Citation de gill
Lettre d'envoi
A monsieur Juste Cazejus, né en 1906 et mort, sans doute, avant la fin du vingtième siècle, supposé que la commune règle n'ait pas été abolie par des révolutions que j'ignore. Au hasard de la rencontre et sous le couvert de la providence. Qui trouvera ce pli le remette au destinataire, s'il se trouve son contemporain et s'il connait son adresse, par miracle. Merci.
Monsieur,
Il n'y a pas de poste entre nous et je confie ma missive à Dieu, comme vous le voyez ; il aura bien travaillé si elle vous arrive ; donnez lui le pourboire d'une action de grâce et puis lisez moi attentivement ; c'est le seul salaire du dur métier que je fais pour vous et qui pourrait ébranler un cerveau moins solide que le moins, moins équilibré et fortifié par l'étude, l'habitude de la patience et, sinon la pratique, du moins la méditation des vertus.
Je vous écris avec un méchant stylo qui crache, sur une rame de papier cloche ; je n'ai ni table, ni sous-main, ni buvard, ni sable.
Excusez ce désordre, ces ratures, ma lenteur et ma hâte.
Mettez vous à ma place et concevez mon trouble.
Comment sortirai-je de ce cul-de-sac où vous m'avez engagé, où j'ai si étourdiment suivi votre sollicitation ?
Quelle aventure pour un plumitif de la science, qui n'avait guère voyagé, jusqu'à ce jour, en dehors des circuits à itinéraires fixes et des routes desservies par des cars ! Enfin, soyez maudit ; vous ne vous en porterez pas plus mal...
(extrait du premier chapitre " Lettre d'envoi")
A monsieur Juste Cazejus, né en 1906 et mort, sans doute, avant la fin du vingtième siècle, supposé que la commune règle n'ait pas été abolie par des révolutions que j'ignore. Au hasard de la rencontre et sous le couvert de la providence. Qui trouvera ce pli le remette au destinataire, s'il se trouve son contemporain et s'il connait son adresse, par miracle. Merci.
Monsieur,
Il n'y a pas de poste entre nous et je confie ma missive à Dieu, comme vous le voyez ; il aura bien travaillé si elle vous arrive ; donnez lui le pourboire d'une action de grâce et puis lisez moi attentivement ; c'est le seul salaire du dur métier que je fais pour vous et qui pourrait ébranler un cerveau moins solide que le moins, moins équilibré et fortifié par l'étude, l'habitude de la patience et, sinon la pratique, du moins la méditation des vertus.
Je vous écris avec un méchant stylo qui crache, sur une rame de papier cloche ; je n'ai ni table, ni sous-main, ni buvard, ni sable.
Excusez ce désordre, ces ratures, ma lenteur et ma hâte.
Mettez vous à ma place et concevez mon trouble.
Comment sortirai-je de ce cul-de-sac où vous m'avez engagé, où j'ai si étourdiment suivi votre sollicitation ?
Quelle aventure pour un plumitif de la science, qui n'avait guère voyagé, jusqu'à ce jour, en dehors des circuits à itinéraires fixes et des routes desservies par des cars ! Enfin, soyez maudit ; vous ne vous en porterez pas plus mal...
(extrait du premier chapitre " Lettre d'envoi")