Quant je me sers du mot " anti-vie ", je ne veux pas dire " qui recherche la mort " je veux dire " qui craint la vie plus que la mort ". Être anti-vie, c'est être pro-autorité, pro-église et religion, pro-refoulement, pro-oppression ou pour le moins au service de toute ces choses.
En somme être pro-vie, c'est aimer l'amusement, les jeux, l'amour, le travail intéressant, les violons d'Ingres, le rire, la musique, la danse, la considération pour les autres et la foi en l'homme. Être anti-vie, c'est aimer le devoir, l'obéissance, le profit et le pouvoir. Au cours de l'histoire, l'anti-vie a gagné et continuera de le faire aussi longtemps qu'on inculquera à la jeunesse qu'elle doit accepter les conceptions adultes du jour.
En somme, c'est la vue large des choses que les enfants acquièrent qui donne à notre gouvernement intérieur son importance. Les lois traitent de questions essentielles, pas d'apparences. Les lois qui régissent la bonne tenue en ville ne sont que des compromis avec une civilisation moins libre. "En ville" - dans le monde extérieur - , on gâche son énergie précieuse à s'inquiéter des petits riens. Comme s'il était important dans l'ordre de la vie de bien s'habiller ou de se vêtir comme un sac. Summerhill, en échappant aux vétilles extérieures de la vie, a un esprit communautaire en avance sur son temps. Évidemment, on y appelle sans doute trop souvent une bicyclette une foutue bécane, mais, au fond, cela a-t-il tant d'importance ?
Quelle partie de notre éducation est véritablement constructive, réellement consentie ? Le travail manuel est trop souvent réduit à la confection de quelque objet fabriqué sous l’œil d'un expert. Même le système Montessori, reconnu comme un système d'enseignement imaginatif dirigé, n'est qu'un moyen artificiel de faire apprendre à l'enfant par l'activité. Je ne vois là rien d'imaginatif.
Nous sommes anti-vie et pro-mort quand nous faisons le jeu des politiciens, des mercantis et des exploiteurs. Nous faisons leur jeu parce qu'on nous a appris à rechercher la vie d'une façon négative, nous adaptant humblement à une société autoritaire et nous apprêtant à mourir pour les idéaux de nos maîtres. Les gens ne meurent par amour que dans les romans ; dans la réalité, ils meurent par haine.
Jamais un homme heureux n'a troublé la paix d'une réunion, prêché une guerre, ou lynché un Noir.
Le rôle de l'enfant, c'est de vivre sa propre vie et non celle qu'envisagent ses parents anxieux, ni celle que proposent les éducateurs comme la meilleure. Une telle interférence ou orientation de la part de l'adulte ne peut que produire une génération de robots.
Les mauvaises manières émanent toujours d'une psyché désordonnée. La calomnie, le scandale et la médisance sont des fautes subjectives ; elles expriment la haine de soi. Elles prouvent que le cancanier est malheureux. Si nous pouvons offrir aux enfants un monde dans lequel ils seront heureux, nous les débarrasserons automatiquement de tout désir de haine. En d'autres mots, ces enfants auront de bonnes manières,c 'est-à-dire qu'ils seront charitables.
Il es évident qu'une école où l'on force des enfants actifs à s'asseoir devant des pupitres pour étudier des matières inutiles est une mauvaise école
"Quand les enfants ne sont pas sous l'emprise de la peur ou de la discipline, ils ne sont manifestement pas agressifs" page 111 chapitre sur l'enfant libre
La raison pour laquelle à Summerhill nous recevons autant de compliments sur le travail de nos anciens élèves, dans quelque emploi qu'ils exercent, c'est qu'ils ont vécu à fond, chez nous, l'âge des rêves égocentriques. Quand ils deviennent de jeunes adultes, ils peuvent faire face aux réalité de la vie sans aucun regret inconscient d'une enfance mal vécue.