part, seul, à leur recherche.



La route froide est un très court roman proposant une expérience intéressante mais pas inoubliable. le suspense est présent tout le long du roman et on est pris dans cet environnement glaciale où la neige semble le seul horizon existant et où n'importe quoi peut surgir à tout moment tant la nature reste imprévisible. La route froide est un bon moment de lecture malgré que son peu de pages empêche plus d'approfondissement.



Je remercie Babelio et les éditons Sarbacane pour cette découverte certes glaciale mais intéressante.
Commenter  J’apprécie          210
Panama Al Brown

Je vous dresse en quelques lignes le portrait du héros : un jeune panaméen, pauvre, noir, qui survit grâce à ses points alors qu'il déteste la violence, toxicomane à Harlem, flambeur, champion du monde de boxe, homosexuel, dandy jazz à Paris, qui perd son titre de champion sur un match truqué, amant de Cocteau qui le pousse à reconquérir son titre, la fête encore et toujours, la mort dans la misère et l'indifférence à Harlem loin de son Paris chéri. Voilà, Alfonso Brown c'était tout ça. Je fais les paris qu'un biopic sortira sur les écrans dans les années à venir. Pas forcément une bonne idée à mon avis. Dur de trouver un acteur capable d'incarner un tel personnage et difficile aussi d'en trouver un pour interpréter le rôle de Cocteau... Et puis, trop souvent les biopics sombrent dans un académisme plombant, écueil plus facile à éviter en B.D. Piège ici bien esquivé, "Panama Al Brown" est une jolie réussite.



La réussite tient en premier lieu, bien sûr, à son sujet. Al Brown a eu un destin vraiment hors norme, bigger than life, romanesque à souhait et c'est toujours passionnant de se plonger dans la découverte d'une telle destinée. Et puis j'ai toujours trouvé que les boxeurs faisaient de bons personnages de fiction. Non pas que je sois amatrice de ce sport, au contraire, j'ai du mal à en voir, je souffre pour eux. Il y a dans le fait que des hommes se prennent des coups dans la gueule pour gagner leur vie quelque chose qui m'émeut et que je trouve révélateur d'une certaine violence sociale (il me semble que la grande majorité des boxeurs professionnels ne vient pas des CSP +). C'est bien sûr le cas de Al Brown qui pour survivre n'a que ses poings, lui qui préfère danser, si possible avec un bel homme. Exploité par des managers inhumains, en butte au racisme, aux difficultés financières, Al ne s'est pourtant jamais laissé aller au désespoir. Il a pris tout ce qu'il y avait à prendre, sur le moment, sans se soucier ni des conséquences, ni du lendemain. Flamboyant ! Al Brown était flamboyant et lumineux.



Le scénario de Jacques Goldstein est plutôt bien foutu. On découvre le destin de Brown à travers le regard d'un journaliste parti sur ses traces. Si le côté non chronologique du récit permet d'éviter un enchaînement d'événements trop factuel, il peut aussi parfois perdre le lecteur qui a parfois du mal à retrouver le fil de la vie de Brown, à savoir quand se situent les événements les uns par rapport aux autres. A ce titre, le petit dossier à la fin de l'ouvrage est un bon complément à la B.D.

Je regrette que Goldstein n'ait pas inclu dans son scénario l'incroyable anecdote sur les funérailles de Brown Même au-delà de la mort, l'histoire de Al a été folle !



Le dessin d'Alex W. Inker participe de la réussite de l'album. Très simple et épuré, son noir et blanc à un grand impact. C'est un vrai plaisir de prendre son temps pour contempler chaque case, page après page.



Je remercie vivement Babelio et les éditions Sarbacane pour cette jolie lecture et surtout pour la découverte d'un homme dont la destinée extraordinaire m'a procuré beaucoup d'émotion.
Commenter  J’apprécie          190
Maury-7

Maury-7 est un travail de commande des Archives Départementales du Nord. Alex W. Inker s’est inspiré du roman de Jérôme Le Roy, Zarchiv’, pour imaginer son monde post-apocalyptique. Dans un monde retombé à la sauvagerie, les Zarchiv’ est une caste qui récolte et recherche les traces de connaissances du monde d’avant. Maury-7 est une petite fille qui a fui sa famille pour suivre une cavalière des Zarchiv’.

Le dessin est brut, imitant la bichromie, fait de traits de pinceau assez grossiers, une couleur claire vient donner du relief. On découvre la région Nord à travers quelques images en palimpsestes qui viennent ponctuer le récit, quelques plans d’architectures apparaissent dans les entêtes de chapitres. Le ton est assez sec, le rythme plutôt haché, on ne possède que quelques bribes d’une histoire, on n’en sait pas beaucoup plus que cette pauvre Maury-7 sans éducation, les anciens monuments en ruines où évoluent les deux filles nous situent dans l’espace, notre seul lien au monde d’aujourd’hui. De la même façon, le récit semble inachevé, on dirait juste un début d’histoire, et pourtant, tout est dit, que laisserions-nous aux générations futures si tout s’écroulait, qu’est-ce que les traces du passé peuvent réellement nous apprendre, referions-nous les mêmes erreurs ?

C’est une mise en parallèle ou une confrontation d’un fond d’archive existant avec un monde dystopique imaginé par un auteur de la région, on se trouve dans la position d’archéologues du futur perdus dans un récit sombre et inquiétant et c’est ce qui retient particulièrement notre attention. Les personnages restent distants, pourtant, on s’y attache. Toutes ces impressions contradictoires éveillent nos sens, je me suis accroché au récit pourtant court et bizarrement rythmé, sans véritable fin, au dessin rude et agressif, il y a une ambiance de malaise, presque rebutante et pourtant, le résultat est vraiment marquant et troublant.

C’est une histoire qui ouvre l’esprit, qui donne à réfléchir, et qui vaut vraiment le coup d’œil.
Commenter  J’apprécie          180
Panama Al Brown

Panama Al Brown ou le récit d'une étoile filante qui a mal fini sa course conté dans un superbe objet ! Au départ c'est un journaliste raté et alcolique qui déterre son existence et souhaite faire des recherches sur cet homme..



Ce boxeur a quand même un petit quelque chose de particulier qui le relie à l'histoire culturelle de France - certes c'est anecdotique mais à l'heure de l'Histoire vue par les secrets d'alcôve pourquoi ne pas le mentionner - c'est qu'il a été l'un des amants de Cocteau ! La force des lettres et la force des poings ! Le tout en noir et blanc dans les années 1930 où, s'il n'y a pas de ségrégation en France, l'esprit colonialiste est toujours d'actualité !



Cette histoire de violence assez poétique nous plonge dans le Panama natla du boxeur, puis dans les rues de Harlem et de Paris. Un voyage avec le charme des vieux dessins animés - de l'époque d'avant Tex Avery - pour parler d'un destiné malheureux (mais peut-être pas tant que ça ?) qui n'était pourtant pas une exception à cette époque. En cela, la vie de Panama Al Brown reflète bien la façon dont le 'star system' des années 1930 broyait les 'nègres' pour les laisser à la dérive lorsque le show est terminé.



Si les graphismes sont superbes, il faut quand même noter que cette bande dessinée est très dense tant au niveau du graphisme que de la narration. Une BD plus destinée à un public adulte ou bons lecteurs ados !
Commenter  J’apprécie          160
Servir le peuple (BD)

Wu, issu d'une famille de paysan, s'engage dans l'armée révolutionnaire et prône avec ferveur le communisme à travers la Chine. Jusqu'à ce qu'il devienne l'ordonnance du colonel, et que celui-ci s'absente deux mois en le laissant veiller sur sa jeune et belle femme.



Cette bande dessinée, adaptée d'un roman (que je ne connais pas), m'a laissé perplexe tant sur le scénario que sur le dessin.

Je n'ai pas très bien compris si les auteurs voulaient faire passer un message, dans ce cas je suis passé à côté, ou juste créer une histoire d'amour gentiment érotique. Dans tout les cas je n'ai pas adhéré aux personnages et j'ai trouvé ma lecture longue. Il ne s'y passe rien, au final... En tout cas l'image de la chine communiste qui est renvoyée n'est pas reluisante.

Les dessins ne m'ont pas non plus convaincus. Il y a un côté fusain avec un parti pris des couleurs qui aurait pu être sympa mais j'ai trouvé les visages assez grossiers.
Commenter  J’apprécie          152
Un travail comme un autre (BD)

Couverture cartonnée aux teintes sépia-orange, tranche foncée, graphisme aux faciès caricaturaux proche des pieds nickelés, l’ouvrage est déjà précieux. Nul besoin d’une poussière imaginaire sur laquelle souffler pour être propulsé dans le passé. Fin des années 20, Alabama, la course à l’industrialisation et l’ère de prospérité ont laissé la place à la grande dépression qui a gangrené jusqu’aux campagnes laissant les agriculteurs sans ressource. Roscoe, fermier malgré lui, homme bourru, buté mais cultivé et passionné par l’électricité, a décidé d’agir. Ces choix hasardeux vont malheureusement briser des vies ainsi que la sienne. Pour lui, ce sera le poids de la culpabilité dans un univers carcéral glauque où la fée électricité sert à prendre des vies. Il trouvera refuge dans la lecture et dans « un travail comme un autre » peu reluisant mais restera pour toujours marqué par le dépit. Un roman graphique remarquable qui dépeint avec réalisme la misère sociale qui pousse à bout et conduit à des erreurs irréparables. Roscoe avec son parcours chaotique est la figure torturée de tous ceux qui souffrent. D’un caractère antipathique, on est pourtant ébranlé par cet homme qui a tout perdu. Une adaptation très réussie qui a su me plonger avec rudesse et émotion dans l’obscure histoire américaine.

Commenter  J’apprécie          130
Un travail comme un autre (BD)

L'électricité, cette invention géniale n'est pas pour plaire à tout le monde. A son arrivée, on la regarde d'un mauvais oeil, d'autant plus qu'à cause d'elle, certains tombent dans la misère. La concurrence avec les machines n'étant pas tenable. Roscoe T Martin a pourtant une idée qui lui paraît lumineuse - sans mauvais jeu de mots. Il décide de détourner l'électricité à son profit.



Alex Inker dresse un portrait social et économique des Etats-Unis du début du 20e siècle. On y suit les conséquences de l'arrivée de l'électricité, le délitement d'un couple, la ségrégation, le milieu carcéral, la violence, etc. J'ai suivi le personnage principal avec beaucoup d'intérêt tant le propos est réaliste. Quant aux illustrations - qui rappellent un peu le style des comics d'il y a quelques années - elles sont maîtrisées et détaillées.



Commenter  J’apprécie          130
Servir le peuple (BD)

Voici un livre tout à fait étonnant.

D'Alex W. Inker j'avais beaucoup aimé "Fourmies la rouge", mais avant de voir le dessin, je n'avais pas fait attention que c'était le même auteur.



Nous suivons le jeune Wu, un paysan courageux et travailleur qui souhaite, par et grâce au communisme, s'élever dans la société et avant tout dans le parti avec l'idée de "Servir le peuple". Mais malgré tous ses efforts, rien ne se passe comme il le voudrait. Les candidats sont tellement nombreux et leur volonté égale. Il finit tout de même, à force de persévérance, par devenir ordonnance d'un colonel. Et il verra ses aspirations récompensées mais pas par la voie à laquelle il avait naturellement pensé...



J'ai comme pour son autre ouvrage beaucoup aimé le dessin et les couleurs. J'ai été moins touché et aussi étonné par le scénario même si je l'ai trouvé intéressant et parfois drôle. Mais je ne m'attendais pas du tout à cela. Je pensais me plonger dans un roman graphique historique et découvrir le communisme chinois et son développement. En fait, pas tellement. Et surtout il y a ces nombreuses pages plus proche d'Emmanuelle que de Mao.



Une lecture rapide et qui personnellement n'a pas été désagréable même si parfois un peu longue. Et surtout j'aime beaucoup le dessin D'Alex W. Inker.
Commenter  J’apprécie          120
Maury-7

B.D. découverte par hasard alors que je cherchais une idée de cadeau pour une amie qui aime (entre autres) les chevaux. Car, le cheval, personnage secondaire, est particulièrement bien « croqué » dans ce récit post-apocalyptique.

Librement inspiré d’un roman de Jérôme Leroy intitulé Zarchiv’. Le pitch tient en quelques mots : des siècles après la fin de notre civilisation, quelques clans épars se battent pour voler les documents que des cavaliers Zarchivistes tentent de sauver de l’oubli. Nous suivons dans ce court récit la chevauchée d’une cavalière zarchiviste et de sa nouvelle complice, une gamine rebelle du clan patriarcal de Maury l’Ancien.

L’action se situe dans ce que serait le département du Nord ... En effet, cet album, comme le roman qui l’a inspiré, sont des œuvres de commande des Archives Départementales du Nord, on retrouve donc à chaque chapitre une image issue de leurs collections.

B.D. locale qui se lit vite, et qui fait réfléchir sur ce qu’est le patrimoine et sa conservation, ce qu’est la mémoire et sa transmission, thématiques qui me sont chères, qui me touchent beaucoup. Simplement pour ces raisons elle vaut 4*

Allez, salut.

Commenter  J’apprécie          110
Colorado train (BD)

Au fin fond du Colorado, dans les années 90, une bande de gamins malmenés par la vie enquête sur une disparition étrange. Serait-ce le wendigo de la légende ? Ou pire encore ?



Cette histoire qui commence comme les Goonies prend très rapidement une dimension horrifique. L’ambiance devient glauque, sombre et glaçante. Les dessins en noir et blanc sont puissants en émotions.



J’ai joué le jeu de la playlist (un titre de métal/punk/rock proposé par chapitre) et j’ai aimé ça ! La musique rajoute une intéressante dimension à l’histoire.



Je n’ai pas lu le roman de Thibault Vernot à l’origine de cette BD mais je la découvrirai volontiers…



Une très belle bande dessinée de quelques 230 pages que j’ai vraiment appréciée.



Un grand merci aux éditions Sarbacane et à Babelio pour cette jolie découverte dans le cadre de la masse critique graphique.

Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alex W. Inker (751)Voir plus

Quiz Voir plus

Dragon ball 10

Comment s’appelle celui au crâne d’œuf ?

Kirlin
Kirlan
Son Krilin
Krilin

6 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Dragon Ball, tome 10 : Le Miraculé de Akira ToriyamaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}