J'examine discrètement ma belle-mère... Elle ressemble à un personnage de BD qui a reçu une décharge électrique. Elle n'en a pas reçu. Elle est simplement comme elle est toujours. Aussi folle qu'un furet enragé.
(page 9).
Il se peut que j'ai un problème avec les contacts et l'engagement, mais il y a, à mon avis, une frontière invisible, acceptée par tous, par les personnes civilisées.
Dans la file d'attente devant le guichet de la poste, on ne pose pas son menton sur l'épaule de son voisin de devant.
À la caisse du supermarché, on ne pousse pas son charriot dans les talons des autres clients.
Et jamais, au grand jamais, en tant que visiteur, on ne quitte de manière intempestive le côté d'un bureau réservé aux visiteurs et on ne profane la sphère privée du propriétaire en regardant sur son écran d'ordinateur sans se gêner.
J'étais consternée. D'un côté.
D'un autre côté, la scène dans son ensemble était si absurde, y compris ses protagonistes, que je ne fus capable d'aucune réaction de défense à part un sourire glacial.
Car il n'est pas prévu qu'un Russe survive à sa femme - comme si le Bon Dieu savait que l'homme n'est rien sans la femme et que la femme a encore le droit à des années de calme et de paix après une vie de grandes privations aux côtés de son homme.
"Salauds, nazis", hurlait-elle sans le moindre accent il y a deux heures encore alors qu'elle frappait violemment de son sac Gucci les policiers qui nous arrêtaient
Dans le sillage de ma belle-mère, je trébuche dans cette journée éblouissante.
Ma vie avait été mise sens dessus-dessous ou l’inverse, je n’étais pas très sûre…
Quémander aide parfois, s'humilier aide toujours.