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Critiques de Alex Marzano-Lesnevich (335)
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L'Empreinte

Ce livre est juste inouï d'intelligence et de lumière ! Assurément un des mes meilleurs livres contemporains que j'ai lus depuis longtemps !



Un tour de force magistral qui parvient à fusionner des genres très différents avec évidence et classe folle. Improbable cocktail pourtant que de faire cohabiter sans sensationnalisme ni voyeurisme :



- un essai-plaidoyer surpuissant ( car subtil ) contre la peine de mort et une passionnante réflexion sur les travers du système judiciaire américain



- une enquête criminelle haletante de type True crime à la Truman Capote, on sent que l'auteur a avalé des kilomètres d'archives et de retranscriptions judiciaires pour nous les présenter sous la forme d'un quasi thriller



- un récit autobiographique bouleversant tournant à l'introspection personnelle et familiale jusqu'à parvenir à la résilience



2003 : Alexandria Marzano-Lesnevich est étudiante en droit à Harvard et choisit d'effectuer son premier stage auprès d'un cabinet spécialisé dans la défense des détenus du couloir de la mort en Louisiane. La première affaire à traiter : celle de Ricky Langley, un pédophile qui a étranglé un enfant de 6 ans, Jeremy Guillory. Elle qui est farouchement opposée à la peine de mort voit ses certitudes s'écrouler en visionnant la video des aveux, envahie par une pulsion de haine et une envie de voir Ricky mourir.



Car ce n'est pas Ricky Dangley qu'elle voit et entend, c'est son grand-père qui l'a violée à maintes reprises durant son enfance, dans un silence familial assourdissant. Elle ne sera pas avocate mais écrivaine. Ecrire pour faire partir le poids de la souffrance, pas pardonner, non, être juste apaisée, se libérer de cette empreinte mortifère.



Le titre originel est plus fort que cette simple empreinte : «  the fact of a body », « la preuve par le corps ». Dans cette collision de deux faits réels douloureux ( Ricky a tué Jérémy – son grand-père l'a violée ), c'est le corps qui porte tout : son corps à elle depuis l'anorexie jusqu'aux souffrances invisibles aux yeux d'une famille dans le déni ; le corps de Jérémy qui lui seul détient la vérité qui est au coeur du procès ( Jérémy a-t-il été tué ou violé puis tué ? ).



Ce livre est bruissant de dix mille réflexions, éclairant des Lumières de la Raison des événements terribles tout en laissant battre son coeur dans des pages profondément incarnées et émotionnellement intenses.

Inoubliable.

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L'Empreinte

Alexandria Marzano-Lesnevich nous livre dans L’empreinte un récit bouleversant à mi-chemin entre le récit autobiographique et un récit journalistique dont il faut souligner le travail d’orfèvre qu’il y a derrière. Bravo à elle.



En 1992, en Louisanne, un petit garçon de 6 ans, Jérémie croise la route de Ricky Langley, farouche pédophile de 26 ans. L’enfant n’y survivra pas. Les aveux du pédophile tombent trois jours plus tard. Incarcéré dans le couloir de la mort, la partie adverse clame la peine de mort.

Alexandria suivra cette affaire de près effectuant alors un stage au barreau.



On suit en filigrane l’empreinte sur Alexandria de deux histoires. Celle de Ricky et la sienne. Violée de nombreuses années petite par son grand-père, la pédophilie, les traumatismes, le choix du pardon sont au cœur de ce récit.

Alexandria est aussi fermement opposée à la peine de mort. Quand elle suit l’affaire de Ricky Langley, ses certitudes vascillent car ses propres souvenirs refont surface. Peut-on pardonner l’horreur ? Peut-elle être excusable et cachée sous les faux-semblants d’une maladie mentale ou bien sur les maltraitances vécues par ces mêmes bourreaux, victimes jadis? Peut-on mettre sous silence les agissements pervers sous prétexte de protéger la famille ? La protège-t-on d’ailleurs en fermant les yeux ?



C’est 470 pages de plaidoyer ce roman. Au cœur même de la machine judiciaire, dans les tripes saignantes du vague à l’âme et des blessures individuelles et collectives.



Alexandria Marzano-Lesnevich prend à bras le corps le cas Ricky Langley, ça la secoue, ça réveille les ombres de son passé. Elle écrit avec beaucoup de pudeur et de retenue. Les émotions sont sous la couche des horreurs, pas de larme coulant à flot.



En Amérique, c’est la pluie qui mouille les visages. Parce que les anges dans le ciel pleurent ces enfants dont la vie s’est arrêtée dans les bras d’un adulte à l’amour assassin.

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L'Empreinte

En 2003, alors étudiante en droit à Havard, Alexandria Marzano-Lesnevich, âgée de 25 ans, effectue un stage dans un cabinet d'avocats de La Nouvelle-Orléans. Aux stagiaires présents, une femme leur passe, au cours d'une conférence, une vidéo leur présentant les aveux d'un homme, enregistrés en 1992, dont le deuxième procès vient de se terminer. Condamné à mort 9 ans auparavant, le jury le condamne aujourd'hui à la perpétuité. Son crime : avoir tué Jeremy Guillory, un enfant de 6 ans. Son nom : Ricky Langley. Pourtant farouchement opposée à la peine de mort, les certitudes de la jeune étudiante vacillent. Commence alors pour elle des années aux côtés de Ricky et Jeremy mais aussi une plongée au cœur de son passé tourmenté, jusque là enfoui...



Passionnant de bout en bout, L'empreinte fait montre d'un travail de recherche et de précision remarquables, mais aussi d'introspection, presque salvatrice. Partant de procès-verbaux, d'articles de presse, d'articles de tribunaux ou encore de reportages télévisés, Alexandria Marzano-Lesnevich retrace avec fidélité, adresse et intelligence aussi bien les faits criminels que le déroulement des procès, la vie, de son enfance à l'âge adulte, de Ricky Langley ou encore les conséquences. Une enquête saisissante et fourmillante (des milliers de pages consultées, 10 ans de réflexion et de reconstitution, de nombreux voyages) qu'elle entremêle avec son propre vécu. Son enfance dans la grande maison grise, les violences subies, les secrets de famille, les silences imposés. Une double enquête qui n'a qu'un seul but : la vérité. Ce récit, aux thèmes aussi divers et tragiques que l'inceste, la pédophilie et la peine de mort, est doté, à la fois, d'une force et d'une sensibilité rares. Émouvant et dramatiquement captivant...
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L'Empreinte

C’est parce que le petit Jeremy est mort à 6 ans, victime d’un délinquant, proie de hasard d’un jeune homme déjà repéré et condamné pour des attouchements et qui la renvoie à de douloureux souvenirs, ou au moins ce qu’il en reste lorsque la mémoire a censuré l’impensable,

qu’Alexandria Marzano-Lensnevich a pris la plume.



Pour décortiquer les circonstances du drame, refaire l’enquête, analyser les insuffisances du processus judiciaire, étudier méticuleusement les histoires des personnages, du criminel comme de leur famille. Pour comprendre. Comprendre comment on peut en arriver à commettre de tels méfaits, et quels sont les mécanismes à l’origine de ces aberrations. Rôle de l’inné et de l’acquis, responsabilité de l’éducation?



Cette quête n’est pas anodine, l’auteur le révèle rapidement, elle fut elle même victime d’attouchements, de la part de son grand-père et circonstances aggravantes, les faits ont été soigneusement camouflés, bien que connus de la famille, experte pour taire tout ce qui peut faire des vagues.



Des questions plus générales en découlent.



Sur la peine de mort. Faut-il être pour ou contre? Faut -il établir une hiérarchie des délits pour déterminer de qui devrait relever de la peine capitale ? Il ne suffit pas de se prononcer précisément pour s’en sortir. C’est ce que l’auteur a pu constater quand, dans le cadre de son métier puisqu’elle fut un temps avocate, elle défendait l’abandon de la peine de mort, mais l’a souhaitée dans ce cas particulier du meurtre de Jeremy.



De même, il faut se mettre dans la peau d’un juré, plutôt favorable à une exécution sur des arguments d’inhumanité du crime, ne peut se résoudre à prononcer la sentence pour l’accusé qui lui fait face en chair et en os. Les convictions basées sur la théorie peuvent être malmenées lorsqu’elles sont confrontées au réelle





Outre le caractère passionnant de ce débat intérieur, il faut reconnaître à l’auteur un talent de conteuse, qui fait de l’empreinte un récit captivant. Les deux récits se mêlent et tentent de répondre à la question fondamentale : le pardon est possible?
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L'Empreinte

« Il me faut commencer par Jeremy. C'est lui qui a porté le crime de Ricky dans son corps. » Jeremy avait six ans était blond. Ricky avait vingt-cinq ans et avait toujours été attiré par les enfants blonds âgés de six ans. Ricky a tué Jeremy. Pourquoi est l'une des nombreuses questions que se poseront les psychologues, les juges, les jurés, les avocats, sa famille, Ricky lui-même, mais également et surtout Lorilei, la jeune mère de Jeremy, et Alexandria Marzano Lesnevich l'auteure de ce livre, victime comme Jeremy d'un pédophile, son propre grand-père.



Si dans un premier temps Lorilei veut que Ricky meure, dix ans après les faits, alors que celui-ci est dans le couloir de la mort, sans pardonner à Ricky elle va se battre pour lui éviter la peine capitale. Afin de comprendre, elle a rencontré le meurtrier de son fils — dont l'enfance complexe est hantée par son frère mort dans un accident, qu'il dira avoir tué en la personne de Jeremy — et a finalement vu un jeune homme qu'elle n'a pu réduire à son crime, aussi affreux soit-il.



Alexandria-Marzano-Lesnevich, ancienne étudiante en droit à Harvard farouchement opposée à la peine de mort, a longuement enquêté sur le passé du jeune pédophile. Contre toute attente, son histoire d'enfance bouleversée, avec ses vérités, ses mensonges et ses secrets, est entrée en résonance avec la sienne. Alors qu'elle était encore une enfant, elle s'est ouverte à ses parents des viols subis par elle et sa petite soeur de la part de leur grand-père. Des parents qui ont fait le choix de faire comme si cela n'avait jamais existé, un grand-père qu'elle a détesté, comme Lorilei avec Ricky, mais n'a pas voulu réduire à son crime.



Car la vérité est toujours beaucoup plus complexe, c'est ce qu'Alexandria qui mêle autobiographie et journalisme d'investigation nous dit avec force arguments dans ce livre formidable d'intelligence et de sensibilité.



« Sur le plan juridique, le verdict était une contradiction.

Alors je me disais que, confronté à la question de savoir si Ricky devait vivre ou mourir, le jury avait refusé de trancher. Mais j'ai réalisé que j'essaie de préserver une place pour l'ambiguïté constitutive de tout ce qui s'est produit. Lorilei n'a pas pardonné Ricky, mais elle ne voulait tout de même pas sa mort. Mon grand-père a fait tout ce qu'il a fait, et il était toujours mon grand-père. le droit – avec l'entêtement de chaque partie à imposer une unique version des faits – n'a jamais su que faire de cet entre-deux complexe. Mais la vie en est pleine. »





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L'Empreinte

Admirable démarche pour donner un sens ou mieux comprendre les relations humaines, la famille, le pourquoi des secrets, la fatalité. L'autrice, jeune étudiante en droit et contre la peine de mort, a rendez-vous avec un pédophile avoué, meurtrier de surcroit. Rick Langley a étranglé un garçon de 6 ans en Louisianne. À travers les trois procès de Langley, qu'elle revisite, elle se livre en toute franchise, sans tabous ni secrets et en même temps elle nous livre sa famille. En toute intimité, sans pudeur mais avec un courage que je salue, elle partage avec nous cette autobiographie, cette docu-fiction, ce colossal travail journalistique.. Est-ce que le procès de Rick Langley est l'élément déclencheur de cette confession intime ou prend t-elle le procès comme prétexte à ces confessions ? Peu importe. Ce qui importe c'est l'humanité, la franchise qui teintent ses mots et le désir de se sortir de cette empreinte , de ces cicatrices qui la marquent et qui font nécessairement souffrir. Bouleversant, marquant, un récit qui ne laisse indifférent. Oui une lecture qui laisse sa trace.
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L'Empreinte



« Je suis immédiatement frappée par cette idée que l’avenir était entièrement en germe dans le présent, le présent secrètement en germe dans le passé. »





Brillant, captivant, émouvant voire éprouvant, Alexandria Marzano-Lesnevich se livre à un exercice littéraire compliqué d’autant que ce récit l’engage émotionnellement. Elle se dévoile intimement et sa douleur, personnellement, je l’ai ressentie. C’est un récit qui tient à la fois de l’investigation, de la thérapie, de l’autobiographie mais surtout d’une quête : comprendre, dans comprendre il y a le mot prendre, c’est-à-dire, faire sien. Et c’est bien de cela dont il est question dans ce récit, comment un être humain peut-il tuer, abuser d’un enfant de six ans, qu’elle est sa part d’humanité ? Et cet être humain, peut-il être condamné à mort par un autre être humain ? Et que penser du silence de l’entourage familial qui est récurrent dans ces cas de maltraitance.



Ce livre est particulièrement perturbant à plus d’un titre, il oblige le lecteur à se poser nombre de questions qu’elles soient philosophiques, médicales, qu’elles aient trait à la justice des hommes, à l’éthique d’un individu, en un mot, plus d’une fois je me suis trouvée à poser ce livre pour tenter de me confronter à mes propres réflexions.



Alexandria est étudiante en droit, issue d’une famille d’avocats, entourée depuis son enfance par des livres de droit, bien formatée par son milieu familial, elle va suivre le chemin de ses parents. Fervente opposante à la peine de mort, elle décide de se présenter à un stage d’été dans un cabinet en Louisiane spécialisé dans la défense des condamnés à mort.



Le lendemain de son arrivée, l’avocate qui prend les étudiants en charge les réunis autour d’un table :



« Nous allons vous montrer ça. Elle brandit une cassette vidéo. Il s’agit des aveux de l’homme dont nous venons de terminer le second procès. L’enregistrement date de 1992. Il y a neuf ans, il a été condamné à mort mais cette fois-ci, le jury lui a donné la perpétuité. »



« Cet homme c’est Ricky Langley, des lunettes épaisses, en cul de bouteille, des oreilles en feuille de chou, héritage de l’alcoolisme de Bessie, sa mère. Des yeux marron, les derniers qu’ait vus Jérémy (après avoir été abusé sexuellement et étranglé). Il parle des enfants qu’il a touchés. »



« Mais je regarde l’homme à l’écran, je sens les mains de mon grand-père sur moi et je sais ».



« Malgré la formation que j’ai suivie, malgré le but que je poursuivais en venant travailler ici, malgré mes convictions. Je veux que Ricky meure. »





Dans ces passages qui donnent le ton du livre, l’inconscient d’Alexandria prend la main sur son état émotionnel et conscientise, un peu comme des vagues successives qui viennent déposer à chaque flux et reflux, les éléments enfouis depuis son enfance afin de pouvoir vivre. Ce qui m’interpelle, c’est la synchronicité des évènements pour reprendre les termes de Carl Gustav Jung. Cette cassette a été présentée aux étudiants en remplacement d’une rencontre avec le fondateur du cabinet, absent pour raison professionnelle.



Je ne crois pas trop au hasard et j’aime cette formule bouddhiste « Lorsque l’élève est prêt, le maître se lève ». Cette vidéo va modifier le cours de la vie d’Alexandria. L’empreinte est indélébile, la mémoire du corps et de ses traumatismes se rappelle à son souvenir. Alexandria va se mettre à nue, elle n’omet rien, elle assume son passé, elle nous fait des confidences courageuses et afin de conquérir sa résilience, elle va tenter de concevoir les raisons qui ont poussé Ricky Langley à la pédophilie et au crime. Dans un récit extrêmement structuré, en s’appuyant sur les procès-verbaux d’audience, les évaluations psychiatriques, des rapports sur son passage dans le couloir de la mort, les articles, elle tente de reconstituer l’histoire de Ricky. Mais comme elle le constatera, il lui manque les émotions, les souvenirs, le passé. C’est ce qui l’incitera à se rendre sur place pour mieux s’imprégner des lieux. Ce qui rend son écriture assez exceptionnelle, c’est que de ces documents, elle a réussi à élaborer une histoire avec des individus qui prennent corps, qui s’animent sous nos yeux avec leurs sentiments, leurs questionnements, leurs incohérences, leurs faiblesses. Malgré la violence du contenu de certains passages, Alexandria parvient à déstabiliser son lecteur en l’amenant à découvrir les traumatismes psychologiques et physiques du milieu familial de Ricky Langley comme les ravages qu’engendrent les non-dits dans une famille. Elle ouvre des portes, ses portes, qu’elle lègue peut-être aussi à celles et ceux qui ont vécu des situations identiques. Que ce soit l’histoire de Ricky ou d’Alexandria, même si les situations sont différentes, on y trouve des points de similitude.



J’ai ressenti que ce livre libérait Alexandria, c’est un récit qui aurait pu être plus synthétique mais toutes ces pages sont salutaires, je fais le parallèle avec le passage où elle raconte « Mais à présent, le simple fait d’avoir quelque chose dans l’estomac, n’importe quoi, est soudain, inexplicablement, terrifiant. Seules les pommes, le yaourt à 0 % et les burgers végétariens sans le pain sont sans danger ». On visualise très bien ce à quoi cela la renvoie.



Elle ne vomit plus, elle écrit. Elle met à l'extérieur d'elle-même les secrets du passé.



C’est un témoignage remarquable et d’un courage admirable : elle a dû surmonter énormément de barrières. Ce livre a été couronné aux Etats-Unis par de nombreux prix.



« L’homme au centre de ce procès, dont la personnalité sera interminablement discutée et débattue, interminablement reconstituée et disséquée dans un dossier qui finira par faire près de trente mille pages, cet homme restera en ce sens une énigme. Il est bien possible que ce que l’on voit en Ricky dépende davantage de qui l’on est que de qui il est ».





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L'Empreinte

Il y a eu Truman Capote et son De sang froid , James Ellroy et son Dahlia noir, et,   plus récemment ,  Une partie rouge  de Maggie Nelson:  L'empreinte  marche sur ces traces-là.



Le  roman prend l'allure d'une enquête criminelle et judiciaire, l'écrivain fait face à des monstres réels, et non plus issus de sa propre imagination. La vérité du fait divers semble devoir triompher de la fiction.



Et souvent le narrateur- reporter croise sa propre trace, est amené à creuser sa propre histoire, à affronter ses propres fantômes, car on n'enquête jamais sur un sujet qui vous est totalement étranger.. .



L'auteure, fille d'avocats et elle-même  fraîche émoulue du barreau, fervente adversaire de la peine de mort, décide d'enquêter sur les faits et de relater les deux procès successifs d'un pédophile assassin, Ricky Langley.



Elle a été  totalement bouleversée par deux réactions: celle de la mère de la petite victime , Lorilei,  qui , sans pour autant lui pardonner, veut éviter la peine de mort à l'assassin de son fils. Et la sienne propre ,  non moins surprenante: à la vue du criminel, elle , la militante contre la peine de mort,  s'est découvert une farouche envie de voir Ricky passer sur la chaise électrique...



En effet, abusée, de longues années durant, par un grand père pervers, l'auteure revit à travers cette enquête les souffrances et les angoisses de son enfance, dans le rôle de la victime. Mais sa position éthique et sa formation d'avocate entrent en conflit avec ce passé traumatique, que ses propres parents, mis en face de la vérité, n'ont jamais affronté,  ni réglé, donnant à leurs filles le sentiment d'étouffer l'affaire au nom de la cohésion familiale, et de protéger le prédateur qui mourra sans avoir été le moins du monde inquiété ...



Par ailleurs, Ricky s'avère ne  pas être le monstre que ses actes dénoncent:   marqué par une naissance dramatique , conscient de ses failles et de ses démons, il a appelé à l'aide bien des fois et demandé à être soigné, interné...mais on ne l'a pas écouté , lui non plus..



Le recit opère donc un va- et -vient entre ces points de vue , ces deux histoires, la criminelle et l'intime. Et une réflexion profonde et pertinente s'élabore sur la fragilité de la justice, la subjectivité de tout jugement. En même temps que se met en marche, chez la narratrice, une catharsis qui la mène au pardon et à la reconnaissance de ce qu'elle est.



 Quelques longueurs et une trame temporelle un peu confuse parfois, mais c'est un récit sincère, touchant, intelligent, qui se lit avec passion et compassion, et un plaidoyer ô combien convaincant contre la peine capitale.
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L'Empreinte

L’Empreinte n’est pas un roman. C’est la combinaison romancée d’un mémoire critique sur la justice pénale américaine, d’une réflexion personnelle sur la peine de mort, d’une enquête parajudiciaire et d’un récit autobiographique libérateur.



Fille d’avocats installés dans le New Jersey, Alexandria, auteure et narratrice de l’ouvrage, est naturellement amenée à entreprendre des études de droit. En 2003, elle rejoint pour un stage, en Louisiane, le cabinet d’un avocat opposé à la peine capitale et spécialisé dans la défense des condamnés à mort. En guise d’intégration, on lui fait visionner un enregistrement datant de 1992, les aveux d’un meurtrier nommé Ricky Langley.



Âgé alors de vingt-six ans, Ricky Langley a étranglé quelques jours plus tôt un petit garçon de huit ans. Confondu rapidement, il a reconnu son crime. En 1994, il est condamné à la peine de mort. Huit ans plus tard, alors qu’il attend son tour dans ce qu’on appelle le couloir de la mort, le jugement est cassé pour vice de procédure. Quand Alexandria commence son stage, le nouveau procès vient de s’achever. Ricky Langley est condamné à la prison à perpétuité. Invoquant l’irresponsabilité, son avocat fait appel.



La vidéo bouleverse la vie d’Alexandria. La pédophilie assumée par le meurtrier ravive un passé très personnel qui ne cesse de la tourmenter. Engagée contre la peine de mort, elle prend conscience qu’elle a désiré la mort pour Ricky Langley. Comment pourrait-elle alors défendre avec efficacité un criminel présumé, si ses convictions sont mises à mal lorsque des faits la touchent personnellement ? Rentrée chez elle, Alexandria abandonne le droit, s’oriente vers la littérature, mais sa mémoire reste marquée par une empreinte, ou plutôt par deux empreintes superposées : la vidéo des aveux de Ricky Langley et le souvenir d’un proche – l’immonde individu ! – qui venait les violer la nuit dans leur lit, elle et sa sœur, quand elles n’étaient encore que des petites filles.



Alexandria continue à s’intéresser de loin à l’affaire, fait des recherches sur internet, se fait envoyer des pièces judiciaires. Un jour, en 2015, elle décide d’approfondir le dossier, se rend sur les lieux en Louisiane, épluche les archives du tribunal et va rencontrer Ricky Langley dans sa prison. Le livre qui s’appellera L’Empreinte est en germe.



Le livre, près de cinq cents pages, est décomposé en trois parties. La première raconte le crime, l’arrestation de Langley, l’enquête et les interrogatoires. Dans une seconde partie, Alexandria reconstitue la vie du meurtrier, remontant jusqu’à un épouvantable accident de voiture survenu quelques mois avant sa naissance. La troisième partie est consacrée au procès de 2003 et à ses péripéties qui défraient la chronique des observateurs.



Mais tout au long du livre, Alexandria intercale, comme pour en souligner la parallèle, l’histoire de sa propre enfance au sein de sa famille, et du silence qu’il est convenu d’y observer sur des drames du passé comme, bien évidemment, sur des actes de pédophilie que j’ai déjà évoqués.



Les textes qui encadrent le droit pénal américain amènent les juges et les jurés à des questions dont la réponse peut faire basculer un verdict. Ricky Langley est convaincu de pédophilie, c’est un fait établi. Mais le meurtre qu’il a commis est-il lié à sa pédophilie ? Si oui, est-il la conséquence de sa pédophilie ? Cette perversion résulte-t-elle directement des conditions effroyables de sa naissance ? Ou du climat familial perturbé qui avait résulté de ces conditions effroyables ? Langley a-t-il cherché à soigner sa perversion ? Etc. Positives ou négatives, les réponses sont peu fiables parce que le sujet est complexe, parce que les témoignages fluctuent au cours des années d’enquêtes et de contrenquêtes et parce que Ricky Langley pourrait par moment être quelque peu affabulateur… A quoi tient un verdict ?



De jolies descriptions de paysages dans ce livre qui comporte aussi de nombreux détails fastidieux et peu intéressants. L’écriture est fluide, mais le double déroulé des événements sur trente ans est complexe à suivre, d’autant que les enchaînements du texte ne sont ni logiques, ni thématiques, ni chronologiques. J’ai eu par moment du mal à m’y retrouver et il m’a fallu prendre du recul, relire certains passages, pour parvenir à une vision globale claire de l’ouvrage.



L’exigence d’une prise de recul : n’est-ce pas justement le propre des ouvrages profonds ?


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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L'Empreinte

Quel roman intense, dense et déchirant !

Sublime Alexandria Marzano- Lesnevich. Intelligente, sensible, vive, combative. Son livre est fort, profond et …rythmé, très rythmé, on ressent une urgence de comprendre, de dire. Une urgence de SURvivre. A quoi ? A son passé, auquel elle « s’est cognée la tête » trop longtemps.

Le point de bascule qui fait ressurgir violemment ce passé opaque ? Une vidéo, et sur cette vidéo, un homme : Ricky Langley. Condamné à perpétuité pour meurtre, ce pédophile à longtemps côtoyé le couloir de la mort. A l’époque de cette hasardeuse découverte, fervente militante opposée à la peine de mort, l’écrivaine fait des études de droit à Harvard. Instinctivement attirée et fascinée par cet homme qui réveille en elle des sentiments incompréhensibles, elle mène une enquête minutieuse, qui vire à l’obsession car le passé trouble de ce criminel et sa déviance sexuelle lui rappelle sa propre histoire. En quête de vérité elle va investiguer sur le passé de Ricky Langley en s’appuyant sur différentes sources (pièces du dossier, salles d’archives, témoignages, visites de lieux…) tentant de reconstituer les événements, éclairer les zones d’ombres et peut être trouver une humanité là où n’apparaît que noirceur. En parallèle, elle retisse son parcours personnel.

C’est l’histoire, en partie autobiographique, de deux trajectoires, deux douleurs qui se télescopent avec en commun le dysfonctionnement familial et ses conséquences tragiques, les abus, le deuil impossible et, en filigrane, le mortifère poids du silence. Enfances aux traumatismes similaires menant pourtant à deux voies opposées : celle de la résilience, pour elle, l’emphatique, celle de la perversion pour lui, le « déconnecté » aux autres (et à lui-même)..



Alexandria Marzano-Lesnevich parvient à mettre des mots magnifiques sur l’ineffable. Elle comble les vides et les données lacunaires avec son imagination. C’est absolument bouleversant.



L’auteure place également la focale sur la notion de pardon et d’identité sexuelle ainsi que sur les limites de la Loi et du système judiciaire.

Profondément touchant, profondément humain.

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L'Empreinte

Ce que j’ai ressenti:



***Entre journalisme et biographie…



Alexandria Marzano Lesnevish ne se contente pas d’un récit journalistique sur un prédateur sexuel, elle nous démontre que L’Empreinte de blessures intimes, peut déterminer nos comportements et nos convictions. Avec cette lecture, on est confronté à regarder de plus près, les histoires et les ressentis de chacun, dans une affaire de pédophilie. A partir d’un meurtre d’un enfant de 6 ans, celui de Jeremy Guillory, l’auteure remonte le fil des causes directes et indirectes d’un tel acte, et nous laisse interpréter les responsabilités de chacun des protagonistes… Et parce qu’il n’y a pas cette froideur de faits établis, et parce qu’il n’est jamais facile de se positionner face à de tels débats d’éthique, cette auteure m’a bluffée, avec ce récit. Elle y apporte une touche personnelle. Très personnelle. Et c’est cette symbiose, qui rend ce livre incroyable.



« Je savais qu’il allait pleuvoir, leur dit-elle. Mais j’aime autant, au fond, parce que c’est comme si les anges dans le ciel pleuraient. »



***Un récit bouleversant…



J’ai rarement été aussi bouleversée par une lecture…Mais celle ci, elle a quelque chose de très spécial, puisque elle aborde des thèmes difficiles comme l’inceste, la pédophilie ou encore la peine de mort: des sujets très sensibles auxquels il est compliqué de prendre parti, sans une certaine réserve, ou de le lire sans une certaine émotion. C’est une lecture qui laisse des traces, un de celles que l’on n’oublie pas, même une fois, les pages refermées…



D’abord étudiante en droit, Alexandria Marzano se retrouve au cœur de l’affaire Langley, mais des démons se rappellent vite à elle…On le sait, les histoires ont beaucoup de versions selon ceux qui les racontent, mais dans le corps de Alexandria et son ressenti sur cette affaire, une autre histoire va naître: L’Empreinte. Elle mettra plus de 10 ans à l’écrire, tellement le parallèle entre sa vie et celle de Ricky Langley, semble étrangement entremêlé.



C’est un choc littéraire parce que les traumatismes de l’un se reflètent dans l’autre, et il est presque évident qu’un tel livre voit le jour et, qu’il envoie valser toutes les étiquettes des genres qu’on voudrait lui donner…Il est, c’est tout. Parce qu’après les drames, la résilience est nécessaire. Découpé en trois grandes parties (Le Crime, Les Conséquences, Le Procès), ce récit/thérapie est surtout doté d’une sensibilité à fleur de peau. L’Empreinte ne se lit pas seulement, il se ressent, à la puissance de notre empathie…



« Le silence fonctionne de la sorte. Il n’est pas fragile. Il protège les moments resplendissants et aussi les moments perturbants. »



***Humain, avant tout…



J’ai été interpellée par les coïncidences entre l’enfance de Ricky et Alexandria, et surtout leur hypersensibilité avec les réminiscences des drames de leurs familles. C’est curieux comme leurs deux histoires vont se mêler, et nous passionner le temps de 470 pages intenses. C’est un tour de force!



« Qui sait pourquoi le passé transparaît aux moments où il transparaît; qui sait pourquoi un secret devient soudain trop lourd à porter? »



Je pense que l’auteure a réussi son pari avec ce livre. Il dérange, autant qu’il questionne. Il a une énergie puissante, parce qu’il y a encore et toujours des secrets à dévoiler, des combats à mener, des histoires à interpréter, des problèmes à régler, des êtres à comprendre…Avec des livres de cette envergure, on prend conscience que nous sommes juste humains, avec nos blessures, nos failles, nos opinions et quelque fois, L’Empreinte. Indélébile.



« Sous la surface de ce qui peut être dit subsiste la vibration d’un monde qui n’appartient qu’aux ténèbres. »







Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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L'Empreinte

Alexandria Marzano-Lesnevich nous donne à lire un document entre thriller psychologique et enquête minutieuse sur le basculement d’un individu dans une folie qui le conduit irrémédiablement à devenir un monstre.

En mettant en parallèle sa propre histoire et celle de Ricky pédophile et assassin, l’auteure reconstitue le cheminement des acteurs de l’affaire l’accusé, la victime, leur famille, les avocats, les juges, et pose en parallèle sa propre histoire. En visionnant la cassette des aveux de Ricky, Alexandria Marzano-Lesnevich se souvient de ce qu’elle et sa sœur ont subi, jour après jour, de la part de leur grand-père incestueux, protégé par une quasi omerta familiale. Bien que farouchement opposée à la peine de mort, elle se surprend à souhaiter l’exécution de cet homme.

Présenter « L’empreinte » comme un livre sur la loi et la recherche de vérité serait à mon sens réducteur, tant il contient d’émotion et de sentiments douloureux.



Je me suis surprise à lire avec passion ce document, moi qui en lis généralement très peu. Grâce à une écriture simple et efficace d’Alexandria Marzano-Lesnevich réussit à s’immiscer au plus profond dans la psychologie des protagonistes de ce drame.



« L’empreinte » est une lecture souvent douloureuse, qui pose une multitude de questions et dont on ne ressort pas indemne.

A mon avis, une grande réussite traité avec une parfaite maîtrise.





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L'Empreinte

Titre : L’empreinte

Auteur : Alexandria Marzano-Lesnevich

Editeur : Sonatine

Année : 2019

Résumé : Alexandria Marzano-Lesnevitch est étudiante en droit à la prestigieuse université d’Harvard. Opposante farouche à la peine de mort, toutes ses certitudes s’écroulent lorsque son chemin croise celui de Ricky Langlais, jeune pédophile condamné pour le meurtre d’un enfant. Cette affaire fait soudain écho avec l’histoire de la jeune fille et ses propres traumatismes. Bouleversée par ce cas, Alexandria tentera de comprendre les raisons qui ont pousser Ricky à commettre de tels actes.

Mon humble avis : Sonatine, excellent éditeur s’il en est, de nombreux prix, des avis de blogueurs extrêmement positifs, un thème clivant, un document basé sur des faits réels, une enquête approfondie, bref, tous les feux étaient au vert avant de démarrer la lecture de L’empreinte. Et puis vint le temps de la lecture et un mal fou à rentrer dans le texte malgré une écriture élégante et une construction soignée. Et puis petit à petit, alors que l’auteure dévoile ses failles, alors que le parallèle entre l’histoire personnelle de la narratrice et le sujet principal du roman se fait jour, un regain d’intérêt, la découverte d’une histoire forte, entêtante, marquante. Mais je devrais dire deux histoires, deux destins chaotiques marqués par la concupiscence et le crime. Pour la précision de l’enquête tirée d’un fait divers réel, pour l’implication de son narrateur, comment ne pas penser à Truman Capote et son fameux De sang froid ? Comment ne pas évoquer le génial Un long silence de Mikal Gilmore publié chez Sonatine également ? Alexandria Marzano-Lesnevich réussit le tour de force de hisser son texte au niveau de ces romans, et la comparaison n’est aucunement galvaudée, croyez-moi. L’empreinte plonge dans les tréfonds de l’âme humaine, l’auteure se livre sans fard, avec impudeur et honnêteté ; c’est intense, incarné et d’une intelligence rare. Document de l’intime, comme je viens de l’évoquer, mais aussi document universel traitant de sujets comme la peine de mort, le pardon, la culpabilité ou les secrets de famille, l’empreinte est indéniablement un grand roman américain. Pour cela, pour sa résilience et son opiniâtreté, je ne peux que m’incliner devant le talent de Alexandria Marzano-Lesnevich pour décrire l’indicible.

J’achète ? : Evidemment. Même si j’ai mis une centaine de pages à vraiment profiter de ce texte, il restera dans ma mémoire comme l’une des lectures les plus marquantes de cette année. Superbe, sans pathos et – pour ceux qui l’ont lu – parfois aussi effrayant que le pas d’un grand-père dans les escaliers.
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L'Empreinte

C'est un livre autobiographique, journalistique avec un petit côté thriller avec cette enquête que l'auteure mène. Chaque fait et geste nous sont retranscrits, les extraits de procès-verbal et des descriptions ciblées et avisées. On sent d'ailleurs très bien le métier de l'auteure derrière tout ça. C'est assez difficile en tant que lecteur, d'être témoin de faits aussi horribles qui se sont produits. Les sujets abordés sont vraiment durs: les prédateurs sexuels, la pédophilie, les traumatismes d'enfance, l'inceste, la peine de mort... J'ai ressenti divers sentiments envers Ricky du fait de son combat contre lui-même, contre les autres, ses séjours en prison, ses psychanalyses... C'est une histoire est à la fois douce et terrible qui m'a laissé un goût amer mais qui mène à la délivrance, la libération de l'auteure. Comment? Je vous laisse le découvrir... C'est une histoire poignant au coeur du système judiciaire américain. (...)



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L'Empreinte

Voilà un livre dérangeant et stupéfiant, qui m'a, à plusieurs reprises, littéralement fait sortir les yeux de la tête.





Durant toute leur enfance, l'auteur et ses soeurs ont subi des violences sexuelles de la part de leur grand-père. Au su de leurs parents et de leur grand-mère qui, pourtant, n'ont jamais réagi et ont toujours fermé les yeux. D'ailleurs, ce ne fut pas le seul drame et secret de la famille, mais toujours le silence prévalut, par peur de se faire encore plus mal, comme si ne pas regarder le gouffre sous ses pieds pouvait préserver d'y plonger. Pour la jeune Alexandria, l'inertie de ce silence démultipliera les impacts du traumatisme : boulimie, anorexie, vagues de terreur, colère et mal-être perpétuel l'amèneront à une quête infinie de sens et d'explications.





Ce besoin de comprendre va la faire se passionner pour le cas d'un criminel pédophile, Ricky Langley, condamné à mort en 1994, puis à la prison à perpétuité, pour le meurtre d'un enfant de six ans en Louisiane. Pourtant intimement opposée à la peine capitale sur le principe, l'auteur va se surprendre à souhaiter la mort de cet homme, dont le crime vient rencontrer tant d'échos au plus profond d'elle-même.





Désormais, l'enquête de l'étudiante en droit va revêtir deux dimensions, qui s'entremêlent constamment dans son récit : en cherchant à comprendre l'histoire de Ricky Langley, ce sont ses propres souffrances qu'elle tente de conjurer. Au fil de son cheminement, entre questionnements sur la personnalité et les motifs du criminel d'une part, et résurgence de ses souvenirs personnels d'autre part, se dessine peu à peu une réflexion sur une multitude de thèmes : le poids du secret et de la transmission au sein des familles, les blessures et les violences faites aux enfants, la vengeance et le pardon, la justice et la peine de mort, la complexité de l'être humain. Car, au fond, rien n'est manichéen dans l'existence, et il ne suffit pas d'opposer le bien au mal :





« L'homme au centre de ce procès, dont la personnalité sera interminablement discutée et débattue, interminablement reconstituée et disséquée dans un dossier qui finira par faire près de trente mille pages, cet homme restera en ce sens une énigme. Il est bien possible que ce que l'on voit en Ricky dépende davantage de qui l'on est que de ce qu'il est. »





S'il existe autant de vérités que de ressentis, il est aussi bien difficile de faire la part des choses dans les sentiments humains : malgré sa colère et sa haine, l'auteur découvrira qu'elle n'en continue pas moins d'aimer ses parents et ses grands-parents. Tout comme la mère de la victime de Ricky Langley prendra parti contre la peine de mort à l'encontre du meurtrier et lui rendra des visites régulières en prison.





Ces deux récits réels entremêlés, tout aussi saisissants l'un que l'autre, entraînent le lecteur dans une réflexion large et passionnante, où toute vérité est relative mais ne devrait jamais rester cachée : au final, un plaidoyer contre la peine de mort et une démonstration s'il en fallait que le silence en matière de pédophilie est aussi traumatisant que le crime lui-même. Coup de coeur.
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L'Empreinte

Un roman réunissant tant de genres qu’il en est un à lui seul : investigation, récit, biographie, polar. Mon ressenti : une lecture magnifique, douloureuse et nécessaire. Je suis rentré dans cette histoire prudemment avec un besoin de faire des pauses, de réfléchir, tant l’analyse de ce fait divers m’a glacé.

Ricky pédophile et meurtrier notoire croise sa dernière victime Jérémy âgé six ans. Rien ne semble les relier. Et pourtant. Différentes époques de la vie de chaque protagoniste s’ouvrent à nous de chapitre en chapitre.

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L'Empreinte

Un énorme merci à berni_29, Ladybirdy, Kirzy et tous les autres qui, par leurs critiques, m’ont fait lire cet ovni. A la page 436, il est écrit : « Il n’existe pas d’histoire simple. Il n’existe pas d’histoire achevée. »

Tout est dit. Dans les romans, les choses sont établies. Ici, on y trouve des vérités et des contres vérités. Rien n’est figé, chacun a sa propre idée, comme dans la vraie vie, quoi ! Comment le qualifier ? Enquête d’investigation ? Biographie ? Rien à voir avec les clichés qui font vendre. L’auteur, stagiaire avocate, va être confrontée à un pédophile qui a étouffé, par pulsion, un enfant de six ans alors qu’il en a 26. Il soutiendra la maman, fera du café aux policiers et leur dessinera un plan du quartier tandis qu’il a enfermé le cadavre de l’enfant dans le placard de sa chambre. Les vidéos du procès vont confronter Alexandria à un passé qu’elle a jusqu’à maintenant occulté. Des parallèles frappants. Ce métier l’a attirée parce que très tôt elle a été contre la peine de mort comme son père, avocat également. Un livre sur les non-dits, sur le devenir de l’adulte après les traumatises de l’enfance, sur les appels à l’aide non entendus des détraqués sexuels. Je ne suis pas près d’oublier le comportement des parents avec le grand-père et de leurs lâchetés. Certains passages sont tellement forts qu’ils bloquent la respiration. Une vraie claque perturbante qui remue plein d’aprioris ! Première prose de cette écrivaine américaine d’un grand avenir prometteur. C’est sûr, il restera une empreinte dans mon cerveau avec ce livre inoubliable.
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L'Empreinte

Cet ouvrage effroyable et brillant se résume en quelques mots : famille, pédophilie et meurtre, justice.



L'auteur, juriste de formation, confronte avec sincérité et minutie deux histoires : la sienne, et celle de Ricky Langley, un pédophile qui a tué un petit garçon de six ans en 1992.



Elle veut COMPRENDRE.

Comprendre ce qui lui est arrivé, à elle.

Comprendre l'histoire de Ricky Langley - histoire à laquelle elle s'est brûlé les ailes, et qui l'a fait renoncer à sa carrière d'avocate.

Comprendre la pédophilie, le passage à l'acte, la complicité par inertie de l'entourage, les failles de la société pour prendre efficacement en charge cette 'maladie', la possibilité de pardonner à ce genre de criminel.



Les talents de journaliste de l'auteur se déploient dans cet ouvrage riche, fouillé, aussi intime qu'universel.

Dans ce récit bouleversant, ses réflexions en tant que victime et juriste bousculent le lecteur, parce que les faits sont sordides, monstrueux. Autant que m'a semblé l'être la machine judiciaire - avec les trois procès successifs et les manipulations des avocats.



La 'sagesse' que l'auteur a acquise en travaillant sur ces deux histoires évoque 'Douze hommes en colère' (pièce de Reginald Rose). J'admire.

J'ai aussi pensé à 'Avenue des Géants' (Marc Dugain) où je parvenais à ressentir de l'empathie pour un serial killer, à 'Une si jolie petite fille' (Gitta Sereny) et 'L'Affaire Jennifer Jones' (Anne Cassidy), où les deux fillettes 'coupables' sont avant des tout victimes.

En lisant 'L'Empreinte', j'ai eu du mal à éprouver de l'indulgence pour Ricky Langley, à cause de la tristesse, la colère, le dégoût et la haine qui me submergeaient.



« Il est probable que l'homme qu'on voit en Ricky dépend davantage de qui l'on est que de qui il est », dit Alexandria Marzano-Lesnevich à deux reprises.

Oui et non. Et toutes nos belles théories contre la peine de mort peuvent alors voler en éclats…

___



▪️ Merci à la traductrice, Héloïse Esquié, pour son travail et ses excellents choix.

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L'Empreinte

Comme souvent lorsqu'il a été beaucoup dit et écrit sur un livre, je ferai court pour évoquer mon retour de lecture de L'Empreinte, d'Alex Marzano-Lesnevich, traduit par Héloïse Esquié.



Court, car il y a peu d'intérêt à vous paraphraser une énième fois cette histoire forte d'enquête a posteriori, autour d'un crime pédophile par une jeune avocate, elle-même confrontée à ses propres viols de jeunesse.



Court, car comme beaucoup d'autres lecteurs, j'ai beaucoup apprécié la profondeur du sujet et l'intérêt né de cette confrontation des deux crimes, qui trouve tout son sens et son humanité dans la recherche douloureuse de l'impossible compréhension.



Mais court aussi car contrairement à beaucoup d'autres lecteurs, j'ai trouvé l'ensemble un peu long et, au risque d'en choquer certains, mon intérêt a nettement décru dans la deuxième partie du livre, dont les apports m'ont semblé plus relatifs.



Peut-être que la lecture rapprochée de plusieurs livres aux thèmes délicats ces derniers temps n'a pas aidé, générant un trop plein de sordide. Alors vite, un peu de légèreté...
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L'Empreinte

S'il est indiqué sur la 4ème de couverture "Ce récit, au croisement du thriller, de l'autobiographie et du journalisme d'investigation est aussi dérangeant que déchirant", on peut sans aucune hésitation, et à mon avis à l'unanimité, ajouter passionnant.

La façon dont est écrit ce livre m'a complètement subjuguée . le tout début m'a un peu déroutée mais très vite je me suis complètement immergée dans ce livre. Difficile de ne pas être imprégnée tout au long de la journée par l'atmosphère qui se dégage de ce récit. Chamboulée, troublée mais aussi admirative par la qualité et la quantité de travail que cet écrit a dû exiger.

Les thèmes abordés : pédophilie et peine de mort sont pour le moins des sujets durs engendrant des réactions exacerbées, mais ici ils sont traités avec une grande intelligence et une volonté d'objectivité qui mérite d'être saluée.

Ce qui en fait aussi un écrit addictif , c'est qu'en parallèle de l'enquête menée sur la mort de Jeremy , petit garçon de 6 ans tué par Ricky Langley, jeune homme "diagnostiqué" pédophile, l'auteur Alexandria Marzuno- Lesnevich alors stagiaire dans un cabinet d'avocats spécialisé dans la défense des condamnés à mort, se bat pour défendre ses propres idéaux contre le peine de mort tout en ayant à affronter ses traumatismes et blessures.

La façon dont est construit ce livre est originale et absolument captivante.

J'ai un peu de mal à exprimer ce que je ressens et voudrais transmettre ici, je ne vais donc pas m'étendre et vais terminer par un seul mot : MAGISTRAL;
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